RETOUR AU PAYS
Ce que peut déclencher le rhum de Martinique
Nul ne peut le savoir avant d'être monté
En salle Mandoline et s'il n'a pas goûté
Le poème aux limaces écrit par Dominique.
C'est un voyage en groupe au rythme d'un piano
Qui reste silencieux pendant les mois d'été
Mais de septembre à juin, avec sérénité,
Comme si l'on peignait les murs de Burano,
Les maisons de pêcheurs et les barques légères,
On fait surgir des océans de fantaisie,
On bâtit à Dubaï en signe d’hérésie
Une Maison du vin, on part, on déblatère.
On a laissé la pieuvre et boudé l'Australie
Mais l'on sait tout du roi, de sa prison intime
Et de ses rossignols. Concerto maritime
Dirigé savamment par les didascalies
De nos stylos surgit comme de la mer Noire
Un trois-mâts fabuleux porteur de poésie :
Ses voiles ont la blancheur des plaines de Russie
Et sur son pont la lune envahit la baignoire
Échappée d'un délire ancien d'une écrivante.
Les mots s'en vont parfois dans le métro magique
Vers Cesson-Sévigné, la ville écologique
Où l'on combat le ragondin qui épouvante.
Des poissons colorés nous emmènent à Vienne
Où l'imagination savoure un chocolat
En regardant valser de jeunes échalas
En ce bal imprévu de licornes et de reines.
Bientôt naîtront de ces flèches sur pages blanches
Des surprises, des mots sortis de leur prison,
Libérés du carcan trop lourd de la raison,
Des histoires : il faut bien, ami·e·s, que l'on s'épanche.
A huit heures survient l'instant de la lecture :
C'est Noël ! Ou c'est Pâques ! C'est joli ! Ça chemine !
Ces chalets de montagne qui ne paient pas de mine...
Mais c'est notre château, l’atelier d'écriture !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 7 février 2023
d'après la consigne AEV 2223-19 ci -dessous
CARMAGNOLE ET CASTAGNETTES
Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais... on est toujours pris à contrepied ! Hier par exemple j'emmène au café "Les Références électriques", pour une scène ouverte, des textes de 2006-2010 que j'avais déjà, à l'époque, déclamés au Café-slam des Champs libres. Je me régale à les relire en me disant que je suis quand même un sacré maboul d'avoir pondu des choses comme ça.
J'ai donc lu devant un public étonné un pastiche de Francis Ponge publié sur le Défi du samedi en juillet 2011 et intitulé "La Table" et un autre poème plus philosophico-nostalgique avec uniquement des rimes en "ole" et "ette". Comme il n'est pas daté et que je ne sais plus où je l'ai publié je mène ce jour une recherche chez M. Google et... je fais chou blanc.
Je pose l'interrogation dans mon disque dur, sur le répertoire "écriture", et je découvre qu'il s'agit d'un texte déposé sur les Impromptus littéraires en décembre 2012. Comme je souhaite retrouver la consigne d'où il est issu, je pars à la recherche des Impromptus et je découvre - sauf erreur et en toute horreur - que toute la partie avant 2014 a disparu de la toile !
Bravo ! Jolie conception de l'histoire littéraire, ou joli respect des traditions : "Votre site est mort ? On l'enterre !". Merci les hébergeurs !
Du coup j'ai sauvegardé les consignes d'écriture de 2014 à 2019 des Impromptus ainsi que les textes mis en forme et illustrés que j'avais déposés là.
Il va falloir que je me préoccupe sérieusement de jouer à l'éditeur-biographe pour transmettre à qui de droit une édition décente et complète, de type "La Pléiade", de mes krapoveries ! A nous, les notes de bas de page !
En attendant voici le texte déclamé :
Joe Krapov – LA TOUR (CARMAGNOLE ET CASTAGNETTES)
1Sous la tour, avec les fillettes,
Nous dansions d’amples farandoles.
Comme elles étaient mignonnettes
On faisait beaucoup les marioles.
Il y avait Maud, Manon, Lisette…
Elles aimaient nos cabrioles.
C’était le temps des pirouettes
Et de la fête de l’école.
C’était il y a belle lurette,
Colle-gommette et courses folles.
Avec Nanar, Jujube et Piette,
Gai-Luron, joyeux, caracole.
2Sous la tour – tournez, mobylettes ! –
Elles dérapaient, les chignoles !
Sous les yeux émus des minettes
On était les rois du pétrole.
On n’échangeait plus les sucettes,
On n’effeuillait plus les corolles.
On fumait parfois en cachette
Tels Ribouldingue et Croquignol.
C’était l’époque des torgnoles,
Nos pères tenaient la baguette.
Fallait pas perdre la boussole
Sinon terminée l’amusette !
3Sous la tour avec Henriette
Ou quelquefois avec Nicole
On allait pour conter fleurette
Faire parader nos bagnoles.
- Viens faire un tour sur ma banquette !
On peut aller jusqu’à Brignoles ! »
Elles chantaient, les midinettes
Les gais refrains de nos idoles.
C’était le temps des amourettes,
L’époque où les bouches se collent
Et les boutons de nos braguettes
Sautaient comme l’extrasystole.
4Sous la tour la lune replète
Dispense une bien faible obole.
En fait on s’aime à l’aveuglette,
Entre deux caresses on rigole.
Cocorico les galipettes !
Et vas-y qu’on se carambole
A s’en faire péter l’épithète !
Ce ne sont pas des fariboles.
Et puis un beau jour on convole.
Plus tard l’Amour devient pip’lette
Et nous, pitoyables guignols,
Des Super Mario d’opérette !
5Sous la tour, triste marionnette,
Un papy moustachu somnole.
Tout est poivre et sel sur sa tête
Mais, s’il est bourré de pistoles,
Harpagon n’est plus à la fête !
Où est le temps du rock’n’roll,
Quand on faisait tourner Paulette
Ou Rose par-dessus l’épaule ?
Elles sont décillées, les mirettes,
Evaporées, les fumerolles :
La tour n’était qu’une gloriette
Et nos exploits… de la gloriole !
TROIS POÈMES PHILOSOPHIQUES (insomnie du 11 au 12 novembre 2022)
PRENDRE SES ENCYCLIQUES ET SES CLOAQUES
A force de vieillir,
De décatir,
De se départir,
On finit un jour, Patatrac,
Par prendre ses encycliques et ses cloaques,
Ses petits Clics et ses grands Clac
Merci Kabic, merci Kodak !
***
LES FARCES D’AUGUSTIN
Il vaut mieux s’adresser au Bon Dieu
Qu’à ses saints
Pour qu’au moment dernier
On vous montre des seins
Plutôt que le dessein
De ce qui fut vécu.
Et c’est à ce moment qu’on est vraiment déçu :
Dieu relève sa soutane
Et vous montre son cul !
***
EN MARCHE !
L’existence ne nous est donnée que pour nous exercer à la mobilité.
Pourquoi serais-je resté dans mon petit Liré ?
Plus rien n’y est pareil,
D’autres personnes habitent
Les maisons des parents
Qui sont tous décédés.
J’ai vu Paris,
photographié Venise,
pédalé en Provence et je vis dans une Bretagne qui ne ressemble déjà plus
à celle où j’ai débarqué il y a vingt-cinq ans.
Amis de la poésie et des Ardennes, bienvenue au Festival
« Un météore est passé à travers le siècle jusqu’à s’en faire péter le genou ».
Comme quoi, quand même…
De la mobilité, point trop n’en faut, non plus !
DEUX POEMES SANS ARTICLES
Automne tomber feuilles
Hiver arriver deuil
Printemps tout reverdir
Eté chouette avenir
***
Hisser voile
Garder cap
Vaste mer
Exploration
Pêcher poisson
Rentrer port
Cracher vapeur
Ouvrir bal
Bateau-ville
Gigantesque
Petit glaçon
Toucher
Titanic
Couler
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 1er février 2022
d'après la consigne 2122-18 ci-dessous.
POEME MINIMALISTE
Si tout va bien,
Si tout va sans dire,
Si tu me dis « On peut »,
Si on peut faire plus,
Etre l’homme pour elle,
Si on peut voir à deux,
Faisons avec !
Allons !
Nous verrons bien
Où mon lui et son elle iront
Dans ce nous !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 1er février 2022
d'après la consigne 2122-18 ci-dessous.
POSE TON MOT !
Si le yack et le wapiti ,
Si le phoque et le vieux zébu
Ne figuraient pas légitimement
Dans le vieux Larousse,
Est-ce que je gagnerais autant
Quand je joue au scrabble ?
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 1er février 2022
d'après la consigne 2122-18 ci-dessous.
PRIERE
Notre Paysan breton qui êtes aux cieux
Que votre biscuit Thé de Lu soit fête,
Que votre Rustica arrive !
Bénissez nos Amora
S’il Yoplait !
Danonez-nous aujourd’hui comme cuiller
Notre Boursin quotidien
S’il Yoplait !
Rendez-nous la clé du jardin de Jaffaden :
Cette histoire de Nesquik défendu
Ce n’était qu’un P’tit déli !
S’il Yoplait !
Depuis vous nous jugez boudez boudoir
Au Biovillage sans Plantation
Vous nous faites mauvaise réputation.
S’il Yoplait
Camembert Président,
Soyez un peu plus coulant !
Moins capricieux, les Dieux !
Notre Paysan breton,
S’il Yoplait ?
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 1er février 2022
d'après la consigne 2122-18 ci-dessous.
POÈME À CRIER DANS LES RUINES
- C’est aujourd’hui la fin, ô Jane ! » dit Tarzan
Tandis que les pumas piaillent dans les betteraves,
Que le volcan vomit fumerolles et laves
Jusque sur sa Jaguar garée sauvagement
Sous la cabane où ils vivaient au fil des jours.
- Je sors de mon appartement somptueux et je crie
Pour dénoncer ce crime odieux, cette infâmie :
Le fleuve est l’étranger et tu es mon amour
Mais rien ne reste plus de nous ! C’est ridicule :
Un gros serpent python, affamé, monstrueux
A fait repas de dingue au studio trente-deux :
Ce crétin a bouffé toute la pellicule !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 1er février 2022
d'après la consigne 2122-18 ci-dessous.
POÉSIE DE JANVIER
L’hiver s’en vient dans les maisons
Sortir de ses blagues de givré
Le vieux tabac de la grisaille
Et cela dure des semaines.
On est piégé.
Quand vient l’horrible saison froide
Même l’alouette y laisse des plumes.
Pierrot qui passe
En ramasse une
Puisqu’au clair de la lune
Son voisin le distrait a égaré la sienne.
Au chaud, dans le plus grand secret
Les buffets se régalent des sachets de lavande,
Des albums de photos et porcelaines rares
Ou des habits de deuil que l’on y entrepose.
Où trouver le courage ?
Se lever au matin sans ramasse-poussière
C’est perdre assurément les débris des étoiles
Qui sont venues la nuit
Illuminer nos rêves.
Dans le geste d’écrire ?
On a beau tendre son cahier
Tel un miroir au monde
Rien ne s’y réfléchit,
Rien ne s’écrit dedans.
On ferait mieux sûrement
De tendre une tablette,
De ramener des photos du ciel
Ou de l’immeuble d’en face.
Peut-être, sur le cahier,
Fallait-il appuyer quelque part ?
En attendant, oui, j’écris.
S’il fallait mettre son espoir dans le Seigneur
Alors j’ai tout raté.
J’ai juste pour ma part
Mis un pied devant l’autre
Et rencontré l’humanité
Et même aussi parfois L’Humanité-dimanche !
Mais, c’est vrai, rien n’est simple.
La complicité avec le poète
Ne s’établit pas en un clin d’œil :
Ce voyant est peut-être un voyou
Et ce dévoiement du langage
Un désert empli de cailloux !
Sous le pavé de sept cents pages
S’étend peut-être juste
Une plage de nudistes
A l’oeil terne,
A la joie éteinte :
Des fracassés loquaces
Et inintéressants.
Qui décide que les pavés brillent ?
La pluie passagère ?
Ecrire, est-ce poursuivre
Des visions ?
Des êtres de légende, la plus inaccessible
Et la plus honorable parmi les homicides,
Chimère,
N’a d’yeux que pour Rodrigue
Et lui baye aux corneilles !
Trouve-t-on la joie au tourner du temps ?
Concert de nouvel an à Vienne :
Le gai tourbillon de la valse
N’enchante pas le musicien.
L’œil rivé sur sa partition,
Il procède à l’exécution,
Sans cesse menacé d’une réprimande
Par la baguette autoritaire du chef d’orchestre.
Alors on rentre se réchauffer
Et sans cérémonie
- On n’est pas au Japon -
Vers cinq heures on prend le thé.
Seulement une chose est sûre :
Désormais je n’entrerai
Que dans des cabarets à la façade verte
Et si en lieu et place d’une serveuse accorte
C’est un barman aigri qui apporte
Mon sandwich au jambon
Je lui enverrai ma bière au visage !
Hiver !
Saison d’enfer !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 18 janvier 2022
à partir de la consigne 2122-16 ci-dessous.
LE CHAT NOIR
Il y a grand monde au cabaret
Pour présenter ses meilleurs vœux
Aux jeunes mariés très heureux.
C’est ici qu’on cherche fortune
Lorsque la lune est plus sereine ;
Aristide a trouvé la sienne !
Elle est jolie, s’appelle Blanche
Et la semaine et le dimanche
Elle rend la vie plus amène.
De ce bouge un peu dégueulasse
La gamine a fait un palace
Et l’enrichit de ses chansons.
On n’reconnaît plus l’Aristide :
Le Bruant devenu timide
Est tout aux soins de sa poupée.
Elle a fleuri d’amour en cage
«Le Chat noir» et tous ses parages :
Les fleurs embaument le quartier.
Le chat, sur l’enseigne, est inquiet :
Voilà le petit canari
Qui parle de quitter Paris !
Se pourrait-il que d’aventure
On transborde en sous-préfecture
Son populaire paradis ?
Il sait qu’il y mourrait d’ennui
Alors, patiemment, il attend
Que dans la nuit noire monte un chant
Du genre, forcément alléchant
Pour son museau, :
« Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux... ».
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 11 janvier 2022
à partir de la consigne 2122-15 ci-dessous