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Mots et images de Joe Krapov
8 mars 2025

LE MANNEQUIN

 

 

Rien n’est plus inquiétant que d’avoir une muse,

Une muse sans visage,

Sans yeux, sans bouche,

Sans oreilles,

Une muse à tête d’oeuf,

De punching-ball,

Un mannequin de couturière.

 

Est-il permis qu’on la révère

Quand elle revêt

Des draperies antiques,

Des toges de tragédienne à l’air revêche,

Quand elle montre,

Figée sur son socle de marbre,

Une allure sévère,

Une immobilité de chouette effraie

Ou un silence de chouette chevêche ?

 

Un couturier italien

L’habille quelquefois

De cuirasses et d’équerres

Puis la sort sur la place

Pour toute la journée

Mais dans cet univers

Pas un client ne passe.

 

Derrière le château rouge

L’usine est arrêtée.

Pas un enfant ne joue sur le parquet désert.

Au loin, il y a la guerre

Mais ça ne change rien au plaisir

Des couleurs primaires

Qui ressortent au soleil.

 

Les ombres allongent le crépuscule

Ou c’est l’inverse.

 

Rien n’est plus inquiétant que d’avoir une muse

Qui me tourne le dos toute la sainte journée

Et me m’inspire rien que de l’étrangeté.

 

Peut-être, si je pars de l’idée,

Si je me sors de la tête

Que je suis un poète,

Si je quitte ce pan de la réalité,

Le soir tombé,

Peut-être change-t-elle de place avec la femme assise ?

 

Au soir d’une journée de travail

Le mannequin, la tête lourde,

S’allège le cerveau en la posant par terre.

 

Rien n’est plus inquiétant que d’avoir une muse

Qui s’appelle Marie-Antoinette.

 

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 4 mars 2025

 

d'après la consigne 2425-20 ci-dessous

 

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Commentaires
A
bien vu, bien dit!
Répondre
J
Merci ! Je crois que j'ai vécu dix années avec ces deux personnes comme voisines accrochées au mur dans mon home parisien !
Mots et images de Joe Krapov
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