BRIN DE CONDUITE (2)
Je ne vais pas vous raconter ma vie – quoique ! – mais dans notre couple, c’est plutôt mon épouse qui conduit. Moi je reste assis sagement à côté d’elle. J’ai tellement confiance dans ses qualités de chauffeuse que je ne regarde plus la route et même que j’écris des poèmes dans mon petit cahier jaune. Celui-ci est rempli d’ailleurs et je vais en entamer un neuf : il sera bleu désormais. Comme moi quand je lève le nez et vois que les distances de sécurité sont tout sauf respectées par le Fangio qui est à ma gauche.
Et donc, l’été dernier, après le délicieux concert auquel Marina B. et Gisèle C., émérites chanteuses, ont participé en Arques-la-Bataille, on se met en route tous les trois en direction de Varengeville-sur-Mer où il y a un beau cimetière marin devant lequel on tomberait volontiers en extase. On peut y voir la tombe de Georges Braque, peintre, et celle d’Albert Roussel, musicien.
BRIN DE CONDUITE (3)
Après le virage en épingle à cheveux de Pourville-sur-Mer la route monte à la va comme je te pousse sur la falaise. Vers le milieu de la pente voici l’Homme qui déboule ! Pardon, voici l’homme qui déboule d’une petite rue sur la droite et qui nous coupe la route, carrément.
- Crois-tu qu’il se serait arrêté, ce saltimbanque ? » commentons-nous intérieurement dans nos Ford intérieures.
Eh bien justement, cent mètres plus loin, il arrête sa voiture au milieu de la chaussée, forçant mon chauffeur préféré à stopper son propre véhicule. Le type descend, très calme, sort de sa bagnole et vient vers la nôtre.
Les zygomatiques de ces dames, à l’avant, se mettent à fonctionner à plein Youtube ! Un vrai film ou un sketch des Inconnus ! Le gars à une tête de hobereau local mais sans grâce et surtout sans le costume idoine : il est en short, torse nu, et arbore une bedaine de buveur de bière aguerri. Autant dire qu’il ressemble trait pour trait à un personnage en slip kangourou du regretté Reiser. Ah oui, ça me revient ! « Gros dégueulasse » qu’il s’appelait et ici la citation de Dave Barry ne s’applique pas vraiment :
« A en juger par les couvertures des magazines féminins, les deux sujets qui intéressent le plus les femmes sont :
- Pourquoi les hommes sont tous des gros dégueulasses ?
- Comment faire pour les séduire ? »
Voyant venir le coup et le macho dans ses œuvres, mes deux voitureuses cessent de s’esbaudir devant l’autochtone normand. Sentant qu’est venue l’heure à laquelle on se télescope chez les Hubbel, elles prennent l’attitude digne de deux bonnes bourgeoises qui sortent d’un stage de chant à quatre de l’Académie Bach avec Bruno Boterf comme chef, ce n’est pas rien quand même, non ?
BRIN DE CONDUITE (4)
Marina B. baisse son carreau pour entendre le revendicatif énoncer d’un ton posé mais péremptoire :
- Je suis désolé, Madame, mais cinquante mètres plus bas il y avait un panneau avec une croix de Saint-André. Ca veut dire que, venant sur votre droite, j’avais la priorité et il était normal que vous me laissiez passer.
- Je suis désolée, Monsieur, répond diplomatiquement ma chère et tendre. Je ne l’avais pas vu. Je vous présente mes excuses.
- C’est bon, répond-il avant de retourner à sa caisse qui a beaucoup vécu. Mais ce n’était pas la peine…
Et là je n’en crois pas mes oreilles :
- … de faire des appels de phare !
Des appels de phare ?
Des appels de phare ! C’est pas vrai ? Mon iconoclaste préférée lui a fait des appels de phare ?
Il y a des jours comme ça où je me traiterais volontiers de nouille : on croit avoir épousé un ange de douceur et en fait on passe toutes ses nuits au lit avec un cow-boy en jupons !
P.S. Mais bon, relativisons ! Eussé-je été plus heureux dans la situation de Gary Shandling : « Quand je n’ai pas de petite copine, je me rase une jambe comme ça j’ai l’impression d’être avec une femme » ? Je ne le crois pas.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 12 septembre 2017 à partir de la consigne ci-dessous.
Un crépuscule à Barfleur (Manche) le 5 août 2017 (1)
Personnellement, ces vingts photos de Barfleur, sans un mot de plus, auraient suffi à illustrer le mot "extase" proposé en consigne d'écriture au "Défi du samedi". Mais il était interdit de lever les yeux au ciel. C'est pourquoi j'ai encore regardé mon nombril et celui de Rimbaud. Je vous rassure, ce sera bien quand même, y'aura de la musique !
Je suis bien content quand même qu'on ait échappé à "éléphantiasis", "entonnoir" ou "écartèlement" ! Avec ces oncles facétieux du net, il faut s'attendre à tout ! ;-)
Pourville-sur-Mer après la pluie le 21 août 2017 (1)
Je ne le reprécise pas dans le titre mais nous sommes bien à Pourville-sur-Mer, dans la Seine-Maritime, et donc en Normandie. Plus précisément même ici, dans la vallée de la Scie. La Scie, chien fidèle ?
Pourville-sur-Mer après la pluie le 21 août 2017 (2)
On célébrait aussi, ce week-end là, le 75e anniversaire de l'opération Jubilee, première tentative de débarquement des alliés en Normandie. Ceci explique la présence des feuilles d'érable rouge un peu partout au long de la côte.
Pourville-sur-Mer après la pluie le 21 août 2017 (3)
"Le bison futé cache ses canines ! "Proverbe Ch'ti.
(Dans cette langue ou ce parler, "mucher" signifie "cacher")