LE BLUES DU VAMPIRE
J’avais le choix entre trois chansons pour illustrer ce Défi du samedi consacré au thème « vampire » :
- « Champagne » de Jacques Higelin ;
- « Vampire blues » de Neil Young ;
- « Dracula » de Sttellla.
La première était trop compliquée et trop bien orchestrée pour une guitare toute seule.
La seconde, je m’y suis collé, même si j’avais un peu oublié l’air. Elle est extraite de l’album « On the beach » dont j’adore la pochette et comme il s’agit d’une traduction-trahison-adaptation, j’ai tiré les paroles et les illustrations du côté de l’actualité.
Voici ce que cela donne :
1
Je suis un vampire
Je bois le sang de la terre
Oui j’ suis un vampire
Je fais le plein de super
Oui j’suis un vampire
J’t’en vends ou j’te fais la guerre
2
J’suis une chauve souris
Je viens cogner à ta fenêtre
Une chauve-souris noire
J’viens semer le désespoir
Oui tu peux trembler
J’en veux à tes champs de blé
3
Des temps meilleurs
Ceux qu’on souhaite de tout coeur
Des jours heureux
A coup sûr vont arriver
Des jours de paix
Mais ils ne sont pas pressés
Les paroles originales sont ici : https://www.lacoccinelle.net/1041103.html
La dernière était trop courte alors je suis allé chercher sur Youtube s’il n’existait pas une version rallongée.
Vous allez rire : j’en ai trouvé une !
Vous allez rire encore : c’est moi qui l’ai faite, pour le Défi n° 283 en 2008 !
Vous allez rire toujours : je l’avais complètement oubliée !
Le jour où j’aurai envie de me payer une pinte de bon sang et une belle tranche de rigolade, j’irai écouter ma chaîne Youtube. Apparemment il y a plein de trésors deux-dents !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 705 d'après cette consigne : vampire
En week end avec Emilie Dequenne / Sttellla
- Le dimanche ici on publie des vidéos musicales. Aujourd'hui, je souscris à 100% au texte de cette chanson de Sttella !
- T'es encore amoureux de la coiffeuse de "Pas son genre", Joe Krapov ?
MONSIEUR YOUTUBE M'ÉCRIT
Monsieur Youtube m'écrit... et me fait mourir de rire !
Ami(e)s belges, accrochez-vous ! L'oncle Sam vient, par le biais de ce courrier, d'interdire René Magritte aux moins de dix-huit ans ! Lisez vous-mêmes et contemplez l'objet du délit !
Bonjour Joe Krapov,
Comme vous le savez peut-être déjà, le Règlement de la communauté décrit les contenus autorisés et interdits sur YouTube. Votre vidéo Nagasaki ne profite jamais / par Joe Krapov a été signalée et soumise à examen. Après examen, nous avons conclu qu'elle n'est pas adaptée à tous les publics. Elle a donc été soumise à une limite d'âge.
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UN CADEAU INATTENDU
On avait déjà Momo le morbaque. Il nous chantait « Get back » des Beatles en playback quand il ne nous massacrait pas « Paperback writer », des mêmes, de vive voix.
On avait déjà François Reichenbach qui, dans ses films documentaires, usait plus ou moins du flashback.
On avait aussi toute la famille Bach : Johann Sebastian, au clavecin bien tempéré mais au tempérament bien clivé, qui n’arrêtait pas de faire des enfants à son Anna Magdalena, une nana bien toccata elle aussi, Wilhelm Friedemann, Carl Philipp Emanuel, Johann Christoph Friedrich et Johann Christian. Ils ont tous fait des tas de fugues, certains même jusqu’à Forbach (Moselle). Aucun d’eux n’eut jamais son bac.
On connaissait déjà le renard et le corbac.
Mais franchement, dites-moi… Que va-t-on faire d’un quarterback ?
Où va-t-on le loger ?
Que va-t-on lui donner à manger ?
Vu comme il est bâti, ça va coûter bonbon en Bourbon et barbaque !
A quoi va-t-il servir ?
Est-ce qu’on pourra ranger dans cette armoire à glace le linge de Mémé ?
Est-ce qu’on ne ferait pas mieux de l’prendre par le colback, d’lui faire tourner casaque et de l’envoyer rentrer chez lui ?
Qui se dévoue pour le remettre dans le paquet et renvoyer à l’oncle belge son cadeau à côté de la plaque ?
Sûr, il n’aimera pas trop, le gars, qu’on le cornaque. On risque de passer un sale quarter… un sale quart d’heure. Mais si on s’y met à tous, on numérote ses abatis avec l’abaque, on l’assomme avec une matraque ou bien on le passe à toubac !
On descend quand même bien des Cosaques, non ?
Après tout, on n’a rien de moins que les Américains !
On aurait plutôt plus en comptant qu’on est moins !
P.S.
On n’a rien de moins que les Américains ?
Ben si : nous, on n’a pas Joye !
Et devant ce fait indéniable
Et notre Iowaqueen,
C’est vrai, il faut que l’on s’incline !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 450 à partir de cette consigne : "Quarterback"
PAON-CARTES REVENDIC-HÂTIVES
Non seulement ce n’était pas ma semaine, cette semaine, mais en plus les écoliers français font de plus en plus de fautes d'orthographe !
Qu’ils se rassurent ! Tout le monde s’en fout et surtout personne n’est parfait !
La preuve avec ces paon-cartes revendic’hâtives pour lesquelles j’ai décidé de lâcher prise moi aussi.
RAT LE BOL !
ÂNON, ALORS !
CA SUFFAT COMME CI !
CESSONS DE RENARD-CLÉ !
RAT LE BOL DU BOLÉRO DE RAVÊLE !
ON NE PEUT PLUS LE BLAIREAU !
CASSE TORT, PAUV’CON !
IS’N’T IT A WAPITI ?
ARRETEZ VOS COCCYX-GRUES !
A BAS ANNE D’AUTRUCHE !
UN AILÉ FAON,
ÇA TRUMPE ENORMEMENT !
QUAND C’EST FLOU
C’EST QU’IL N’Y A PAS AFF LE LOUP !
ON VOUS SCOLOPENDRA TOUS !
ET C’EST TAPIR POUR VOUS !
C’EST KOALA, CES CAPRICES ?
J’ÉCRIRAI « GIRAFFE »
COMME QUE ÇA ME PLAIT !
CAPRICES, C’EST PAS FINI !
FAISEZ LA MOUCHE PAS LA GUÊPE ! (Sttellla)
LE TIERS-COCHON DE PAYANT,
POUR L’OTO RHINO, C’EST ROSSE !
IL FAUT RECHIMPANZÉ LE MONDE !
HIPPO, DÉCAMPE !
NOUS SOMMES
LES NOUVEAUX THANK-HULOTTE !
HALTE A LA CHIEN-LIT !
REVOLUTION SANGLIER GARE !
PHOQUE THE PELISSE !
BERNIQUE LA BERNACHE !
SOURIS, HÉ ! VOUS ETES VIVANTS !
C’EST FOURMIDABLE !
VIVE L’ALMANACH PIVERT-MOT !
Merci à Sempé et Gotlib pour leurs images !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 429 d'après cette consigne
A QUI DOIT-ON S'ADRESSER POUR DEVENIR BELGE D'HONNEUR ?
La pire chose qui puisse arriver à un libraire est survenue. C’est une histoire qu’on pourrait mettre dans nos tablettes si les tablettes n’étaient pas elles-mêmes entrées dans l’histoire et n’avaient pas absorbé tout le contenu de l’échoppe tenue par ce couple de libraires suisses si bien apparié.
Sans que nul ne pipe mot, le monde du numérique s’est abattu sur eux à la vitesse de la vérole sur le Bas-Empire romain. Fin du papier, fini de ramer, les clients se sont fait la paire et, sans rime ni raison, se sont mis à aimer cette vamp avariée au sein refait à neuf : Miss Amazon, déesse impérieuse et impérialiste, parée des attributs de la modernité, des pantoufles de vair de Cendrillon au bal, fournisseuse officielle de bonheur dans le pré connecté du village mondial.
Habiter la Suisse ne préserve pas du malheur d’être chocolat. On a donc prié Rémi et Marie, nos libraires, de mettre la clé sous la porte, de plier boutique. Ils ont dû quitter leur repaire d’amoureux des livres, ont été virés comme des malpropres par le pape du mercantilisme qui, en prime, a transformé leur local dédié à la culture livresque en boutique de vente de smartphones. Mon Dieu ! Comme ce monde est âpre, qui vous prive d’un seul coup de ce qui vous rendait si humain, ivre de contacts, de partages, de repères communs avec tous ces clients devenus des amis.
Heureusement le maire de Bâle s’est ému de leur sort. Ila bien vu à la tête de la mariée et à la tronche d’intello binoclard du marchand de livres que toute reconversion était râpée d’avance pour eux, qu’il ne fallait pas penser les faire riper sur quoi que ce soit d’autre dans un monde où Nabila est une star et les Stentors disques de platine.
Dans sa ligne de mire, il y avait justement le « Zoo du dessous du réel » qu’il avait récemment inauguré.
- Vous y serez nourris, logés, blanchis, vous n’aurez rien à faire qu’être là tout le jour. Vous pourrez jouer au rami ou lire vos satanés bouquins ».
Il y a pire dans le genre : périr en mer, commettre un impair et se retrouver les quatre fers en l’air dans la prairie avec un troupeau de bisons qui vous passe dessus (ces bestiaux ne sont pas très futés). Alors Rémi et Marie ont accepté cette situation de pensionnaires du zoo de Bâle. Ils y ont pris leurs habitudes.
(Cette illustration est signée Plonk et Replonk)
Quelquefois, pour se changer de la lecture et de la conversation à travers les barreaux avec les visiteurs en troupeau, Rémi va s’asseoir sur son pneu-rocking-chair avec une grille de mots croisés. C’est le cas aujourd’hui et bien qu’il ne pleuve pas, qu’il n’ait pas eu à mettre son imper, il sèche sur le 3 vertical.
- En six lettres, Marie ? « Bandard fou d’avant Moebius » ?
Marie vient se pencher derrière lui et elle lui répond :
- PRIAPE !
- Ah mais oui, bien sûr ! Comment ai-je pu ne pas y penser ? Est-ce que tu peux m’aider aussi pour le VI horizontal ? « Comte à dormir debout » ? J’ai pensé à « somnambule » mais ça ne rentre pas : il n’y a que sept lettres.
- Je ne vois pas pour l’instant. Mais tu ne la trouves pas bizarre, la solution de la grille de la semaine dernière ?
- Qu’est-ce qu’elle a ?
- Tous les mots ont l’air d’être composés avec les lettres d’un seul mot plus long.
Rémi observe la liste :
VAMP PIRE EMPIRE VRAI VIRER VAIR VARIER PRIE PRIME MARIE APRE RAPE RIME RAME MARIEE REPAIRE REPERE PRE PIPE PAPE PARE MIRE IMPER PAIRE MAIRE PRIAPE PRAIRIE APPARIE PIPER RIPER RAMI ARRIVER MEME IMPAIR PAPIER AIMER PERIR AVARIEE AIME IVRE PRIVE AMI MER
- C’est quoi, ce truc ?
- Ce sont des dérivations de VAMPIRE et du coup j’ai trouvé ton VI horizontal. « Comte à dormir debout », c’est DRACULA !
- T’es trop forte, Marie !
Et, bien que Suisse, en remerciement, il lui chante une chanson belge du groupe Sttellla.
Ecrit pour le Défi du samedi n° 283 à partir de cette consigne
QUATRE VARIATIONS VACANCIERES
La valise acquise à Valence
Où donc l’emmener en vacances ?
A Venise ? A Saint-Paul-de-Vence ?
Pleine de devises à Trévise ?
Pleine de pétulance à Lens ?
Même si toi tu t’en balances
Je crois que je penche pour Pise !
***
Celui qui oublie ses valoches
A l’avant du train
Mérite une paire de taloches
Ou qu’on lui botte l’arrière-train.
***
Sur le cannevas des vacances
Je tire un fil qui va
De Paris où l’on danse
Le french-cancan
Jusqu’à Cannes
Ou à Vannes
En passant
Par Trifouilly-les-Oies
Où la cane cancane
A propos des noces de Cana
Où Vanessa trouva
Son petit paradis
***
C’est si compliqué de savoir
S’il faut aller passer ses vacances en Vallonie
Ou ses ouacances en Ouallonie
Que la plupart des Belges préfèrent
Partir les passer en Espagne.
Bonnes vacances à toutes et à tous !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 252 à partir de cette consigne.
DU PARADOXE BELGE
23 lignes pour souligner ce paradoxe incroyable, à savoir que la Belgique est le seul pays au monde à nous faire cadeau d’artistes de talent qui, à l’instar de René Magritte, font consensus autour d'eux partout sur la planète ou au moins dans ma salle de bain ? Mais on me demande l’impossible, là !
Car la liste va être longue des natifs et natives d’outre-Quiévrain que l’on pourrait asseoir dans le fauteuil du peintre surréaliste. Et le jeu risque d’être amusant : quel objet donner en pâture-peinture à l’artiste belge « clairvoyant » ?
Nous mettrons hors-jeu d’emblée Verlaine et Rimbaud : déjà ils étaient Français et le voyant, sans doute pas clair, n’a pas vu venir le coup de revolver !
A part cela, qui pourrait avoir une dent contre Jacques Brel ? Son « Ne me quitte pas » n’est-il pas la chanson d’amour par excellence ? Ses « Flamandes » et ses « Bourgeois » nous ravissent toujours alors que ses « Bigotes » sont le portrait le plus prémonitoire qui soit de Christine Boutin et Frigide Barjot en train de participer à la procession du Saint-Sang à Bruges («Nous partîmes Saint-Sang mais par un prompt renfort… ») ?
Asseyons le grand Jacques dans le siège de René et posons sur le guéridon une péniche. Nul doute qu’il peindra sur la toile une potence afin que le canal s’y puisse pendre, c’est là une tradition du plat pays qui est le sien.
A la place d’une péniche, installons une gondole. Avec de l’Italie qui descendrait l’Escaut il nous fera des vues de Bruges, une ville ou moi aussi je retournerais bien volontiers.
Changeons la gondole pour un sifflet et rappelons un peintre et un cinéaste. Paul Delvaux nous peindra une de ses gares magnifiques ou de belles dames hallucinées et dénudées sembleront échappées tout droit du Malpertuis de Jan Ray. Sur le quai B la locomotive et les wagons d’ « Un soir un train » d’André Delvaux s’arrêteront.
Une carte postale de Sète ou de Caen suffira pour que Raymond Devos nous peigne une mer démontée, mais lui est hors compétition : même avec trois fois rien il nous faisait toujours quelque chose de neuf.
Du chapeau melon de Magritte Simenon coiffera Maigret et sur la toile il posera ce moment où tout bascule dans la vie d’un homme. Cela prendra la forme d’un jockey perdu, individu figé dans l’écorce ou la course du temps.
D’une fleur dans un verre on verra naître sous la plume de Franquin le fantastique Gaffophone.
D’un demi de bière – pour la marque on n’aura que l’embarras du choix ! – Annie Cordy en fera des tonnes et des tonneaux pour caricaturer Angela Merkel en Frida Oum Papa.
Avant que la limite des 23 lignes ne soit atteinte ou dépassée, révélons un dernier secret : lorsque la séduisante Georgette, l’épouse de Magritte, a posé sur la table un almanach Vermot, ni Zigmund, ni Sebarjo ni moi n’avons volé ce livre. C’est bien sûr Jean-Luc Fonck, du groupe Sttellla, qui s’en est emparé pour truffer de bons mots quelques galettes reconstituantes dont, plus que jamais en cette période d’austérité, nous vous recommandons l’usage. Car c’est aussi ainsi, par cette jovialité et cette humanité partagées qui vont du Libellule de Maurice Tillieux au « Vous permettez, monsieur ? » d’Adamo, des « Yeux de ma mère » d’Arno au « Ca plane pour moi » de Plastic Bertrand, de « la longueur tuée dans l’œuf » de notre oncle Walrus au mariage de Mlle Beulemans, du Martini de Mussolini...
...au W comme wagon de train d’Adrienne, des énigmes célestes d’Anémone à la poésie au point de croix de Lorraine, de t'Kliekske à la plus formidable des Belges d'honneur de l'Iowa, du marsupilami au Chat de Gelück, des « Ah que » de Johnny Hallyday aux merveilles de Julos Beaucarne, de Dupond à Dupont en passant par la Castafiore que la ligne est claire, qu’Allah est grand, comme disait Vialatte, et que le pays du Maneken Pis marque son territoire et réjouit ma mémoire. Cela dit, je reprendrais bien encore un Léonidas, ceux avec la noisette étant mes préférés !
P.S. Ce texte, accompagné de ceux que j’ai publiés ici ces dernières semaines, pourrait très bien intégrer un recueil intitulé : « 23 lignes pour chro-niquer mon Alzheimer ! ». Ca me plairait assez ! Et maintenant, chantons du Belge !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 244 à partir de cette consigne.