PALAIS-PROMONTOIRE (2)
Le cortège incessant des pèlerins modernes
Eclaire ce grand temple aux fonctions polymorphes :
Des remparts pour défendre en théorie les côtes,
Des dunes incrustées de fleurs à bacchanales.
Les grands canaux ombreux d’une louche Venise
Ont des quais où l’on vend, comme hier à Carthage,
Des esclaves plus gris que des bords de Tamise.
Ici sont des Etna aux éruptions mollies,
Des glaciers crevassés d’où sortent des lys jaunes.
Menant jusqu’au lavoir, au pied des peupliers,
Un cortège de fleurs de cristal et d’hiver,
Dans des parcs singuliers, des talus impudents,
Penche des têtes rouges : érables du Japon.
PALAIS-PROMONTOIRE (3)
Au pied du grand hôtel à l’entrée en rotonde
C’est foire à Scarborough, c’est le Royal plazza,
C’est Brooklyn, l’Italie, c’est le Scenic railway,
L’Amérique et l’Asie jointes sur la terrasse.
Les fenêtres s’allument. Tout devient colossal.
La riche et noble clientèle au soir tombant
Est emportée par la brise des Fêtes-Dieu.
PALAIS-PROMONTOIRE (4)
Du brick nous l’entendons, la fête de Gatsby.
C’est tout un art d’âge du jazz, de ritournelles
Et dans le petit jour la façade vernie
Du palais-promontoire où il cherche Daisy
Sera illuminée d’étranges tarentelles
Mais la diva toujours sera inaccessible
Et notre brick s’en ira vers d’autres ailleurs.
Sur le sommet des arts alors tout s’éteindra
Puis verdira pour n’être plus qu’un point d’hier.
Ce poème a été composé d’après «Promontoire» in « Les Illuminations » d’Arthur Rimbaud.
On peut voir le manuscrit autographe ci-dessous et ici.
On peut lire une étude très intéressante là.
On découvre dans celle-ci que le Grand hôtel de "Scarbro" a été bâti sur le thème du temps. Je trouve très drôle qu'il en soit de même du phare de Gatteville. Madame Wikipe nous dit : "Le phare comporte autant de marches que de jours dans l'année, autant de fenêtres que de semaines et autant de niveaux (représentés par le nombre de fenêtres en façade que de mois".
A Barfleur (Manche) le 5 août 2017 (1)
Pour garder la longiligne
Courir sur le GR
Au-dessus de nos têtes,
Se découper sur les nuages.
A Barfleur (Manche) le 5 août 2017 (2)
Pour aller faire des balades sur la mer salée,
rien de plus Prattique qu'un tel bateau !
A Barfleur (Manche) le 5 août 2017 (3)
Hippocampe à la sauce Odorico ?
Oui, finalement, c'est très bien les cartes postales de vacances sans rien d'écrit au verso ! Les gens ne se plument pas pour savoir si elles sont de Rimbaud ou si c'est lui qu'on voit promenant son chien devant la rangée de camping-cars !
Un chat dans Dieppe (Seine-Maritime) le 22 août 2017
L’avocate, la magistrate et le chat de Dieppe
Ce jour-là, en revenant d’être allé kibbitzer au tournoi d’échecs, je me suis perdu dans Dieppe. Je me suis retrouvé dans un quartier résidentiel à suivre mon plan pour retrouver la rue d’Issoire.
En passant devant ce jardin, je me suis arrêté, j’ai passé l'objectif de mon appareil photographique par la grille d'entrée et j’ai immortalisé le chat.
Une dame qui sortait de chez elle à ce moment-là a traversé la rue et s’est approchée de moi.
- Vous cherchez à entrer ? Elles ne sont pas là !
- Pas du tout Madame. Je photographiais le chat.
- C’est une chatte. C’est ma chatte. C’est moi qui la nourris. Elles ne sont pas là, l’avocate et la magistrate.
S’ensuit une enquête en règle de l’inspectrice Derrick.
- Vous n’êtes pas de Dieppe ?
- Pas du tout, je suis en vacances, j’ai accompagné mon épouse qui fait un stage de chant.
- A l’Académie Bach ?
- Oui.
- On va avoir la Messe en si cette année, ça va être magnifique. Vous avez vos places ?
- Non, on ne ressort pas le soir, ces dames sont épuisées.
- Et vous qu’est-ce que vous faites ?
- Je randonne, je prends des photos et je vais voir les joueurs d’échecs du tournoi.
- Ah mais il faut aller au musée, alors ! Il y a de très beaux ivoires et des pièces d’échecs avec une longue tige. C’est pour jouer à bord des bateaux sans que le jeu ne soit renversé.
- Je n’y manquerai pas, chère madame.
Cérémonies, politesses. La dame est convaincue que je ne suis pas un cambrioleur en repérage.
Elle n’a pas remarqué en revanche que je suis un voleur de moments de rencontre et que ses propos vont se retrouver sur Internet. C’est comme ça : on ne se méfie jamais assez de Joe Krapov !
Les ivoires du Musée de Dieppe vus le 25 août 2017 (1)
Mettons que c'est Saint-Georges et n'en parlons plus !
(Il faudrait pourtant que je m'y remette à mes 99 dragons
plutôt que d'écrire n'importe quoi sur les rhododendrons
ou la syncope du Défi !)
Jupiter, foudre de guerre, entouré de ses millionnaires !