Cinq aquarelles sarthoises retrouvées
Elles sont datées du 21 et du 22 août 1995. Il y en a quatre qui sont faites d'après des diapositives prises au festival des Affranchis dont un portrait de Madame Raymonde (Denis d'Arcangelo). Une autre, celle des barques, est peut-être issue d'une balade à Morannes-sur-Sarthe ? Je l'ai un peu retouchée dans Photoshop, les noirs manquant de profondeur.
CINQ ANAGRAMMES A QUATRE MAINS
Ame de Salzburg, l’été, indicible, intouchable, imperceptible à l’imperméable que j’étais en 1985 !
Le passage en Autriche s’est effectué à l’issue d’un périple foldingue dans une Tchécoslovaquie encore communiste à l’époque. Nous y avions erré sans planification quinquennale ni préalable de nos lieux de séjour. Nous étions allés de camping improbable avec feu de camp collectif à deux mètres de votre toile de tente en camping avec taxe de luxe, comme au Monopoly, pour les étrangers en passant par pas de camping du tout, une nuit en pleine campagne à dormir à trois dans une Fiat Panda !
Lorsque nous sommes arrivés dans ce camping autrichien en bordure d’un très beau lac, le gérant allait fermer ses portes. On s’est inscrits en vitesse et on est allés se baigner. Je me souviens très bien de la fête de la bière qui a suivi de l’autre côté du lac, du feu d’artifice et du rangement des chaises métalliques à quatre heures du matin.
De Salzburg j’ai gardé souvenir d’enseignes surchargées, hélas photographiées en noir et blanc. Nous avons croisé Simone Weil et surtout nous n’avons même pas cherché à voir le Mozarts Geburtshaus, La maison natale du petit génie Wolfgang Amadeus. C’est que je préférais alors Vivaldi et les Beatles. Il aura fallu que je voie « Amadeus », le film de Milos Forman, un Tchèque sans provisions, pour que je me mette à apprécier la reine de la nuit, le concerto pour clarinette, le requiem, bref, le beau legs de Mozart.
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La vie en rose, à part dans sa belle robe d’anniversaire, celle avec laquelle elle a posé pour le tableau peint par son oncle Eugène Amaury-Duval et conservé au Musée des Beaux-Arts de Rennes…la vie en rose, la vie heureuse, la vie joyeuse, Isaure Chassériau ne l’aura pas connue.
Est-ce son père, Adolphe Chassériau, le libraire-éditeur aux expériences foireuses qui lui a donné l’exemple d’une vie triste ? Je crois me souvenir qu’il a fini par s’exiler en Amérique du Sud et qu’il y est mort jeune, laissant la maman d’Isaure, Emma-Antigone Duval, veuve, parisienne et salonnarde, vivre de leçons de piano, de confection de sacs et bijoux et surtout d’un remariage réussi avec un député vendéen, M. Guyet-Desfontaines.
Le mariage d’Isaure Chassériau avec un militaire devenu percepteur, Alfred de Brayer, fut un réel échec. Les jeunes gens ne s’entendirent pas, ils se séparèrent et Isaure la neurasthénique abandonna sa vallée de larmes à l’âge de 35 ans.
Toute cette somme d’informations perdues, toute cette histoire parallèle ou perpendiculaire à la ville de Rennes dont tout le monde se fiche éperdument aujourd’hui, Joe Krapov et moi-même nous demandons parfois si on ne l’a pas inventée, si cette existence fut réelle ou si on l’a rêvée.
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« Le Bateau ivre », moi, je n’ose plus le lire, ce texte !
Je connais deux personnes à Rennes qui savent ce poème par cœur et, je dois l’avouer, elles me font peur toutes les deux. Il faut, pour apprendre ce truc, être à mon humble avis aussi fou que l’auteur, ce jeune provincial fugueur de seize ans monté à Paris pour le réciter devant un cénacle de poètes ébahis qu’il ne mit pas longtemps à agresser de sa folie de punk à chien sans chien des Ardennes. Oui, c’est ça, Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud !
Et pourtant ce n’est pas l’envie qui me manque de l’enregistrer à mon tour. Oui, derrière Gérard Philipe, derrière Léo Ferré. Tout est possible, tout est réalisable et sur ma chaîne Youtube la vidéo postée par moi qui a le plus de succès est une interprétation déglinguée de « La Patrouille des éléphants » extraite du « Livre de la Jungle » de Walt Disney.
Autant dire que je ne risque rien à le faire sinon à m’effrayer moi-même d’avoir osé toucher du doigt et de la voix cette beauté virale.
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Serge Gainsbourg ! On pourrait dire aussi, à la façon du dictionnaire : Gainsbarre, Serge : provocateur des années soixante à quatre-vingts du XXe siècle qui a fait fortune en vendant de la chansonnette en art mineur, alors que toute sa vie, à l’instar de Ludwig Van Beethoven, il a cru qu’il faisait de la peinture.
Mais pas la peine de se prendre la tête de chou à propos de cet homme-là, de son « soixante-neuf année érotique », de sa « Marseillaise » en reggae, de son « Je t’aime moi non plus », de son roman « Evguénie Sokolov », de sa façon de brûler un billet de cinq cents francs devant les caméras de la télévision ou du fait de filmer des petites filles toutes nues qui courent sur une plage pour illustrer un clip de Renaud.
On connaît moins le cinéaste qui a transposé dans « Equateur » avec Francis Huster le roman "Le Coup de lune" de Georges Simenon.
Et moi je l’aime bien pour ça, pour sa « Javanaise », pour son « Accordéon », pour son « En relisant ta lettre », pour sa couleur café, pour ses petits papiers et même ses sucettes à l’anis, sa poupée de cire, sa poupée de son, sa situation sous le soleil exactement. Bien plus pour ses chansons que pour ses provocations notoires ou ses grabuges ignorés.
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Le chant des sirènes monte dans le jour. C’est le premier mercredi du mois et il est midi.
Mais pourquoi ne les entends-je pas ? Pourquoi ne les entends-je plus ? Non seulement je suis attaché au mât du navire Terre en grande perdition pour cause de réchauffement climatique, de populisme et de guerres larvées ou déclarées à tous les étages mais en plus je deviens dur de la branche, sourd comme un pot, malentendant comme un Tryphon dans un champ de tournesols appartenant à M. Van Gogh ?
Le chant des sirènes monte dans le jour. En février prochain François-Ulysse en prendra pour son grade et ça bardera pour Pénélope !
Je ferai une croix sur une partie de mon odyssée. On couchera le roi de Sabolie et j’abandonnerai dans un coin de ma mémoire ces jolis paysages de la Sarthe avec l’abbaye de Solesmes, les pénichettes et les barques amarrées devant dont j’aimais tant les tendres chaînes.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 24 septembre 2019
d'après la consigne ci-dessous
Sablé-sur-Sarthe sous un ciel d'orage en juillet 1993
Quand je suis en vacances, je travaille comme un malade ! Ces jours-ci, alternant parties d'échecs contre Titan Chess au niveau 6 avec les noirs et numérisation de diapositives anciennes, je "nettoie" mon grenier. Cela vous vaut ici d'autres images de ce petit village bien français dans lequel j'ai passé douze ans qui, peu à peu, se dirigent vers l'oubli. Pourtant certaines traces de ce "passage du poète dans le Sud de la Sarthe" sont assez jolies, non ?
Retour à Sablé-sur-Sarthe le 9 juillet 2018
"Eugène Sue me regarde !"
Les célèbres boules du roi François 1er de Sabolie sont toujours sur la place
et la statue des joueurs de pétanque qui s'embrassent aussi !
Toujours pas de plaque commémorative du genre
"Ici ont habité Joe Krapov, Marina Bourgeoizovna, Monsieur Jibhaine
et Mademoiselle Zell de 1989 à 1995 "?
;-)
Toujours pas de plaque commémorative du genre
"Ici ont habité les mêmes rigolo.te.s de 1995 à 1997"?
;-)
- Ici j'ai travaillé douze ans.
- Dans un bateau ?
- Non, dans le château !
Retour à Solesmes-les-Bains (!) le 9 juillet 2018
L'abbaye de Solesmes vue depuis Juigné.
Dieu sait comme j'ai photographié déjà mille fois cette abbaye ! Mais voilà une photo que je n'aurais pas pu prendre il y a vingt ou trente ans lorsque j'habitais la ville voisine : il n'y avait pas de roses trémières sur la petite place d'où l'on a la meilleure vue sur le monument.
Et il n'y avait pas d'effet créatif "dessin" sur les appreils photos argentiques à l'époque !
Asnières-sur-Vègre le 9 juillet 2018
Est-ce que ça existe encore, "Asnières-sur-Toile" ? Ah ben oui, dites-donc ! Et en plus c'est mon ancien collègue, Michel Hivert, celui qui m'a portraituré en cigale de La Fontaine, qui a remporté le grand prix 2017 !
Avoise (Sarthe) le 9 juillet 2018
Ici, je crois bien que nous n'étions jamais venus. Et pourtant le tableau qui est accroché au-dessus de notre lit représente bien cet endroit bucolique. Je reviendrai sur cette histoire un jour ou l'autre. Ou pas !
A Parcé-sur-Sarthe le 9 juillet 2018
C'était très drôle de parcourir les rues de ces charmants petits villages dans lesquels les habitants semblent vivre calfeutrés. Ca nous a redonné l'impression que nous avons ressentie lors du bilan avant notre départ pour Rennes : nous avons bien vécu ici mais nous sommes toujours restés des étrrrangers. En même temps, moi, ça me va bien, le statut de "mec zarbi" et la vie de touriste !
Pèlerinage à Dureil (Sarthe) le 9 juillet 2018
L'Auberge des Acacias à Dureil n'est plus. A moins d'une résurrection soudaine, il ne me semble pas que nous reprendrons cette petite route entre Parcé et Malicorne. Elle menait, à travers bois, à une auberge de charme, isolée à l'entrée de village de Dureil, dans laquelle on mangeait très bien. Je me souviens d'avoir imaginé là, pour les enfants que nous avions à l'époque, une histoire à propos de la tête de sanglier suspendues au-dessus de la cheminée : "Dans la cuisine, qui est située derrière, ce sont les pattes et la queue qui sont accrochées !".
Quelques temps plus tard, dans le téléviseur de leur grand-mère, nous avons vu "Lapin chasseur" de Jérôme Deschamps et Macha Makéieff. La même idée de décoration de la cuisine avait été reprise par les auteurs des Deschiens !
Malicorne-sur-Sarthe le 9 juillet 2018
Finalement j'interromps la pause juillettiste de ce blog pour publier, en billets courts et programmés, un tour du Sud Sarthe en 35 photos. Aujourd'hui nous sommes dans la cité de la faïencerie, à Malicorne-sur-Sarthe.