LE COUREUR DES RUES
J’habite rue de l’Anecdotique. C’est une rue beaucoup plus tranquille que l’avenue des Célébrités qui mène tout droit, quoi qu’il advienne, au boulevard du Crépuscule.
Rue de l’Anecdotique, nous avons tous l’allure amène et vraisemblable des personnages de Sempé. Jean-Jacques Sempé, poète et dessinateur français, né le 17 août 1932 et toujours vivant, Dieu merci !
Je fais sans doute partie aussi des gens qui doutent, chers à Anne Sylvestre, chanteuse française dont je ne donnerai pas la date de naissance car on ne dit pas l’âge des dames, surtout quand elles sont grandes.
Ma singularité personnelle est que je suis photographe à mes heures perdues et j’en ai quelques-unes. Je fais partie de ces chasseurs-cueilleurs d’images qui courent les rues de toutes les villes où ils se rendent pour s’ébahir à leur retour de leur voyage. Ils se disent toujours « Qu’est-ce que c’était joli !» et en des temps antérieurs ils vous eussent volontiers invité.e à une super soirée diapos pour en discuter avec vous. Cela s’appelait, suivant le point de vue où l’on se plaçait, de la beauferie ou de la sociabilité.
Comme désormais plus personne ne fait cela, je me suis conformé aux pratiques de mes contemporains – « C’est dire si je contemple rien ! » comme dit le chanteur Renaud, né en 1952 et… passons, oui sa nécrologie est prête chez tous les bouffeurs de cadavres de la presse parisienne -. On est assez panurgiens dans la rue de l’Anecdotique et donc j’alimente désormais un blog photographique.
Il y a dans ce dispositif technique de publication et de partage en ligne quasi immédiat.e.s un petit objet très pratique qui s’appelle « tag », qu’on appelait jadis « mot-clé » ou « mot-matière ».
Il m’a permis de retrouver, dans mes plus de 18 000 images mises en ligne, un certain nombre de plaques de rues sympathiques.
Je vous les livre à la queue leu leu. Je les trouve jolis ou rigolos, ces noms de rues et certaines des photos m’ont bien fait rire, comme celle-ci, prise à Nantes, une ville où on a des lettres, de l’humour et une grande connaissance de la chanson française. Pas vrai, Mâam’ Tisseuse ? ;-)
Square de Provence, rue Bichon, rue Rambaud, Cour des Grolles, Impasse des Gémeaux, rue Gabrielle, quai Job Forban, Pettit village, rue de l’Aimable Nanette, allée du Vétille, Venelles des Trois avocats, Rue de Penn-Ar-Pavé, rue de la Pomme, rue du Chêne vert, venelle des Pas perdus, rue des Etalons, rue des Bourges, rue des Taules, rue des Quatre pas, rue des Balais, rue d’Antrain, rue Derrière les murs, rue Fréhel, rue du Mollard, venelle au Chat, Passage de la Perfe, Rue Saint Thomas, rue Havin (dans cette rue on trouve un caviste qui a baptisé son commerce « Cave Havin), avenue Notre-Dame-des-passes, allée Velpeau, boulevard de la Duchesse Anne, passage des Douaniers, rue Tournefort, chemin de la Messe, chemin de Ker Babu, rue de Ker Doucet, rue des Homardiers, passage Mermet, rue Donnée, montée de la Grande côte, rue Marcel Bravo, venelle de l’Enfer, rue des Sentiers, rue Cagnard, rue Saint-Onneau, impasse de la Faucille, rue Notre-Dame-du-Sommeil, jardin aux fleurs, place Jeu de balle, square du Général le Brigant, rue Guillaume Cliton, rue du Pélicorne, rue de la Raillerie, quai de la Fesse (ces deux-là sont des plaisanteries de retoucheur stalinien !), rue du Trousse-corset (celle-là est véridique, elle se trouve à Villequier), rue Adolphe Moitié, rue du Gus Maffieux, rue de Pénéné, rue des Veaux, rue des Echasses, impasse du Tiroir, La ruette Mathurin, vallée de la Misère, chemin du Tire-jarret, impasse du Guic, rue Française, rue Baudet, rue Bizard, rue Saint-Somnole.
Comme vous le voyez, on s’amuse bien aussi dans la rue Anecdotique !
Si vous voulez ne pas rester à côté de la plaque mais vous positionner devant, c'est ici qu'il faut cliquer :
Mots et images de Joe Krapov
Joe Krapov partage ses images
Ecrit pour les Impromptus littéraires du 15 octobre 2018 à partir de cette consigne.
CONSIGNE D'ÉCRITURE 1819-02 DU 18 SEPTEMBRE A L'ATELIER DE VILLEJEAN A RENNES
1819/02 A Une fête de quartier à Villejean
Dans l’un des squares de Villejean que vous choisirez, vous êtes chargée d’interviewer M. ou Mme X, président.e de l’Association des résidents du square, à propos de la manifestation festive qu’il a l’intention d’organiser ces prochains jours.
Placis de l’Orléanais - Square d’Alsace - Square d’Anjou - Square de Flandre - Square de Gascogne - Square de Guyenne - Square de la Marche - Square de Lorraine - Square de Normandie - Square de Provence - Square du Berry - Square du Dauphiné - Square du Poitou.
En balade à Fougères (Ille-et-Vilaine) le 29 mai 2018 (1)
Ne la cherchez pas sur le plan, je viens de l'inventer !
Par contre il existe bien une rue Bochin !
Je n'irai pas par (la rue des) quatre chemins :
Crozby, Ztills, Nash and Young !
DE RIMBAINE A VERLAUD. 5, Paske et Pourkwa
M. Arthur Rimbaine
Agence d’exploration de villes extraordinaires
et d’us et coutumes à mettre dans les annales
8, quai Arthur Rimbaud
08000 Charleville-Mézières
Monsieur Paul Verlaud
Société de géographie des Maladives et du Miraginaire
73, rue Sonneleur
62812 Vent-Mauvais
Oukipudonktan, île de Porqué-Portquai, le 19 décembre 2017
Mon cher Paul
Je crois que trop c’est trop. Dans un sens comme dans un autre. Si on écoute la radio, regarde la télé ou lit les journaux, on entend le discours de gens qui sont des savants absolus. Ils ont réponse à tout, même aux questions qu’on ne leur pose pas, même aux questions qui ne se posent pas. Rien ni personne ne peut arrêter leur débit mais ce n’est jamais drôle très longtemps de les écouter. Ils sont capables de nous pondre des phrases, des thèses, des romans sur le fameux incipit de Marcel Proust «Longtemps je me suis couché de bonne heure et j’ai toujours mis trois plombes à ne pas trouver le sommeil» sans qu’aucun ni aucune ne fasse le rapprochement avec l’histoire de la princesse au petit pois !
Le petit Marcel a du mal à s’endormir et en plus ce rigolo néglige de surveiller sa literie ! Sur un matelas Epéda multispores il y a tellement d’acariens que tu peux devenir asthmatique et cet idiot-là l’était ! Supposons qu’il soit né sous une étoile mystérieuse : les multispores de l’Epéda peuvent donner naissance à des champignons qui grossissent, grossissent et éclatent en faisant «Schploff» ou «Pffflurt». Va-t-en t’endormir avec ça si tu n’es pas aussi sourd que Tryphon Tournesol ! Si ça se trouve, sous son matelas, à Marcel Proust, il y a le crayon de bois de Jean d’Ormesson ! Une farce de Céleste Albaret !
Bref, si je suis devenu explorateur c’est pour rencontrer les gens qui n’en savent pas plus que moi et qui sont curieux de naissance plutôt que Messieurs Jesaistout, Fermela et Cémoikikoz. Et alors là, mon cher Paul, chez les Pourqwa-Pourkoi chez qui tu m’as envoyé, j’ai été servi !
Dès la descente du bateau – Porqué-Portquai est une île – les habitants te sautent dessus, t’enguirlandent, t’emmènent dans leur case et commencent à te bombarder de questions saugrenues :
Pourquoi y a-t-il des papous à poux et des papous pas à poux ?
Pourquoi les occidentaux ne vont plus à la messe le dimanche ?
Pourquoi, en échange, se précipitent-ils à l’approche du 25 décembre dans les temples de la consommation de la rue Le Bastard ou dans les hyper-Noëls des alentours de Rennes-au-nez-Rouge-et-Noir ?
Un beau jour, les Pourqwa-Pourkoi ont fait comme moi. Ils se sont équipés d’un petit dictaphone et ils ont enregistré les réponses que les visiteurs apportaient à leurs questions. Ils ont déversé les enregistrements dans un ordinateur central mais comme il n’y a ni archiviste ni bibliothécaire chez eux personne ne va compiler les résultats pour en faire une encyclopédie ou un dictionnaire ! Car, à vrai dire, les Pourqwa-Pourkoi se fichent du savoir comme de leur premier slip aéré ! Autant les Passe-queue-Paske dont je parlais au début de cette lettre se fichent de nos questionnements, autant les Pourqwa-Pourkoi ne s’intéressent pas aux réponses qu’on leur apporte. Eux sont sur terre pour poser des questions, alors ils les posent. Quel est la couleur du cheval blanc d’Henri IV ? Quelle est la différence entre un écureuil et une brosse à dents ? Pourquoi y a-t-il un h à «rhododendron» ? Pourquoi n’y en –t-il pas à «rodomontade» ?
Le plus cocasse survient à chaque fois qu’on leur répond «Je ne sais pas» ! Les Pourqwa-Pourkoi éclatent alors d’un rire tonitruant et ils viennent nous taper sur l’épaule en disant «Mais c’est pas si grave !». Comme tous ces échanges s’effectuent en buvant de leur alcool de mangue de cinquante ans d’âge vieilli en fût de chêne et que cette boisson frappe un maximum l’hilarité vous gagne très vite et on assiste alors à des échanges de questions-réponses d’une drôlerie inimaginable. Et tenez-vous bien, on en redemande ! J’en ai tellement bu que je vois double et que je te vouvoie, dis-donc !
Tout allait donc pour le mieux sauf qu’à un moment de la soirée la jeune fille de la maison est entrée dans la case. Très jolie, très sympathique, on me l’a présentée mais elle était bien plus collet monté cul pincé lèvres gercées que son géniteur et sa génitrice.
Elle ne m’a posé qu’une seule question.
- Monsieur Rimbaine, vous qui avez beaucoup voyagé, savez-vous pourquoi on nous appelle les Pourqwa-Pourkoi et pouvez-vous me dire à quoi correspondent ces différentes graphies d’un même phonème ?
Comme j’étais arrivé au bord de l’ivremortitude, j’ai trouvé très malin de lui répondre : «Je ne sais pas» pour la faire rire ou au moins pour la décoincer. Mais ça n’a pas marché avec elle. Elle n’est pas venue me taper sur l’épaule et ça, en tout cas, je l’ai bien vu, ça a jeté un froid.
- Il faudrait que vous sachiez, Monsieur Rimbaine. On ne construit rien sur du sable et on ne laisse aucune trace dans l’histoire du désert si on n’a pas aux pieds des tongs de l’UMP.
- Des tongs de l’UMP ? ai-je demandé. Qu’est-ce que c’est ? Un genre de semelles de vent ?
Là j’ai senti que j’avais commis un impair phénoménal. Les parents de la jeune fille, redevenus sérieux comme des papes, se sont levés. Ils ont retrouvé toute leur dignité, ils m’ont accompagné dehors jusque sur la plage et là ils m’ont indiqué un hamac dans lequel je pourrais passer la nuit. Ils m’ont retiré la guirlande de fleurs et la bouteille d’alcool de mangue et ils sont rentrés dans leur paillotte qu’ils ont fermée à double tour.
Le lendemain matin le père est venu m’expliquer que chez les Pourqwa-Pourkoi les étrangers ne devaient jamais poser de questions et surtout pas aux filles métisses que les habitantes de Porqué-Portquai ont eues avec des missionnaires blancs.
Voilà pourquoi, mon Cher Paul, j’ai quitté le pays des Pourqwa-Pourkoi.
Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’année à toi !
Pondu le mardi 19 décembre 2017 à l'Atelier d'écriture de Villejean
d'après la consigne suivante :
Extrait du jeu "Comment j'ai adopté un dragon" :
écrire sur le thème "Pourquoi j’ai quitté le pays des Pourqwa-Pourkoi"
en insérant successivement dans le texte :
En plus - Et alors - Un beau jour - Mais c'est pas si grave - En tout cas
A La Rochelle (Charente-Maritime) le 19 avril 2017 (3)
La Rochelle ? Une ville qui a plus d'une tour dans son sac !
Randonnée de Pourville à Varengeville (Seine-Maritime) le 23 août 2017 (2)
Qu'est-ce qu'il a, mon sac à dos ? D'un seul coup le voilà qui brûle mon épaule !
Même pas trafiqué ! Si tu bois trop de pastis, tu pâtis !
Pas vrai, M'sieu Séchan ?
Retour à Saint-Martin-de-Ré le 18 avril 2017 (3)
Pardonnez-moi, Monsieur Job Foran, je n'ai pas résisté !
Je n'ai gardé qu'une demi-trace du concert de chants de marins que nous avons donné mardi à la Maison de quartier de Villejean. Mais bon, il faut peut-être arrêter avec les traces : "Qui m'aime me suive", d'accord mais... quand Descartes se retourne et voit que personne ne le suit, il pense ça aussi !
Une seule bouée pour 400 passagers ?
Ce que l'on pouvait lire à La Rochelle le 15 avril 2017 (1)
Phileas Fogg ? Encore ce satané Jules Verne ?
Mais il est donc partout ?
Qui est cette Nanette ? Viendrait-elle d'ici en musique
ou de là en B.D. ?
A Sucé-sur-Erdre (Loire-Atlantique) le 12 février 2017 (1)
A l'issue de sa vélodyssée, quelque peu retardé à l'allumage, un Ulysse de banlieue rentre chez lui. Son épouse, appelons la Pénélope de Banlieue, lui demande des explications. Il répond :
- J'ai eu des problèmes de sabordé-railleurs !
- Ah bon ? C'est masculin, "vétille" ?
- Oui, quand c'est un bateau.
"Matelot, le vent est bon !
La cambuse pleine de jambon !"
Michel Tonnerre
Descendre au marché de Lannion (Côtes d'Armor) le 29 décembre 2016 (3)
M'abstenir d'avoir un faible pour les crêpières n'est pas mon fort.
Il en faut bien au moins trois pour assurer la défense de l'éléphant.