HÄRDÖPFELER !
- Pour savoir ce qu’un mari vaut
Il faut, Marie, que tu convoles
En préalables noces.
Si dès après le mariage
Il s’envole et va pratiquer,
Avec d’autres, marivaudage,
C’est que c’est là mari volage.
Marivalise d’habileté
Pour le reprendre à Marylise
Ou Marie-Thé !
Marive-leur le clou en beauté !
Ironise !
Le mari vautré dans le canapé,
Marie, vaut-il mieux qu’un mari vaurien
Chez les Canadiens
Ou qu’un mari vautour
Sur les bords de l’Adour ?
Ou bien est-ce qu’à la fin des fins
On peut décréter qu’un mari n’vaut rien ?
Si le mari vaut tant,
Passé dans l’isoloir,
Pourquoi tant d’abstention ?
Obtient-on réduction de peine
Si le mari s’tourne ?
Sait-on de quoi on se prive
A l’hôtel des culs tournés ?
Cinq minutes d’arrêt buffet !
C’est la pub à la télé,
Les jeux des feux de l’amour
Et de l’hagard Saint-Lazare.
Il est bon, cet Härdöpfeler !
Ici-gît le mari vosgien
Qui éclusa trop de p’tits verres
Ballon du côté d’Guebwiller
Ici gît le mari veau doux
Sacrifié fort cruellement
Sur l’autel par trop succulent
Du traité comme un coq-en-pâte.
Ici-gît l’affreux mari volatile
Qui m’enferma comme perruche
Dans une jolie mari-volière
Pour s’en aller chasser l’autruche.
Heureusement pour vous, maritornes,
Le mari veau d’or est toujours debout
Et - c’est là secret de licorne -
Le mari totem est tabou !
Les marivaux de Paintful Gulch
Ont, les uns, un long nez
Et les autres grandes oreilles
Personne ne comprend au Bhoutan
Le mari volapük
Ni le charabia déroutant
Des opéras de Christoph Glück.
Veux-tu, Marie, que je m’arrête ?
Je vois que tu te prends la tête
Lorsque mes mots marris volètent !
Sois heureuse ! Fin de l’opus !
J’m’arrive au bout de mon laïus !
Cessons-là ces billevesées !
Reprendras-tu un peu de ce vieil alcool suisse ?
- Oui, mais juste un marivaudoigt !
Ecrit le 14 juin 2020 entre Rennes et Nantes
pour le cas - pas improbable ! - où l'oncle Walrus nous proposerait ce mot
Härdöpfeler
lors d'un prochain Défi du samedi ! ;-)
PAPY FAIT SON INTÉRESSANT !
Mon arrière-grand-père, Papy Lazare, celui qui a fait un farctus de la cocarde il y a trois ans, il nous a tous invités chez lui pour fêter la Noël au lendemain du réveillon.
Maintenant que Mamy Marie-Madeleine ne se souvient plus trop du prénom d’un gars qui s’appelle Al Ho-Hisse, c’est Papy qui nous fait la cuisine et qui distribue les cadeaux. J’ai encore eu droit à un livre en papier qui ne rentre pas plus que l’année dernière dans ma console de jeux mais maintenant j’ai l’habitude : j’essaye de le revendre après sur « Le bon coin » ou de l’échanger dans la cour de récré, son Almanach Vermot de l’année en cours. Les dessins plaisent bien aux copains.
Papy avait fait deux pintades, Papa et Maman avaient amené le champagne et les gâteaux apéro de luxe, l’oncle Paul un tiramisu aux kiwis et l’oncle Mathieu un gâteau aux noisettes et à la crème anglaise, qu’on va la garder quand même, la crème des Anglais, même si Thérésa May continue à « Brexiter les folliculaires » comme dit l’oncle Jean qui suit l’actualité internationale pour toute la famille.
Papy était tout pâle quand on est arrivés. « J’ai une rage de dents terrible ! » qu’il nous a dit.
- Ben faut aller chez le dentiste, Papy, a dit l’oncle Mathieu qui n’aime pas y aller non plus, chez le menteur qui arrache les dents.
- J’aime pas : c’est des jeunes ! On ne les connaît pas !
- Ah ben oui, mais si on va par-là, a dit Papa qui connaît tout Alphonse Allais par cœur, plus on ira et moins il y aura de gens qui auront connu Napoléon !
Papy a battu sa coulpe, bu sa coupe, mangé quelques pains d’épices au foie gras puis il est allé s’allonger parce qu’il n’était vraiment pas bien.
Sur le coup de cinq heures les tontons flingueurs et maman sont allés voir ce qu’il en était de Papy qui ne ressortait pas de sa sieste. Ouïe ! Ouïe ! Ouïe ! A la place du Bourgogne il avait pris son médoc pour le cœur mais ça ne lui faisait rien ! Tout le monde est sorti de la chambre très inquiet, la mine catastrophée. Maman a appelé le quinze, et, même si c’était pas un barbu, il y a un pompier qui est venu, puis un médecin et une ambulance pour emmener Papy au pital.
On a posé Papy sur un rancard, ils l’ont emmené allongé, tout jaune, et après tout le monde a pleuré sauf papa et l’oncle Paul qui ont continué à faire de la musique. Ils ont chanté la chanson de « Saturnin le canard » et des tas de bêtises écrites par des Charlots.
- Quand même, pleurnichait Mamy Marie-Madeleine ! On savait que ça devait arriver un jour ou l’autre mais choisir ce jour-là pour partir ! ».
Après l’oncle Mathieu est parti au pital avec mon cousin Luc, voir où ce que ça en était. Plus tard ils ont appelé Maman sur son téléphone de ministre pour lui demander d’amener les chaussons de Papy Lazare parce qu’ils l’avaient emmené pieds nus sur le rancard. Tant qu’à faire de partir les pieds devant en hiver, autant avoir de bonnes chaussures, vu le froid qu’il fait.
Quand Maman est revenue il y avait Mathieu, Luc et Papy Lazare, debout, presque vaillant, avec elle. Ils lui avaient filé de l’amorfine pour qu’il ne sente plus la douleur.
- Qu’est-ce que c’était alors, qu’il avait, Papy ? J’ai demandé.
- Ce n’était rien qu’une rage de dents !
Plus tard, dans l’auto, sur le chemin de la maison, Papa a dit à Maman :
- Ca fait plus de quatre-vingts ans qu’il a la rage dedans, ton grand-père. Pour une fois il l’avait dehors ! N’empêche, c’est dégoûtant ! Il est le seul à avoir reçu du père Noël de quoi se chouter légalement !
J’en ai déduit qu’on ne pouvait pas se chouter avec l’almanach Vermot ! C’est pas grave. Moi j’aime bien le monde comme qu’il est ! J’ai pas besoin qu’on me donne des coups de pieds avec rage dedans !
***
Maman a téléphoné ce matin pour prendre des nouvelles. Papy a quatre cons primés à la morphine à prendre pour tenir avant d’avoir un rendez-vous chez le dentiste. Mais il a dit qu’il ne les prendrait pas.
- Quelle tête de pioche ! a dit Maman !
Tout ça n’est pas grave. Moi j’ai retenu leur nom aux cons primés. La prochaine fois j’irai farfouiller dans leur armoire à pharmacie à Papy et Mamy. Je les récupérerai et je les offrirai à Papa pour la fête des pères !
LE GRIMOIRE : UN CONTE DE CLAUDE SEIGNOLLE
Le grimoire (Claude Seignolle ; adapté par Maïck la conteuse et Joe Krapov)
Artaud Rimbur. Quel bras cassé, cet Artaud Rimbur ! On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans et il a dix-sept ans. Il n’a rien fichu à l’école, est devenu un voyou mou du genou et surtout ce qu’on appelle un monte-en-l’air, un cambrioleur à la petite semaine. Il a remarqué que depuis plusieurs jours le père Verlaine, le rebouteux du village, part de bon matin et revient tard le soir. Il se dit qu’il pourrait peut-être faire un tour dans sa maison. Un rebouteux, moitié sorcier, moitié médecin, doit bien avoir quelque chose à barboter. Quelques billets ou pièces soigneusement cachés ou bien quelque bon jambon ! Mais bon, c’est la maison d’un demi-sorcier quand même ! C’est casse-pied d’avoir la trouille comme ça mais après bien des hésitations il se lance.
C’est trop facile, la maison est restée ouverte ! On y entre les doigts dans le nez ! Artaud Rimbur n’est pas trop rassuré mais après avoir fait le tour de la maison, soulevé quelques draps et quelques couvercles de coffres, il ne trouve rien d’extraordinaire et finalement il n’y a rien à dérober. Déçu mais quand même soulagé il va repartir, les mains vides, les bras ballants… Quand son regard est attiré vers un tiroir entrouvert. Là, coincé dans l’ouverture, une épaisseur de papier dépasse… c’est un gros cahier. Il hésite, le tire à lui et sort précipitamment comme s’il craignait que la voix de son propriétaire ne lui ordonne de le remettre en place. Il s’éloigne au plus vite, prend le chemin du bois derrière la maison et finalement s’arrête en plein soleil à l’abri d’un talus. Il s’assoit, se laissant inonder de clarté, comme rassuré par la lumière qui le mettrait à l’abri de la noirceur de la maison.
Ca lui fait une belle jambe d’avoir volé ce livre : Artaud Rimbur sait à peine lire ! Il l’ouvre quand même, parvient lentement à retrouver le sens des lettres tracées sur la couverture : G R I … Gri M O I moi… R E re ! Grimoire ! Grimoire des S O R… sorciers !
Là il a une brutale suée. Un quart de seconde il pense prendre ses jambes à son cou, jeter ce cahier ensorcelé et fuir au plus vite ! Mais une irrésistible envie de connaitre le contenu des magies du père Verlaine le pousse à aller plus loin. Il tourne les pages, chacune d’elles est couverte de tout petits caractères tassés… Il y a là de quoi devenir maître du pays tout entier !
Ici le moyen pour annihiler le venin des serpents, comment écarter les loups, guérir les maux de ventre, sécher les verrues, redresser les torticolis.
Là, comment avoir de bonnes récoltes par tous les temps où comment détruire celles du voisin !
Là, pour rendre inoffensif votre pire ennemi ; là, le secret pour tout savoir !!!
Bouleversé, mais impatient, Artaud Rimbur continue à lire :
"Pour devenir voyant : Au bout de 7 jours les vers qui se sont formés dans le derrière du crâne d’un cadavre se changent en mouches, lesquelles 7 jours après deviennent des dragons dont la morsure est mortelle. Si on en prend un et qu’on le fasse cuire dans l’huile et qu’on forme une chandelle ayant pour mèche un morceau de suaire, dès qu’on l’allumera dans une lampe d’étain, aura lieu l’apparition du spectre de Baudelaire. Si vous avez le courage de le regarder en face il vous dira l’avenir. Pour le chasser il faut se frotter le visage avec du sang de femme…."
Ah la, la ! Jamais il n’aurait cru à tant d’horreur ! Complètement chamboulé, il tourne plusieurs pages sans les lire, et, son regard bute soudain en bas d’une page, sur des lettres majuscules tracées à l’encre rouge : TOURNE ENCORE SI TU ES ASSEZ COURAGEUX !
La phrase le frappe entre les deux yeux, les jambes lui manquent mais il aspire une grande goulée d’air et soulève lentement la page, n’osant pas l’ouvrir d’un coup.. des fois que … Mais la page tournée, il ne voit que la répétition de la précédente mise en garde : TOURNE ENCORE…
Cette fois, sans hésiter il tourne la page… Rien … Plus de menace… OUF ! il vient de traverser l’endroit dangereux du livre des sorciers… et il ne lui est rien arrivé !
D’un geste machinal, il se tâte la nuque, le ventre, les bras. Ah ça il vient de braver le pire ! S’il avait dû mourir pour sa curiosité ce serait déjà fait, non ?
Alors serrant contre lui le grimoire qu’il vient de vaincre, assuré de pouvoir braver la colère du père Verlaine il crie comme pour braver les cieux ou les dieux :
- Ah ! Ah ! Père Verlaine ! Tu ne peux plus rien contre moi ! Je t’ai coupé l’herbe sous le pied ! Je ne suis plus un bras cassé, comme tu disais ! Maintenant c’est toi qui es amputé de ta science, tu n’auras plus la béquille de ton grimoire pour te soutenir ! ».
Et Artaud Rimbur, complètement revigoré, se lève pour rentrer chez lui pedibus gambis. Mais il chancelle et se rassied sur le talus car il vient de constater que son corps est lui aussi, amputé ! Amputé de la jambe droite ! Plus de mollet pour le mou du genou !
La conteuse marque un temps pour que les gens imaginent l’horreur puis dit, avec un ricanement sardonique :
Alors, braves gens ? Il est-t-y pas moignon, ce conte-là ?
N.B. Le nom du personnage, Artaud Rimbur, est emprunté à Jean-Pierre Verheggen qu'on ne remerciera jamais assez pour sa Belgitude assumée !
(MANUS-) CRI DU (MOT-) COEUR!
Dans le noir d’un tiroir un manuscrit attendait anxieusement le résultat de son test de grossesse. Serait-il relié ou broché ? Cette question le tourmentait.
Car ce n’est pas le tout d’être et de se savoir génial. Il faut aussi passer par un stade de reconnaissance. Il faut que quelqu’un d’autre, après l’auteur, vous lise, vous apprécie, ce qui pousse votre géniteur à contacter un éditeur. Il faut aussi que celui-ci soit convaincu non seulement de la valeur littéraire du texte mais encore de sa valeur marchande.
C’est pourquoi « La Chasse spirituelle » - c’était le nom du manuscrit – s’inquiétait de rester là aussi longtemps dans le noir de ce tiroir-purgatoire. On n’était même pas chez Arthur mais chez Paul, son pote et quand on dit « son pote » il faudrait plutôt préciser qu’on était chez les beaux-parents de son pote, le père et la mère Mauté de Fleurville, les parents de la maudite Mathilde, la souris, la fée Carotte, la punaise comme Paulo l’a appelée dans un billet qu’il a fait parvenir récemment à sa jeune épouse.
Ca n’est pas très délicat. Et ça n’est pas très sérieux car dans son dernier courrier il réclame qu’on lui renvoie à Bruxelles ses effets personnels, le manuscrit de Rimbaud et « les lettres qui en font partie ».
Qui en font partie ? Mon cul, si on peut dire ! Si un manuscrit peut dire ça ! Du fait de leur entassement dans la même chemise, pas très propre, du reste, le manuscrit sait bien ce qu’il y a dans les lettres. Si elles tombent entre les mains du beau-père, c’en est fait du mariage. Y’a d’la rumba dans l’air et de la séparation de corps dans l’décor !
Il y a là-dedans de quoi refaire le procès des « Fleurs du mal ». Toutes les preuves des mauvaises mœurs de ces messieurs les poètes vont ravir les défenseurs plutôt fripouilles de la morale traditionnelle et de «Une famille c’est un papa + une maman».
Et de fait, lorsque Mathilde les découvre, les missives, la jeune épouse se jure cette fois-ci que tout est bien fini.
Que devient «La Chasse spirituelle», le manuscrit d’Arthur Rimbaud ? Il disparaît! Mais on le voit réapparaître, enfin édité, au Mercure de France, s’il vous plaît, en 1949, soit plus de soixante-dix ans après.
Relié ! Broché ! Préfacé par Pascal Pia ! Encensé par la presse !
Mais, car il y a un mais, ô scandale, semelles de vents et scandalettes, il s’avère qu’il s’agit d’un faux ! L’engouement pour la poésie, la bibliophilie et surtout pour Rimbaud est devenu tel qu’à part André Breton personne ne veut croire qu’il s’agit d’un canular pondu par deux théâtreux.
Ah il est bienheureux, le faux manuscrit ! « La vie est une farce à mener par tous », a écrit Rimbaud. Et les deux comédiens ont réussi leur coup. Après reconnaissance de la mystification, la maison d’édition retire le livre de son catalogue. Les exemplaires déjà vendus valent aujourd’hui une fortune sur E-bay ou dans les salles de vente.
Oui mais… le vrai manuscrit ? Celui du début ?
Il semble que la maudite Mathilde ait mis le feu au test de grossesse et jeté le bébé avec l’eau du bain.
Les vrais Rimbaldiens ont fait une croix dessus. Tout comme Rimbaud a terminé sa vie en faisant du trafic d’armes, ils ont changé leur fusil d’épaule. Ils sont tous au Harar et ils creusent. Ils retournent tout. Ils cherchent dans le sol les bras de la Vénus de Milo.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 19 septembre 2017
d'après la proposition d'écriture n° 354 de Pascal Perrat
qu'on ne remerciera jamais assez de pondre pareils incipits !
LES NÉOLOGISMES DE L’ÉTÉ 2017 (1)
Orthofauniste : professeur de maintien pour animaux.
Contrairement au dresseur de cirque et au spermatozoïde qui jouent du fouet et crient «Couché !», l’orthofauniste use de pédagogie et de douceur dans sa classe pour que tout le monde se tienne debout et bien droit.
Ses meilleurs élèves sont la girafe, l’hippocampe et le manchot empereur.
Parmi ceux qui peuvent mieux faire, le serpent tient bon la rampe et le zébu bosse un maximum.
Mais sur le bulletin de notes de l’aï l’orthofauniste a écrit : « Elève trop paresseux. Se traîne dans le bas du classement. Redoublement prévisible même si pour l’instant en suspens ».
Pondu hors atelier d'écriture le 3 juillet 2017.
L'illustration est de Marcel Gotlib qu'on ne regrettera jamais assez.
DEUX NEOLOGISMES DE JANVIER 2017
Felouquer : Faire du bateau sur le Nil
Sur les eaux saumâtres du Nil,
Parmi les nombreux crocodiles
Sur sa gabare relookée
Tendansovis va felouquer
Edward Lear - Felouques sur le Nil près d'Abou Simbel.
Image empruntée ici
***
Marmoréer : Prononcer des paroles dignes d'être gravées dans le marbre
Président, si tu marmorées
Ne nous ponds pas des logorrhées :
Mêm' si ta parole est insigne,
On paie le graveur à la ligne !
Ecrit hors ateliers le 28 janvier 2017. Les exemples sont du 18 mai 2017.
LA DESCENTE DES MÉDECINS DU SMURT / Pierre-Antoine Angelini et Joe Krapov
Et tant qu'à faire, posons ici le texte tel qu'il était avant les improvisations et les oublis !
Personnages :
Le Dr Krapov
Le Dr Sanguinetti
Dr K. - Stop ! On arrête tout, Mesdames et messieurs ! Visite médicale obligatoire ! Nous sommes les docteurs Krapov et Sanguinetti, du SMURT !
Dr S. - Le Service de Médecine d'Urgence pour les Retraités à Temps plein !
Dr K. - On nous a signalé des cas de grippe avunculaire dans l’assistance ! Avunculaire, ça veut dire relatif aux oncles. Est-ce qu’il y a des oncles dans la salle ? Levez la main, ceux qui ont des neveux ! On veut savoir pourquoi tu tousses, Tonton ! Et aussi pourquoi tu tousses plus maintenant qu’on est là ? Vous en avez repérés, Docteur Sanguinetti ? Je vois là des spécimens de toute beauté. Ici un retractus somnolensis ! Ce comportement est très fréquent à cette heure-ci de l’après-midi mais celui-là m’a l’air bien épuisé, le pauvre !!
Dr S. - Et là, magnifique, Docteur Krapov ! J’ai un retractus coïtus (in)interruptus ! Avec sa femelle !! Nous sommes arrivés en pleine période de reproduction !
Dr K. - Je vais prendre la tension de Madame !
Dr S. - Et moi le pouls de Monsieur. !
On ausculte une personne chacun et on se tourne vers l’autre
Dr S. - Alors, cher collègue ? C’est aussi grave qu’on le pensait ??
Dr K. - Ecoutez, quand je vois la tension de cette dame, je me dis que c’est catastrophique ! Au lieu d’avoir 12, 7 qui est la tension normale d’une mite railleuse, je vois qu’elle a 14 18 ! Ce n’est guère raisonnable ! En plus elle tousse ! Elle doit avoir une tranchéite. Je pense que pour plus de sécurité, il faudrait prendre leur température !
Dr S. - Tout à fait ! Bon esprit !
On sort le Thermomètre géant.
Dr K. - Y a-t-il des volontaires dans la salle ? (silence ou rires)
Dr S. - Eh bien dites donc, Dr Krapov, voilà un silence (ou un éclat de rire) qui est à mettre dans les annales. Si je puis m’exprimer ainsi en parlant d’un thermomètre !
Dr K. - On plaisantait, messieurs dames ! On va vous la prendre sur le front, la température, on est des médecins modernes, quand même !
Séquence des Post-its
39°45 ! Un autre diagnostic, il n’y en a guère ! Vous êtes très fiévreux(se) ! Agressif, aussi ? Vite, au suivant !
42° fillettes ! Vous allez faire des pompes pour me faire tomber ça immédiatement, hein !
49° 3 ! Alors pour vous, vite, une ordonnance ! Sachez pour votre gouverne que c’est dangereux, 49,3 !
37° 2 le matin mais la fièvre monte à la LPO l’après-midi ! Vous êtes ornithologue ? Faites gaffe à la grippe aviaire !
36°15 Houlà ! 3615 Ulla ! Une température d’actif ! Alors vous, soit vous êtes le Président de l’Université, soit vous vous êtes trompé d’amphi !
33° 33 ! Vous c’est pareil, soit vous êtes médecin, soit vous êtes Bordelais ! Ah oui, œnologue, aussi, peut-être !
36 ! C’est pas sa température c’est le nombre d’étoiles qu’il voit le matin ! 36 ! Monsieur a le front populaire ! Faut vite vous payer des congés, mon vieux !
38 Et vous êtes en PAIX avec vous-même ? Vous êtes un drôle de pistolet, vous, P 38 ! Avec la langue chargée, en plus ! Bon je me tire !
On prend deux membres de l’assistance en otage, un gars une fille. On fait applaudir les cobayes d’Aubervilliers. Arrivé en bas le docteur Sanguinetti propose un sondage.
Dr S. - Nous allons faire un sondage. Que ceux d'entre vous qui ont eu des activités à risque au sein de l’A2R1 lèvent la main ?
Dr K. - Je compte !
Dr S. (si les mains se lèvent) -Je vous le disais bien, cher confrère, cette association est dangereuse pour la santé publique !
Dr S. (si les mains ne se lèvent pas) - Et en plus, ils n'ont même pas conscience de la gravité de leur cas !
Je crois que le moment est venu d’aller interroger les membres du bureau !
Dr K. - C’est vous les responsables ? Oh la la ! C’est très grave ce que vous faites ! Il y a 38° dans cette salle, c’est très fiévreux, tout ça ! Et vous d’ailleurs, comment allez-vous ? Madame P., par exemple ? Vous m’avez l’air de travailler beaucoup, pour une retraitée ! Vous faites quoi dans l'association ? Vous êtes secrétaire ? Vous envoyez des courriels ?
Mme P. - Oui !
Dr S. - Combien de mèls par jour ?
Mme P. - Un, deux !
Dr K. - Méfiez-vous ! Soyez prudente ! On ne se méfie jamais assez de la mèl-ingite aiguë !
Dr S. - Bon, Il faut faire quelque chose, ça ne peut pas continuer comme ça. J’appelle le Dr Trépas tout de suite. (Il sort son portable). Allô Jeannine ? On est à l’A2R1, là, pour la visite médicale surprise. On a des cas de surmenage, de surinvestissement, d’hyperactivité, de surbooking et de scrapbooking. Y a des collègues qui font de l’excursionnite aiguë, des boutons de fleurs, des randonnées, des visites, de la salpingite et de la belle peinture. Ouais c’est trop, tout ça, hein ? On fait quoi ? On applique le plan B ? Même s’il n’y en a pas ? Ok, merci Jeannine ! A toute !
Mesdames et messieurs vous êtes à la limite du burn-out du retraité : c’est-à-dire que c’est comme un burn out, mais avec des pantoufles et un déambulateur. Vous en faites tous trop ! Bien plus que quand vous étiez actif ! Il faut mettre un terme à tout ça, c’est dangereux. Le Docteur Trépas demande que l’association soit dissolue !
Dr K. - Je crois qu’elle l’est déjà un peu, non, dissolue ! J’ai entendu parler d’un club d’oenolorgie !
Dr S. - Et en plus avec dégustation à l'aveugle ! C’est du propre ! Et il y a aussi un club de génialorgie !! Et de la marche Dors-nique !!!
Dr K. - Mais non, Messieurs Dames, ne rêvez pas ! On déconnait ! Jeannine a dû dire « dissoute » et pas « dissolue », Docteur Sanguinetti !
Dr S. - Effectivement ! Mais quand même, elle exige que le nombre des activités de l’A2R1 soit considérablement réduit.
Dr K. - Réduit ? Comment cela ?A combien d’activités ont-ils encore droit ?
Dr S. - A une ! A partir de maintenant vous allez tous faire de la danse de salon ! Et uniquement de la danse de salon ! On va mettre en pratique tout de suite. Ces deux personnes vont vous donner l’exemple. Mettez-vous face à face, prenez-vous par les petits doigts. Vous allez danser en suivant le rythme du morceau que le docteur Krapov va jouer à la guitare. Pas d’inquiétude, on commence par un tango.
On leur donne l’oreiller pour amortir les chocs
LE TANGO CORSE REVISITÉ
Salut et applaudissements ?
Dr S. - Rendez-vous en septembre pour le cours n° 2 Nous aborderons l’étape suivante, plus difficile : Le tango immobile ! D’ici là vous pouvez disposer. Repos !
TOUT CA, C'EST PEANUTS. 7, Dormir ou ronfler (1)
Dans la bulle de la bande dessinée, en général, il y a un « Z » pour signifier que le personnage en écrase. Il dort. Il roupille. Il pionce. Il est dans les bras de Morphée.
Pour bien signifier le silence et la tranquillité de l’action le phylactère n’est pas relié à la tête du personnage par la petite queue habituelle mais par deux ou trois cercles qui vont en diminuant de taille jusqu’au dormeur. Celui qui ajoutera « du val » aura un gage !
Ronfler plutôt que dormir se représente par une scie engagée dans une bûche de bois. Les lettres « RON RON RON » sont encore plus explicites. Le distinguo entre les deux est cependant assez faible. D’ailleurs, tout dormeur, du val ou pas, sait-il s’il ronfle ? Non, puisqu’il dort ! Que je sache, Rimbaud n’a pas écrit « Le ronfleur du val » ?
TOUT CA, C'EST PEANUTS. 7, Dormir ou ronfler (2)
Mais aujourd’hui, de toute façon, il n’y a pas de bulle autour du « Z » et une seule image de Charles M. Schulz suffira à réveiller notre nostalgie et donc à nous endolorir le cœur mieux encore que ne le font l’insomnie de la nuit précédente et le point de lumbago de ces deux derniers jours.
C’est que Schroeder joue encore et toujours sur son piano-jouet. Le chien qui l’écoute a les yeux fermés. La partition qui s’échappe du piano occupe la partie à droite du piano et Snoopy est installé entre le deuxième et le troisème tiers de l’image unique de ce "strip".
C’est une partition à trois voix ou à une voix et accompagnement de piano. Une fois que les notes sont passées au-dessus de sa tête, elles perdent leur valeur de blanche, noire ou croche et deviennent des « Z ».
TOUT CA, C'EST PEANUTS. 7, Dormir ou ronfler (3)
Et quelle est donc cette musique propre à apporter l’endormissement ?
C’est celle qui sortait de la peluche jaune une fois qu’on avait tiré l’anneau sur la tête du singe. C’est celle qui sortait, qui sort encore de toutes les boîtes à musiques et objets similaires destinés aux enfants en bas-âge. Elle sort même quelquefois, paraît-il, de l'organe vocal de Céline Dion ! Une chanteuse québécoise, c'est bien la dernière personne à qui on demanderait d'endormir un enfant !
Les quatre premières notes de la partition le confirment : c’est bien « Wiegenlied », opus 49 n° 4 pour piano de Johannes Brahms, autrement dit « LA berceuse » de Brahms.
Cela me rappelle un autre gag. Ma fille s’est endormie longtemps dans le canapé du séjour au son du "Boléro" de Ravel, dans la version du film «Les uns et les autres» de Claude Lelouch. On la montait ensuite dans sa chambre, telle un paquet de linge sale qu’on déposait entre les draps. On avait de drôle de mœurs à l’époque, la place du linge sale étant plutôt dans la machine à laver ou la corbeille à linge.