TROIS CONTES GLACÉS (1)
Le Dernier wagon
Il leur avait semblé bizarre, au capitaine et au journaliste, que le dernier wagon du train fût carrément désert. Cela leur fit un choc aussi, après l'ascension d'un méchant raidillon dans cette montagne d'Amérique du Sud par le tortillard, d'entendre un claquement et de sentir que le wagon repartait dans l'autre sens. Le journaliste a culottes de golf partit vérifier, suivi du capitaine barbu. On avait bien détaché le wagon du convoi. Il s'avéra que le frein de sécurité avait été saboté lui aussi ! Le capitaine sauta du train sur l’injonction de Tintin mais quand celui-ci voulut le suivre le wagon avait pris trop de vitesse. Dans cet univers là qui était la réalité le viaduc au-dessus de la rivière où il eût pu plonger n'existait pas. C'est ainsi que le jeune bruxellois à houppette termina sa vie dans un wagon fracassé.
- C'est dommage ! J'aimais bien lire ses aventures ! commenta Milou en lisant la rubrique des journalistes écrasés dans « Le Petit vingtième ».
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L’Évadée
Il est arrivé au siècle dernier, dans un musée de province, une singulière aventure. Une jeune personne dont le portrait avait été peint en 1838 est sortie de son tableau !
Elle s'en est trouvée la première surprise. Elle a secoué ses membres engourdis et épousseté sa robe rose. Puis elle est sortie du musée par la grande porte, en la traversant !
Dehors, c'était l'avant jour : personne dans les rues de Rennes, juste les premiers bus de la STAR qui se mettent à circuler. Elle a marché dans cette ville qu'elle ne connaissait pas, a traversé la place de la Mairie, a poussé jusqu'à la cathédrale et elle s'est retrouvée dans la petite rue de Dinan qui est parallèle au canal d’Ille-et-Rance. Là un gros homme portant bretelles et chapeau ouvrait les volets d'un café dont le nom était « Au vieux Saint-Étienne ». Il l'a regardée et lui a dit : « Entre ici, Isaure Chassériau ! Ça fait une paye qu'on t’ attendait !".
C'est ainsi que la jeune fille apprit son âge véritable, 179 ans, et qu’elle fit la connaissance de son oncle Camille.
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L'Écriteau
Ce n'est pas histoire de prendre sa défense, loin de là ! Je suis le premier à admettre qu'il ne faut pas frapper une fleur même avec une femme. Oui, oui, vous avez raison, c'est l'inverse, une femme avec une fleur. Et lui il avait bien tort de conserver ses épouses découpées en morceaux dans le congélateur. Mais quand même ! Quand j'ai vu cet écriteau chez Bernard, le boucher du village, « Viande de Barbe-bleue pour barbecue en promotion », je me suis dit que Sandrine Rousseau et ses copines, avec le rétablissement de la peine de mort, de l'anthropophagie et leurs stages obligatoires de maniement des brochettes, elles allaient un peu loin tout de même !
Tableau d'un suiveur de Cristoforo Allori. Image empruntée ici
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 14 mars 2023
d'après la consigne AEV 2223-23 ci-dessous
Isaure rhabillée pour l'hiver ? Photomontages de janvier 2023 (1)
Voilà une chose que Jean-Emile Rabatjoie n'avait pas encore faite : jouer au couturier débile avec l'image de Dame Isaure Chassériau, nièce de son ami Camille Cinq-Sens.
Isaure rhabillée pour l'hiver ? Photomontages de janvier 2023 (2)
Ici commence la section "René Magritte" de la collection Rabatjoie 2023 !!
Petits travaux d'art du mercredi 11 janvier 2023
Première manipulation d'une tablette graphique ce mercredi. J'ai récupéré le dessin de la panthère fait par l'élève précédénte. A un moment le stylo a déconné et je me suis retrouvé avec des gribouillages par-dessus. J'ai entrepris ensuite de les colorier "à la Miro" !
Dans l'après-midi qui précédait mon cours, j'avais publié avec du retard les textes de l'atelier d'écriture de Villejean. J'en ai illustré un avec ce collage dont j'ai refait une version ensuite en utilisant la fonction "transformer" "échelle".
Tous travaux d'art des mercredis 30 novembre et 7 décembre 2022
La plate-forme de transformation de vos photos en dessins à l'encre de Chine, toiles impressionnistes, pointillistes ou en estampes d'Hokusai s'appelle goart.fotor. com.
Pour éviter de retrouver le logo de la firme sur le résultat, j'use d'une petite ruse : je colle ma photo à droite d'un cadre blanc qui fait le double de sa taille. Après je redécoupe. Exemple avec notre amie Isaure Chassériau :
Les deux étapes préalables :
Le mercredi 7, j'ai réalisé les deux images ci-dessous en utilisant un masque au lieu d'un calque dans Photopea.
Une procédure compliquée qu'il me faudra retrouver de mémoire si je veux maîtriser ce sujet de "double exposition" qui est assez intéressant.
Si on m'avait dit qu'un jour je retournerais à l'école ! ;-)
TROIS POÈMES PHILOSOPHIQUES (insomnie du 11 au 12 novembre 2022)
PRENDRE SES ENCYCLIQUES ET SES CLOAQUES
A force de vieillir,
De décatir,
De se départir,
On finit un jour, Patatrac,
Par prendre ses encycliques et ses cloaques,
Ses petits Clics et ses grands Clac
Merci Kabic, merci Kodak !
***
LES FARCES D’AUGUSTIN
Il vaut mieux s’adresser au Bon Dieu
Qu’à ses saints
Pour qu’au moment dernier
On vous montre des seins
Plutôt que le dessein
De ce qui fut vécu.
Et c’est à ce moment qu’on est vraiment déçu :
Dieu relève sa soutane
Et vous montre son cul !
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EN MARCHE !
L’existence ne nous est donnée que pour nous exercer à la mobilité.
Pourquoi serais-je resté dans mon petit Liré ?
Plus rien n’y est pareil,
D’autres personnes habitent
Les maisons des parents
Qui sont tous décédés.
J’ai vu Paris,
photographié Venise,
pédalé en Provence et je vis dans une Bretagne qui ne ressemble déjà plus
à celle où j’ai débarqué il y a vingt-cinq ans.
Amis de la poésie et des Ardennes, bienvenue au Festival
« Un météore est passé à travers le siècle jusqu’à s’en faire péter le genou ».
Comme quoi, quand même…
De la mobilité, point trop n’en faut, non plus !
QUAND ON LIT TROP DE PO-LARDS
Il se passe de drôles de choses, ces derniers temps, dans les musées. L’écoterrorisme est en net progrès. Mais cette histoire-ci dépasse les bornes.
La marquise entra à 16h 45. On commençait à fatiguer dans le commissariat. On avait sans doute besoin d’insolite, d’inattendu pour clôturer une journée qui ressemblait terriblement à la précédente dans sa banalité-morosité. Et là on était servi.
A tout casser, elle mesurait quatre-vingt dix centimètres de haut mais était agréablement proportionnée. Une déesse en miniature. Elle avait une robe rose très longue et portait une coiffe moyen-âgeuse ornée de longs rubans blancs. « Genre double hennin, beaux monts, la meuf ! » aurait dit Katarelmek qui mélangeait toujours vocables scientifiques et formules en langage des cités dans ses phrases d’une brièveté antiproustienne concis-ro-dérable. Par-dessus tout ça elle – la marquise, pas la phrase, quoique - dégageait une odeur peu habituelle. Elle sentait le cramé. Le roussi. Le feu de forêt.
- Que puis-je pour vous, chère Madame ? Montaliban, je suis. Commissaire.
- Je viens déposer une plainte.
- Oui. Contre qui ? Qu’est-ce qui vous arrive ? Vous avez rétréci au lavage ?
- Je porte plainte pour violences conjugales.
- D’accord, je prends le formulaire idoine et je suis à vous. Votre nom ?
- Marquise Anne de Mamerloye.
- Vous portez plainte contre le marquis ?
- Non je porte plainte contre mon beau-frère, Wolfram Adegang Zamotus von Blaubart.
- Que vous a-t-il fait ?
- A moi, rien. A ses sept épouses beaucoup. Il les a assassinées. Et je ne sais pas ce qu’est devenue ma sœur, sa huitième épouse, qu’il essayait de l’égorger. Quand je suis descendue de la tour où je guettais l’arrivée des secours, le château était en flammes et le feu se propageait aux écuries. Je crois que sa pauvre jument est morte.
- Vous avez appelé le vétérinaire ? Un médecin ? Police-secours ? Les pompiers ?
- Ils étaient déjà là. Ce sont eux qui m’ont tendu la grande échelle pour que je sorte du tableau.
- Le tableau ? Mais où est-ce que ça se passait tout ça, Madame Marmerloye ?
- Au Musée des Beaux-Arts de Rennes !
- Bon j’envoie une équipe là-bas. Où est-ce que je peux vous joindre ? Vous êtes hébergée chez une amie ?
- Chez le capitaine des pompiers, Monsieur Ronchonchon. Il habite 7, square de Provence à Rennes Villejean. Très gentil, ce monsieur.
- Dès que j’ai du nouveau, je passe vous avertir.
La marquise sortit à cinq heures. Je décrochai mon téléphone et appelai le musée.
- Dites-moi, vous avez un sinistre chez vous ?
- Pas plus que chez les autres. On a tous plus ou moins nos défauts et pas plus de raisons que les autres d’être joyeux ou déprimés.
- Non je parle d’un incendie.
- Pas que je sache !
- Et vous avez encore une fille habillée en rose qui a quitté son tableau ?
- Toujours ce délire à propos d’Isaure Chassériau ? Vous allez nous lâcher, bientôt, avec ces conneries ? Qui vous êtes d’abord ?
- Montaliban, je suis. Commissaire de police. Une disparition à signaler, vous avez ?
- Tout est normal, commissaire, sauf que vous parlez comme un Brestois, présentement. Tout va très bien madame la marquise ! Personne n’est venu balancer du talc sur les fesses du nouveau-né de de La Tour ! A part qu’on a perdu la clé de la réserve et qu’on a mis un serrurier dessus, tout était normal aujourd’hui.
- Une clé, vous dites ? Disparue ? La clé d’un grand placard ? D’une salle condamnée ?
- Pas disparue. Fondue, carbonisée. Retrouvée au pied de la porte sous forme d’un morceau de charbon. Du wolfram, qu’a dit M. le conservateur. Une lumière, lui, bien qu’il soit tout mince. On l’appelle Filament parce que son vrai nom c’est Philippe-Armand Tung-Sten !
- Il est encore là votre serrurier ? Qu’est-ce qu’il fait ?
-Ben.. il crochette ! Vous voulez que je vous le passe, le capitaine ?
- Le capitaine Crochette ?
- Non, le capitaine des pompiers, c’est lui le serrurier. Il n’arrête tellement pas de râler contre cette porte qu’on l’a surnommé Ronchonchon !
L’étau se resserrait ! L’énigme allait être résolue ! Ca devait être encore un coup de l’ARVOR, l’Association des Rigolos de Villejean et de l’Ouest de Rennes ! Sauf que j’arrivais au début de la page 3, qu’il était 21 h 09 et que j’avais promis à l’oncle W. de faire court pour pouvoir envoyer ma contribution dans des délais corrects.
Bah ! Avec un peu de chance on trouverait l’explication de cet imbroglio chez Nana Fafo !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 740 d'après cette consigne : Wolfram
Collages de Jean-Emile Rabatjoie rassemblés ici le 2 octobre 2022
Est-ce par hasard ou par "manipulation" que je me retrouve en situation de retourner à l'école ? Peu importe, ça me plaît bien. Le mercredi soir désormais je vais prendre des cours d'informatique graphique à la Maison de quartier de Villejean. Depuis deux séances, je travaille sur Photopea, un substitut de Photoshop gratuit, en ligne, sans inscription. Je vais devenir un pro de la retouche stalinienne. Vous pourrez en juger d'après les deux photos au bas de ce billet. J'ai découvert avec gratitude l'outil "tampon" que je n'avais jamais utilisé auparavant !
Il n'en reste pas moins que j'aurai du mal à convaincre Jean-Emile Rabatjoie du bien-fondé de ces gadgets. Il prétend qu'un bon collage est un collage "sur lequel on voit que c'est un collage" !
Voici donc certains de ceux-ci, scannés sur mon disque dur et jamais publiés auparavant. Je suis en retard, je suis en retard, Dame Alice !
LES VOISINS D’ISAURE
- Mais qu'est-ce qu'elle a de plus que nous ? Elle est plate ! Plate de partout ! Sans aspérités, sans relief. Elle pose devant ce fond gris vert, à côté de son rideau, comme si elle était déjà sûre de terminer sa vie dans un musée !
- En même temps, dit le perroquet, elle n'a pas grand chose pour elle ! Une robe rose des jours de fête, des fleurs dans les cheveux ,un petit air godiche comme on n’en fait plus ! Il n'y a pas grand monde à flasher sur elle ni même à s'arrêter plus de trois 3 minutes devant son selfie de première de la classe qui ne fera jamais ni de bêtises ni de grimaces. Isaure Chassériau ! Quel blase elle porte en plus !
- Remarque, nous non plus on n'attire pas la foule. Pourtant un tableau en relief, avec la communication possible entre les deux mondes, le réel et l'imaginaire, le possible et l'impossible, ça devrait bousculer un peu, non ?
- Tu penses que trop de surréalisme tue le surréalisme ?
- Non je pense que ce serait mieux s'il y avait un asticot au bout de l’hameçon !
- Et un poisson qui tourne autour dans le verre ?
- Ah non je suis contre la maltraitance envers les animaux !
- Ah bon ? Et l'asticot, transpercé de part en part, c'est quoi. Juste un concept ?
- Un point pour toi, l’ara !
- À causer de la voisine, des autres tordus qui essayent d'épater la galerie et, en général, de l'art contemporain ou pas, on ne voit pas le temps passer ! C'est déjà l'heure de la fermeture du musée. Tu vas pouvoir poser ta canne et aller t'allonger, le pirate !
- Pas trop tôt ! Je commençais à avoir des fourmis dans ma jambe de bois !
- Et puis tu sais on va vers le mieux ! Parait qu'avec la crise de l'énergie ils vont fermer les musées plus tôt ou un jour de plus par semaine.
- Je suis assez preneur, je dois dire !
- Par contre pour ce qui est de prendre ta retraite, faudra attendre un peu plus. Ils vont reculer l'âge de départ possible pour cela.
- Ça m'arrange aussi ! Je ne suis pas pressé d'aller me faire remiser à la cave, d'être mis en réserve de l'arrêt du public !
- En tout cas ne t'inquiète pas, Papy Rackham! S'il y en a qui veulent vraiment t’embêter je te défendrai du mieux que je peux ! Je leur volerai dans les plumes à ces australopinacothèques !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 27 septembre 2022
d'après la consigne 2223-03 ci-dessous