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Mots et images de Joe Krapov
11 mai 2024

EXAGÈRE !

 

Si tu as envie de rêver, vas-y, exagère ! Ce n’est pas tous les jours qu’on tombe dans un terrier après s’être lancé à la poursuite d’un lapin blanc porteur d’une montre à gousset et d’un phylactère au-dessus de sa tête annonçant « Je suis en retard ! ».

 

Ne pas lire tue et toi tu ne risques pas de mourir parce que tu as très vite compris qu’il s’agit ici du jardin secret de monsieur Lewis Carroll. Mais de te retrouver là ça te fait un effet mi-figue mi-raisin. Dans le pain des rêves de l’enfance ce récit des aventures d’Alice est certes un moment unique, hors du temps, mais avec son humour noir sur la ville, la jelly anglaise qui recouvre le pays des merveilles ne rend pas vraiment zen le petit lecteur.

 

Maintenant qui sait si, dans la nouvelle version en réalité virtuelle qui t’est proposée sous forme d’"escape game" ou de séance de cinéma en 3D, tu ne vas pas rencontrer de bien pires créatures encore que Twiddledum et Twiddledee, la duchesse au bébé qui pleure et la reine rouge qui veut couper des têtes ?

 

Est-ce que tu vas rire seulement dans l’impasse du Haha ? Sachant que ce n’est pas « Ah Ah » mais « haha » et que ça change tout. Un haha est un rempart d’un mètre de hauteur destiné à arrêter l’élan des chevaux ennemis à l’assaut du château.

 

Si l’enfance est un paradis, peut-on s’y promener sans soucis si l’univers est imaginé par des adultes dont on ne sait rien?Il faut distinguer l’homme de l’oeuvre mais si l’on suspecte le prof de maths photographe d’être à ses heures pédophile, n’y a-t-il pas lieu de se faire un sang d’encre ?

 

Au chat jaune de Chester – ou du Cheshire – quel animal à tête noire va se substituer ? Qui t’attend dans la rue de la Tour aux chouettes? Il paraît qu’au soleil couchant, là où habite, au 15, la pire des princesses, on entend le cri de l’ormeau et que ça fait claquer des quenottes.

 

 

Tadam ! Shazam ! Tatatsin ! Dans la mythologie bretonne le farfadet qu’on appelle aussi korrigan va peut-être t’obliger à jouer de la musique toute la nuit. Quant à comprendre pourquoi celui qui t’alpague te prend pour un Italien…

 

- Fais-nous danser, Signore Gavroche ! Plaque des accords sur le piano bleu !

 

- Mais… je ne suis que guitariste ! Je vais forcément faire des fausses notes !

 

- Mais non, tu vas voir, c’est magique par ici. N’aie aucune crainte, Signore, on ne tisse pas des liens avec la peur de faire des nœuds ! Joue nous « Auprès de mon arbre » de Georges Brassens !

 

Et tu constates que c’est vrai. Sur l’ébène et l’ivoire tes doigts imprévisibles font des miracles, ils ont des jolies trouvailles pour orner de contre-chants « La petite marguerite » et toutes ces chansons de la belle époque (1950-1980)  du poète sétois.

 

Au bout de la nuit finissent les délices de la danse. Les korrigans te récompensent. Ils t’envoient rue du Grand boulevard. 

 

- Ça s’appelle « Chez Simonne », Signore, mais ça n’a rien à voir avec Yves Montand puisque c’est écrit avec deux « n ». D’ailleurs, son vrai nom c’est Ivo Livi !

 

- Tu diras que tu viens de notre part et qu’il fait un temps à s’aimer. Parce que c’est toi, parce que tu as la tête du gendre idéal, tu auras peut-être le droit d’accéder aux dessous d’Agathe, de goûter aux baisers légèrement sucrés de Mademoiselle Bloom ou au grand jeu de « Moscou-Moscou pas » de Madame Prunier.

 

En aparté, tu doutes. Et de fait, une fois rendu à l’adresse indiquée, aucune Églantine ne t’attend, aucun piment au rendez-vous. Tu ne trouves qu’une plaque de médecin : Fred Le Voyeur.

 

Un plaisantin a apposé dessous un autocollant sur lequel on peut lire « Ça pue d’épier ».

 

***

 

Etc. Etc. On peut alimenter le récit de ce rêve avec ce que l’on voit sur les murs peints de Saint-Brieuc : cette fille rouge la tête à l’envers, ces animaux qui essaient de décrocher une étoile, ce porteur de champignons, ce caméléon gigantesque…

 

***

 

Reste à y coller le mot « fin » sous forme d’une chute dans le Gouëdic depuis le viaduc prévenant, brut de pomme : « Sortie non salée ». Mais bon ça ne plaira pas aux acrophobes ! Est-ce en empruntant le chemin des palefreniers que tu retrouveras, de manière plus douce, ton écurie ou ton paddock. Paddock ?

 

Oui, c’est là qu’elle est la sortie, dans le passage Georges Brassens. Si tu as envie de te réveiller, exagère ! Convoque les fantômes de Georges !

 

« Mais,  foin des délices de Capoue,
C'était mon père criant : "Debout,
Vains dieux, tu vas manquer la messe !". 

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 7 mai 2024

d'après la consigne AEV 2324-27 ci-dessous


 

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Commentaires
W
J'ai survolé maintes fois Saint-Brieuc en voiture, mais je ne suis jamais descendu dans sa gorge profonde...
Répondre
J
;-) Nous n'avons pas été déçus par cette descente ! Et je vais devoir me replonger dans cette même édition d'Alice si je veux donner corps à ce nouveau projet littéraire ! ;-)
W
... et les œuvres complètes de Lewis Carrolll dans la collection "Bouquins" comptent parmi les quelques livres que je n'ai pas bazardés.
Mots et images de Joe Krapov
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