11 mai 2022

PRENEZ LA TEMPÉRATURE DE PARIS !

C’est ce que vous propose la Société Française d’Itinéraires Oniriques (SFIO) qui, à l’instar de ce que faisait jadis en Bretagne Mlle Isaure Chassériau avec son Agence de Flânerie Amoureuse de Rennes, organise des visites guidées très originales des différents quartiers de Paris.

La dernière proposition en date a ceci de particulier que le groupe de touristes, thermomètre en main, mesure les variations de température que l’on peut constater en fonction des lieux auscultés et du réchauffement climatique de la planète. Les comptes-rendus établis par les premiers groupes ne laissent pas de surprendre.

Cinquante quatre ans après les événements de mai 1968, la rue Gay-Lussac est toujours fiévreuse. Même en été la température est constamment très peu élevée à la station de métro Glacière. Par contre elle remonte dans le quartier de Pigalle où les rues sont plus chaudes qu’ailleurs.

Si vous êtes intéressé·e par ces visites écologico-médicales, contactez Mme Hidalgo qui les organise au siège de la SFIO, 10 rue de Solférino, une artère très souvent bouchée dans laquelle la température récente était de 1,7° et où l’encéphalogramme de la capitale est plutôt plat.

2122-28 Jean-Paul - Paris température Mars

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 10 mai 2022

d'après la consigne 2122-28 ci-dessous

Posté par Joe Krapov à 14:17 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
Tags : ,


08 mai 2021

SOUVENIRS PAS ASSEZ NÉBULEUX A SON GRÉ D'UN HYPERMNÉSIQUE DÉBORDÉ

Jean-Paul et Jean-Pierre à Bonneuil (retouchée)

Je suis assez âgé maintenant pour pouvoir dire que j’ai vécu à l’époque du dieu Vintage.

La vie y était résolument en noir et blanc comme sur cette-photo-ci où l’on me voit avec mon frère William. Mes trois frères et moi portons les mêmes prénoms que les frères Dalton mais ça m’importe aussi beaucoup, à moi l'affreux Joe-Joe, de savoir quand est-ce qu’on mange et quand est-ce que les restaurants rouvriront.

Ça date d’entre 1960 et 1970. La maison se trouvait dans une rue tranquille de Bonneuil-sur-Marne. C’était le pied-à-terre que mes grands-parents occupaient quand mon grand-père montait à Paris pour travailler à la « Fédé ».

La voisine s’appelait Madame Bidart ou Bidard mais ça ne m’a pas permis de retrouver l’adresse du lieu sur Google maps. A quoi bon du reste ? A quoi bon mémoriser une adresse de plus qui ne servira à rien ni à personne ? Reste juste une photo du genre « jours heureux de l’enfance ».

C’est comme les PILI dont j’ignorais qu’on les désignât sous ce vocable ! Je me souviens très bien que ça les amusait beaucoup, les grands-parents, de faire découvrir à ces innocents du village que nous étions l’univers encore très Jacques Tatiesque de la capitale. Notre premier escalier roulant à la station de métro Ourcq ! Le panneau indicateur lumineux d’itinéraires, le Pili donc, avec tous ses boutons et ses voyants colorés qui affichaient le trajet à effectuer pour aller de «Vous êtes ici» à «vous voulez aller là-bas». Oui, un genre de GPS avant l'heure si vous voulez, «Pour Invalides, changez à Opéra» comme chantait le poète poinçonneur. Le PILI, une invention qui met du piment dans votre vie !

DDS 662 213 rue LafayetteParce que plus tard le pied à terre s’est trouvé au 4e étage d’un immeuble de la rue de Lunéville à Paris. Grand-mère nous emmenait parfois à pied jusqu’au 213 de la rue Lafayette retrouver Grand-père à l’heure de sortie du bureau. C’était tout droit dans le prolongement de l’avenue Jean Jaurès et on s’arrêtait pour regarder les bateaux dans l’écluse du canal Saint-Martin.

Je me souviens encore du hall d’entrée et du grand ascenseur qui nous emmenait au 2e étage où se trouvait la Fédération nationale des travailleurs du sous-sol. Je me rappelle les noms des collègues de «l’homme fort du Pas-de-Calais», je revois des visages : Henri Martel, Achille Blondeaux, Stanis Walczak, Charles Diet, Lucien Labrune, Augustin Dufresne, Victorin Duguet qui m’avait surnommé «L’avocat sans cause». J'étais sans doute assez bavard et "rameneur" à l'époque !

DDS 662 La Nébuleuse d'Andromède

Ca vous fait des bosses à vous, hein, tous ces estimables fantômes, ces braves types qui n’ont pas vécu centenaires. Vous, vous attendez juste la nébuleuse ! Eh bien c’est là qu’elle était, au 213, venue directement d’URSS, installée sur une petite étagère parmi quelques livres du même acabit : «La Nébuleuse d’Andromède» un roman d’Ivan Efremov publié aux Editions de Moscou en 1959.

Pourquoi je me souviens encore de cela ? Je ne vais pas partir en chasse de ce vieux nanar puisque je ne lis plus rien désormais que des blogs ici et là avec leurs récits de frottements qui durent depuis vingt ans, le Canard enchaîné, des bandes dessinées de cette même époque vintage récupérées grâce à des camarades roumains et des revues de jeu d’échecs qui m’apprennent qu’un joueur russe nommé Nepomniachtchi a gagné le tournoi des candidat ?

Nepomniachtchi ! A peu de chose près, en russe, c’est "nié pomniat’" : Ne te souviens pas !

Ultime gag, l’image du PILI qui clôt ce billet a été capturée sur un site qui parle de Patrick Modiano, grand nostalgique d’un Paris qui n’existe plus, et le site s’appelle… Spacefiction ! Ca ne s’invente pas !

DDS 662 PILI

Posté par Joe Krapov à 04:26 - - Commentaires [6] - Permalien [#]
Tags : , , ,

21 mars 2021

Les Damnés de la Commune / Raphaël Meyssan

Si l'écoute de l'album précédent ne vous a pas plombé l'ambiance pour une semaine, vous pouvez embrayer avec ce documentaire regardé hier soir. Le plaisir d'entendre Yolande Moreau dans le rôle de la récitante s'accompagne de la stupeur rétrospective du traitement de notre histoire par l'école de la République. Elle a eu vite fait de mettre les revendications sociales sous le tapis et elle continue de le faire, du reste, encore aujourd'hui. On apprend plein de choses et c'est très bien réalisé, uniquement avec des gravures d'époque. Du beau travail, vraiment.

Posté par Joe Krapov à 08:02 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
Tags : , , ,

14 février 2021

OPÉRATION HMTD 1920

Le 23 mai 2021, Emmanuel Macron, président de la République française, en proie aux effets d’un puissant narcotique de fabrication russe, tombe du train présidentiel Railforce One dans une courbe où le train a ralenti son allure, peu avant Bergerac (Dordogne) et peu après avoir ouvert la fenêtre du wagon.

Ses ennuis ne font que commencer. Un peu comme avec le fameux triangle des Bermudes, il existe à ce niveau une faille dans le continuum spatio-temporel. Le président en pyjama est récupéré, soigné et hébergé par un cheminot et une garde-barrière puis livré le lendemain à la police de Bergerac. Il apprend qu’on est en 1920 et qu’il est soupçonné d’être le coupable de trois meurtres ou agressions qui défraient la chronique dans la région. Le fameux commissaire Maigret est même descendu de Paris, un peu rapidement lui aussi, puisqu’il a sauté du même train la semaine précédente. Il s’est fait tirer dessus par le suspect qu’il avait pris en filature et il mène depuis sa chambre à l’hôtel d’Angleterre une enquête pour le moins statique. "Ca n’avance pas !" se plaint-il à son épouse venue l'aider.

Casting Tintin 05Macron est inculpé et mis sous les verrous et Jules Maigret rentre à Paris, bougon comme à son habitude et insatisfait plus encore. Et si cet homme qui prétend être président de la République débarquait réellement de l’année 1921 ? Pourquoi le commissaire Siraneau était-il si pressé de conclure l’enquête en coffrant ce suspect tombé du ciel à travers les nuages ?

(Voir l’épisode n° 1 ici)

Maigret fait part de ses doutes à son frère jumeau, Jim Maigret, dont personne n’a jamais entendu parler pour la bonne raison qu’il est un agent très zélé des services secrets du président Paul Deschanel. Celui-ci décide de faire revenir l’homme au pyjama à Paris.

Pendant ce temps, en 2021, c’est la panique à bord. Le président a disparu ! Gérard Larcher assure l’intérim avec bonhomie mais tout l’appareil de "La  République en marche vers sa chute» est en alerte orange. Le président sera-t-il retrouvé avant l’élection présidentielle de 2022 ? Pourquoi ne donne-t-il pas de nouvelles ? Pourquoi ne reçoit-on pas de demande de rançon ? Un avis de recherche est placardé sur tout le territoire. Il ne donne rien jusqu’à ce qu’un citoyen dénommé Iosif Ilarionovitch Krapov mais il souhaite rester anonyme et ne pas toucher la récompense promise, signale un fait étrange. Sur l’encyclopédie en ligne Wikipédia, alors qu’il cherchait la notice « Kiki de Montparnasse » - à quelles fins ? Pour se rincer l’œil à l’ancienne ? C’est ça qui explique sa demande d’anonymat ? – il est tombé sur cette photo de 1920.

AEV 2021 18

Grand émoi dans le Landerneau élyséen ! Comment expliquer la présence du président dans ce groupe d’artistes ? Comment le prévenir que son épouse Brigitte l’attend tous les soirs à la maison et se désole devant sa vaisselle neuve de son absence à ses côtés ? Doit-on montrer la photographie à l’épouse ?

Casting Tintin 15Soudain le quêteur de l’assemblée, le député d’Ille-et-Vilaine Florent Chapelier, a une illumination quasi rimbaldienne. Il se souvient d’avoir visité jadis à l’Université de Rennes 3 le laboratoire Tornado. L’équipe de la professeure Isaure Chassériau y travaillait, de manière tout aussi expérimentale que secrète, sur une machine à remonter dans le temps pour venir en aide aux femmes en détresse. Chapelier est désigné pour mener à bien la mission HMTD 1920 « Hey, Manu , tu descends ? ». Il prend contact avec les universitaires.

Malgré l’hostilité prononcée des adjoints d’Isaure, les frères Park, prénommés Luna, Central et Jurassic, une expédition est mise sur pied. Les quatre scientifiques et le député atterrissent à Paris en 1920.

***

Casting Tintin 16Pendant ce temps Emmanuel Macron a été présenté au président Paul Deschanel et aux membres de son gouvernement. Celui-ci l’a longuement interrogé sur l’histoire du XXe siècle. Le fait qu’on ait marché sur la Lune en 1969 a fait des bosses à ces braves gouvernants. L’histoire du manque de masques en stocks en 2020 leur est passée par-dessus la tête.

- Nous on sort d’une épidémie de grippe espagnole, alors votre pneumonie chinoise, à côté, ça nous fait bien rigoler !

Par contre l’annonce d’une deuxième guerre mondiale les a sidérés. Deschanel a décidé de créer un conseil scientifique en vue d’éviter le prochain conflit avec l’Allemagne et il en a confié la présidence à Emmanuel.

- C’est bien gentil, a remercié Macron, mais moi, sans vous désobliger, j’aimerais mieux retourner en 2021 !

AEV 2021-18 Jean-Paul - Paul Deschanel- Eh bien faites, mon vieux ! Si vous savez aller marcher sur la Lune, cet objectif de retour vers le futur ne devrait pas vous poser de problème ! Votre attitude est assez désobligeante, monsieur ! On ne refuse pas un poste comme celui-ci ! L’intérêt de notre pays et l’instauration de la paix dans le monde, ça passe derrière votre désir d’aller à la soupe sous les dorures et au lit avec votre bobonne tous les soirs ? Eh bien bravo, la descendance ! Quand vous êtes tombé du train en pyjama, vous vous êtes reçu sur la tête ou quoi ?

- Pardon, vous avez raison, monsieur le président. De toute façon, ce que je demande semble effectivement impossible à réaliser. C’était juste un moment de nostalgie.

- Avoir la nostalgie du futur, c’est un truc auquel je n’aurais jamais pensé, raille Alexandre Millerand, le président du conseil. Donc vous restez ?

- Oui, Messieurs. Si je peux œuvrer en vue d’éviter cette deuxième guerre mondiale, je le ferai. En même temps, j’ignore si j’ai le droit moral de modifier le passé.

- Vous nous emmerdez, Macron ! Le passé c’est quatre ans de tranchées, de grosse Bertha et de taxis de la Marne et toute une génération transformée en gueules cassées ou en anges au ciel. Nous on ne veut pas que ça recommence. On se revoit demain. Trouvez-nous quelque chose d’ici-là pour éliminer ce boche ! Comment dites-vous qu’il s’appelle ? Adolf Himmler ?

- Hitler, Monsieur le président.

***

Casting Tintin 07Adolf Hitler ne prendra la tête du parti nazi (DAP puis NSDAP) qu’en 1921. Pour l’heure le militaire vient de mettre la dernière touche au portrait intitulé « Der rote Rackheim ». Car Adolf, à ses heures de loisirs, est un peintre d’avant-garde au talent mal reconnu. Le petit caporal – en fait il n’est que soldat de première classe – peint dans un style hyperréaliste qui n’intéresse personne à l’époque.

- Au cas où vous ne sauriez pas, M. Hitler, se marrent les marchands de tableaux juifs, il y a un truc qui s’appelle la photographie. Ca donne des résultats similaires à ce que vous faites mais ça n’est pas ça que les gens veulent, voyez-vous. Ca ne se vendra jamais, vos marins d’eau douce trop ressemblants !

Adolf ne dit rien, remballe ses toiles mais intérieurement il les envoie se faire foutre. « Je me vengerai, un jour ! ».

***

Après une bonne nuit de sommeil Macron vient de trouver « l’idée ». Il déclare à ses homologues.

Casting Tintin 14- Il n’est pas question d’éliminer physiquement le futur auteur de « Mein Kampf » car cela en ferait un martyr et galvaniserait ses acolytes. Il faut changer son destin, faire en sorte de le détourner à jamais de la politique. Il faut juste qu’il traverse la rue et trouve un emploi de peintre reconnu.

- Qu’est-ce que vous proposez, Macron ?

- Faisons-le venir à Paris. Déroulons-lui le tapis rouge. Achetez-lui ses croûtes, faites-lui découvrir la vie de Bohême, il a déjà donné je crois dans son adolescence.

Après discussion, tout le monde tombe d’accord avec la suggestion du « président en pyjama». Les choses ont, du reste, peu changé de nos jours.

- C’est très bien, Manu, déclare Deschanel. On va vous introduire chez les Montparnos. Vous y ferez la connaissance de notre agent là-bas. Elle s’appelle Alice Prin mais vous pourrez l’appeler Kiki. On vous donne une semaine et un mastard de carnet de chèque pour tâter le terrain, acheter de faux acheteurs, lui fournir un atelier, un logement luxueux. Ensuite, direction Münich ! Vous nous faites faire de ces choses, vous alors !

Macron ne proteste pas. Il va découvrir ce que c’est que de bosser réellement ! En même temps, c’est une comédie qui se joue là et le théâtre, il en a fait, il en connaît un bout.

***

- Comment ça se termine ? Ce subterfuge permet-il d’éviter le conflit de 39-45 ? Y a-t-il une autre guerre en 1978 comme le suggère l’historienne Nabilla B.? Qu’est-ce qui se passe entre Kiki de Montparnasse et Adolf H. ? Entre Kiki et Manu ? Sachant que si on retourne dans le passé on n’a pas le droit de changer le cours des événements ? demande la productrice.

- Ah mais ça c’est une convention chez Poul Anderson, uniquement !

- Il faut qu’il y ait une chute à ton histoire, sinon je ne suis pas preneuse !

C’est ce que m’envoie Marina Bourgeoizovna, ma productrice, à la figure. Je suis tellement enthousiasmé par l’écriture de mes trois pages de pitch que j’ai oublié que je l’avais aussi, la chute.

- Tout marche sur Déroulède, Hitler et l’hyperréalisme deviennent la coqueluche des Parisiens. Du coup le cubisme et le surréalisme sont dans un bateau, le surréalisme tombe à l’eau, le cubisme aussi. Qu’est-ce qui reste ? Rien, les musées sont fermés ! Macron file le parfait amour avec Kiki, Deschanel l’a désigné comme son successeur éventuel, il va de nouveau être président de la République, il n’y aura pas de débarquement en Normandie, de libération de Paris, de… Grâce à sa connaissance du passé il va modeler le futur, être le maître des horloges et du monde !

Casting Tintin 02Sauf que le contact finit par s’établir ! Isaure Chassériau, les frères Park et Chapelier ont repéré le Manu-Manu à un point très précis du temps : le jour où la photo de Wikipédia a été prise. Quand tous les invités ont été partis, ils ont sonné. Kiki a passé un peignoir, elle a ouvert.

Tête de Macron en pyjama devant Chapelier qu’il avait pratiquement oublié !

- Monsieur le président ! Heureux de vous retrouver ! Il faut rentrer ! Tout le pays vous attend. Mes chauffeurs peuvent nous déposer à la veille ou au lendemain de votre courte disparition lors du voyage à Biarritz.

- Vous êtes fou, Chapelier ? Je n’ai jamais été aussi heureux et je ne me suis jamais autant amusé que par ici ! Qui plus est je rends service à l’humanité en évitant plein de conflits ! C’est trop bien, 1920 !

- En même temps, corrige Isaure, on ne peut pas le déposer le 23 ou le 24 mai. Si sa disparition n’a pas lieu, vous n’êtes pas venu nous trouver et nous ne sommes pas là en train de le récupérer.

Casting Tintin 20- Ce serait bien qu’on fasse vite, appuie Jurassic Park, le plus bougon des trois. On n’a pas que ça à faire. On est attendus chez l’oncle Camille Cinq-Sens, au Vieux Saint-Etienne, rue de Dinan, pour taper le carton avec les potes !

- Qu’est-ce qu’on fait alors ? demande Chapelier désemparé.

- Aux grands maux, les grands remèdes !

Les frères Park se jettent sur Macron, le ligotent et le bâillonnent.

- Ben et moi ? Qu’est-ce que je deviens sans mon mac ?

Elle gueule comme un putois, la Kiki !

- Ah tiens, la partie féministe de l’histoire ! On avait failli l’oublier, celle-là, rigole Central Park. Allez, à toi de jouer, dame Isaure.

Casting Tintin 21De la poche de sa combinaison rose, la professeure Chassériau sort une carte de visite. C’est celle de Man Ray, un peintre et photographe qui va devenir bien plus célèbre qu’Adolf H. une fois que la mode de celui-ci sera passée.

- Allez voir ce monsieur ! Je vous assure que vous ne le regretterez pas. L’immortalité vous attend et qui sait, peut-être un jour, le Panthéon !

- Le Panthéon ? Là ousque sont enterrés Verlaine, Rimbaud et Victor Hugote ! Ah ben merci ma brave cocotte mais j’aye que dix-neuf ans, bibi, et toute une vie à vivre encore !

- Vous la vivrez. Quand à ce type, oubliez-le. D’abord il est marié…

- Et ben alors ? Ca gêne pas ! Il ‘tait gentil, mon Manu. En même temps…

- En même temps ?

- Je n’me vois pas trop non plus vivre toute ma vie en femme de fonctionnaire !

AEV 2021-18 Jean-Paul - Kiki de Montparnasse (Man Ray)

- Dites, Kiki, ajoute Isaure en fouillant dans une autre poche, quand vous verrez Man Ray, vous lui donnerez ça !

- Oh c’est rigolo ! Kèksé donc ?

- Ce sont des ouïes de violon adhésives !

- Pour quoi c’est faire, ce truc qui colle !

- Il saura bien ! Vous verrez !

- Bon ben merci, Madame Dufutur ! Tiens, ça vous embêterait d’emmener cette horreur ? C’est Manu qui me l’a offerte mais je trouve ça sinistre. C’est une toile d’Adolf, l’Allemand que j’ai jamais su si c’était Hitler ou Himmler son blaze.

***

Casting Tintin 06Isaure a embarqué le tableau. Les quatre hommes ont installé le paquet assommé dans le véhicule Tornado, celui dont on peut voir une maquette maquillée en fontaine sur la place Rallier Du Baty à Rennes, et ils sont revenus dans le présent.

Depuis son retour Emmanuel Macron tire un peu la tronche mais ça ne se voit pas trop parce que, comme tout le monde en temps de Covid, il porte correctement le masque sur le nez et la bouche.

Le tableau qui représente le chevalier Franz von dem Schellfisch a été accroché chez l’oncle Camille dans la salle du Vieux Saint-Etienne mais on ne peut l’y admirer car à l’heure actuelle les cafés sont fermés alors que les églises non. Choisis ton camp, camarade !

***

- Bon, ça va, je produis, a déclaré Madame Bourgeoizovna. Même si c’est un film où il n’y a pratiquement que des mecs. Ton directeur de casting, il est misogyne ou quoi ? Déjà, Marianne James en Brigitte Macron, je ne vois pas du tout de ressemblance.

- Justement, il n’en faut pas !

- Et pour Isaure et Kiki, il a des vues sur ki, pardon sur qui ?

- Audrey Tautou pour Isaure.

- Houla ! Ca va chiffrer du coup ! Déjà Jean Dujardin en Deschanel, on va douiller ! Et pour Kiki ?

- Blandine Bellavoir, l’Alice Avril des « Petits meurtres d’Agatha Christie» !

- OK, je marche ! Rappelle-moi le titre ?

- Opération HMTD 1920 !


Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 9 février 2021

d'après la consigne AEV 2021-18 ci-dessous.

04 décembre 2020

ENTRE LES TROUS DE LA MÉMOIRE (1)

Appia 01 B Entre les trous de la mémoire

T’en souviens–tu, la Seine ? Ou plutôt vous en souvenez-vous, Madame la Seine, de mes virées le long de vos quais ?

Oui, je sais, c’est de l’histoire ancienne et ce n’est pas vous que je regardais. Je farfouillais dans les bacs verts des bouquinistes où je trouvais quelquefois, tel le pêcheur de perles, des trésors de papier.

C’est bizarre comme, avec les années qui cognent, mes dix ans à Paris sont devenus quelque chose de flou. J’étais à l’époque un drôle de petit bonhomme, discret comme un personnage de Sempé, qui allait écouter en concert des gens comme Higelin, Steve Hackett ou Neil Young, fréquentait assidûment le cinéma Olympic, le Studio 28 ou ceux du Quartier latin, lisait énormément et c’est sans doute chez Gilbert jeune, sur le boulevard Saint-Michel, que j’ai trouvé ce poster de Dominique Appia.

Billet de concert Neil Young 3-03-76

Il ne fut pas difficile d’ajouter une image aussi bizarre à mon mystère ambiant et à mon studio d’intello miteux. Pour une solitude comme la mienne la science-fiction, l’imaginaire, le rêve étaient le carburant dont j’avais besoin pour être bien dans ma fusée.

Je m’étonne, aujourd’hui que je suis devenu un dinosaure, de n’avoir jamais éprouvé d’inquiétude devant les tableaux d’Appia, de Magritte ou de Delvaux. Famille pour famille, les beaux enfants des peintres surréaliste m’ont accompagné pendant quarante-quatre saisons et si j’écrivais de la poésie douce-amère à l’époque, je n’ai jamais pensé qu’il fallait écrire pour ne pas mourir. J’avais la légèreté du flocon papillon et l’ai sans doute encore.

Le centre du motif, ce tas de livres qui brûle à même le plancher dans un appartement ouvert aux quatre vents ne m’a jamais semblé un symbole oppressant. La glaciation du temps à gauche, le buste de géant dans la pièce plus sombre et le miroir vide ne m’ont jamais mis le cœur à l’ombre. Je ne me suis jamais vraiment demandé ce que ça fera le jour où ça craquera. Peut-être que je suis au fond aussi inconsistant que les deux enfants du tableau qui n’ont ni ventre ni sexe et rêvent de prendre un bateau demain pour arriver à La Rochelle par la mer, de visiter les cathédrale de Gulliverte, d’entendre l’histoire des douze petits cochons ou de redresser la tour penchée de Pise.

Et pourtant, Madame la Seine, je ne suis pas qu’un rêveur Lennonien. J’ai toujours fait la vaisselle chez moi, toujours bossé sans à-coups et il aura fallu, pour qu’on m’apprivoise, qu’une sorcière comme les autres - ou pas ! - vienne me faire l’honneur d’une valse marine. On s’est connu, on s’est reconnu et on ne s’est pas séparés. J’ai suivi la femme du vent dans son pays bleu de western breton. L’éternelle histoire !

Voilà pourquoi je ne connais plus personne à Paris, à part vous. J’aurai tant de choses à vous dire si un jour je reviens mais si je ne parle pas ne vous inquiétez pas. Je sais que vous êtes une porteuse d’eau, que votre temps est précieux et que vous avez à faire par les champs inondés. L’Apollinaire enfant qui pleure sur le pont Mirabeau ou l’adepte de la java d’autre chose qui arrive avec ses « Me v’là ! J’ai une lettre ouverte pour Madame Elise LaSeine que c’est même pas grave si c’est Thérèse dans la vie en vrai», je comprends très bien que ça vous glisse dessus.

Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean en ligne le vendredi 4 décembre 2020

d'après la consigne 2021-10 ci-dessous

Posté par Joe Krapov à 14:13 - - Commentaires [3] - Permalien [#]
Tags : , , ,


23 octobre 2020

Argentiquités : grande boîte n° 3, scans du 22 octobre 2020 (2)

Ces trois photos de la Fête de l'Humanité sont de septembre 1981. Les Bretons affichaient déjà leur identité dans le but qu'on les trouvât remarquables, les gamins anonymes vous demandaient de les photographier sans se douter qu'un jour leur photo réapparaîtrait ici et il y avait encore  des voix à gagner pour le Parti communiste français !

insGB 3 Bretons anonymes à la Fête de l'huma vers 1980

GB 3 Deux gamins anonymes à la Fête de l'huma vers 1980 B

 GB 3 Militant anonyme et aphone à la Fête de l'huma vers 1980 B

Je possède relativement peu de photos de ma vie parisienne.
Il faut donc croire que je travaillais et que je consommais sans trop produire à l'époque ! 
En voici deux que j'avais agrandies... sans trop savoir pourquoi !
Et une troisième assez drôle.

GB 3 Dans les couloirs du métro à Paris vers 1975-80

 Jeu de reflets dans les couloirs du métro parisien

GB 3 Jean-Paul autoportrait à Paris (1974-80)
Autoportrait parisien

BM 6 Voisinage gauche droite avenue Jean Jaurès à Paris vers 1975
Voisinage improbable mais bien réel. Paris, avenue Jean Jaurès, ca 1975.

GB 3 Jeune joueuse d'échecs à Solesmes vers 1992 B

Ces deux portraits-ci sont datés "vers 1992" et ces jeunes joueuses étaient de Solesmes (Sarthe) où j'allais faire, le samedi matin, de l'initiation au roi des jeux. On y avait aussi monté un club d'échecs dans la salle Pierre Reverdy et j'ai encore les photos - et le texte - d'une partie vivante dans laquelle les pièces commentaient leur déplacement en alexandrins ! Va t'en donc essayer de faire ça aujourd'hui, tiens ! ;-)

GB 3 Jeune joueuse d'échecs à Solesmes vers 1992

24 juin 2020

A Paris en janvier 1975 (1)

"Les vécés sur l'palier, une fenêtre sur la cour
En haut d'un escalier qui avait jamais vu l'jour"

Renaud Séchan

Bien que je sois né en 1989, j'ai quand même vécu à Paris à partir d'octobre 1974. Je travaillais dans une grande institution culturelle. J'avais emmené avec moi mon appareil photo russe de marque Zenit et de temps en temps, je continuais à faire des expériences de photographie mais de fait on ne sait pas si on écrit la lumière ou si c'est la lumière qui écrit votre temps et votre vie ! 

D 75 01 Paris avec Guy Lecorne et Libercourt en janvier 1975 01
Si mon premier appareil photo était russe, ma première guitare était polonaise !
Décorée avec des gommettes !

D 75 01 Paris avec Guy Lecorne et Libercourt en janvier 1975 02
Zut, j'ai scanné cette diapo à l'envers !

D 75 01 Paris avec Guy Lecorne et Libercourt en janvier 1975 02 bis à l'endroit

D 75 01 Paris avec Guy Lecorne et Libercourt en janvier 1975 03

Posté par Joe Krapov à 22:10 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : ,

A Paris en janvier 1975 (2)

J'habitais un studio minuscule dans le XIXe arrondissement mais je passais toutes mes fins d'après-midi dans les cinémas du Quartier latin ou à  la FNAC Montparnasse. J'ai peu photographié Paris à l'époque. C'est miracle de retrouver ces diapos d'une escapade aux Buttes-Chaumont.

D 75 01 Paris avec Guy Lecorne et Libercourt en janvier 1975 05

D 75 08 Paris avec Guy Lecorne et Libercourt en janvier 1975 05

D 75 08 Paris avec Guy Lecorne et Libercourt en janvier 1975 10

D 75 08 Paris avec Guy Lecorne et Libercourt en janvier 1975 15

Posté par Joe Krapov à 22:03 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , ,

A Paris en janvier 1975 (3)

J'avais à l'époque un voisin du dessous qui était natif du même village que moi. Il nous arrivait encore de faire de la photographie ensemble. J'ai retrouvé aujourd'hui dans cette boîte de diapos quelques poses surréalistes qui témoignent de cela. Il vient normalement me visiter demain après qu'on se soit perdus de vue depuis... 35 ans !  Ces retrouvailles sont liées aux hasards de la navigation sur Internet : merci, Mr Google ! Je lui remettrai les négatifs qu'il a oubliés chez moi et quelques trésors numérisées de cette époque-là comme ceux-ci :

GL Diapos de janvier 1975 07

GL Diapos de janvier 1975 09

GL Diapos de janvier 1975 10

GL Diapos de janvier 1975 12

 

Posté par Joe Krapov à 21:57 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
Tags : ,