PERMANENCE DE LA BANANE
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Quand l’horizon est dégagé la locomotive à vapeur du progrès fille à toute vitesse vers les villes tentaculaires.
Elle emporte dans ses wagons son lot de fourmis tristes, ses hommes chai à canon, ses bâtisseurs de gratte-ciel.
Tous appellent progrès le fait qu’il n’y ait plus de chevaux dans les villes hormis celui placé sous le général Sabrauclair, statufié dans le square, roucoulé dans le bronze et couvert de pigeons.
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Ici où nous restons, dans ce lieu clos, dans ce huis clos bordé de murs qui nous protègent de la folie, nous suivons l’avancée des ombres, nous nous cachons sous les arcades, nous lorgnons le buste de la femme sans tête, sans bras, sans jambes et sans nous en faire.
C’est la déesse Protectora : elle veille sur nous depuis des siècles et garantit qu’ici rien de grave n’arrivera si nous savons nous contenter des bananes sucrées qu’amène le voilier.
La vue seule du fruit nous sert de nourriture. Quelquefois nous allons jusqu’au mur d’horizon et l’un de nous balance un régime sur la voie ferrée.
Mais le vieux gag ne marche plus. Aucun train ne déraillera sur fond de crépuscule jaune citron, sous un ciel qui va du noir au vert.
Nous leur faisons confiance, aux gens de l’avenir. Ils sauront bien trouver pire que cette plaisanterie pour foutre leur monde en l’air !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 4 mars 2025
d'après la consigne 2425-20 ci-dessous