Ils s'y sont mis à trois ! Pour lui faire la peau ? Non, au contraire, pour le sortir du tombeau, de l'oubli, de la catégorie "Poètes maudits". Tristan Corbière ! Le poète de Morlaix, l'auteur des "Amours jaunes". Je fais le fanfaron comme ça mais, comme à l'habitude, je ne connaissais que le nom de l'auteur et le titre de son oeuvre la plus représentative !
C'était drôlement bien, cette conférence-découverte entrecoupée de lectures. Public nombreux au soir de cette première journée, cette fois-ci bien à l'ombre des grands arbres de ce jardin, et aujourd'hui encore je peste contre mon enregistreur qui s'est mis en rade juste à ce moment--là : Monsieur H1n ne supporte pas d'avoir plus de 530 fichiers dans sa mémoire ! Ça m'apprendra à faire le ménage de temps en temps et à ne pas emmener l'intégrale de Brassens en MP3 en vacances !
Autre petit désagrément : ces messieurs ont été photographiés à contre-jour mais ils étaient tellement bons que je ne leur en veux pas ! Je vous gratifie des photos, du texte d'un poème que j'ai fort apprécié et d'une émission de France-Culture de 1971 qui traîne encore ce jour chez M. Youtube.
Encore un regret : que Keith Richard n'ait pu se rendre disponible pour assurer les intermèdes musicaux. Il était pourtant présent lors de la présentation ! ;-)
Je suis la Pipe d’un poète,
Sa nourrice, et : j’endors sa Bête.
Quand ses chimères éborgnées
Viennent se heurter à son front,
Je fume… Et lui, dans son plafond,
Ne peut plus voir les araignées.
… Je lui fais un ciel, des nuages,
La mer, le désert, des mirages ;
— Il laisse errer là son œil mort…
Et, quand lourde devient la nue,
Il croit voir une ombre connue,
— Et je sens mon tuyau qu’il mord…
— Un autre tourbillon délie
Son âme, son carcan, sa vie !
… Et je me sens m’éteindre. — Il dort —
· · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
— Dors encor : la Bête est calmée,
File ton rêve jusqu’au bout…
Mon Pauvre !… la fumée est tout.
— S’il est vrai que tout est fumée…
(Paris. — Janvier.)
Tristan Corbière, Les Amours jaunes