21 mai 2022

FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE

« Au diable la varice ! » comme disait cette dame qui n’avait pas la veine d’avoir de jolies jambes. Dès lors elle ne s’épargna pas, elle se dépensa sans compter, elle jeta tout sur le tapis et eut une collection d’amants tout ce qu’il y a de plus honorable - la collection, pas les amants bien qu’ils l’eussent couverte de cadeaux fort mérités du reste parce qu’il n’y a pas que les guibolles dans la vie.

Après tout la beauté ne se mange pas en salade et je connais plein de dames à qui ça fait une belle jambe de savoir que moi-même ai de beaux mollets.

DDS 716 Picsou

Tandis que ce vieux grigou d’Onc’ Picsou, je ne suis pas certain du tout qu’il y ait eu une tante Picsou dans l’histoire. Je ne puis cependant pas l’assurer car j’ai toujours été plus Tintin que Mickey, plus Belge qu’Américain sans parler des aspects plus russophiles de mon environnement, car c’est de très mauvais ton de les évoquer aujourd’hui. Du reste, qui connaît encore Pif le chien de nos jours ?

De la même manière, je n’ai jamais vraiment entendu parler de grigoute mais je suis certain que le « biloute » des Ch’tis n’a pas de masculin. Un bilou, ce serait quoi ? Pareil pour choucroute alors que le masculin de La Redoute c’est le redoux.

Un homme soûl dans la soute, un homme roux sur la route et des zazous à Knokke-Le Zoute. C’est quoi le féminin de Knokke, docteur ? Et celui de zoute ?

Ah ça je sais, c’est « zout ». Ne dit on pas "j’ai un poêle à mazout" ?

C’est vraiment compliqué, la langue française ! Je plains les étrangers !


Ecrit pour le Défi du samedi n° 716 d'après cette consigne : grigou

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09 septembre 2017

FAMILLE, JE VOUS HAIS ?

DDS 471 doryphore 117186272_o

« Le doryphore déferle sans beaucoup d’efforts
Mais avec grand effet
Sur les pommes de terre du Mont-Dore
Comme Anquetil sur Poulidor :
On est bluffé !

Le doryphore est homicide
Dans le jardin des Hespérides
Où la tomate est pomme d’or
Et le Jupiter impavide :
Le jeune Hercule tète encore.

Le chrysomélidé, l’abominable insecte,
Désespère tout jardinier qui se respecte,
L’esprit placide,
Et n’emploie pas d’insecticide
Contre les soldats allemands ;
Question d’affect,
Evidemment.

Le doryphore est très doué pour l’oxymore
En timide sans-gêne
Qui bouffe ton oxygène,
En aimable gredin
Qui bousille ton jardin,
En Dalton de banlieue,
Rayé de jaune et noir
Toxique dans vesprée,
Déchirant robe des champs
Au pourpre du soleil ».

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Ce sont là ses derniers mots, ceux que l’oncle Jean-Henri Piquechoux a inscrits dans son cahier d’observations scientifiques et poétiques. Après avoir écrit « soleil », il s’est éteint, victime d’une foudroyante crise cardiaque.

L’oncle Piquechoux avait fait fortune en fabriquant et en commercialisant des chaussures à talons aiguilles de luxe. A part l’appât du gain et l’entomologie, il n’avait aucune passion dans la vie et surtout pas celle de la famille.

Tout l’argent qu’il avait gagné était entreposé dans un coffre gigantesque, un espace fermé de la taille d’une salle de cinéma. La légende raconte qu’il venait parfois y plonger, y nager, dans son argent liquide. Il croulait sous le blé, crawlait dans son oseille, faisait de la natation dans ses millions. Il trempait sa barbaque dans ses plaques, faisait le fortiche dans son artiche, noyait son blues dans le flouze.

Parce que le vieux était un grincheux. Le fabriquant de pompes était avaricieux, n’en déplaise à tous ses envieux de neveux. Il y avait Donald le costumier de théâtre qui tirait le diable par la queue. Il y avait Henri, Philippe et Louis qui en étaient réduits à traquer le castor en tant que biographes de Simone de Beauvoir. Tous les quatre furent fort étonnés d’apprendre qu’avant de décéder l’oncle Piquechoux les avait couchés sur son testament. Du coup ils se levèrent, quittèrent le huis-clos de leur salle de bain où ils avaient lavé leurs mains sales et vinrent s’abattre comme des mouches sur les fauteuils de maître Jean-Paul Lanozé, le notaire, pour écouter les dernières volontés du vieil oncle.

DDS 471 entomo

Tous craignaient le pire. Le vieux grigou avait sûrement posé des conditions draconiennes à remplir avant que chacun d’eux ne puisse toucher à une part minime du pactole. Sans doute ordonnait-il qu’on prenne soin de ses ruches, de ses serres à mygales, de ses vitrines de papillons ? Donald trouvait patibulaires ces bêtes à mandibules qui s’envoyaient en l’air et les castors juniors avaient pris pour devise « Les insectes nous débectent ».

Et pourtant non, pas de clause tordue. Quand le notaire se fut tu Cardwell se demanda où était l’entourloupe, pourquoi il n’y avait pas coup de théâtre ce soir. Donald, Phi-Phi, Riri et Loulou touchaient bien la totalité du pactole à parts égales. Sans conditions aucunes.

Maître Lanozé leur remit la paperasse l’attestant, les clés et la combinaison du coffre. C’est peu de dire qu’ils s’y précipitèrent.

Las ! Ils n’y trouvèrent que billets en poussières, pièces plus percées que des galettes de Polydor, lambeaux de rêves et miettes d’espoirs.

C’était là la dernière farce du tonton flingueur. Sachant sa mort prochaine il avait introduit, en guise de dernière calembredaine, sa collection d’insectes dans sa tirelire géante. Il était advenu ce qu’avait entrevu cet oncle psychopathe : les doryphores avaient bouffé toutes ses patates !


Ecrit pour le Défi du samedi n° 471 d'après cette consigne

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27 octobre 2014

Le medley Walt Disney à Saint-Lô (Manche) le 26 octobre 2014 (1)

Bref j’ai chanté du Walt Disney à Saint-Lô!

Marina Bourgeoizovna  a été cheftaine scoute dans une vie antérieure mais je crois qu’elle est plutôt soit une pionnière soit une éclaireuse plutôt partageuse. Il y a deux ans elle est allée avec ses copines de Vocaline passer un week-end à Saint-Lô au festival de chant choral Polyfollia. Elle en est revenue enchantée, la chanteuse !

Cette année elle m’a privé de foire Teillouse et d’apéros poétiques à Redon pour m’y emmener à mon tour à Saint-Lô où je n’étais jamais allé (je ne risquais pas du coup de vouloir revoir ma Normandie !).

On a donc choisi ensemble trois concerts, elle a loué une chambre pour deux nuits dans un motel, acheté d’avance quatre repas au Gasthaus communautaire du festival et surtout, sans que j’aie rien demandé, elle m’a inscrit au happening du dimanche matin.

- C’est quoi le happening du dimanche matin ? ai-je demandé il y a trois mois  quand elle m’a annoncé ça.
- C’est un medley Walt Disney. Il faut que tu apprennes la partition de ténor. On répète deux heures avec le chef et après on donne un concert devant le public !

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Le medley Walt Disney à Saint-Lô (Manche) le 26 octobre 2014 (2)

J’ai fait comme toujours, j’ai rigolé, j’ai dit ni oui ni non et puis j’ai oublié. C’était avant les grandes vacances. Sauf qu’il y a quinze jours elle m’a fait cadeau du fichier mp3 de la partition des ténors avec des sons midi et du fichier pdf avec des notes, des triolets, des dièses et des bémols partout. J’ai encore essayé d’oublier une semaine et puis lundi dernier, j’ai mis mon nez dans la partoche.

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Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c’est compliqué, Walt Disney ! Déjà j’ai dû recopier toute la partition sur Noteworthy afin d’entendre la voix de ténor seule parce que sur le MP3 on entendait que Macache Bézef (un jour je raconterai sa vie, à celui-là !). J’ai fini mercredi  seulement et jeudi j’ai bien senti que je n’étais pas prêt.

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Attendez, j’ai oublié l’essentiel : la partition du medley Disney, c’est 22 pages ! Après il a fallu que je me mette ça dans les oreilles. Croyez-moi : vu mon jeune âge, il y a des chansons de Walt Disney que je ne pouvais pas connaître : je n’étais pas né quand Pinocchio et Blanche-neige sont sortis de la baleine pour aller partouzer chez les nains, alors la fée bleue, elle repassera avec son balai cher et tendre. Vu mon grand âge, il y a des chansons de Walt Disney que je ne pouvais pas connaître parce qu’Aladin et le roi Lion, je suis désolé mais moi c’était plutôt Resnais, Rohmer et Rivette qui me branchaient à ce moment-là. Alors « je vais t’offrir un monde aux mille et une splendeurs », désolé jeune fille Ségolène et merci pour « ce moment royal » mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Il n’y a guère que les airs de « Mary Poppins » qui m’était familiers parce que mes deux enfants l’ont vu un petit peu chez leur grand-mère (26 ou 52 fois, je ne sais plus bien au juste).

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Le medley Walt Disney à Saint-Lô (Manche) le 26 octobre 2014 (3)

Le croirez-vous ? Dans l’harmonisation, c’est le Supercalifragilisticexpialidocious qui a été le plus dur à mémoriser ! Et le « Um diddle diddle diddle um diddle ay » trois fois de suite s’est avéré matériellement  imprononçable si ce n’est en yaourt au lait de chèvre !

Mais je ne suis pas le genre de mec à me dégonfler et finalement j’y suis allé au medley Disney, avec la trouille au ventre de me retrouver le seul ténor là-dedans. Ne rigolez pas, ça a failli arriver ! On n’était que quatre dont deux qui ne chantaient pas !

Heureusement mon voisin savait toute sa partie mieux que moi encore, le chef anglais, Peter Broadbent, était très drôle, le pupitre était rose, le pianiste Droopyesque, le public indulgent, Ouest-France a filmé en partie la chose, j’étais sérieux comme un pape et c’est tout sauf catastrophique.

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Le medley Walt Disney à Saint-Lô (Manche) le 26 octobre 2014 (4)

Bref j’ai chanté du Walt Disney à Saint-Lô !

P.S. Profitez-en de cette vidéo où on me voit studieux comme jamais et père-siffleur comme un nain stakhanoviste… parce que je n’y retournerai pas à Saint-Lô pour Polyfollia ! C’était la dernière édition de ce Festival époustouflant. Les pouvoirs publics lui ont coupé les vivres ! Et qu’est-ce qu’on dit, du coup ? On dit « Merci les pouvoirs publics » ! Et on n’écrit pas ce qu’on pense des pouvoirs publics, s’il vous plaît ! 


A Polyfollia, le medley Disney répété et chanté... par OuestFranceFR


En prime, le medley de requiems dans lequel Marina B. a donné tout ce qu'elle avait de voix !

 
Polyfollia enterré joyeusement avec un medley... par OuestFranceFR

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