TROIS CONTES GLACÉS (2)
Le miroir
Il y a une explication à tout. Enfin, je crois.
Au-delà d'un certain âge, quand vous vous regardez dans le miroir vous apercevez une image de vous qui ne correspond plus à votre réalité : vous avez des traits plus jeunes, des lunettes cerclées, bien plus de cheveux sur le haut du crâne. Ce n'est pas que vous souffriez de nostalgie de votre jeunesse ou que vous refusiez de voir les marques du vieillissement, c'est juste qu'on vous a vendu un miroir intelligent. Même si cela ne correspond pas à votre désir profond, de jour en jour, votre reflet rajeunit dans la glace.
Plus je profite de ma retraite en faisant enfin, de temps en temps, une grasse matinée bien méritée et plus dans le miroir mon visage devient celui d'un homme dynamique, actif, jeune. Ces plaisanteries de la machine m'amusent un peu, me surprennent toujours mais quand j'ai reçu ce matin les papiers m'intimant l'ordre de partir à la guerre j'ai compris que je m'étais fait avoir quelque part.
(Â MaxPPP / Annie Viannet/MAXP)
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La Photographie
Arkhipov ? Matoušek ? Robakowski ? Podgorny ?
Tous ces gens qu'a connus mon grand-père quand il était espion pour le compte d'un pays de l'Est, ils doivent être aussi morts que lui à l'heure actuelle. De la même manière que la première institution dans laquelle j'ai travaillé n’existe plus et n’aurait plus lieu d'être à l'heure du partage de presque tout sur internet, les autocrates n'ont plus besoin d'espions. Ils savent déjà tout, ils invitent les chefs d'État étrangers et les installent au bout d'une longue table puis ils les toisent. C'est bien plus humiliant encore que de capturer quelqu'un et de l'envoyer au goulag. Il n'empêche, la photographie de ces gens-là et surtout celle de ce militaire médaillé, si je la publie sur internet, qu'est-ce que je risque ? Ou surtout combien d'années de prison je risque si quelqu'un là-haut se met réellement à croire que je ne délire pas, que mon grand-père était réellement un espion, que j'ai hébergé la migrante Isaure Chassériau quand elle a fui une vie à croupir au Musée des beaux-arts et qu'après un certain nombre d'infusions de sauge Laure Manaudou vient m'enseigner le kamasutra en gardant son bonnet de piscine sur la tête ?
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Le bricoleur
Il avait subi une avarie et avait dû poser son astronef sur un satellite rocheux d'Aldébaran. Il était en train de bricoler la tuyère défectueuse et la clé anglaise intelligente lui tomba des mains quand il entendit soudain la petite voix. Il se retourna et reconnut un de ces moutons à cinq pattes comme on en trouve souvent attablés au Carrefour des étoiles, le bistrot de Clifford D. Simak sur Bételgeuse.
Qu'est-ce que tu veux, Mister Sheep ? demanda l'astronaute-bricoleur.
- S'il te plaît, dessine-moi un petit prince !
Interprétation, très pourrie comme à l'habitude, par Mr Deepdream
de la commande "Un petit prince à tête de mouton" avec costume fourni !
J'ai aussi ajouté moi-même la cinquième patte au mouton !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 14 mars 2023
d'après la consigne AEV 2223-23 ci-dessous
RETOUR AU PAYS
Ce que peut déclencher le rhum de Martinique
Nul ne peut le savoir avant d'être monté
En salle Mandoline et s'il n'a pas goûté
Le poème aux limaces écrit par Dominique.
C'est un voyage en groupe au rythme d'un piano
Qui reste silencieux pendant les mois d'été
Mais de septembre à juin, avec sérénité,
Comme si l'on peignait les murs de Burano,
Les maisons de pêcheurs et les barques légères,
On fait surgir des océans de fantaisie,
On bâtit à Dubaï en signe d’hérésie
Une Maison du vin, on part, on déblatère.
On a laissé la pieuvre et boudé l'Australie
Mais l'on sait tout du roi, de sa prison intime
Et de ses rossignols. Concerto maritime
Dirigé savamment par les didascalies
De nos stylos surgit comme de la mer Noire
Un trois-mâts fabuleux porteur de poésie :
Ses voiles ont la blancheur des plaines de Russie
Et sur son pont la lune envahit la baignoire
Échappée d'un délire ancien d'une écrivante.
Les mots s'en vont parfois dans le métro magique
Vers Cesson-Sévigné, la ville écologique
Où l'on combat le ragondin qui épouvante.
Des poissons colorés nous emmènent à Vienne
Où l'imagination savoure un chocolat
En regardant valser de jeunes échalas
En ce bal imprévu de licornes et de reines.
Bientôt naîtront de ces flèches sur pages blanches
Des surprises, des mots sortis de leur prison,
Libérés du carcan trop lourd de la raison,
Des histoires : il faut bien, ami·e·s, que l'on s'épanche.
A huit heures survient l'instant de la lecture :
C'est Noël ! Ou c'est Pâques ! C'est joli ! Ça chemine !
Ces chalets de montagne qui ne paient pas de mine...
Mais c'est notre château, l’atelier d'écriture !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 7 février 2023
d'après la consigne AEV 2223-19 ci -dessous
Moisson d'images du 27 septembre 2022 chez Pinterest (1)
Les cartes utilisées pour l'Atelier d'écriture 2223-03 de Villejean ont été scannée par mes soins à partir d'un jeu emprunté à une de nos nièces. J'ai cherché cependant à les récupérer sur Internet sous forme de fichiers jpg. Je me suis vite retrouvé chez Pinterest et, pour la première fois, j'y suis entré avec mon compte Google.
Je n'ai toujours pas compris comment marche cette plateforme. Qui publie quoi ? Il y a un compilateur d'images en haut de la page et les noms mentionnés sous les images sont les noms des auteurs ou ceux d'autres compilateurs ? Merci à dame Armelle Barré dans tous les cas.
Bon, ce n'est pas grave. En attendant j'ai ramené des images "façon Dixit". Appartiennent-elles à une autre version du jeu ? Sont-elles crées en dehors de lui mais dans le même esprit ? Par Ramon Ulla Griso ?
Vous résoudrez l'énigme ou m'expliquerez le truc si vous avez envie. Résultat je vous livre celles-ci qui ont ravi mon regard d'amateur de peinture surréaliste ou onirique. Elles serviront sans doute un jour à un autre atelier d'écriture à partir d'images !
JE JETTE !
1
Je jette aux oubliettes
Le serpent à sonnettes,
Le sergent malhonnête,
Le serre-tête à Georgette !
Et si ceci n’est pas une pipe
Mais une position de principe
Je fous le feu à la guérite
Et je signe l’incendie : « Magritte » !
2Il n’y a pas de fumée sans feu
Il n’y a pas de vélo sans pneu
Y’a pas d’fumette
Sans allumettes
Et si c’est jour de débarras
Je m’envole par-dessus les toits,
Je fous le feu à Notre-Dame
Et je signe l’incendie : « Paname » !
3Je jette à la déchète
Ionesco et Beckett
Et la très vieille paire de baskets
Que je gardais depuis perpète
Et si tout doit recommencer
Comme c’était par le passé
Je frotterai mes deux silex
Et je signerai " Duralex "
(ou "Pyrex le Pyromanex") !
4
J’emmène à bicyclette
La joliette Paulette,
Et de coquettes fillettes
Qui portent des barrettes
Et si on se roule dans les champs,
Faisant naître un amour brûlant
Je fous le feu à la garrigue
Et je signe l’incendie « Mézigue »
5Je jette mon bonnet
Par-dessus les moulins
Je jette le bébé
Avec l’eau de mon bain
Et s’il est en celluloïd
Je le passe à la moulinette
Il est temps de faire le vide
Et je signe : « Poudre d’escampette » !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 1er mars 2022 d'après la consigne AEV 2122-20 ci-dessous
KYRIE ELEISON
Quelle kyrielle de fous-rires n’a-t-on pas entendue ce soir dans mon «home sweet home» tandis que je cherchais, dans les archives du Défi du samedi, sous la catégorie «Joe Krapov», une photo qui ne s’y trouvait pas !
En ai-je déposé, au fil des ans, des bêtises chantées, écrites ou déclamées, des photos drôles, des collages, des lettres à Rimbaud, des rêves de Marcel P. et des exercices stylistiques autour de Saint-Georges et de ses dragons ! Et qu’est-ce que c’est drôle pour moi de les relire ou réentendre !
Inquiétez-vous, braves gens : ce n’est pas fini ! Je suis en excellente santé et toujours aussi prolixe de la plume ! Et le taulier ne me met pas dehors même si je reste jusqu'à la fermeture le vendredi soir !
Simplement je suis étonné par la kyrielle de vidéos qui ont disparu de la plateforme de M. Youtube tout comme par l’inefficacité, désormais, du moteur de recherches de M. Google qui semble avoir désindexé beaucoup de mes photos et ne ramène que peu de résultats sur des recherches d’images.
Mais bon, c’est la vie, tout passe, tout casse, tout lasse.
Parmi les fous-rires que je me suis payé, il y a surtout eu la disparition «partielle» de « (Mon cul) Sur la commode » de Jeanne Aubert.
Figurez-vous que cette vidéo n’est plus visible "que sur Youtube" parce qu’elle est «soumise à une limite d'âge (conformément au règlement de la communauté)».
https://www.youtube.com/watch?v=Z9FLsIqsTEE
C’est quoi cette kyrielle d’hypocrisies ? Y a-t-il là-dedans des seins à couvrir que nous ne saurions laisser voir à nos enfants ? Des seins non mais des culs, oui ! Dans ce cas couvrons, coupons, cachons, Dame Anastasie ! Mais non, on ne censure pas ! Les «kids» peuvent continuer de voir la vidéo... sur Youtube mais pas sur le Défi du samedi !
Ma vidéo sur «Nagasaki ne profite jamais» de Sttellla a subi le même sort ! Parce qu’on y voit le tableau «Le viol» de Magritte ! Excellent !
Je ne sais pas si j’ai bien raison de rire, en fait. On a les talibans qu’on peut mais surtout les nôtres sont, à mon humble avis, en train de se déclarer propriétaires du travail des internautes sans que nous ne puissions rien dire « au nom de la bonne moralité » et du « règlement de la communauté » établi par eux.
Ca fait penser aux clauses d’utilisation de Google photos où l’on peut lire que cette maison s’approprie le droit d’utiliser les photos que nous déposons sur leur plateforme pour un simple partage avec nos proches ! "Par le biais de cette licence, vous autorisez Google à utiliser vos droits de propriété intellectuelle sur vos contenus (tels que les droits d'auteur et les marques enregistrées), ainsi que les droits immatériels que vous détenez sur vos contenus (tels que les droits à l'image)".
Je ne sais pas si ce n’est pas une kyrielle d’énervements des nerfs qui va succéder à celle des fous-rires !
En tout cas, j’ai fini par retrouver la photo du mec qui joue de la guitare avec des lunettes à monture d’écaille, la raie à gauche et le pull à lignes horizontales.
Je ne sais pas non plus si, par décence, je ne devrais pas moi-même la censurer ! ;-)
Ecrit pour le Défi du samedi n° 694 d'après cette consigne : kyrielle
CONSIGNE D'ÉCRITURE 2021-01 DU 15 SEPTEMBRE 2020 A L'ATELIER DE VILLEJEAN
D'art d'art !
« D’art d’art » est une pastille télévisuelle, d’une durée d’une minute, consacrée à l’analyse ou à l’histoire d’un tableau. On vous a distribué un fascicule de la série «Regards sur l’art». A vous de préparer au moins trois émissions en choisissant trois tableaux d'un même peintre sans vous servir du texte du fascicule. Car vous avez le droit de tout réinventer : le nom du peintre, le titre du tableau, la personne ou l’anecdote représentée. Réécrivez l'histoire de l'art!
Chacun de vos trois textes ne fera pas plus d’une page. Mais, comme d’habitude, vous êtes libre d’en faire autre chose du moment que vous écrivez !
AVANT QUE VOUS NE RÉCAMIER MON SILANCE DÉFLINITIF
Collage de Jean-Emile Rabatjoie réalisé d'après le tableau de René Magritte, Perspective : Madame Récamier de David, 1951, huile sur toile, 60.5 x 80.5 cm. Acheté en 1997 par le Musée des beaux arts du Canada, Ottawa. © Succession René Magritte / SODRAC (2017)
Réalisé pour le Défi du samedi n° 602 d'après cette consigne : orant·e
Charlie Chaplin dans l'oeil des avant-gardes à Nantes le 26 décembre 2019 (3)
Youoooouuuupi ! Happiness is a warm gun !
"Le bon exemple" par René Magritte (1953)
Bis !
"In memoriam Mack Sennett" de René Magritte (1936)
"Le Téléphone aphrodisiaque" par Salvador Dali (1936)
Choses vues à Nantes le 7 avril 2019 (7)
- Mais alors si ceci n'est pas une pipe, qu'est ce que c'est ? Mais qu'est-ce que c'est ?
- C'est une pantoufle !