PAS DE ÇA, LISETTE ! (1)
On ne s'en sortira jamais !
On ne s'en sortira jamais de la chanson de Souchon, "Foule sentimentale" : "Oh la la ! On nous fait croire /Que le bonheur c'est d'avoir".
Et pourtant, je résiste ! Je n'achète plus de livres, de disques, de dévédés, de revues... Mieux, je numérise des vieux papiers et je fais du tri dans mes bouquins et mes vinyles pour m'en débarrasser et faire de la place.
Mais on ne s'en sortira jamais !
On ne s'en sortira jamais du tonneau des Danaïdes. Pendant ce temps-là Marina Bourgeoizovna fait la même chose chez ses parents. Chez ces Bretons typiques, l'accumulation est un rien ancestrale : leur âge, allez savoir pourquoi, est plus élevé que le nôtre, la maison est plus grande et le principe, de longue date, est que "On garde ça, on ne sait jamais, ça peut toujours servir !"
Et donc ce qui devait arriver pour qu'on ne s'en sorte jamais arrive. De son dernier voyage elle nous a ramené deux années presque complètes du journal "Lisette" qu'elle lisait quand elle était gamine ! Et qui c'est l'idiot, qui a entrepris d'en scanner les couvertures, les jeux et autres publicités surannées avant que le lot ne s'envole pour quelques euros dans une braderie en septembre ? Ben oui, vous avez deviné, c'est Joe Krapov !
Je l'avais pourtant bien dit : "Pas de ça, Lisette !"
Ci-dessous, un choix des couvertures de l'année 1969.
L'Odile de Ricet Barrier ?
Line et Lahn à Ploumanac'h ?
PAS DE ÇA, LISETTE ! (2)
La révélation d'Ar Furlukin :
"Quand je serai grand, je peindrai des radis !
Et même, je sculpterai un radis géant !"
PAS DE ÇA, LISETTE ! (3)
Docteur Renaud, Mister Renard ?
Gaffe, les filles ! David Hamilton n'est pas loin !
Toi aussi, tu croules sous le papier ?
J'ai bien évidemment consulté Madame Wikipe à propos de cette revue. Elle m'a renvoyée sur le blog d'une collectionneuse, Rayondesoleil, où l'on trouve des extraits du journal Lisette. Amies nostalgiques de passage il y a même là-bas de la matière pour votre liseuse : le roman illustré "La maison qui louche "!
PAS DE ÇA, LISETTE ! (4)
La jolie musique de François Fillon enfant !
Comment avez-vous fait pour deviner que les deux derniers numéros
étaient parus en décembre ?
***
Sur l'expression "Pas de ça, Lisette !" j'ai bien évidemment aussi fait des recherches
et je suis tombé sur ce billet très pointu et donc très intéressant :
JOURNAL IN-DREAM-TIME D'UN KIOSQUIER JALOUX ?
Ma vie privée ne regarde que moi !
Passez votre chemin avec votre appareil photo, votre curiosité malsaine et votre prétendu détachement ! Vous êtes sans doute encore une de celles qui pissent de la copie à la tonne pour tous les lecteurs de journaux ! Une fouille-merde, oui !
Ma vie privée ne regarde que moi ! Je le sais bien que sans vous, je ne serais rien ! Et d’ailleurs je ne suis rien. Rien qu’un marchand de journaux, un kiosquier, un ouvrier anonyme, quasi-sédentaire, quelqu’un sur qui on ne pose même pas le regard. A qui on demande rapidement « Le Livarot », « le Livarot magazine », « Transes soir », »Le Mouroir du cyclisme », « Le Chiasseur français », « Le Panard déchaîné », « Points de vue et images de l’immonde », « L’Aberration », « L’inanité » ou « L’Inanité-dimanche ». Ah non, celui-là, ce sont les heureux qui comme Ulysse qui le vendent eux-mêmes le dimanche quand j’ai fermé ma boutique et que je vaque à mes occupations. Mais cela ne vous regarde pas.
C’est ma vie privée et elle ne regarde que moi. Et puis d’abord c’est quoi, cette nouvelle mode d’aller coller un Leica sous le nez des braves gens ? Les concierges, les bouchers, les agents, les prostituées ? De la photographie humaniste ? Parce que vous pensez que ce monde-là va disparaître et que vous cherchez à en conserver la beauté qui est toujours poignante parce qu’éphémère ? Mais je suis désolé, ma petite dame, il y en aura toujours des putes à l’entrée des hôtels de passe, des poinçonneurs aux Lilas, des gens qui fument dans les bistrots, des agents à pèlerine et bâton blanc, des petits épiciers, des librairies et des disquaires ! Comment vous le voyez, le monde de demain ? Chacun derrière un écran, qui ne sort plus de chez lui, se fait livrer des pizzas, commande tout par téléphone, ne lit plus, passe ses journées à regarder la télé, échange avec des machines grâce à des machines, est surveillé par des machines ? Mais vous rêvez éveillée, ma petite dame ! Ou vous lisez trop de science-fiction !
En quoi ma vie privée vous concerne-t-elle ? Vous croyez que je suis un serial killer ? Vous travaillez pour la police ? Vous êtes sociologue ? J’ai bien le droit, une fois les volets baissés, une fois les quotidiens repartis, d'aller m’envoyer en l’air avec qui je veux, non ? La mère Michel qui a perdu son chat, la fleuriste du coin de la rue, la boulangère qui a des écus, même si celle-ci a un mari, mon dieu quel homme, quel petit homme ? Se pourrait-il… ? Travaillez-vous pour celui-ci ? Détective privée ?
Peu importe ! Ma vie privée ne regarde que moi. Et d’ailleurs c’est bien simple. Si un jour ma vie privée regarde quelqu’un d’autre, je l’étrangle, je lui tords le cou à ma vie privée et j’en étale des bribes au grand jour. Un morceau chaque jour. Il y a des gens que ça intéressera, j’en suis sûr. C’est que je n’aime pas les infidèles, moi, Madame ! Et tant pis si ce meurtre-là s’étale à la une des journaux ! Ou pas !
Ecrit pour "Un mot, une image, une citation" du 30 juin 2014 d'après cette consigne :
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Photo par Vivian Maier |
Une citation : Toute beauté est poignante. - Amélie Nothomb
Trouvailles et vidéos
La première des trois vidéos n'a pu être publiée chez Joye pour des raisons techniques propres à Youtube. C'est pourquoi j'ai renvoyé ma contribution avec deux autres versions dont celle en viet-namien, magnifiquement illustrée et chantée mais qui m'a beaucoup fait rire. Je suis allé voir si d'autres chansons françaises existaient dans cette langue et je suis tombé, chez la personne qui l'a publiée sur une collection hilarante de... bikinis ! Allez, c'est l'été, on danse !