"Tekikisée" au festival Folie ! les mots de Faux-la-Montagne le 29 juillet 2024
Tekikisée / par la Compagnie du Sphinx à Faux-la-Montagne le 29 juillet 2024
A Faux-la-Montagne le festival "Folie ! Les mots" a lieu dans les jardins des habitant·e·s. Les organisateurs positionnent une camionnette à l’entrée du lieu du spectacle et distribuent des chaises pliantes en toile – l’irremplaçable style « chaise de camping » ! -.
Les plus courageux des festivaliers gardent leur pliant sur l’épaule tout l’après-midi pour aller de jardin en jardin enchaîner les spectacles, lectures ou « conférences ».
Toute règle comportant des exceptions, nous avons assisté à trois spectacles dans la salle des fêtes. Celle-ci était quelque peu surchauffée, étouffante du fait de la forte chaleur de ce week-end de fin juillet. Mais il est temps de parler de Tekikisée !
C’est un solo de clown que le comédien, d’origine russe, présentait au public pour la première fois. Le clown Kiki incarne le héros de la mythologie grecque, Thésée, dont tout le monde a retenu qu’il a vaincu le Minotaure au sein du labyrinthe et qu’il en est sorti grâce à l’aide d’Ariane qui lui avait confié un fil rouge.
Ici le fil est bleu! Thésée appelle son père Egée au téléphone. D’abord il refuse la mission. Puis il le rappelle et accepte.
Le public est alors chargé d’encourager le héros qui a pénétré dans le labyrinthe avec des formules qui correspondent chacune à un geste fait par le héros.
Cela semble terriblement enfantin, saynètedepatronagesque, plein d’ellipses, mais lorsque Thésée revêt une toge rose fuchsia et une coiffe grecque pour engueuler ses marins – ils ont oublié d’embarquer Ariane ! - on arrive véritablement ailleurs, chez une Alice au pays de Merveilles un poil plus punk qu’à l’habitude.
De même lorsqu’on évoque la confusion sur la couleur des voiles au retour on ne s’attend pas à ce que la mort d’Égéé soit suivie de sa crémation publique effectuée… à l’aide d’un grille-pain !
On comprend alors qu’on est chez Tchekhov et Gogol, en plein dans un condensé d’humour russe, dans du grand guignol en rouge (?) et surtout en noir ! Il ne manquerait plus, comme apothéose à ce spectacle décalé, que l’alarme incendie du bâtiment, titillée par la fumée qui monte de la tranche de pain de mie carbonisée, se déclenche pour que cela devienne le moment le plus fou du festival. Au lieu de cela le spectacle se termine en queue de poisson, laissant pas mal de spectateur sur la touche.
Mais en repensant à ce qui le compose, en visualisant sur les photos ci-dessous ces attitudes d’enfant dépassé par les événements, on trouve à cette photogénie douloureuse quelque chose de terriblement actuel. Grâce à Kiki le héros dépassé ne sombre pas tout à fait dans le ridicule, bien qu’il soit très souvent à deux doigts d’y tomber, il devient, carrément, dramatique !