25 février 2023

SINUOSITÉS ET AVANIES DE LA LANGUE FRANÇAISE

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- Ah, Pomponette ! Pomponette ! Quel fleuve impétueux t’a encore emportée ? Quels méandres as-tu suivis cette fois ? Pour qui enfin ce nouveau safari ? Pour un fourbe amoureux de tes courbes ? Pour un argousin qu’allumèrent ta jupe de satin, tes voiles de mousseline, le parfum de santal et de musc échappé de ta nuque ? Pour un amiral de bateau-lavoir ? Pour un général Alcazar qui t’offrit une limonade en échange de tes œillades ? Par quel truchement les séduis-tu donc tous ?

Sur quel brick as-tu embarqué encore ? Pour quel voyage sinueux, quelles arabesques ? As-tu suivi un nouveau barde à gandoura et à guitare ? As-tu kiffé un fou d’algèbre, un azimuté de l’alchimie littérale, un poète ? Comment décroche-t-on la timbale ? En te parlant d’Aldébaran ? En te promettant un concert de luth au zénith ? En te faisant boire un élixir d’amour chez ce gilet jaune d’Adonis Zetti ?

Pomponette ! Coeur d’artichaut ! Plus je te laisse libre de mener ta vie de patachon et plus tu m’assassines ! Chaque lascar de hasard de plus à ton tableau de chasse cause une sale avarie au vaisseau de mon coeur. Albatros englué dans le mazout de tes frasques, je porte le fardeau de tes noubas cruelles – un quintal de salicornes ! - et reste là prostré en fabriquant mon pain. A toi la baraka, à moi le four qui crame. Calfeutré dans mon appentis, je rame, je calfate les brèches de notre pauvre felouque éventrée par les récifs. Même l’alcool des alambics ne pourrait rien contre le cafard de mes échecs et mat. Les cases de mon échiquier sont plus noires qu’un caoua ch’ti et j’ai roqué côté cimetière ! Je ne suis pas un zéro mais presque. Peut-être un pauvre maboul ? La vie n’est pas coton, l’amour m’est charabia mais le fait est que je t’aime comme on aime le parfum des lilas, le souk des fêtes foraines ou l’eau dans la carafe.

Tes frasques sont-elles seulement sexuelles ? Es-tu maraboutée ? Serait-ce chez toi un besoin de niquer sur un divan, un tabouret, un sofa, un matelas différents ? Qu’est-ce qu’il a qui ne te plaît plus, notre vieux lit à baldaquin ?

Pourquoi vas-tu fanfaronner à toutes les douanes devant ces imbéciles de gabelous ? Qu’ont-ils de plus en magasin, comme camelote, ces zouaves de rencontre et ces clébards des rues, ces caïds de banlieue, ces cadors du Carrefour ?

DDS 756 la_femme_du_boulanger_desordre_des_esprits

- Ma langue aime se frotter à celle des étrangers. J’en ramène de saveurs subtiles et des mots incongrus dont on ne soupçonnait pas qu’ils pussent aussi bien s’acclimater chez nous. Je n’aime des dictionnaires que cette image délicieuse qui suggère que l’on s’aime à tous vents. Mais j’aime plus que tout ton pain, ô boulanger, tes bras puissants, ta force et ta fragilité et ta compréhension. J’adore ta solidité de baobab, ton absence de mesquinerie et surtout ton moka au café, ton fondant à l’orange, ton halva, ta moussaka et tes tajines. J’aime quand tu donnes ton aval à mon dérèglement de tous les sens. Et c’est pour toi et pour cela que, toujours, je reviens. Allons, éteins cette bougie, cesse le décompte arithmétique de mes fugues, mets tes tracas dans ton barda. Retirons-nous dans notre alcôve, mène-moi dans l’azur des sept ciels, mets en route la noria de tes baisers et je ferai de toi mon nabab, mon cheik, mon sultan. Dans le silence de la nuit je serai ton harem. Je te ferai entendre le barouf que peuvent faire toutes les femmes du monde, tout le ramdam de la passion va battre sur ta peau de tambour. Mes massages te rendront fou, tu vas en voir de toutes les couleurs, du chamarré, des camaïeux et du carmin. Je vais t’emporter loin comme fait le Sirocco, je serai ton alezan, tu ne reconnaîtras plus ton zob ni tes glaouis après ma razzia sur ton saroual et ta vertu ! Je vais t’offrir la position du goudron et des plumes, te faire la guitoune acrobate, le minaret cramoisi, le coup de la girafe, le derviche retourneur, le muezzin tarabusté, le bardot à deux dos façon madrague, le sacre du printemps arabe, l’aubergine farsie, la babouche que veux-tu, la cueillette de l’abricot en Basse-Provence par la smala d’Abd-El-Kader, le « Mets ta sourate dans ma savate », le « Comme une crêpe de sarrasin », la grenouille sur le nénuphar, la matraque du mamelouk, la gabardine damasquinée, le baroud d’honneur de San-Antonio, on jouera à la lime en macramé, à massicote-merguez, à « Un chouïa wali-walou », à « Abats tes brêles et mate mon vizir ! », à l’amalgame pentathlonique, à l’enlèvement au sérail, à « Mets du talc sur mes fez » et, en clou du spectacle, je te ferai la planche du fakir !

- Tais-toi, Pomponette, ma gazelle ! Il n’est plus l’heure de parler. Fin des salamalecs, montons dans notre chambre !

***

- Ah, Pomponette ! Quel inti-fada, ce Pagnol !
- En fait, c’est de Giono, ce pitch, boulanger !

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Écrit pour le Défi du samedi n° 756 d'après cette consigne : méandre

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07 février 2023

CONSIGNE D'ÉCRITURE 2223-19 DU 7 FÉVRIER 2023 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

Mot malin 2

 

1) Dans cette liste de cinquante mots, choisissez en dix que vous devrez insérer dans votre texte.

montagne – assiette – rat – déguisement – rose – foudre – chaud – piano – océan – blanc – château – rapide - pigeon – flèche – été – balle – vert – pauvre – Australie – pieuvre – école – amis – banane – petit – malin – ville – léger – sucre – bague – plage – blé- prison – licorne – joli – voiture – surprise – gris – poisson – reine – Russie – pelle – maison – chocolat – sandwich – champignon – histoire – jeune – jambe – roi - hiver

2) Assemblez les dix mots choisis deux par deux de manière aléatoire ou sans réfléchir à un lien quelconque entre eux.

3) Imaginez que vous devez faire deviner aux autres membres présents deux des mots que vous avez associés. Pour cela vous devez trouver un « mot malin » qui établira un lien entre les deux mots de la paire.

Par exemple pour faire deviner « cavalier » et « Espagne » vous pouvez proposer « Don Quichotte ».
Faites cela pour vos cinq paires et ajoutez vos cinq mots malins à votre liste de mots à faire figurer dans votre texte. Celui-ci pourra être un conte pour enfants, un poème à la façon de Jacques Prévert, le récit d’une excursion en groupe ou ce que vous voudrez.

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07 juin 2022

CONSIGNE D'ÉCRITURE 2122-32 DU 7 JUIN 2022 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

Trente et un mots et quatre incipits

 

Avec les mots suivants :

averse - boire - calendrier - cesser - ciel bas - couvent - craindre - crayon - cueillir - emplir - fenêtre - hésiter - interroger - maisons - malles - nuit - oublier - passer - petit carton - pluie - rafales - rêver - rues - ruisseaux - s’apercevoir - s’éclaircir - sac - sembler - sonner - terre - toits

composez le début d’un récit et poursuivez-le.

Vous pouvez également utiliser l’un des quatre incipits ci-dessous puis insérer des mots de la liste  dans votre texte :

1) Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce qu’on sait où l’on va ?

2) Jeanne, ayant fini ses malles, s’approcha…

3) Le petit Poucet était malin comme un singe. Chaque matin il partait à la chasse à l’ogre. Chaque soir il revenait avec un ogre dans sa gibecière pour nourrir son papa, sa maman et ses six frères.

4) C’est pas difficile, ils l’ont ratée leur ville moderne. Et toute leur grande ceinture parisienne idem. On est bien placés pour en parler. On y habite.

Consigne empruntée à C. Peyroutet – La Pratique de l’expression écrite. - Paris : Nathan, 2005.

2122-32 Consigne La-pratique-de-l-expression-ecrite

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10 novembre 2021

AMNISTIE GÉNÉRALE !

2021-10-23 - Nikon 62

Longtemps nous méditâmes sur ce que pouvaient bien signifier les lettres colorées qui s’étendaient sur la façade du cinéma Manivel à Redon.

En matière de bon sens ces seize voyelles ou consonnes et cette esperluette ne faisaient que tièdement l’unanimité.

- Insinuent-elles qu’on ferait mieux de regarder « Les chiffres et les lettres » à la télé plutôt que de venir voir ici ce qui n’est peut-être qu’un navet de plus ?

- Un navet n’eût pas décroché de César, Rosalie ! fut la réponse immédiate de la dame qui m’accompagnait.

On pouvait composer « midi », « minuit », et « mâtines » mais ça clochait : rien ne sonnait, on n’entendait rien que les bruits légers des bateaux de plaisance amarrés en face de l’estaminet pour cinéphiles nourri·e·s aux éminentes critiques de « Télérama » ou du « Masque et la plume ».

Nous nous entêtâmes dans notre « Recherche du mot perdu » puis à force d’avoir été enduits d’erreur, nous conclûmes et admîmes en notre for intérieur que cela suintait fort le concept artistique.

- Fourguons leur de l’inattendu, aux Redonnais ! Avaient dû se dire les artistes-architectes plus ou moins déments. Ils sont si attachés à leurs vieilles antiennes, ils ont l’âme si sédimentée dans leurs traditions qu’un peu de surréalisme dans l’eau froide ne leur fera pas de mal !

Et puis cette année, nous nous mutinâmes :

- Je refuse d’être tétanisé par cette corporation médisante. Je décide que ces lettres sont mises là de façon immanente à la seule intention de notre amusement ! Je vais les confier à l’Atelier d’écriture. La muse de la danse des mots aura tôt fait de nous emmener, grâce au générateur d’anagrammes, vers les autres mystères qu’elle inspirera à mes coreligionnaires.

Or, l’heure étant venue de la médiumnité, je suis bien étonné pour ma part, devant cette liste de vocables que la machine émiette, d’y trouver les minutes de mai 68 ou de cette autre manifestation paysanne dont la femme de ma vie – celle qui m’appelait « Rosalie » ci-dessus – fut l’involontaire témoin à l’époque où ses parents créchaient et usinaient à Redon.

La famille habitait alors non loin d’ici, rue de l’Union, au bord du canal et les enfants devaient traverser le passage à niveau devant l’hôtel de ville pour aller à l’école de l’autre côté de la voie ferrée. Elle avait dix ans et en revenait ce soir de juin quand, avec son frère cadet, ils s’étaient retrouvés en pleine lutte intestine entre des paysans sainement remontés et des brigades anti-émeutes dont le destin consistait à « mater le mutin dès le matin». Les lacrymos pleuvaient comme des boules d’antimites. Les bras se tendaient sans aménité pour envoyer voler des poulets congelés sur les flics sans immunité qui se démenaient tant bien que mal pour ne pas y laisser des plumes. Bref ça se castagnait avec une intensité pas inusitée mais presque.

A cette époque-là, Marinette – appelons-là comme ça vu qu’elle change de prénom comme de chemise, ces temps-ci – n’était déjà pas du genre « Midineta minaudensis » (midinette qui minaude). Les demi-teintes n’étaient et ne sont toujours pas sa tasse de thé sauf lorsqu’elle fait de l’aquarelle.

La distribution d’horions ne diminuant pas, la main du petit frère fut fermement empoignée et maintenue dans la sienne ; elle s’insinua au milieu de l’échauffourée et traversa au galop le champ de bataille sur lequel les belligérants, tels des tennismen fous échangeaient en les lançant, sans craindre une quelconque tendinite, les projectiles qu’ils détenaient tout en braillant des injures sur un mode asinien.

Une qui fut bien médusée, voire néantisée, ce fut la maman des deux mômes.

- Mais il fallait attendre que ça se termine ! Vous vous rendez compte de l’immensité de votre bêtise ? Vous n’avez pas eu le sentiment que c’était dangereux d’être là au milieu de tout ça ?

2122-08 Jean-Paul - 26 juin 1967

Image empruntée ici

***

Bien sûr, un autre agencement des mots de cette liste était possible. J’aurais pu évoquer aussi par exemple ma propre vie estudiantine, les tissus d’indienne des amples jupes des filles des années qui suivirent, vous dire, grâce au mot "déniaisement", comment je fus intimement inséminé... par la poésie rimbaldienne et la musique étasunienne mais mon surmoi n’est jamais très chaud pour qu’on médiatise ne serait-ce qu'un poil de ma part intime.

Et surtout j’adore raconter la vie des autres !


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 9 novembre 2021

d'après la consigne 2122-08 ci-dessous

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03 février 2020

CONSIGNE D'ÉCRITURE DU MARDI 27 AVRIL 2004 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

Le logorallye des boutiques de déco et de cadeaux de Rennes

 

Dix noms ou groupes de mots sont dictés par l’animateur. Les écrivant.e.s ont mission de les intégrer dans un texte plutôt poétique dont les verbes seront, si possible, au futur simple.

 On apprend à la fin de la séance que les dix noms sont ceux de boutiques rennaises ou l’on peut se procurer des cadeaux ou des éléments de décoration.

 Ici, les dix enseignes sont :

Le Grenier des anges
L’Encrier
Les Orangers
Grandeur nature
Hémisphère Sud
La Maison bleue
Passion
La Plume d’oie
Couleurs du temps
Vie privée
Bleu ardoise


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27 novembre 2019

CONSIGNE D'ÉCRITURE 1920-10 DU MARDI 26 NOVEMBRE 2019 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

Le jeu des huit mots

(à partir d'un mot acrostiche ou pas)



Cette consigne est empruntée au livre de Pierre Frenkel "90 jeux d'écriture : faire écrire un groupe" où il figure sous l'intitulé "jeu des cinq lettres". L'animateur l'a adapté au nombre de personnes présentes à l'atelier à cette séance.

Chaque personne écrit son prénom en haut de la feuille puis, verticalement, sur le bord gauche de la feuille, huit lettres qui peuvent former un mot comme on fait pour un acrostiche (ou pas).

Les feuilles tournent vers le voisin ou la voisine de droite qui utilise une des lettres comme initiale d'un mot ou groupe de mots qu'il écrit sur la feuille. On fait tourner huit fois. Lorsque la feuille revient à son point de départ on se retrouve avec huit ou neuf mots que l'on utilise comme on veut pour écrire un texte (insertion dans l'ordre ou pas dans le texte, écriture de plusieurs petitis textes à partir de chaque mot, mise en valeur du mot acrostiche, etc.).

Voici les neuf logorallyes distincts sur lesquels nous avons planché chacun.e dans notre coin :


CHAPELET : cucul la praline, Hilare, adultère, Père Noël,épilation, lapin, excommunication, tartiflette

ALBATROS : angélique, licorne, bonbon, adultère, tapas, rosière, oriflamme, sombrero

ADULTERE : adoration, détournement de mineure, urticaire, laitue, tendresse, entendu, rustine, escargot

NATIVITE :    numérotage, amitié, tartiflette, inimaginable, valse, interdit, tartine, édénique

                       Edition, Bibliothèque, divorce, fastoche, aventure, macramé, versatile, attention

VICTORIA :    Vive, Isaure, croquignolesque, tartignole, olive, rasade, itinéraire bis, adultère

ACROBATE : adultère, chenapan, rendez-vous, origami, bretelle, aérien, téton, escarpolette

VAGABOND : vivacité, audacieux, gosier, adultère, bouteille, opium, nœud, domination

SUSCITER :   Secret, ululement, scarlatine, crocodile, idole, tétine, éveillé, racines
 

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06 novembre 2019

CONSIGNE D'ÉCRITURE 1920-07 DU 5 NOVEMBRE 2019 A L'ATELIER DE VILLEJEAN A RENNES

Les Chansons de Gilles Dreu

Ecrivez une (ou plusieurs) chanson(s) dont vous choisirez le titre dans cette liste.
Ou écrivez un texte dont le titre sera choisi dans la liste et dans lequel vous insérerez au moins dix titres de la liste.

Allons traverse - Amour mariage - Athènes "Theodorakis" - Au mois de mai, au mois de l’amour - Buvons à la santé - C’est ma passion - C’est pas ma faute - Dans la montagne - Dans un tonneau de vin - Descendez l’escalier - Devinez - Du country dans les yeux - Écris-moi - Émiliana - Emiliano Zapata - Emmène-moi - Et les filles et les filles - Et quand vient la musique - Fiancé de printemps - Filles de Garches (Enfant de Puteaux) - Frida - Hyacinthe - Il faut rendre au diable son violon - Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas - Ils font chanter le monde - Je dirais même plus - Je marcherai jusqu’au vieux chêne - Jeannette - L’Alouette - L’émigrant - L’évasion - L’homme qui vola les étoiles - La conversation - La fête des amis du clair de lune - La mégère apprivoisée - La rivière - La sieste à l’ombre - La visite - Le chat - Le dernier éléphant - Le vert et le noir - Les Ophélies - Les quatre - Ma femme - Ma mère me disait - Ma prière - Mais chaque fois - Marie des Bruyères - Mexico mon vieux - Mohican - Moïse - On revient toujours - Où sont mes camarades - Parce que je ne crois plus en Dieu - Pendant qu’j’étais pas là - Pourquoi bon Dieu - Prélude en six heures - Prie pour ton salut - Si j’entends l’oiseau - Si je n’étais pas ton père - Si le cœur vous en dit - Sous le signe du lion - Suivez le grand chariot - Tijuanaco - Tout ça - Un aller simple - Un loup au cœur tendre - Un mur à Jérusalem - Un seul cheval à la fois -

08 octobre 2019

POURQUOI BON DIEU ?

Ma mère me disait :

« Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas
Mais chaque fois
On revient toujours
A l’Amour-mariage ».

Je dirais même plus :
« Filles de Garches, (Enfant de Puteaux),
Descendez l’escalier,
Du country dans les yeux,
Un seul cheval à la fois !

Il faut rendre au diable son violon !
Si le cœur vous en dit
Suivez le grand chariot
Où sont mes camarades
Et Moïse
Jusqu’à Tijuanaco

Au mois de mai, au mois de l’amour
Parmi les Ophélies
C’est
La fête des amis du clair de lune !
C’est Mexico, mon vieux !

Et quand vient la musique
Buvons à la santé
Du Fiancé de printemps :
Hyacinthe pour Frida
Emiliano Zapata pour Marie des Bruyères
Un loup au cœur tendre pour Émiliana
Et un Mohican pour Jeanette

Et moi,
Parce que je ne crois plus en Dieu,
Je marcherai jusqu’au vieux chêne
Avec l’homme qui vola les étoiles
Et la conversation du dernier éléphant

Allons ! Traverse
La rivière,
Le chat !

L’évasion
L’alouette
L’émigrant
Et les filles (et les filles !)
Ils font chanter le monde
Dans un tonneau de vin !

Emmène-moi
Dans la montagne !

Si j’y entends l’oiseau,
Ce sera la sieste à l’ombre :
C’est ma passion.

Tout ça
C’est pas ma faute :
Pendant qu’j’étais pas là
Ma femme
Devinez
A pris
Un aller simple
Pour
La visite
D’un mur à Jérusalem.

Là-bas elle
Prie pour ton salut
Sous le signe du lion.


Poème composé hors ateliers avec des titres
de chansons de Gilles Dreu le 7 octobre 2019.

Merci à l'oncle Walrus de nous avoir remis cet interprète en mémoire
et à l'INA de partager des images de cetteépoque folle !

 

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09 janvier 2019

J'AI DES DONS DE GUÉRISSEUR

 

160823 Nikon 081

J’ai des dons de guérisseur. C’est normal : dans une vie antérieure j’ai été herbe médicinale. Je me souviens très bien, c’était dans un monastère médiéval. Je menais alors une vie bien plus simple qu’aujourd’hui. Tout était bien plus carré que maintenant autour de moi et nous étions bien plus solidaires que dans nos sociétés de plus en plus inégalitaires.

Un beau jour, j’ai été utilisée pour fabriquer une potion magique. On m’a découpée en morceaux, j’ai subi des tirs de mortier, j’ai même été proprement pilonné et puis on m’a jeté dans le grand bain de la thérapeutique. En l’occurrence, on l’appelle la marmite, on ne sait où elle habite mais quand on te plonge dans sa réalité, ça chauffe pour ton matricule. C’est un peu normal quelque part qu’on jette les verts dans le chaudron de Saint-Etienne ! Et d’ailleurs, une fois rendue à mon heure dernière, et, croyez-moi, c’était l’heure dernière et pas l’heur dernier je me suis demandé si c’était vraiment Saint-Etienne puisqu’on dit « les Stéphanois ». Plutôt Saint-Stéphane, alors, non ? Ou Sainte Epiphanie aime les sucettes et les dragées laxatives ? Sait-on où vont toutes nos questions quand nos organes se liquéfient, qu’ils déliquescent de savon noir et que nous quittons cette vallée de larmes pour renaître dans un autre corps, une autre substance, un nouveau véhicule inconnu ?

J’ai des dons de guérisseur mais pour que vous en soyez assuré(e), pour que vous puissiez en bénéficier, il vous faut croire en la métempsychose, c’est-à-dire au passage d’une âme unique dans des enveloppes aussi successives que diverses. Ces corps ont leur durée de vie aléatoire mais l’âme est immortelle. Et là, couic, ça coince ! Je les entends déjà les sceptiques parmi vous qui vont me balancer leur question fatidique :

- Tu peux le prouver ? ». 

190109 vacances-helvetus

Au diable, vils suppôts de la rationalité, du matérialisme, de la panurgitude scientifique ! Pas de bol pour vous, je ne suis pas du genre à fréquenter Aplusbégalix, à vous cogner sur le casque pour vous faire entendre déraison, à monter en chaire et en noces pour marier les arguties de poids et les légères suspicions de chemin de vérité. Si vous mettez en doute l’origine de mes talents de guérisseur, c’est certainement parce que vous-même avez été astrologue pour avions au début du XXe siècle ! D’ailleurs des recherches poussées dans la bibliothèque de Plonk et Replonk, nos deux coucous suisses préférés, m’ont permis de retrouver, comme par hasard, vos élucubrations de cette période-là :

Verseau : les biplans de ce signe auront le vent en poupe, surtout ceux du troisième décan. Pensez cependant à voyager léger quand le ciel est chargé de nuages.

Bélier : aujourd’hui vous avez un grain de folie en lieu et place d’hélice. Tout va tourner de traviole et votre jovialité naturelle s’envolera quand vous rencontrerez ce gros zeppelin de soupe en travers de votre chemin.

Gémeaux : les Sopwith Camel natifs de ce signe sont invités à ne pas s’énerver les nerfs en sortant de chez eux. Le célèbre baron rouge, M. Von Richthofen, est encore de sortie. Vous risquez d’en faire les frais.

Moralité : tout est logique, tout est dans tout et réciproquement. La preuve de mes talents de guérisseur vous a été assénée sans que vous ayez eu à souffrir de ma médication magique. La simple lecture de ce texte a suffi : je vous ai vu sourire et entendu rire plusieurs fois. Pour moi, vous êtes guéri.e !

Evitez simplement, dans votre vie future, de vous réincarner en épinard : il paraît que Popeye, très énervé, très affamé, rodera dans la contrée avec un gilet jaune sur le dos !

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 8 janvier 2019
d'après la consigne "Comment j'ai adopté un dragon"

Il me fallait traiter le sujet "J'ai des dons de guérisseur" et introduire, toutes les cinq minutes une formule tirée avec les dés :

Un beau jour - Et croyez-moi - Et là, couic ! - Tu peux le prouver ? - Pas de bol - Comme par hasard - Moralité

05 novembre 2018

IL N’Y A PAS D’AMOUR HEUREUX MAIS C’EST NOTRE AMOUR À TOUS DEUX

Lakévio 128 Norman Rockwell 121717782

- Mon grand chêne ! Mon bel amandier !

- Ma petite marguerite ! Mon myosotis ! Mon petit cheval dans le mauvais temps !

- Mon petit joueur de flûteau ! Mon croque-notes !

- Ma brave Margot ! Ma princesse !

- Mon mécréant d’amour ! Mon roi boiteux !

- Ma religieuse au chocolat ! Ma tempête dans un bénitier !

- Mon amoureux des bancs publics !

- Mon Hélène aux sabots crottés ! Ma nymphomane !

- Mon philistin ! Mon épicier ! Mon pornographe !

- Ma Lanturlurette !

- Mon Lanturlu !

- Rien à jeter chez toi, ma Pénélope chérie !

- Je bivouaque au pays de cocagne avec toi, mon Dom Juan fougueux !

- Ma Bécassine aux yeux pervenche !

- Mon Auvergnat ! Mon bricoleur ! Mon Trompe-la-mort !

- Mon revenant ! Mon fantôme !

- Mon vieux fossile ! Mon Moyenâgeux !

- Ma douce ancêtre ! Mon amour d’antan ! Ma grisette !

- Mon sale petit bonhomme ! Mon épave !

- Ma traîtresse ! Mon cauchemar ! Ma maîtresse d’école donneuse de fessée !

- Mon cocu préféré !

- Ma corne d’aurochs ! Ma dame du temps jadis en balade !

- Mon rat de cave ! Mon fossoyeur !

- Je sais, je sais, je suis un voyou mais… que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime, Gabrielle, quand tu brosses mon épaule !

- M’enfin ?! Edmond ! Tu confonds !

- Quoi ? Ce n’est pas de Brassens, ça ?

- Ce n’est pas ça ! C’est que je ne m’appelle pas Gabrielle ou Charlotte ou Sarah ! Je suis Anna !

- C’est vrai, j’oubliais ! J’ai la mémoire qui flanche, je ne me souviens plus très bien ! Bon, allons quand même la faire auprès de nos enfants, notre non-demande en mariage !

Ecrit pour le jeu de Lakévio n° 128 d'après cette consigne

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