LE CABINET DES LETTRES. Chapitre 1
CHAPITRE I
Aujourd’hui il n’est monté personne dans la rame du métro sur la ligne 7, enfin personne qui soit du genre à prendre la parole pour plomber d’avantage encore le silence pesant avec des phrases comme « S’il vous plaît, Messieurs et Dames, je sors de prison, j’aurais besoin d’une pièce ou deux pour manger ou d’un ticket restaurant pour survivre». Il n’y a eu personne non plus pour entonner « L’amandier » de Georges Brassens en s’accompagnant d’une musique de karaoké sortant d’un ampli crachotant attaché sur un diable à bouteille de butagaz.
De toute façon aujourd’hui Florent Fouillemerde n’a pas besoin d’être distrait ou perturbé pendant son travail. Le détective privé, bonhomme entre deux âges, entre deux eaux et même souvent entre deux vins, entre Saint- Chinian et Ventoux, entre Médoc et Pécharmant, est en pleine filature d’un type aussi anodin que lui. Un gars à lunettes rondes, la cinquantaine, signe particulier néant, genre personnage de Sempé portant une écharpe rouge, un ciré Guy Cotten bleu, une casquette irlandaise et un sac à dos du tout-venant. Bien qu’il ait l’air un poil intello, le type n’a pas de livre ou de revue à la main et il a l’air absent de tous les voyageurs qui vont descendre à Châtelet pour un long changement.
Le trajet du quidam emprunte ensuite la ligne 1. Nouveau changement à Charles de Gaulle-Etoile, ligne 2 pour une seule station. On descend à Ternes. « Ca lui va bien au teint ! » se dit Florent en ne perdant pas de vue les baskets de l’autre, son écharpe et sa gapette à carreaux.
Il est 17 h 15 et ça roule déjà comme pour rentrer chez soi sur l’avenue de Wagram. Le type la remonte jusqu’au numéro 36. Là il y a un banc public et le type s’assoit, faisant face à un immeuble haussmannien. Au rez-de-chaussée la porte est entourée de deux boutiques. A gauche c’est un marchand de béton et de téléphonie, à droite c’est « Gloops » qui vend des machines à rouler modernes pour piétons fatigués de naissance. Au deuxième étage du 36 une fenêtre est ouverte et le balcon est plus fleuri qu’une vahiné en quête d’un soupirant plein de pèse et de poudre à lever. Même Madame de Fontenay un jour d’élection de Miss Météo France ne clignoterait pas autant que le sapin polychrome qui trône parmi cet hymne floral au dieu de l’arc-en-ciel.
Florent aurait aimé pouvoir se planquer derrière une fontaine Wallace mais il n’y en a pas ici. « Pas plus que de fontaine Gromit », songe-t-il. Alors il regarde en coin tout en faisant semblant de s’intéresser aux costards hors de portée de sa bourse de Sandro et Jean-Louis David puis revient vers le banc en flânant. Qu’est-ce qu’il attend, ce mec ?
Au bout de cinq minutes une charmante jeune fille vient s’accouder à la rambarde fleurie, se penche légèrement pour scruter les passants. Elle n’accorde aucune attention au type assis sur le banc. Puis elle rentre chez elle et referme la porte-fenêtre. Alors le type se lève. Il va taper quatre chiffres et une lettre sur le digicode puis entre. Florent Fouillemerde se précipite à sa suite, s’engouffre derrière son dos, faisant comme s’il habitait là. Il dépasse le gars qui s’est arrêté devant les boîtes aux lettres. Il fait mine de monter l’escalier et, après le premier coude, il s’arrête, s’accroupit et regarde le hall d’entrée. Le gars est en train de sortir une enveloppe de son sac à dos. Il la glisse dans une des boîtes après quoi il referme son sac et ressort.
Florent redescend tranquillement et s’en va lire le nom de la locataire à laquelle on vient de distribuer du courrier : Aude Rimbaud.
Ecrire à A. Rimbaud ? Pourquoi pas ? Mais aussi, pourquoi se cacher de la poste, faisant foi ?
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 13 février 2018
à partir de la consigne ci-dessous
LE CABINET DES LETTRES. Quatrième de couverture / par Anne-Marie H.
Collection Fleur à l'épaule
A Paris, dans le métro, ligne n° 7, un homme entre deux âges, entre deux eaux, entre deux histoires sort de la rame du métro et se dirige vers la sortie. Quelque part ailleurs [dans Paris] la fenêtre est ouverte, le balcon est bien fleuri. Aude se penche légèrement pour scruter les passants de la rue.
Arrivera-t-il à l’heure ? Va-t-il venir ? Elle l’attend depuis si longtemps ! Mais aura-t-il le courage de venir la voir, de lui parler enfin ?
Né en 1955 Joe Krapov a fait des études de littérature avant de devenir journaliste littéraire pour la revue Télérama entre autres. Après de nombreux voyages l’auteur vit maintenant sur une petite île bretonne et partage son temps entre de nombreux engagements associatifs locaux et un rôle de conseiller auprès du Ministère de la Culture.
Sa prochaine œuvre qu’il écrira en breton sera une compilation de légendes dont le personnage principal sera l’Ankou, figure centrale de la mythologie bretonne.
« Après une saga familiale saluée par la critique, l’auteur s’attaque dans ce roman à une œuvre ambitieuse. C’est un peu comme si on mélangeait une histoire sortie d’un film de Ken Loach avec du Laurel et Hardy. Un cocktail détonnant, irrésisitible. » Anne-Charlotte Brontin.
CONSIGNE D'ECRITURE 1718-19 DU 13 FEVRIER 2018 A L'ATELIER DE VILLEJEAN A RENNES
Couvertures de romans
L'animateur distribue à chacun(e) une couverture de roman. Ce roman a été écrit par sa voisine de droite.
Dans un premier temps on écrit sur une feuille volante la quatrième de couverture de ce roman, en utilisant la trame suivante :
Donner le nom de la collection.
Ecrire la trame du roman :
Un personnage accomplit une action banale.
Ailleurs un autre personnage accomplit une autre action.
Poser une question relative à ces deux personnages.
Ecrire la biographie de l'auteur :
Né(e) le jour mois année l'auteur a fait des études de profession ou discipline avant de devenir profession.
Il vit maintenant à ville, partageant son temps entre activité de loisir et activité culturelle.
Sa prochaine oeuvre qu'il écrira en langue sera un(e) genre de fiction dont le personnage principal sera un(e) nom + adjectif
Ecrire la critique :
C'est un peu comme si on mélangeait titre de roman ou de film avec titre de roman ou de film. Complètement adjectif louangeur !
Nom d'un critique littéraire extérieur au champ de la littérature.
Dans un deuxième temps on fait tourner ces feuilles volantes à son voisin sa voisine de droite qui est chargé d'écrire les premières pages de son roman en s'inspirant de tous ces élements.
PLACE AUX GÉNÉRATEURS ! (1)
A cause de L'Adrienne chez qui j'ai retrouvé ce jouet, j'ai perdu un temps fou hier après-midi à cliquer comme un malade devant un bandit manchot afin d'obtenir des couvertures de livres inexistants !
Grâce à l'Adrienne, j'ai obtenu des images surréalistes qui m'ont laissé rêveur avec plein de quatrièmes de couvertures à écrire !
Merci à Omer Presquer et à son générateur de couvertures de romans ! Merci à L'Adrienne !
PLACE AUX GÉNÉRATEURS ! (3)
Sur ma lancée j'ai découvert le générateur de Vincent Corlaix, plus riche et plus surréaliste encore !
Il faut cependant ruser un peu pour récupérer les jaquettes produites.
PLACE AUX GÉNÉRATEURS ! (4)
J'ai aussi retrouvé cela : le générateur de couvertures de Martine. J'y ai soumis ces trois titres-là !
et récupéré celui-ci où l'on voit que Martine s'intéresse elle aussi à Rimbaud !
PLACE AUX GÉNÉRATEURS ! (5)
C'est trop bon ! Je vous en offre une cinquième série destinée aux Impromptus littéraires !