VOUS AVEZ DEUX HEURES !
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La Liberté c’est de choisir ses contraintes. Et la contrainte, ce soir, c’est de choisir entre les libertés qui, d’un coup, se dévoilent alors que tout à l’heure, à la maison, j’étais tout aussi perplexe que les dames de la salle Mandoline devant ce « Devoir de philo ! Vous avez deux heures ! ».
Déjà vient l’idée d’associer deux par deux les avis de ces dix-sept messieurs et de ces deux dames. Par exemple :
- C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière mais le café est un breuvage qui fait dormir quand on n’en boit pas… et je n’en bois pas ! Ou très peu.
- Quelqu’un qui admire a toujours raison mais faites attention si vous admirez les cons parce qu’ils osent tout : le sommeil de la raison engendre les monstres.
- La couleur ne nous a pas été donnée pour imiter la nature. Elle nous a été donnée pour que nous puissions exprimer nos émotions. Cependant, mes plus belles photos, je les ai faites en noir et blanc.
- Il faudrait essayer d’être heureux ne serait-ce que pour donner l’exemple mais, en même temps, vivre c’est laisser vivre. Être un pacifiste exemplaire, quelle influence cela peut-il avoir sur celui qui estime utile d’envahir le territoire de son voisin ou de rompre un cessez-le-feu au motif que ce qui vaut la peine d’être fait vaut la peine d’être bien fait ?
Voilà sans doute pourquoi, sur le coup de dix heures, chaque matin, j’éteins ma radio : sur France-Culture, c’est l’heure de l’émission de philosophie et moi j’ai déjà choisi mon camp, je me suis fait la mienne. J’ai rejoint la troupe des légers d’esprit, de ceux qui se bouchent les yeux sur les horreurs du monde et ne regardent que le vêtement rose de la petite fille sur le cheval du manège - ou la robe de même couleur sur le tableau d’Isaure Chassériau au Musée des Beaux-Arts de Rennes.
Adepte du vote futile, je ne crains pas, dans ma candeur, de ne rien faire sinon cultiver mon jardin, éviter de parler de médecine à table, écouter les symphonies que je capte dans la rue les jours de carnaval, amasser des trésors qu’on ne peut plus partager, vivre en insoucieux des misères du monde, même si de dernière page de « La Croix » en journal de 13 heures d’après le Jeu des mille euros elles sont là et me touchent quand même.
Repose en paix, Emilie Dequenne !
Chaque journée nouvelle, je suis comme le dragon que Saint-Georges assassine 99 fois : quand on lui marche sur les pieds le serpent hausse les épaules. L’insouciance est l’art de se balancer dans la vie comme sur une escarpolette sans s’inquiéter du moment où la corde cassera mais je ne suis pas idiot non plus : je ne monte jamais sur les balançoires, les grandes roues et autres attractions des fêtes foraines. Encore moins dans les avions et les fusées mal fréquentées du Martien Elon.
C’est que je suis un Terrien et que, tout comme Fécamp, port de pêche, j’entends bien le rester! Mon chemin se construit en marchant, les deux pieds sur le sol - enfin l’un après l’autre ! -, en cherchant la lumière malgré l’obscurité.
Peu importe pour moi qu’il y ait des puits cachés quelque part dans le désert. Tant pis si Rimbaud a cessé d’écrire pour aller les voir, pour aller s’y perdre ou s’y trouver. Ça lui a fait une belle jambe au finale !
Moi je continue d’écrire, tâchant de faire rire des choses qui ne sont pas drôles, pour qu’on me dise un jour, comme à un centenaire : « Quand on vous a dit que c’était impossible, vous l’avez fait ! ».
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 18 mars 2025
d'après la consigne AEV 2425-22 ci-dessous