DICTIONNAIRE AMOUREUX DES GENS QUI SE PRÉNOMMENT GEORGES. 1, Georges Moustaki
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En 303 après Jésus-Christ, en Libye, un nommé Georges de Lydda triompha d’un dragon local qui terrorisait la région de Silène.
Si Georges s’était nommé Moustaki, les armes avec lesquelles il aurait pu combattre la bête n’auraient eu que peu d’effet sur la situation : une guitare en bois, un hamac, une nonchalance toute méditerranéenne et une gueule d’amour pour séduire les filles n’ont jamais effrayé grand monde et surtout pas des généraux qui prennent le pouvoir en Grèce, pays qui fut à ce qu’on dit le berceau de la démocratie, pour y établir une dictature.
Mais pour nous autres qui sommes de nouveau en guerre, les mots et la philosophie de Georges Moustaki constituent un bien très précieux, même si aussi inefficace contre les monstres qui nous entourent.
En premier lieu, c’est vrai, « Il est trop tard ». Pendant que je dormais, pendant que je rêvais (à la fin de l’histoire?) les aiguilles ont tourné et si on est venu à bout un temps de l’U.R.S.S., le K.G.B. est toujours là. L’impérialisme néo-tsariste nous rejoue « Buvons un coup ma serpette est perdue mais le manche mais le manche » est revenu dans la face des Ukrainiens et, par ricochet, dans la nôtre.
Bien qu’il ait gravité dans l’entourage d’Edith Piaf et lui ait concocté ce chef-d’oeuvre absolu, « Milord », Georges Moustaki a surtout percé avec son album de 1969 sur lequel on trouve le célébrissime « Métèque », « Le Temps de vivre », « Il est trop tard », « Gaspard », « La Carte du Tendre », « Ma solitude », « Joseph » et deux instrumentaux à la guitare, « Natalia » et « Rue des Fossés Saint-Jacques ».
Ce disque a été suivi d’un album en public, le concert à Bobino de 1972 qui contient le fameux « Dans mon hamac » et cette « Pierre » dont les paroles disent « Juste une croix qui déchire le vent, mes souvenirs sont les seuls survivants ».
Dans la discographie postérieure on trouve « Les amis de Georges », un hommage à Georges Brassens qui l’avait pris sous son aile, la « Marche de Sacco et Vanzetti », anarchistes américains aujourd’hui oubliés, « Ma liberté », « Eden blues », « Sarah », « Il y avait un jardin », « En Méditerranée », « Grand-père »…
Les expéditifs de 2025 verront certainement dans cette liste de quoi fusiller un « woke » ! Cela ne m’empêchera pas de chanter le refrain de « La philosophie » :
« Nous avons toute la vie pour nous amuser
Nous avons toute la mort pour nous reposer. »
Faites votre miel de tout cela, braves gens ! Et n’oubliez surtout pas la recette de l’amour et de la gaîté : « Donne du rhum à ton homme ! ».
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 11 mars 2025
d'après la consigne AEV 2425-19 ci-dessous