A l'école de musique de Sablé-sur-Sarthe en juin 1995 (1)
Vous savez comment ça marche ? On descend la pochette de négatifs du grenier pour trouver des photos de la Cantonade.
Et au lieu de scanner les partitions de la chorale Choeur à coeur on se met à scanner les négatifs de la pochette en question en jouant des parties contre Titan Chess au niveau 6 (ben oui c'est long de scanner des diapos et des négatifs !) ! Heureusement la température a un peu baissé et j'ai pu faire trois quart d'heures de vélo cet après-midi. Sinon, en fait de vacances sportives et de nettoyage par le vide du grenier, c'était assez mal barré aujourd'hui et j'aurais pu chanter avec Jacques Higelin : "Encore une journée d'foutue" !
Ces photos ont sans doute été prises au concert final d'un stage de violon de l'école de musique de Sablé-sur-Sarthe.
Elles sont la preuve de notre déjà grande curiosité intellectuelle de l'époque. Personne ne jouait du violon chez nous à part moi qui massacrais l'instrument en essayant de jouer juste par-dessus des cassettes du groupe folk Tournevire.
Morbleu ! Ils existent encore et sont sur Youtube !
Je vais encore perdre plein de temps demain à les réécouter en jouant de la guitare par-dessus leurs morceaux !
Quel effet ça fait d'avoir vingt-quatre ans de plus ?
A moi, rien !
La Fête de l'école Saint-Exupéry à Sablé-sur-Sarthe en juin 1995 (2)
Tu t'en sers encore, de cet argentique, camarade Jean-Yves ?
ROBIN ET MARION REVENANT DE LA FOIRE
En explorant mes archives de la Cantonade, je suis tombé sur cet air à boire anonyme daté d'octobre 1709 et auquel j'avais, en 1995, ajouté deux couplets. Je ne dispose évidemment pas d'enregistrements de l'époque (je parle de 1995 et non de 1709 !). C'est pourquoi j'ai passé ma matinée à taper la partition, écouter le rendu dans Noteworthy et chanter les trois voix pour enregistrer une version qui tienne à peu près debout.
En matière de vidéo, il n'y avait chez M. Youtube qu'une interprétation assez comique laissée là par de braves chanteurs estoniens.
Voici donc les paroles complètes et le diaporama chanté du jour !
Robin et Marion revenant de la foire
Air à boire anonyme d’octobre 1709
(version complétée des couplets 2 et 3 par Joe Krapov entre 1995 et 1997 )
1
Robin et Marion revenant de la foire
Robin et Marion revenant de la foire
Disaient une chanson qu'il ne fallait plus boire
Disaient une chanson qu'il ne fallait plus boire
Sinon du bon pour ce bon compagnon
Pour ce bon compagnon
Car tout homme qui boit
Peut ignorer tout ce qu'il doit
Car tout homme qui boit
Peut ignorer tout ce qu'il doit
Buvons, Soufflons, Vidons cette bouteille, dit-elle, dit-elle
Vidons cette bouteille et nous la remplirons
Buvons, Soufflons, Vidons cette bouteille, dit-elle, dit-elle
Vidons cette bouteille et nous la remplirons
2
Si ç'n'est pas du Layon ce sera du Jasnières
Si ç'n'est pas du Layon ce sera du Jasnières
Le vin de la région est bon pour nos artères
Le vin de la région est bon pour nos artères
Sifflons, mon bon, force petits litrons
Force petit litrons
Car tout homme qui boit
A toujours le coeur mis en joie
Car tout homme qui boit
A toujours le coeur mis en joie
Buvons Chantons La foire est terminée dit-elle dit-elle
La foire est terminée mais nous la referons
Buvons Chantons La foire est terminée dit-elle dit-elle
La foire est terminée mais nous la referons
3
D'avoir bu m'émoustille et tu es bien mignonne
D'avoir bu m'émoustille et tu es bien mignonne
Tu as I'oeil qui pétille et sembles polissonne
Tu as I'oeil qui pétille et sembles polissonne
Allons, tendron, à I'abri d'un buisson
A I'abri d'un buisson
Car tout homme qui boit
Ne peut rester longtemps de bois
Car tout homme qui boit
Ne peut rester longtemps de bois
Marion, allons ! Cupidon nous appelle dit-elle dit-elle
Cupidon nous appelle, suivons son aiguillon !
Marion, allons ! Cupidon nous appelle dit-elle dit-elle
Cupidon nous appelle, suivons son aiguillon !
La chanson est à 55' 55"
ON BRADE A LA CANTONADE !
Entre les deux étagères pleines de boîtes à archives, au grenier, il y avait un cartable en toile avec un autocollant « Pays de Loire » récupéré on ne sait où et apposé dessus.
A l’intérieur un gros classeur rose et une chemise cartonnée rouge. C’est ce qui me reste des chorales que j’ai fréquentées quand nous habitions dans la Sarthe.
Pour la première, Chœur à cœur d’Auvers le Hamon, il me reste des programmes de concerts et le plus ancien est d’avril 1993. J’y aurais sans doute mis les pieds en septembre 1992, entraîné par Gilou Syrinx et accompagné de Nestor Burma et Marina Bourgeoizovna. Oui, ce sont des pseudonymes.
La chorale était alors dirigée par Anne-Marie Hubert, par ailleurs professeur de guitare à l’école de musique de Sablé-sur-Sarthe. En 1995, cette charmante dame a monté un chœur d’hommes, la Cantonade, dans lequel Gilles et moi sommes allés également donner de la voix.
Le classeur et la pochette contiennent les partitions des chansons au programme de ces années-là. J’ai entrepris de les scanner avant de m’en débarrasser. J’ai commencé par le répertoire de la Cantonade :
Alle psallite cum luya (motet du XIIIe siècle d’un auteur anonyme)
L’Alligator (Robert Desnos ; Jean Gauffriau)
Amazing grace
Au pied d’un rosier (traditionnel)
Bonsoir le maître de maison (chant à répondre de Grande Lande harmonisé par B. Lallement)
Chœur de la chasse (extrait d’Hyppolite et Aricie) de Jean-Philippe Rameau
Cohors generosa (vieille chanson estudiantine hongroise harmonisée par Zoltan Kodaly)
Fidelio de Ludwig van Beethoven : Finale du 1er acte
Go down Moses (negro spiritual harmonisé par Christian Balandras)
Gwerz Jorj Courtois (Tri Yann)
Jacob’s ladder (negro spiritual arrangé par B. Oliveira)
Je rencontrai un gros Normand (anonyme du XVIIIe siècle harmonisé par Madeleine Périssas)
Laissons chamailler (traditionnel)
Le Moteur à explosion (Sylvain Richardot de Chanson Plus Bifluorée d’après Le loup la biche et le chevalier d’Henri Salvador et Maurice Pon)
Nietzvoda (chant polyphonique russe)
Pannan mwen dan lawmé (biguine ; paroles et musique de Al Lirvat)
Podmoskovnaya Berezka (A Fliakovskiï ; paroles de V. Kotov)
Potemkine (Jean Ferrat ; harmonisation Jean Golgevit)
Les Poupées rétro (Ricet Barrier)
Robin et Marion revenant de la foire (air à boire anonyme de 1709)
La Soupe au fromage (hymne culinaire de Schaunard ; paroles de Max Buchon. XIXe siècle)
Sweet nymph (Thomas Morley ; 1595 extr. de Premier livre de Canzonets)
Tibié paiom (liturgie orthodoxe slave de Dmytro Bortnianski (1751-1825)
Trans Europ Express (Claude Pascal ; 1980)
D’après les trois programmes de 1996 et 1997 il y avait aussi «Vive Heni IV !» et «Vykhojou odin ja na dorogou» mais j’ai dû mettre ailleurs ces deux partitions-là.
L’effectif de la Cantonade était de 36 membres en 1995 et de 34 en 1997. Je suis étonné d’y retrouver dans la liste des c hanteurs ce numéro de téléphone 02 43 95 27 21 qui était le mien, que je connaissais par cœur et que j’avais oublié depuis. Mais dont je vais me souvenir au moins toute cette semaine alors que c’est parfaitement inutile !
Si quelque musicien, choriste ou chef de chœur passait par ici, qu’il le sache : j’ai déposé ces partitions sur dl.free.fr. Elles sont récupérables pendant un mois sous forme d’un fichier zippé contenant les documents au format jpg.
La Cantonade existe toujours : https://sites.google.com/site/lacantonade72/
Je n’aime pas jeter mais j’aime bien partager avec qui n‘en veut les traces de mon bien lourd passé !
ISAURE S'EN PREND A M. GOOGLE-BOOKS !
10 novembre 1886
On est tous le sagouin d’un autre. Allez savoir si ce petit singe dont on m’a chargé de faire l’éducation ne me traite pas de tous les noms d’oiseaux qu’il connaît dès que j’ai le dos et la soutane tournés ? « Le macaque sent toujours le hareng », comme dit le proverbe touareg made in Breizh.
Si on m’avait prédit au grand séminaire que je passerais ma vie à aller de château en château pour venir à bout, aidé de domestiques plus ou moins évolués, de ce genre de sapajous, j’aurais peut-être bien fait demi-tour et, plutôt que de devenir « ce bon abbé Raquin », précepteur du petit-fils de Madame la duchesse de Chevreuse, je….
Qu’eussé-je fait, au reste ? Nul ne sait ce que sera son destin, son cheminement, sa profession vers les vingt ans. Les voies du Seigneur sont impénétrables.
Et après tout, ce petit Manu dont je m’occupe est peut-être promis à un destin grandiose auquel j’aurai contribué pour une petite part ? Sera-t-il ambassadeur ? Général ? Député-maire ? Propriétaire terrien ? Banquier ? Président de la République ? Il n’en prend pas vraiment le chemin si j’en crois ce que j’ai noté dans mon journal intime :
« Jeudi 7 octobre
Le gosse, impassible, raisonneur, vantard, se moque de M. Moulin, devient insolent, malhonnête, refuse de corriger son devoir, me dit qu’il sera bien content d’être débarrassé de moi pendant la journée, est privé de monter à cheval, en revenant casse un service de porcelaine, jure ses grands dieux que ce n’est pas lui et est malhonnête pour sa grand-mère à laquelle il répond insolemment. Se tient passablement à table, fait presque une scène à la chapelle pour sa prière, ne cesse que devant la menace et s’en va se consoler dans le sein de la belle Julie pendant qu’Albert, le domestique, le cherche partout.
Vendredi 8 octobre
Le gosse fouetté en règle, à 8 ans, par sa grand-mère, Henri, un autre domestique, tenant le patient. La grand’mère vient me l’annoncer tout émue. Le gosse, néanmoins, s’en vient en classe quelques instants après en chantant et en dansant.
Etc., etc. "
Il ne m’appartient pas de porter un jugement sur les gens qui m’emploient et me paient mais cet usage voire cet abus du châtiment corporel par Madame la duchesse me hérisse un peu le poil. Heureusement cette humiliation permanente des fessées cul nu, ces tournées de martinet, n’ont aucun effet sur le comportement du gamin. Il sort de la correction en tirant la langue, faisant les cornes et en chantant ces diableries dont je me demande bien qui a pu les lui apprendre. Peut-être tient-t-il ce caractère mi-rousseauiste, mi-voltairien de sa mère ? Ce serait ça l’âme russe ? En prendre plein la tronche et continuer à chanter Kalinka ou Bayouchki Bayou ? Ce doit être son côté bon petit diable ou général Dourakine. La princesse Galitzin et la duchesse de Chevreuse, à ce qu’on m’a dit, ne s’entendaient pas très bien. Il est bien possible qu’elle ait monté cet enfant contre sa belle-mère.
S’il y eut ce procès retentissant, si je suis là, c’est bien pour que l’étrangère soit dépossédée et que les biens, les terres et le château restent, par l’intermédiaire de ces deux enfants-là, dans la famille d’Albert de Luynes-de Chaulnes- de Chevreuse, je me perds dans leurs titres et me noie dans leurs pages de mauvais roman balzacien. Peu importe leur nom. Mon élève est un âne et tous les ânes s’appellent Martin. Asinus asinum fricat. J’enseigne le latin à un petit sagouin.
Si j’avais un peu de temps en plus, je reprendrais bien aussi l’éducation de la bonne, la petite Julie qui s’occupe d’Emmanuel. Encore qu’elle en sache beaucoup plus que moi sans doute sur les choses de la vie, au moins sur le côté « origine du monde » et Jeanneton prend sa faucille la rillette, la rillette (nous sommes dans la Sarthe). Il y aurait beaucoup à reprendre dans son effronterie et beaucoup à dire sur sa légèreté de cuisse. Je l’ai surprise cet après-midi dans la tour du trésor en compagnie d’un vaurien des alentours de Solesmes qui vient faire les quatre cent coups par ici. Je le reconnaîtrais entre mille : il a des sourcils broussailleux et des opinions socialistes. Je crois que ce banlieusard s’appelle Ulysse.
13 novembre 1886
Tout cela m’indiffère désormais ! Je laisse Julie à son Ulysse et Manu à son destin de 9e duc de Machin Truc qui sera passé chez les Jésuites du Mans. Je pars dans 24 heures pour un autre poste à Louviers chez M. et Mme de La Haye-Josselin. Pas fâché de quitter ce château qui me foutait les boules ! Merci Seigneur !
***
On est tous le sagouin d’un autre et je ne suis pas la dernière des sagouines. Qu’est-ce qui me prend de farfouiller dans la vie de ces gens qui ont peut-être encore des descendants vivants aujourd’hui ? Voilà que je donne libre cours à des tendances «journaliste fouille-merde» au prétexte que je suis échotière très épisodique au journal « Le Défi du samedi » ! Et tout ça parce que monsieur Krapov, mon ancien hébergeur, a fréquenté ce château si empli de fantômes et de phéromones dans sa jeunesse !
Il n’empêche. S’il y a un autre sagouin dans l’histoire, c’est celui qui a entrepris de publier le journal intime de l’abbé Raquin en vue de glorifier ce coin de France qu’on appelle le Charolais ! Un journal intime, ça devrait le rester non ?
Et s’il y a un sagouin ultime c’est forcément monsieur Google-books. Quelle manie il a, celui-là, de caviarder des passages dans les livres qu’il reproduit ! Mille milliards de bachi-bouzouks ! Va jusqu’au bout, espèce d’enflure numérique ! Soit tu as le droit de reproduire le livre et tu nous le donnes dans son entièreté, soit tu es un voleur et alors cache-toi et garde ton butin !
Foi d’Isaure Chassériau, tu m’énerves à faire les choses à moitié ! Toi tu salis et tu salopes quand nous on salive au salon ! Sagouin, va !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 546 à partir de cette consigne : sagouin