21 juillet 2022

DES ARBRES ET DES RACINES EN SARTHE

On a pu voir sur les photos que j’ai prises de Tascabillissimo comme le parc des Carmes à La Flèche offre un cadre propice aux concerts champêtres. "La Sarthe est un jardin extraordinaire" clamait-on dans le journal départemental à l’époque où nous avons habité la bonne ville de Sablé.

De fait, pas très loin de la forêt de Bellebranche, nous n’avons pas pris racine mais… nous avons fait souche !

Notre fils et notre fille ont posé loin derrière eux maintenant leurs années d’enfance où je les emmenais à la bibliothèque municipale, dans le parc du château, à l'hippodrome, au carnaval et où nous leur faisions découvrir les 24 heures du livre et les Cénomanies au Mans ou le festival des Affranchis à La Flèche.

Nous, depuis que les Tombées de la nuit rennaises sont devenues une catastrophe conceptuelle, nous avons pris l’option de retourner à celui-ci chaque année pour nous gaver pendant deux jours de théâtre de rue, de musique et de cirque, de soleil de juillet et de paysages de bords de Loir.

2022-07-09 - 285 2

Depuis quelques années nous ajoutons à ce plaisir celui de déjeuner à « L’Etoile du Maroc » en compagnie du bon docteur Zigmund et de sa belle Gabrielle dont je ne vous dis que ça parce que si je me lance dans l’évocation des passions que j’ai en commun avec cette dame, le début Bird 1.f4 et le double fianchetto dit « hippopotame » ou « méthode Ruiz », vous allez vous y perdre ou plutôt on va vous perdre en route.

Nous avons aussi rencontré là une année la charmante Miss Bongo(pinot) : c’est dire si la Sarthe est une terre de Défi (du samedi) !

Mais revenons à cette histoire d’arbres et de racines qui fait écho au billet de ce jour de Dame Adrienne.

2022-07-09 - Nikon 5

 

2022-07-09 - Nikon 8 recadrée

Il y avait cette année un nouveau lieu très arboré, le jardin de la Dauversière, où nous avons vu deux beaux spectacles. Celui d’Arsène Folazur (Dominique Gras), une merveille d’humour et de poésie, une fête du langage qui trouve sa source chez Sol, Pierre Repp, Raymond Devos et d’autres grands noms comme Rimbaud ou Jean-Roger Caussimon ; celui, de danse acrobatique aérienne, de la Compagnie Camille Judic, « Peau d’âme », plus difficile à photographier.

2022-07-10 - Nikon 23

 ***

Au fur et à mesure de nos retours à La Flèche, ces années de vie sabolienne prennent pour nous des allures d’incunable : cela fera vingt-cinq ans en septembre que nous en sommes partis.

Quand on y pense, c’est grâce aux arbres et à l’usage qu’en fait l’homme que j’ai pu mener la vie de château pendant douze ans là-bas. J’ai effectivement oeuvré, avec mes modestes moyens, à la sauvegarde du patrimoine imprimé de la nation au sein de la très vénérable Bibliothèque Nationale pas encore de France. C’est que voyez-vous, le papier utilisé à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, fabriqué à partir de pâte de bois, a une fâcheuse tendance à brûler, à jaunir, à partir en lambeaux.

D 93 22 34 Sablé feu d'artifice du 14 juillet

Et donc ce Centre de conservation du livre de la B.N. oeuvrait à la reproduction des documents fragiles sur microfiches et microfilms dans le lieu même où Charles Cros travailla à des recherches sur la photographie des couleurs, dans ce château du XVIIIe siècle qui appartint à Colbert de Torcy, à la Duchesse de Chevreuse et à son fils le duc de Chaulnes, puis à une famille d’industriels du Nord, les Williot, qui fabriquèrent là de la chicorée.

***

Me voilà donc avant-hier à raconter en une phrase ce phénomène chimique sous un autre billet d’Adrienne. Là-dessus je m’en vais chercher confirmation de mes dires sur le web et c’est là que je tombe sur… la fin de l’histoire ! Dans une série d’articles des « Nouvelles de Sablé » de 2021 j’apprends que le centre va fermer définitivement en 2027 ou 2028 et qu’il en sera de même pour celui de Bussy Saint-Georges que nous avions fui en 1997, préférant un exil au paradis rennais à un retour en région parisienne.

La BNF a lancé un appel d’offres – une vente aux enchères, plutôt ! - pour créer un centre nouveau pour le stockage des périodiques et la conservation-restauration de ses collections. Conditions demandées : fourniture de 15000 m² de terrain et plus, à moins de deux heures de train de Paris, participation financière forte de la collectivité territoriale répondant à un budget situé entre 70 et 90 millions d’euros. Cent emplois à la clé.

***

40 personnes à Sablé, 50 à Bussy vont donc se trouver face aux problèmes d’un déménagement forcé dans la bonne ville… d’Amiens qui a payé le plus pour décrocher le jackpot. Je sais, ça n’est rien par rapport à l’invasion d’un pays par un autre. Mais ça aurait pu nous arriver !

***

C’est quoi le paradoxe – forcément provocateur ou sado-masochiste - dans l’histoire ? Pendant que l’on s’agite et qu’on dépense un pognon de dingue - comme dit souvent un célèbre natif d’Amiens - pour conserver des vieux papiers – les forêts brûlent partout dans le monde ! Et nos blogs philosophico-humoristiques, si essentiels à la bonne santé mentale de leurs lecteurs·trices, ne relèvent toujours pas du dépôt légal ! ;-)

Allez, soyons positifs : nous avons bien rigolé là-bas et et c’est le pays natal de Joe Krapov, alors vive l’hiver, vivent les arbres… et vivent les racines ! 

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29 septembre 2021

En un mot comme en cent. 16 septembre 2021, Aujourd'hui une affiche

Rennes-Tottenham ! Un match de foot de coupe d’Europe à deux pas de chez nous.

Et un vrai boxon pour rentrer de Redon après avoir contourné les embouteillages du SPACE (salon d’agriculture breton assez renommé et fréquenté par ici) pour y replonger autour de la Chambre d’agriculture.

Après, toujours privé d’ordi, j’ai retrouvé les affiches des soirées Hydraulire que je co-organisais à Sablé-sur-Sarthe.

Dont celles-ci avec illustrations empruntées au grand Marcel (Gotlib).

Hydraulire 960123 Flyers de la soirée SF 1

Hydraulire 960123 Flyers de la soirée SF 2

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26 septembre 2021

En un mot comme en cent. 8 septembre 2021, Croire que

Aujourd’hui je crois que j’ai bien bossé. J’ai descendu plusieurs boîtes d’archives du grenier, les ai consultées, ai fait du tri et ai mis à la baille une caisse entière de paperasse.

J’ai retrouvé plein de trésors à scanner et à partager avant de les éliminer à leur tour.

Aujourd’hui où je n’ai plus d’outils, je crois que je me suis ajouté plein de boulot pour l’année qui vient et les nombreuses suivantes que je me souhaite !

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04 septembre 2021

A LA RECHERCHE DU TEMPS PAS TROP MAL PERDU. 1, Les Vide-poches

Malgré l’absence de signalement adéquat, j’ai fini par les retrouver, les photos des vide-poches.

DDS 679 Vide-poches 1On a beau exercer la profession de bibliothécaire, on ne peut tout de même pas, une fois sorti du boulot, continuer à faire du catalogage, de l’étiquetage, du rondage, du marquage et du repérage de tous ses documents personnels : il faut bien respirer un peu, s’occuper de sa petite famille, cuisiner, faire faire les devoirs, emmener les queniaux à la bibliothèque, souffler en jouant aux échecs le mercredi et le samedi avec le docteur Gobé, André Simon , Daniel Tailpied, Luc Rivard et ce vieux descendant d’Ecossais rafistolé de tous les côtés mais aussi prompt à vous raconter des grivoiseries qu’à se laisser planter un échec et mat rapide, le sieur MacLeod, descendant d’un ministre de Louis XV ; il faut remettre remettre le couvert échiquéen le dimanche dans le championnat départemental en affrontant les clubs du Mans, de Champagné, La Suze ou Château-du-Loir et aussi croiser le fer amoureux avec l’escrimeuse et experte en tir au pistolet qui me servait alors d’épouse-en-attente-d’un-retour-en-Bretagne.

Mais vous en avez marre des longues phrases proustiennes et vous n’avez pas compris le mot «queniaux» : c’est ainsi qu’on désigne les enfants en parler sarthois. Pensez à bien rouler les "r", ce faisant.

Parce que c’était en 1997, les vide-poches, et c’était à Sablé-sur Sarthe, une charmante cité que nous nous apprêtions à quitter alors pour la bonne ville de Rennes. Si vous avez besoin d’un repère temporel plus pop-culturel, souvenez-vous que c’est à cette époque-là que la Mercédès de Lady Di a joué au zouave dans le tunnel du pont de l’Alma.

DDS 679 Vide-poches 2Les trois photos sur papier étaient dans une pochette marquée «Pot de départ au château». Oui, la bibliothèque dans laquelle je travaillais était logée dans le château de Sablé qui avait appartenu jadis à Monsieur le marquis Jean-Baptiste Colbert de Torcy, secrétaire d'Etat puis ministre de Louis XIV. Elle doit toujours se trouver là d’ailleurs. Ce n’était pas, à vrai dire, une bibliothèque mais un centre technique de la Bibliothèque nationale de France. Il avait été installé dans ces lieux en 1981 et s’appelait le Centre de conservation du livre imprimé et manuscrit (CCLIM). Je me souviens encore avoir pondu un jour cette krapoverie-ci : «Le CCLIM ne paie pas !».

Je suis arrivé là en janvier 1985. Je suis donc resté douze ans Sabolien ! Rétrospectivement, c’est peut-être un exploit !

Les diapositives se trouvaient dans une boîte dénommée «D 97/11 Festival interceltique de Lorient", mises à la suite de photographies du groupe musical «Mes souliers sont rouges». J’ai donc ajouté sur l’étiquette et dans le listing de mes collections d’images «+ Exposition de vide-poches». Il y met parfois du temps mais le bibliothécaire retrouve toujours tout !

Les deux dernières années à Sablé, j’ai passé la surmultipliée. Je suis devenu, de façon tout-à-fait officieuse et parfois à moitié scandaleuse, animateur-agitateur culturel. J’ai publié des choses diverses, poésies, écrits satiriques, exposé des photographies, entraîné des collègues dans des animations autour du «Temps des livres» puis me suis acoquiné avec un comédien local, Lionel Épaillard, pour organiser des soirées de lecture publique baptisées Hydraulire. Tous les ans je sortais ma guitare le 21 juin pour interpréter sur la place Dom Guéranger des chefs d’œuvres de l’antiquité tels que «Le Lycée Papillon» de Georgius dont j’avais modifié les paroles ainsi :

«C’est en Normandie que coule la Moselle
Capitale Béziers et chef-lieu Toulon
On y fait l’caviar et la mortadelle
Et le député c’est François Fillon»

DDS 679 Vide-poches 3

L’exposition de vide-poches relève du même esprit de partage avec tous de ces richesses anciennes que nous voyions passer journellement au travail en vue de les photographier et de les restaurer. Ces objets pratiques ont été la dernière surprenante découverte faite au château, faisant suite aux œuvres du chanoine Schmid, à la collection Smith-Lesouëf, au fonds indochinois et aux brochures Lb39 datant de la Révolution française. Et c’est sans parler de Charles Cros qui vint ici faire des expériences de photographie en couleur et de mes pittoresques et fabuleux collègues, aussi bien les locaux que les immigrés, que je salue au passage.

Je me souviens que ces objets domestiques kitschissimes nous avaient été envoyés par le département des Estampes non pour un traitement quelconque - microfilmage, désacidification et reliure étaient les trois mamelles de ma mère nourricière, la B.N.F qu’à l’occasion j’appelais aussi «l’Abbé Héneffe» - mais juste pour stockage sur la plateforme au-dessus de l’entrée de service, là où avait dû se situer jadis l’usine de chicorée des frères Williot qui nous avait précédés ici de 1920 à 1968.

A l’occasion de la journée portes ouvertes, j’en avais exposé une sélection dans le salon Louis XIII, sous le plafond à caissons, par-dessus le parquet à la Versailles, face au portrait du duc d’Albert de Luynes, ancêtre du duc de Chaulnes qui patati et patata… Comment avez-vous deviné que j’étais aussi responsable des visites du château ? N’oubliez pas le guide, s’il vous plaît !

Voyez comme le monde est fait : cela va faire 25 ans que j’ai quitté la B.N.F. et je reste toujours aussi épaté voire intrigué par l’étrangeté des trésors qu’elle possède. L’instauration du dépôt légal par François 1er en 1539 lui fait obligation de conserver un exemplaire de tout ce qui est imprimé sur le territoire français depuis cette date, y compris ces objets aux couleurs fluorescentes dont le tampon, sur leur verso voire carément sur le visage de ces dames, indique la date de 1929.

C’est fou ! Vous imaginez un de ces trucs-là accroché au mur, chez vous ?

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Peut-être y en avait-il dans les chambres de l’hôtel Alsace Lorraine que tenaient Odilon et Céleste Albaret au 14 de la rue des Canettes à Paris 6e après avoir cessé leur service auprès du très maniaque Marcel Proust ? Allez savoir !

N.B. Les trois photos sur papier qui illustrent le texte sont certainement l'oeuvre de Philippe Masseau.


Ecrit pour le Défi du samedi N° 679 d'après cette consigne : Vide-poches

29 juin 2021

En un mot comme en cent. 29 juin 2021, Aujourd'hui tout le monde ne dit pas merci.

Tout le monde ne dit pas merci. Moi si. Je remercie le révélateur Atomal d’Agfa, le fixateur Agefix, et H2O pour le rinçage. Je remercie les pellicules Kodak, Ilford, Agfa et même les polonaises qui ne voulaient pas entrer dans l’appareil russe !

Je remercie Zénit, Kodak, Canon, Olympus et Nikon pour leurs formidables machines !

- Tu te crois nominé aux Césars, Joe Krapov ?

- Je viens de recevoir celui de la photographie pour mon combat contre les ravages du TIF !

- Le TIF ? Kèsaco ?

- Le «Tempus Irreparabile Fugit».

P 95 05 Carnaval de Sablé mars 1995 I 02 pénichette Fugue

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28 juin 2021

En un mot comme en cent. 28 juin 2021, Tout le monde ne porte pas de lunettes

2021 06 28 Isaure a mis ses lunettes de soleil

Tout le monde ne porte pas de lunettes

P 95 05 Carnaval de Sablé mars 1995 I 17 Mme Chaillou

Tout le monde n’a pas une bille de clown

P 95 05 Carnaval de Sablé mars 1995 I 21 Autruche

Tout le monde n’a pas un truc en plumes

P 95 05 Carnaval de Sablé mars 1995 I 18

Tout le monde n’est pas bouffon du roi

P 95 05 Carnaval de Sablé mars 1995 I 16 Elsa

Tout le monde n’a pas une bonne fée dans ses parages

Mais tout le monde a pris vingt-six ans dans les dents depuis
Que ces photos ont été prises

Et moi trou la la itou


 N.B. A part le portrait-collage d'Isaure Chassériau,
les autres photos ont été prises au carnaval de Sablé-sur-Sarthe en mars 1995.

02 juin 2021

WODKA, NIE WODA !

AEV 2021-33 Jean-Paul Deûle

Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes, paraît-il, ni de naître dans un pays où le plus sympathique des trous de verdure où coule une rivière s’appelle le canal de la Deûle.

Avec une partie de la famille originaire de Hasnon (prononcer «Ah non» comme dans «Ah non, alors !») j’aurais pu protester et réclamer une installation plus poétique sur les bords de la Scarpe, de la Lys ou de l’Escaut tout proches. Mais je n’avais pas voix ni voie d’eau au chapitre.

Alors quand ma vie a suivi son cours et que j’ai pu naviguer de mes propres ailes ou plutôt de mes propres rames, j’ai fait comme tout le monde et je suis monté à Paris voir si la Seine coulait encore sous le pont Mirabeau. Elle y était bien mais si j’en crois le Jeu des mille euros elle aurait dû s’appeler l’Yonne. Et pour ce qui est des gens du Nord je crois qu’il faut dire qu’on descend à Paris.

Evidemment, lorsque vous habitez la capitale et que vous avez vingt ans vous vous en fichez de la Seine. Les seuls ponts qui vous intéressent sont ceux du mois de mai. Les moustiques du Maroni, même s'ils ont depuis émigré jusqu’au Rheu, vous font aussi peu d’effet que les bateaux-mouches qui zonzonnent au pied de la tour Eiffel.

AEV 2021-33 JK 170714 Nikon 153

Même Georges Perec qui fut plus longtemps parisien que moi n’était jamais monté à bord de ces pièges à touristes. Mais puisqu’il est question de liquide aujourd’hui, j’admets que j’ai le crachat facile. N’ai-je pas succombé pour ma part, par amour du dérisoire, à la croisière sur la Meuse célébrée autrefois par le «Clair de Lune à Maubeuge» de Pierre Perrin ?

Et le summum du paradisiaque n’est-il pas encore à mes yeux le parcours en vaporetto de la plus belle avenue du monde, le Grand canal à Venise ? Mais, c’est vrai, ce n’est pas un cours d’eau, juste une voie de passage dans une cité lacustre, ça ne compte pas. Et puis maintenant avec Air Biènbi, les paquebots de croisière géants et le tourisme de masse, je ne suis pas loin de penser avec Charles Aznavour et Françoise Dorin que c’est triste, Venise.

AEV 2021-33 JK jpa jpi jojo à TenceBien sûr, dans la photothèque familiale, il y a bon nombre de rivières dans lesquelles pêchaient le père et le grand-père, dans lesquelles baignaient les enfants. Sur la photo de Tence, dans la Loire, mon frère, mon oncle et moi faisions flotter des petits bateaux ou pêchions à la casserole de tout petits alevins, bien sûr non comestibles : il est bien connu que quand l’alevin est tiré il ne faut pas le boire.

Sont-ce dans les gorges de la Dordogne qu’était situé le pont de fer près de Messeix ou Bourg-Lastic? La famille se posait là l’après-midi, on se baignait dans la rivière avec le cousin instituteur, sa femme et ses enfants. S’il y a bien quelque chose de typique dans le monde de «Bienvenue chez les Ch’tis» c’est cet amour de la vie en tribu. Si on a trouvé un coin à champignons, on y emmène tous mes copains. Si on a dégoté un endroit plus joli que le canal de la Deûle – un plan pas trop difficile à réaliser en fait -, on y installe toute sa famille ! Ce camping de Cabasse, sur les bords de l’Issole, il en aura vu défiler, des gens du Nord ! Et même de Bretagne ! Je rêve encore de ce petit vin de Provence, du domaine de Campdumy, propriété de la famille Gavoty dont le patriarche, Bernard, était un critique musical renommé. Les routes parcourues à vélo, le lac de Carcès, la côte d’Entrecasteaux, le petit soleil de ce 1er juin et le silence environnant mon jardinet - shrubbery chez Sacré Graal ! - m’y ramènent en esprit.

09 Sablé - Pénichette sur la Sarthe avec l'église en fond (vue depuis l'écluse) 1992 03 08 (4 de 4)Et puis après de mon côté commence le grand recueil photographique de l «Apologie des villes d’eaux». Reprendrez-vous de mes délicieux «Morceaux de Sablé en vrac entremêlés de quelques aperçus de Solesmes» ? De mes «Dix sonnets à la gloire de Bruges» ? Aux petits bonheurs de la Sarthe j’ai dédié quelques poèmes, des aquarelles et des tonnes de diapositives. Sur la capitainerie du port de Sablé-sur-Sarthe j’ai immortalisé des dizaines de pénichettes, des barques à Solesmes ou à Morannes, capté des brumes, des reflets et même vu la glace en couvrir la surface d’une pellicule blanche.

Las ! J’aimais tant la rivière qu’elle a débordé de reconnaissance à mon égard et s’est invitée dans notre maison. Ca s’appelle une inondation et ça n’a pas vraiment plu à mon épouse ni à mes enfants. Nous avons quitté la rue du Petit port et depuis nous n’habitons plus qu’un 1er ou deuxième étage à bonne distance des rivières environnantes.

Bien sûr, au fil de nos voyages, sans être allés jusqu’aux rives du Maroni, nous avons vu l’Arno sous le ponte vecchio, Florence en 2002 à la place d’Amsterdam, écartée pour cause d’hôtels pleins à cause d’une grande exposition Van Gogh.

J’ai connu la Seine à Rouen, la Garonne à Toulouse, l’Isar à Munich, l’Aulne au bout du canal de Nantes à Brest, l’Odet à Quimper, la Loire et ses châteaux, le Loir à La Flèche, le Léguer à Lannion, la Dordogne à Brantôme, Le Rhône et la Saône à Lyon, la Moldau (Vltva) à Prague dans un camping avec feu de camp à deux mètres de notre tente avec force buveurs de bière à rôts sonores (les Tchèques ne viennent jamais sans provisions).

Il en manque plein, bien sûr, de ceux qui servent aux mots croisés, l’Ob et l’Ienisseï, l’Aa de Petit Fort-Philippe. De ceux qui sont plein d’esses et regorgent de pets comme le Mississippi. De ceux dont l’environnement a fait littérature, du «Don paisible» au bas-pays de la plaine du Pô cher au Don Camillo de Giovanni Guareschi dont je me régale en ce moment.

Mais je devrais m’arrêter-là dans mon lyrisme. Je n’ai pas vraiment de quoi tirer fierté de ce périple, de ces randonnées, de ces pédalées, de ces séjours dont je suis revenu sans trous rouges au côté droit mais où je me serai aM(e)usé beaucoup plus que Rimbaud.

Parce que voyez-vous, quitter le canal de la Deûle pour venir se poser au bord de la … Vilaine, je ne vois pas vraiment où est le bénéfice !

En plus il y a en Bretagne autant sinon plus d’alcooliques que dans les Hauts de France. Qu’est-ce qu’ils ont tous ces gens à ne pas aimer l’eau ?

Je lève quand même mon verre à leur santé. Si, si, c’est de l’eau. De l’eau-de-vie !


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 1er juin 2021

à partir de la consigne AEV 2021-33 ci-dessous

24 mai 2021

Le Temps des livres à Sablé-sur-Sarthe en octobre 1994 (1)

Souvenirs retrouvés d'un temps où j'étais, en quelque sorte, un "agitateur culturel" ou un épris de lecture qui croyait possible de partager ses coups de coeur, ce qui était sans doute envisageable à l'époque. En tout cas ça nous fait un chouette souvenir de Gilou Syrinx et Françoise R. avec qui nous avons gardé un contact chaleureux malgré nos déménagements successifs aux un·e·s et aux autres (je ne sais pas pourquoi, depuis quelques jours, à chaque fois que j'utilise le "point médian" j'ai envie d'ajouter "M... à Blanquer !". Je ne devrais pas m'énerver, je sais bien que j'habite encore et toujours dans un désert et que dans "concerné" il y a "cerné" !).

Pour ce jour-là où nous contions pour les enfants et pour ce que je me souviens de la géographie des lieux, nous avions dû nous réfugier, à cause de la pluie, dans le petit passage au bout de la rue de l'ïle puis étions revenus ensuite sur la place Dom Guéranger. Parmi les autres manifestations de cette semaine-là il y eut des lectures de textes humoristiques au café Le Globe (chez René) et une italienne d'Astro 95, de Joe Krapov, qui eut même droit à un entrefilet et une photo dans "Les Nouvelles de Sablé". La gloire ! ;-)

P 94 28 Gilles Cléroux

P 94 29 Fabien et Armand Cléroux

P 94 30 Françoise Renazé

P 94 32 Gilles Cléroux

P 94 34 Françoise Renazé, Armand et Elsa

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09 septembre 2020

FIN DE PARTIE A SAMFOU-LES-BOULES !

Autrefois je n'écrivais que de la poésie et je peignais à l'aquarelle sans utiliser de pseudonyme. Mon existence d'écrivain satirique a débuté là où est né Joe Krapov, dans le Sud de la Sarthe, en 1989 et c'est surtout entre 1993 et 1997 que j'ai raconté les histoires du royaume de Sabolie où j'exerçais la charge de bouffon particulier du roi François 1er et de ses pittoresques barons.  La capitale s'appelait Samfou-les-Boules, rebaptisée ainsi par mes soins à cause de l'aménagement de la place centrale : de grosses boules noires posées à même le sol dans lesquelles les Saboliens cognaient en pestant "Heula !" quand ils garaient leur charrette.

D 93 11 34 La place Raphaël Elizé à Sablé la nuit

Las ! Avec le réchauffement climatique, ces neiges d'antan ont fondu, le roi lui-même est devenu plus drôle que son bouffon et surtout je sais depuis hier que ce mobilier urbain n'est plus. On peut le constater ici : 



Pour la petite histoire des ateliers d'écriture en ligne, on notera que notre amie Bongopinot, fidèle participante du Défi du samedi, a également, à une autre période, séjourné dans ce havre de paix sarthois.

Si vous-même passez par-là un jour, posez-vous donc un moment dans ces lieux idylliques traversés par une belle rivière comme vous pouvez le voir ci-dessous.

J'en profite pour saluer les collègues avec lesquels, pendant douze ans pleins, j'ai mené la vie de château (celui qu'on voit dès les premiers plans).

 




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