En un mot comme en cent. 11 septembre 2021, L'écran
Sur l’écran de votre ordi vous ne verrez pas la photo des mariés quinquagénaires.
Ni celle des clowns sur l’escabeau, ni l’orchestre de Laval, ni mon énervement de devoir monter la sono au dernier moment.
On était de mariage ce samedi-là !
SALUT LA COMPAGNIE CRÉOLE !
Famille décomposée, famille recomposée… va, je ne te hais point !
- Célimène ! C’est l’hymen ! » hurlait la foule en liesse.
Au mariage de ma femme, j’ai un peu forcé sur le ti-punch ! Comme on dit aux Antilles « A fos makak karésé ich li, i tjwé li ! ». A trop vouloir bien faire, à trop vouloir caresser la famille dans le sens du poil, le singe qui est en nous en arrive à faire des conneries irrémédiables ! Vaste kouyonad !
De fait, ça m’a fait chaud au cœur de revoir Simone, la jolie cousine de ma femme.
- Invite-la à zouker ! m’a dit celle-ci. Elle sort d’un tourment d’amour. Danser, c’est bon pour le moral !
- Allez, en voiture, Simone ! ai-je dit à la cousine en engouffrant mon sixième planteur. Ne restons pas plantés là, viens pleurer contre mon épaule, on va danser collé-collé !
- Kolé séré, on dit, Arthur ! T’as raison ! Amba latè pa ni pléji. Sous terre il n’y a pas de plaisir ! Je ne vais pas me laisser abattre par la maladie d’amour !
Je me suis mis en position, j’ai posé mes mains sur son pétard et j’ai tout de suite senti que sous cette robe de satin il y avait le 14 juillet garanti, du feu d’artifice pour toute la nuit, la machine à danser au top dans le Ghetto du Gotha !
- Il y a le diable dans la maison ! m’a glissé Simone à l’oreille.
- Ca veut dire quoi, ce proverbe-là ?
- Ce n’est pas un proverbe. Ca veut dire que je sens ton revolver !
- Ce n’est pas un revolver, c’est une banane !
- Ca s’épluche pareil !
Oui, ça m’a fait chaud au cœur de revoir Simone d’aussi près mais on était au mariage de ma femme et je n’allais pas entrer à nouveau dans la famille quand même, qui plus est à la mode de Bretagne ! Sauf qu’en Bretagne ce n’est pas une banane, c’est une andouille de Guémené. Heureusement la musique s’est arrêtée.
- Depuis le temps qu’il tape sur des bambous le musicien n'est pas loin d'en attraper un coup ! Donne-lui tout de même à boire, dit mon beau-père en me tapant sur l’épaule. Alors je suis allé au bar avec les musiciens.
Leur chanteuse s’appelait Amélia.
- Viens donc prendre le frais dehors, beau blond ! m’a-t-elle susurré en me prenant par le bras.
Je ne suis pas ce qu’on peut appeler le tombeur de ces dames mais à ce moment-là, avec le rhum que j’avais rajouté au bar avec les musicos, j’étais prêt à « fè an pat chat mawon » ! (faire un pas de chat sauvage).
- Je connais de bons baisers de Fort-de-France, m’a-t-elle dit en me caressant l’arrière de la nuque dans un coin d’ombre. Viens donc un peu sous les palétuviers !
Heureusement pour moi, avant que je n’aie vu les laitues et l’évier, ma belle-mère est venue battre le rappel des musiciens. La fiesta a repris de plus belle.
J’aurais pu garder de très bons souvenirs du mariage de ma femme mais j’ai encore bu du rhum avec Brigitte qui m’a proposé une soca-party sur la plage. J’aurais pu accepter le marché de Marie-Galante (Shala shala, Arthur ?) mais j’ai prié pour rester intègre, pour que toute la désirade qui montait dans cette ambiance débridée s’éteigne dans le trémoussement des corps sur la musique. Bien sûr c’était dur parce qu’il ne faut pas laisser l’amour s’enfuir mais j’étais quand même au mariage de ma femme ! Yaka danser, comme on dit, pour évacuer l’énergie, fût-elle sexuelle, de ces jolies filles de couleur café.
Quelques ti-punchs encore et voilà que m’alpague la tante Rosalie. Bon ça va avec elle j’étais à l’abri ! Merci, Seigneur, de ne pas m’induire perpétuellement en tentation !
- Arthur, m’a-t-elle demandé, toi qui as été commissaire-priseur à Pointe-à-Pitre, est-ce que tu veux bien venir voir là-haut ? Il y a là une toile de petit maître que j’aime à la folie, j’aimerais avoir ton avis sur son origine.
Enfin un peu de sérieux dans ce monde en chaleur animale ! J’ai suivi la tante Rosalie au grenier. Elle m’a montré le tableau. Aïe ! Quelle vieillerie ! J’ai soufflé sur la poussière, déniché la signature. Instant de stupeur. Incrédulité. Oh la bonne aventure, ô gué ! Petit maître, petit maître ? Attends Rosalie, c’est le bal masqué ici ! Henri Rousseau ! Henri Rousseau !
J’ai voulu révéler la chose à la tante mais c’était trop tard ! Elle m’avait déjà poussé sur un vieux matelas et s’activait sur ma canne à sucre. Au secours, Alice ! Ca glisse au pays des merveilles ! Sans que j’aie rien vu venir je me suis retrouvé sans chemise, sans pantalon, chevauché sauvagement comme un petit maître-étalon, fruit de la passion ravageuse et ravagée de la tantine Rosalie ! Je peux vous dire que dans ce genre de situation, si ça fait rire les oiseaux de passage, ça ne détend pas le perchoir où elle est juchée pour autant !
Là-dessus ma femme est arrivée avec toute la noce derrière elle ! Bonjour le scandale dans la famille !
Après fèt se graté tèt : après la fête on se gratte la tête. Le lendemain je me suis souvenu que ce n’était pas le remariage de ma femme mais son premier mariage et que j’étais moi-même le marié, l’heureux élu. Et l’élu ramassait une veste, sa veste.
- Tout est rompu, mon gendre !
On m’a demandé de divorcer, de prendre mes cliques et mes claques et de retourner en métropole, ce que j’ai fait sans barguigner.
J’ai bien sûr emporté dans ma valise le cadeau du ciel. Mais non, pas la tante Rosalie, la toile de petit-maître ! Je l’ai revendue et j’en ai tiré quelques millions de francs. Pendant quelques temps ma vie a ressemblé à celle des rois de Byzance à Belle-île-en-Mer.
Vive Souchon et Voulzy ! Vive le douanier Rousseau !
(Extrait des « Souvenirs d’un explorateur heureux » d’Arthur Rimbaine
à paraître aux éditions Paul Verlaud en mars 2018).
Pondu à l'atelier d'écriture de Villejean le mardi 30 janvier 2018
d'après la consigne ci-dessous.
Une fête de mariage à La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) le 8 juillet 2017 (1)
Les mariages de demain, et ceux d'aujourd'hui,
seront numériques ou ne seront pas ! On va le voir ici sous toutes les coutures !
Je serai le dernier à me plaindre de la démocratisation de la photographie.
Mais bon, il paraît que "le pape a dit : pas de prise de selfie avant la prière du soir !".
Dis donc, Céleste nièce ! Y'a la petite Clochette qui te fée concurrence !
Une fête de mariage à La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) le 8 juillet 2017 (2)
Photomaton numérique ! Celles et ceux qui le souhaitaient s'installaient sur le siège
et se tiraient le portrait avec une tablette/appareil photo !
Une fête de mariage à La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) le 8 juillet 2017 (4)
Je peux entrer aussi dans votre cabine, les Marx sisters ?
Un mariage au Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) le 8 juillet 2017 (1)
Les journées pourries commencent toujours bien.
La valise est prête depuis la veille. On se réveille, on petit-déjeune et il n’y a plus qu’à finir de charger la voiture.
Démarrage à 9 h 33. Monsieur conduit.
Plein d’essence à la station habituelle. On prend la route de Paris via Laval et le Mans. Le temps est beau, il n’y a pas trop de circulation. Pas de musique à bord même si la radio fonctionne et si on a remis des cédés dans la boîte à gants où on ne met jamais de gants. Chez les Krapov, parfois, on aime le silence.
Changement de chauffeur sur le coup de 12 heures sur une aire de repos avant Chartres.
C’est Madame qui conduira pendant la traversée de Paris : pendant ce temps monsieur essaiera de planquer les deux valises de cochonnaille. Jambier !
Un mariage au Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) le 8 juillet 2017 (2)
Bouchon. Bouchon. Bouchon. Pour aller au Perreux-sur-Marne, là où a lieu la cérémonie du mariage religieux, on prend la direction de Lille-Metz-Nancy. On le suivait jadis, cet itinéraire, pour remonter dans le Nord. Qu’est-ce qu’il est devenu moche, ce paysage urbain ! Signalons à qui passerait par-là la petite particularité de l’embranchement après Maison-Alfort : ceux qui veulent aller à gauche vers Versailles doivent se mettre dans les files de droite, ceux qui veulent aller à droite doivent rester dans les deux files de gauche !
C’est après que l’enfer commence.
- Tu prends la sortie 6 direction Champigny-sur-Marne.
Sauf qu’après la sortie 5 on se retrouve non plus sur l’A4 mais sur la 186 et dans le tunnel de Nogent qu’on n’avait pas prévu au programme.
Heureusement on en voit le bout, du tunnel, et il y a une sortie Chelles-Le Perreux. Sauvés ! Mais à partir de là tout est faussé, plus aucun repère par rapport à ce que l’on a sorti de la toujours introuvable et improbable option « itinéraire » de Google maps.
Où elle est l’avenue du Général de Gaulle ? On est rue Ledru-Rollin. On passe devant la mairie. On retrouve le rond-point de Bry par lequel on devait arriver dans l’autre sens.
On tourne à droite. Où on est, là ? Pas moyen de s’arrêter dans ce bled à rues longilignes où toutes les places de parking sont occupées. On stoppe près d’un chantier de travaux. Je descends voir le nom de la petite rue : rue des Ormes.
Mais sur le smartphone de Marina B., au niveau du vécu et du Google maps, pas d’option itinéraire !
- A quoi ça sert alors ? Ca y est c’est décidé, pour le prochain mariage auquel on ira, je t’offre un GPS !
On continue plus loin et on tourne à droite. On arrête un passant qui conseille de faire demi-tour et de refaire tout le chemin en sens inverse. Mon topo remarche à nouveau et en passant devant la mairie je lis : « Eglise Saint-Jean-Baptiste ». Dieu soit loué ! A droite, vite !
Un mariage au Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) le 8 juillet 2017 (3)
Ils sont là, les cousins, encore dehors devant l’édifice religieux. Il est 14 heures 30. On a un quart d’heure de retard et le curé aussi. Roger, le fan absolu de Johnny Hallyday – si, si, ça existe ! – nous signale un parking plus loin à gauche. Sauf qu’on rate l’entrée. Retenez ça, tiens ! Un peu plus bas dans l’allée de Bellevue, il y a un gars qui quitte son stationnement. On prend sa place. On se change. Ben oui, vous avez raté le strip-tease des Krapov au Perreux! Je zappe les souliers vernis et garde les pieds nus dans mes sandalettes. Tant pis, il fait trop chaud et ce n’est pas moi qu’on va regarder, c’est le marié ! En revenant vers l’église je vois que le stationnement dans ce secteur est payant mais il n’y a pas de borne et on est samedi, le jour où c’est gratuit.
Tout le monde est entré, la messe est commencée. L’église est surchauffée. On avait 29° dans la voiture et ici ça doit le faire aussi. Tout le monde s’évente avec les paroles des cantiques, se lève, se rassoit, se donne la main, va communier, donne ses boutons de culotte pour la quête afin que Bourvil puisse vivre sans travailler. Quel drôle de paroissien, celui-là, alors ! Et quelle drôle de messe !
La sono est pourrie de chez Pourri, le curé noir parle trop fort dans son micro, Madame Eliane chante juste mais avec une apathie de grenouille de bénitier qui supprime tout le coté musical de la chose et sans rien d’enflammé ou d’enthousiasmant dans sa belle voix de ténor.
Le cousin Roger est sorti et je suis à deux doigts de faire comme lui.
Enfin, c’est fini. Devant l’église une belle DS 19 décapotable trône superbement. Je pose mon derrière contre sa portière pour photographier la haie d’honneur des rugbymen et les mariés qui vont bientôt apparaître sur le seuil. Mais la photographe officielle de la noce s’est déjà postée derrière et on me signale, vu qu’on n’est pas loin de Joinville-Le-pont » que « Jé gêne » !
Bon, elle est sympa la fille, en mode short et baroudeur, équipée comme pour un safari africain, et du coup je m’en vais la rejoindre derrière la Citroën. Je fais donc le tour et me retrouve coincé au milieu des copines à tablettes et des tantines à téléphone. C’est d’un ringard, désormais, ces appareils reflex 24x36 numériques !
Au moment crucial il y a bien le premier des rugbymen en bas à droite qui met son ballon dans le champ juste sur la figure du marié mais j’arrive quand même à lui coller un pain (naan, je déconne) et à engranger quelques clichés des tourtereaux.
Un mariage au Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne) le 8 juillet 2017 (4)
Heureusement pour la suite que le cousin Cédric connaît la route pour aller au Best Hôtel de La Ferté-sous-Jouarre où aura lieu la fête ! C’est à 60 kilomètres de là. On remonte dans l’auto, on se réembouteille dans le bouchon – il était national, paraît-il, ce jour-là ! – on lui emboîte la roue et on sort enfin de ce merdier de banlieue parisienne dont je ne souhaite à personne d’avoir à le fréquenter au quotidien.
Il n’y a pas de drapeau noir qui flotte sur la marmite mais on remarque que quelqu’un a glissé un papier blanc sous notre essuie-glace.
A l’arrivée à l’hôtel on vérifiera que c’est bien un avis de contravention pour irrégularité de stationnement. Ah ben zut, ce n''était pas gratuit !
Le samedi après-midi, au Perreux-sur-Marne, les « aubergines » se consolent de devoir bosser en collant des « prunes » aux touristes de passage qui viennent assister à ces très merveilleux mariages de juillet dont je vous raconterai la suite demain si vous êtes sages !
En fait je n'ai pas écrit la suite. Je me suis contenté, tout au long de la soirée, de m'empiffrer, de picoler et de... photographier les photographes et les photographiés !