UNE SINGERIE
L'Estivalienne posa la question au gars de droite qu'elle connaissait de longue date :
- Tu joues au whist, E.T. ?
- Pas du tout, répondit la créature de la planète Spielberg. On admire la collection de dames de coeur d'oncle Walrus !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 680 à partir de cette consigne : Whist.
BOMBINETTE OU CHANSONNETTE ?
Oui, je sais, je ne me renouvelle pas !
Dans mon laboratoire rennais, vous ne voudriez tout de même pas que j'y fabrique des bombes atomiques, tout de même ? Ne vous inquiétez pas, d'autres s'en chargent ailleurs.
Non. Moi, je préfère pousser la chansonnette que de moccuper de l'élevage de champignons nucléaires !
Et donc, en compagnie de Boris Vian, celle-ci est en guise de remerciements à ce cher oncle Walrus, notre tenancier de boutique préféré !
Réalisé pour le Défi du samedi n° 660 d'après cette consigne : Laboratoire.
CADET RUSSELL A DROIT A UNE CHANSON !
LA CHANSON DE JACKIE
(se chante sur l'air de "La Chanson de Jacky" de Jacques Brel)
1
Même si un jour à Knokke-le-Zoute
Je deviens comme je le redoute
Clébard pour femmes finissantes
Même si j’leur chante " Mi Corazon "
Avec la voix bandonéante
D'un Dalmatien de Carcassonne
Même si on m'appelle « vieux corniaud »
Que je brûle mes derniers feux
En échange de quelques cadeaux
Madame Madame yé fais cé qué yé peux
Même si je m’gave de Canigou
Pour mieux parler d’futilités
A des mémères décorées
Comme le Saint-Guibert de Gembloux
Je sais qu' dans ma soûlographie
Chaqu’ nuit pour des Docteurs Pangloss
J’leur chant’rai la chanson molosse
Celle du temps où je m'appelais Jackie
Refrain
Faire une heure, une heure seulement
Faire une heure, une heure quelquefois
Faire une heure, rien qu'une heure durant
Le beau, le beau, le beau et le con à la fois
2
Même si un jour à Neufchâteau
Je deviens roux comme un chow-chow
Cerclé de chiennes languissantes
Même si lassé d'être aboyeur
J'y sois devenu maître chanteur
Et qu’ce soient les bipèdes qui chantent
Même si on m'appelle le boxer
Que je vende des produits de niches
Du porto fait près de Dinant
De vrais bichons de faux caniches
Que j'aie une banque à chaque patte
Et une patte dans chaque pays
Et que je lève des crédits
Je sais quand même que chaque nuit
Tout seul au fond de ma fumerie
Pour un public de chihuahuas
J’rechanterai ma chanson à moi
Celle du temps où j’ m'appelais Jackie
Refrain
Faire une heure, une heure seulement
Faire une heure, une heure quelquefois
Faire une heure, rien qu'une heure durant
Le beau, le beau, le beau et le con à la fois
3
Même si un jour au Paradis
Je devienne comme j'en serais surpris
Husky pour femmes à ailes blanches
Mêm’ si j’joue d’la pédale Wah Wah
En regrettant le temps d'en bas
Où c'est pas tous les jours dimanche
Même si j’pose à côté d’mon père
Çui qui s’prend pour un rottweiler
Entre clebs fou et chien de garde
Même si mon bipède se barbe
Même si toujours trop bonne pomme
Je m’crève le cœur et l’ pur esprit
A vouloir balader les hommes
Je sais quand même que chaque nuit
J'entendrai dans mon Paradis
Les épagneuls et les cockers
Me chanter ma chanson d’ naguère
Celle du temps où je m'appelais Jackie.
Refrain
Faire une heure, une heure seulement
Faire une heure, une heure quelquefois
Faire une heure, rien qu'une heure durant
Le beau, le beau, le beau et le con à la fois.
Ecrit pour le Défi du samedi n° 618 à partir de cette photo :
VIVE LA FAMILLE !
Je m’appelle Albert Camus, comme l’autre, mais je n’ai jamais écrit de roman ou de pièce sur Caligula et je ne suis pas philosophe pour un sou. Je suis inventeur de jeux de société.
C’est moi qui ai pris cette photo et je me souviens très bien de cette soirée chez mon oncle Jean-Claude et ma tante Adrienne. Ils habitaient alors avenue Louise à Bruxelles et j’étais de passage par-là pour aller vendre nos derniers jeux sortis au «Brussels game festival» comme on dit en flamand (ou en wallon, je n’ai jamais été doué pour les langues).
Je ne sais plus de laquelle de leur petite fille on fêtait l’anniversaire, justement le soir où ils m’avaient invité. Coumarine ? Pivoine ? Ou Emilie qui est devenue célèbre plus tard en étant la première actrice capable d’interpréter au théâtre le rôle de Madame Chapeau sans que le public ne voie qu’il ne s’agissait pas d’un homme travesti.
Peu importe. La soirée a été très gaie parce qu’après l’indigestion de gâteau au chocolat on a joué au jeu des sept familles modernes dont j‘avais amené un prototype. Qu’est-ce qu’on a pu rire avec ces tirades improbables :
- Papy, dans la famille Minquien, je voudrais le promeneur.
- Pioche !
- Dans la famille Toutélectrique, Coumarine, je te demande « ton kéké en segway ».
- Tiens !
- Dans la même famille je voudrais « ta mère en trottinette »
- Tiens !
- Dans la même famille je voudrais « ton papy en hybride »
- Pioche ! A mon tour. Albert, dans la famille Gravuredemode je voudrais « la pineupe décolletée mais pas touche !»
- Tiens !
- Je voudrais maintenant « Grand-mère Brigitte cougar en string » !
- Tiens ! La peste soit de cette gamine elle va me piquer toutes mes cartes !
- Je voudrais aussi « La mère s’habille en Prada » !
- Alors non, ça ce n’est pas possible ! Aujourd’hui maman est morte ! Pioche ! A mon tour !
A la fin de la partie on est allé coucher les gamines et j’ai terminé la soirée avec tante Adrienne et oncle Jean-Claude à boire de leur excellent vin de Porto et à disserter sur les qualités littéraires inégalables selon eux de Marcel Proust, d’Amélie Nothomb et de Fred Vargas.
***
A la relecture de cette note manuscrite jointe à cette photo dans l’enveloppe quelque chose me semble clocher. C’est pourtant bien mon écriture mais… je suis sûr et certain que je n’ai jamais eu de famille en Belgique.Qui plus est je ne m’appelle ni Albert ni Camus. Mon prénom est Georges, mon nom est Lesaint et avant de venir dans cet endroit j’étais sous-lieutenant au 99e régiment de dragons à Mourmelon-le-Grand.
- Qu’est-ce que je dois faire, maintenant, Madame ?
- Ouvrez une autre enveloppe, monsieur Krapov ! me répond l’animatrice de l’EHPAD. Et laissez-vous aller pour écrire ce que vous inspire cette photo-ci.
Devant l'image des deux filles avec un gant de vaisselle jaune sur la tête j’ai commencé :
- Je m’appelle Célestine Bongopinot et j’habite Edimbourg. C'est moi qui ai pris cette photo et je me souviens très bien de...
Ecrit pour le Défi du samedi n° 570 d'après cette consigne
(illustration de la photo du haut)
O COMME ODALISQUE
C’est dingue, quand même, l’évolution des moeurs, des hashtags et de l’art occidental ! Prenez les odalisques par exemple. Madame Wikipe, la pédiatre, nous apprend plein de choses à leur sujet.
On en a peint des tonnes au XIXe siècle. Des tas de dames toutes nues qu’on exposait au salon. Par exemple « La grande odalisque » d’Ingres, un peintre qui était tellement miraud qu’il a cru toute sa vie qu’il jouait du violon alors qu’il faisait de la peinture !
«L’Olympia» de Manet c’est une odalisque. Ce n’est pas, comme certains le croient, Rika Zaraï qui se repose dans sa loge avant son tour de chant dans le music-hall de Bruno Coquatrix. Et il y a «le bain turc», d’Ingres encore, plus fort de café que le café du même endroit.
Tous ces tableaux représentent en fait l’intérieur d’un harem. Vous vous rendez compte ? Voilà un mec, appelons-le le sultan, il ne nous répondra pas, il a droit à une favorite différente chaque soir dans son lit. Et ce n’est même pas une odalisque : les odalisques sont les femmes de chambre des concubines.
OK pour la polygamie ! Les Japonais plient leurs feuilles de papier comme ils veulent mais toutes ces dames au salon sont en fait des esclaves. Des esclaves sexuelles ! Bonjour les mœurs des étrangers et celles, sous couvert d’orientalisme, de la bonne bourgeoisie française !
Aussi m’étonné-je, en cette période de décochage de flèches féministes sur la toile et ailleurs : pas un seul décrochage de toile au musée, pas une dénonciation, pas un mot de repentance, pas un seul hashtag #balancetonpeintredodalisque !
Mieux que ça, des provocateurs belges – j’ai les noms ! – nous lancent le défi d’écrire à la fois sur les odalisques et sur les obélisques à partir d’une photo de celui de la Concorde recouvert d’un préservatif géant !
De deux choses l’une : soit je ne comprends rien à l’art, soit je comprends tout à la Belgique !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean
le mardi 21 novembre 2017 d'après la consigne ci-dessus.
ECRIRE A WALRUS. 1, Gramophone
Le Boss
Quelque part en Belgique
Derrière la laisse d’un Jack Russell très autonome
"Sur mon phono /Mon bon vieux phono /Sans m’ déranger
J’ peux écouter / L’ premier numéro / De Chevalier
J’ vois La Scala /L'Eldorado /Et moi, en l’ver d’ rideau
Sur mon phono / Mon bon vieux phono / Qui chante faux
Vincent Scotto - Mon bon vieux phono"
Cher oncle Walrus,
Est-ce bien raisonnable de proposer
Un gramophone aux graphomanes ?
Et pourquoi pas bientôt, peut-être,
Des hormones de croissance à Superman,
Un nain jaune aux nymphomanes,
Un mégaphone au quadrumane,
Un hygiaphone au pétomane,
Une mégatonne à Rocket-man,
Un Gaffophone aux mélomanes ?
Un gramophone aux graphomanes !
Dans la cire si malléable du langage
Ils vont y creuser leur sillon,
Evoquer tous leurs craquements,
Leur stupeur et leurs tremblements,
Pondre des fables à la Chaîne,
S’terrer auprès de Caruso,
Faire soixante-dix-huit tours ou plus sur le plateau
Puis remettre l’aiguille au début
Et saturer le pavillon de tes oreilles
En racontant comme des sourds
Leurs symphonies de siphonnés,
Leurs sanglots longs de sonotones,Leurs rayures de bagnards du verbe
Jusqu’à ce qu’ils entendent
Le bras en bout de course se lever
Et donner le signal à tes nerfs fatigués
Et voient le chien blanc d’EMI
Un Jack Russell, assurément,
Assis devant le gramophone
Ecoutant la voix des maîtres du son
Et qui n’entend plus suivre
La voie qu’avait choisie son maître.
Un gramophone aux graphomanes !
Pourquoi ne pas proposer
« Nyctalope » à Pénélope ?
Faire l’obole de « Vinyle » au Discobole ?
Ignores-tu que nous avons été vaccinés avec une aiguille de phonographe,
Que pour combler le zézaiement des éléments
Nous pratiquons, toujours avides, le trop Zeppelin avant l’aphone ?
Que nous brassons de l’air pour en faire des chansons
Et tant pis pour la bière sur laquelle nous dansons !
Vois-tu comme j’ai été bon aujourd’hui, à faire si bref ? J’aurais très bien pu te parler longuement de Charles Cros qui voulut inventer cette machine-là, l’image en couleurs et des tas d’autres choses et qui s’en vint surtout avec l’ami Verlaine accueillir à la gare un dénommé… Comment déjà ? Ah oui ! Rimbaud !
Ce sera pour une autre fois ou pour ailleurs, cher oncle ! Porte-toi bien ! Tiens bien la laisse !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 474 d'après cette consigne
Vieilles voitures sur l'esplanade Charles de Gaulle à Rennes le 29 janvier 2017 (1)
Notre cher oncle Walrus qui lui a consacré deux billets déjà ne nous a finalement rien dit de sa nouvelle voiture ! On veut savoir, nous ! Combien de chevaux (et de monitrices d'équitation végétariennes) sous le moteur ?
Combien consomme-t-elle de litres aux cents ?
Est-elle jaune ? rouge ? décapotable ?
De quelle marque, le nouveau jouet ?
Vieilles voitures sur l'esplanade Charles de Gaulle à Rennes le 29 janvier 2017 (2)
Est-ce un véhicule utilitaire... de transbahutage de petites-filles ?
...ou de transport(s) de pin-ups ?
...ou de trafic de boissons alcoolisées ?
Vieilles voitures sur l'esplanade Charles de Gaulle à Rennes le 29 janvier 2017 (3)
Une voiture "spéciale pour comique"?
Une auto de course rachetée à Jean-Pierre Berth-Oise ?
Une coccinelle bleue ?
Vieilles voitures sur l'esplanade Charles de Gaulle à Rennes le 29 janvier 2017 (4)
Maintenant, si c'est effectivement là le nouveau véhicule de notre oncle, on comprend qu'il reste discret comme une rosière sur sa marque ! C'est qu'il veut continuer de nous cacher le montant des émoluments qu'il perçoit en tant que conseiller littéraire de la revue "Le Défi du samedi" !
N.B. Tout ceci est bien évidemment ;-) et même :-) si pas carrément LOL !