En un mot comme en cent. 19 novembre 2021, Aujourd'hui une lumière
Voilà qu’on me consulte comme si j’étais un réel spécialiste de l’histoire littéraire de la seconde moitié du XIXe siècle et en particulier de la vie et des aventures du sieur Rimbaud Arthur ! C’est vrai que je laisse pas mal de traces de mes lectures sur le net ! Voici l’échange :
Bonjour,
Je lis votre site et remarque que vous en connaissez un rayon sur la vie du poète Charles Cros
J'ai une demande particulière au sujet d'un épisode de la vie d'Arthur Rimbaud dont j'ai seulement ouï dire : Arthur Rimbaud a-t-il brûlé un manuscrit de Charles Cros?
Je ne sais pas si l'évènement a pu se produire et s'il s'est produit chez Cros tandis que celui-ci hébergeait Rimbaud ou dans le cercle zutique.
Quoiqu'il en soit, le geste ne me surprendrait pas de Rimbaud ou d'Arthur Craven
Je vous remercie des éclairages que vous pourrez apporter à ma lanterne.
Bonne continuation.
Julie C.
Bonjour
Je n'ai jamais rien lu de tel pour ma part. Le seul élément approchant est celui-ci, tiré du livre de Jean-Baptiste Baronian - Rimbaud (Folio)
https://www.babelio.com/livres/Baronian-Rimbaud/149068
"Charles Cros est le premier à réagir. Il possède dans la rue Séguier, à deux pas de la place Saint-Michel, un atelier où il travaille à la fabrication de pierres précieuses synthétiques et il se dit prêt à y installer un lit de fortune pour Rimbaud, le temps qu'on lui déniche un meilleur hébergement. Mais à son tour il doit bientôt le chasser, Rimbaud ayant eu la désolante idée d'arracher les pages de la belle et luxueuse revue "L'Artiste" pour s'en servir comme papier hygiénique".
J'ai aussi entendu dans une émission de France-Culture un descendant de Charles Cros évoquer l'épisode de l'acide sulfurique mentionné ici :
Un drôle de "vilain bonshomme" que ce Rimbaud ! ;-)
Bonne continuation à vous dans la fréquentation de ces poètes magnifiques mais pas forcément doués pour s'intégrer à la société de leur temps (mais fallait-il vraiment s'y intégrer ? ;-) )
Bien amicalement
P.S. Je me suis intéressé à Charles Cros parce que j'ai travaillé un certain temps dans le château de Sablé où il avait fait des essais sur la photographie des couleurs.
J'ai repris cela dans une conférence sur "Les Inventeurs farceurs" donnée à Rennes en 2019 :
http://krapoveries.canalblog.com/tag/Inventeurs%20farceurs
Ma fréquentation de Rimbaud s'est poursuivie quant à elle, de manière humoristique, sous forme d'une dizaine de courriers à lui (virtuellement) envoyés : "Ecrire à Rimbaud ?".
C'est consultable ici, en désordre, parmi tout un tas de textes allumés qui me font toujours éclater de rire lorsque j'y reviens (merci de m'avoir permis ce retour !)
http://krapoveries.canalblog.com/tag/Arthur%20Rimbaud
Bon amusement !
Bonjour,
Je vous remercie de ce complément d'information très riche qui m'a permis de découvrir ce génie de Charles Cros. Quelle destinée injustement reconnue !
Outre ses inventions scientifiques, le genre du monologue est bien amusant !
Bonne continuation dans vos recherches littéraires
Julie C.
LES INVENTEURS FARCEURS. 1, Charles Cros (1,1)
1,1.1 Pour commencer avec Charles Cros
LES INVENTEURS FARCEURS. 1, Charles Cros (1,2)
1,1,2. Biographie de Charles Cros
Au départ, nous avons affaire à un personnage on ne peut plus sérieux : Charles Cros est né en 1842 à Fabrezan dans l'Aude.
De 1850 à 1859, il fait ses études : langues anciennes, modernes, hébreu, sanscrit, mathématiques, musique.
Il décroche son bac à l’âge de 14 ans !
En 1860, il entreprend des études de médecine qu’il ne poursuivra pas (elles couraient trop vite !).
En 1867 il présente à l’Exposition universelle un télégraphe automatique
Le 2 décembre de la même année, il dépose à l'Académie des sciences un pli cacheté sur la reproduction des couleurs, des formes et des mouvements.
Et nous arrivons maintenant à la première des farces que la vie a jouée à Charles Cros.
LES INVENTEURS FARCEURS. 1, Charles Cros (2,1)
1,2,1. Charles Cros, inventeur de la photographie des couleurs
Le même jour, le 7 mai 1869, Charles Cros et Louis Ducos Du Hauron, sans se connaître et sans avoir eu la moindre relation, communiquent à la Société française de photographie leur méthode pour obtenir des photographies en couleur
Il s'ensuit une polémique sur l'antériorité de la découverte : Charles Cros avait déposé un pli cacheté à l'Académie des sciences le 2 décembre 1867. Louis Ducos Du Hauron quant à lui avait déposé un brevet d'invention le 28 novembre 1868.
Par la suite la polémique retombera et les deux hommes se lieront d'amitié.
- Il s'agit, écrivait Charles Cros en février 1869, de prendre trois épreuves différentes, l'une de tous les points plus ou moins rouges ou qui contiennent du rouge, la seconde de tous les points jaunes ou contenant une proportion de jaune, la dernière de tous les points bleus ou contenant du bleu. Le procédé d'analyse successive par transparence est le premier qui m'est venu à l'esprit ; il consiste à tamiser les rayons à travers des verres colorés." .
Voici les premières photographies en couleurs réalisées ainsi par les deux hommes :
On peut voir également une pratique actuelle de cette méthode photographique,
celle de Clément Darrasse, sur le site Phototrend.fr
LES INVENTEURS FARCEURS. 1, Charles Cros (2,2)
1,2,2 Louis Ducos du Hauron
Louis Ducos Du Hauron est né le 8 décembre 1837 à Langon en Gironde.
Dès sa jeunesse, il s'était voué à une étude approfondie des sciences physiques.
En 1862 il adresse à M. Lélut, membre de l'Institut, un premier mémoire sur la photographie des couleurs, mais un membre de l'Académie des sciences les dissuade de présenter ce mémoire à l'Académie !
En 1864, il invente le premier cinématographe.
En 1891 il découvre l'anaglyphe, procédé de reproduction du relief. On reproduit deux négatifs, l'un en vert, l'autre en rouge sur un même papier. La vision du relief s'obtient par examen de cette image avec des verres colorés.
Les conférenciers distribuent des paires de lunettes spéciales et projettent dans la perplexité et l'hilarité les diapositives suivantes :
Vous voyez bien le relief ?
Il paraît que c'est chez vous,cher collègue ! Ce serait paraît-il la Corse ?
Et ça c'est chez vous, ce coin typique de la banlieue rennaise ?
Là aussi, c'est chez vous ? C'est votre épouse ?
Vous voyez bien le relief ?
Maintenant qu'on a contenté les messieurs, faisons plaisir aux dames
avec cette photo du beau Paulo (McCartney) en compagnie de M. Les Paul,
inventeur de la guitare Gibson qui porte son nom.
Et puis redevenons sérieux une minute avec cette jolie vue
de la cathédrale de Perrache à Lyon.
LES INVENTEURS FARCEURS. 1, Charles Cros (2,3)
1,2,3. Charles Cros et Sablé-sur-Sarthe
Construit entre 1715 et 1730 pour Jean-Baptiste Colbert de Torcy, le château de Sablé était depuis 1864 la propriété de la duchesse de Chevreuse.
Son fils le duc de Chaulnes était un esprit éclairé, adepte des disciplines scientifiques, et intéressé par la photographie.
A la fin de 1876, Charles Cros le rencontre à Paris : il va trouver en lui le mécène dont il a besoin pour financer ses expériences.
En 1877, le duc de Chaulnes se rend à Sablé et invite Charles Cros à venir avec lui. Le savant dispose, comme à Paris, d'un laboratoire personnel. Durant deux ou trois mois, Charles Cros va fournir un travail considérable pour concrétiser ses théories sur la photographie des couleurs. Il consacrera son séjour à Sablé à réaliser des clichés.
L'objectif du duc était de reproduire en couleurs le cartulaire de l'abbaye de Solesmes toute proche.
***
De 1920 à 1962 le château abrita la fabrique de chicorée des frères Williot, industriels du Nord de la France !
Juste une petite parenthèse personnelle pour évoquer le fait que j'ai travaillé là de 1985 à 1997. Ce château hébergeait et héberge encore des ateliers de la Bibliothèque nationale de France chargés de reproduire photographiquement, sur microfiches et microfilms, les ouvrages au papier abîmé de la bibliothèque !
Comme quoi il peut y avoir de la continuité dans le destin d’un bâtiment !
LES INVENTEURS FARCEURS. 1, Charles Cros (3)
1,3. Charles Cros, inventeur du phonographe
Le 18 avril 1877, Charles Cros est à Paris. Il adresse à l'Académie des sciences un pli cacheté sur le phonographe. Le pli est accepté le 30 avril.
Le 17 décembre 1878, Edison dépose une demande de brevet pour le même appareil !
Voici comment l’histoire nous est contée dans un numéro du journal Le Point du 30 avril 2012 par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos :
Le 30 avril 1877, l’Académie des sciences enregistre un pli cacheté déposé le 18 octobre précédent par un certain Charles Hortensius Émile Cros, 34 ans. Le document décrit un procédé d’enregistrement et de reproduction des phénomènes perçus par l’ouïe, nommé paléophone. Ce qui signifie : voix du passé. Sans entrer dans les détails, l’appareil imaginé est constitué d’une membrane vibrante dotée en son centre d’une pointe qui repose sur un « disque animé d’un double mouvement de rotation et de progression rectiligne ». Animée par la membrane, l’aiguille trace un sillon sur le disque, et, inversement, lorsqu’on fait repasser la pointe dans le sillon, la membrane restitue le signal sonore.
- C’est simple, c’est efficace, sauf que Cros ne trouve personne pour financer la fabrication d’un prototype. Il a beau frapper à toutes les portes, macache ! Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Le 10 octobre 1877, l’abbé Lenoir (signant Le Blanc !) décrit dans La Semaine du clergé l’invention de Charles, en la rebaptisant phonographe. De l’autre côté de l’Atlantique, l’article est-il tombé sous les yeux du Steve Jobs du XIXe siècle, Thomas Edison ? En tout cas des rumeurs courent bientôt que lui aussi travaille sur une machine à enregistrer les sons.
Charles Cros s’en inquiète. On va lui piquer son invention ! Il se précipite à l’Académie des sciences, réclame à hue et à dia qu’elle ouvre son enveloppe pour marquer officiellement son antériorité. L’enveloppe est bien ouverte le 8 décembre, mais deux jours après la première démonstration d’enregistrement d’une voix
humaine par Edison. Et, le 17 décembre, l’inventeur milliardaire dépose une demande de brevet pour son phonographe. Cros a les crocs. Mais rien n’y fait. Il reste sans voix.
Maigre consolation : le nom de Charles Cros reste associé à celui d'une académie nationale qui, depuis 1948, décerne chaque année un grand prix du disque dans différentes catégories musicales.
LES INVENTEURS FARCEURS. 1, Charles Cros (4)
1, 4. Charles Cros poète et humoriste
Charles Cros rencontre Verlaine en 1866.
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C'est à cette époque qu'il fait ses débuts dans la poésie. Il publiera "Le Coffret de santal" en 1873. En 1908 paraît un recueil posthume, "Le Collier de griffes". L'héritage de sa poésie sera revendiqué par les Surréalistes. André Breton écrira de lui : "Le pur enjouement de certaines parties toutes fantaisistes de son oeuvre ne doit pas faire oublier qu'au centre des plus beaux poèmes de Charles Cros un revolver est braqué". |
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En 1871, Charles Cros et Paul Verlaine accueillent Arthur Rimbaud à son arrivée à Paris. Charles Cros aussi tombe sous le charme du jeune poète qu’il invite à séjourner chez lui, rue de Tournon. Mal lui en prend, l’infernal garnement le remercie en se torchant avec une de ses précieuses revues et trouve très drôle de mettre de l’acide sulfurique dans le verre de son hôte ! Cros l’invite à trouver un autre toit.
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Le poète-inventeur intègre s’immerge dans le cercle des Hydropathes (ceux que l’eau rend malades), le club littéraire fondé par Émile Goudeau ( ça ne s'invente pas!) en 1878. Il écrit : « Hydropathes, chantons en coeur/La noble chanson des liqueurs. »
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Après 1881, les Hydropathes se réunissent au cabaret «Le Chat noir» de Rodolphe Salis. Cros n’hésite pas à monter sur scène pour réciter ses poèmes, en particulier le fabuleux "Hareng saur".
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Les deux conférenciers procèdent à une lecture du "Hareng saur" (vidéo en cours de publication sur Youtube, revenez demain !)
LES INVENTEURS FARCEURS. 1, Charles Cros (5)
Les Inventeurs farceurs. 1, 5, Charles Cros inventeur du monologue.
Dans les dernières années de sa vie, Charles Cros fréquente le cabaret "Le Chat Noir" et collabore à la revue du même nom. Il se lie avec Alphonse Allais. |
Il commence en 1876 à écrire des monologues pour le comédien Coquelin cadet. Il s'agit là d'un renouvellement complet du genre. Le monologue sort du théâtre pour devenir un sketch à part entière et Charles Cros peut-être considéré comme l'inventeur de ce qu'on appelle aujourd'hui le "stand-up". Deux exemples de ces monologues ci-dessous. |
ECRIRE A RIMBAUD ? 9, Gramophone
Monsieur Arthur Rimbaud
B.P. 01 au vieux cimetière
08000 Charleville-Mézières
Mon cher Arthur
« Un bon petit diable à la fleur de l'âge,
La jambe légère et l'œil polisson,
Et la bouche plein' de joyeux ramages,
Allait à la chasse aux papillon»
Georges Brassens – La Chasse aux papillons
Aujourd’hui je devais te parler de gramophone mais à la chasse aux papillons, j’ai rencontré Cendrillon. Comme elle partage tout, même ses microbes, elle m’a filé son rhume et j’ai donc passé mon lundi matin plongé dans un autre bouquin très intéressant. Il s’appelle : « De fil en aiguille : les pionniers de la communication : Charles Cros et les autres ».
Charles Cros ! Qui sait, ou qui se souvient, qu’il accompagna Verlaine à la gare de l’Est pour t’accueillir à Paris un jour de septembre 1871 ? « Venez, venez vite, chère grande âme ! On vous désire ! On vous attend ! » ou plutôt, sans les fioritures, « Venez, je me charge de tout » t’avait écrit l’homme des sanglots longs en t’expédiant un mandat pour payer le voyage. Sauf que ces deux clampins n’avaient pas de perche à selfie au bout de laquelle ils eussent pu accrocher un panonceau «Arthur Rimbaud ?» ou «Hôtel Verlaine». Du coup tu les ratas, ils te ratèrent, vous vous ratâtes. Il y a fort à penser que tu arrivas avant eux au 14 de la rue Nicolet chez les Mauté de Fleurville, les beaux-parents de l’homme au ciel par-dessus les toits, et que Charles Cros était bien le deuxième des hommes qui entrent là pour te retrouver dans le récit de M. Teyssèdre sur M. Googlebooks.
Charles Cros, le deuxième homme ! Quel humour elle a cette Fatalité Offenbachienne !
Car Charles Cros fut bien, toute sa vie durant, le Poulidor de l’invention et même peut-être aussi celui de la poésie ! Que ce soit pour le phonographe ou pour la photographie des couleurs, ce poète savant eut la vision et la conception juste de ce qu’il fallait faire mais fut toujours coiffé au poteau par des gens qui, de leur côté, étaient arrivés au même résultat mais avaient mis en pratique l’idée. Ainsi de Louis Ducos du Hauron, le Jacques Anquetil de la trichromie et de Thomas Edison, l’Eddy Merckx du phonographe. Quelle déveine permanente !
« J'ai tout trouvé, nul mur ne m'ayant arrêté.
Mais Chance, dis-moi donc de quel nom tu te nommes ? »
Charles Cros ! Le passage des poètes dans le Sud de la Sarthe ! Je ne puis parler de lui sans révéler que moi aussi, comme toi, j’ai habité chez lui ! Enfin, pas chez lui, chez son mécène, le duc de Chaulnes, au château de Sablé dans la Sarthe. Et, bon, d’accord, plus d’un siècle après, quand même, je ne suis pas si vieux que ça. Le duc de Chaulnes, très intéressé par les développements de la photographie, avait invité le poète-inventeur natif de Fabrezan à venir poursuivre chez lui ses travaux sur la photographie des couleurs.
Il y a de quoi rigoler à propos de ce château de Sablé-sur-Sarthe. Quelle continuité dans sa destinée poétique ! Alors que tu devenais, après ton départ en Afrique, négociant en café, le château fut racheté par des industriels du Nord de la France, les frères Williot qui y installèrent une fabrique de chicorée. Alors que Charles Cros y était venu pour la photographie, le château devint en 1981 un centre de microfilmage de documents de la Bibliothèque nationale. Joe Krapov, poète à ses heures et photographe à seize heures trente, y travailla de 1985 à 1997.
Et je me souviens, dans la même veine, d’un texte d’Alphonse Allais, "L'agonie du papier", où il imaginait le journal de l’avenir sous forme d’une pellicule photographique projetée sur le mur. Carrément la microfiche, déjà ! Alphonse Allais qui connut Charles Cros au cabaret du Chat noir et au journal éponyme…
Si je reviens au livre dont je parlais au début – parce que, n’est-ce pas, de fil en aiguillle, on perd de vue qu’on est en train de causer du livre "De fil en aiguille" - je dois préciser qu’il est également le catalogue d’une exposition de ce département de la Bibliothèque nationale qu’on appelle «Phonothèque nationale».
A une certaine époque, bien avant que je n’aille travailler en Sarthe, je passais tous les jours devant cette institution sise au numéro 2 de la rue de Louvois à Paris. Moi je bossais au numéro 4. Une des rédactrices de ce catalogue, Catherine Cassan, vint elle aussi, plus tard, travailler au château de Sablé.
Mais revenons au gramophone. Dressons, c’est très amusant, non pas des tigres du Bengale mais la liste des inventions qui ont permis d’accomplir le rêve de Charles Cros :
"Comme les traits dans les camées
J'ai voulu que les voix aimées
Soient un bien, qu'on garde à jamais,
Et puissent répéter le rêve
Musical de l'heure trop brève ;
Le temps veut fuir, je le soumets."
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Tout ça, en passant par la caméra super 8, le magnétophone à cassettes, la poupée qui parle et le baladeur MP3 pour aboutir à Skype et au smartphone !
C’est ddddingue !
Sur ma fréquentation plus active encore de Charles Cros dans la ville de Sablé j’ai conservé tout un dossier d’archives. Il me faudra bien un jour publier-partager le souvenir de ces soirées de lecture publique « Hydraulire » créées et animées en collaboration avec Lionel Epaillard. Je dois avouer, en contemplant ce hareng saur qui en fait partie, que je m’intéressais alors plus au poète qu’à l’inventeur.
Revenons à toi, camarade Rimbaud ! Il paraît que votre cohabitation ne dura que quinze jours at que ce fut de ton fait. Je lis ici que tu lacéras une revue dans laquelle Cros avait publié des poèmes. Non mais ça va pas, la tête, Arthur ? C’est quoi cette manie de jouer du couteau ? Tu te prends pour le général Alcazar dans « Les sept maboules de cristal » ? Tu as le diable dans le ventre ou quoi ?
Charles Cros ne t’en voulut pas plus que ça. Il lança une souscription pour que les poètes du Cercle zutiste puissent assurer ta subsistance de PDG SDF (Poète Décrocheur Génial Sans Domicile Fixe).
Charles Cros m’est sympathique également à cause de son humour loufoque, absurde et parfois grinçant. A part le fait qu’il a laissé son nom au grand prix de l’Académie du disque, il est célèbre pour avoir écrit ce poème décoiffant, « Le hareng saur » dont j’ai trouvé une version formidablement illustrée ici.
On ignore souvent que cette chanson de Brigitte Bardot est signée aussi de lui. Le poème original s’appelait "Triolets fantaisistes". La musique est de Yani Spanos.
Comme tu peux le constater, mon cher Arthur, mon oncle Walrus m’a particulièrement gâté en me proposant d’écrire sur un mot tel que "gramophone".
Il me ramène à des époques bénies - « 20 ans le plus bel âge ! Ou le plus con ? -, à des lieux d’écoute musicale oubliés, le pavillon de Paris, le théâtre Mogador, le grand studio de RTL, le Vidéostone, le théâtre Solférino à Lille, les différentes scènes de la Fête de l’Humanité, la «piscine» du château de Sablé où l’on travaillait avec un casque de baladeur à K7 sur les oreilles…
Il m’incite à numériser des documents qui dormaient dans mon grenier et à en découvrir des tonnes d’autres sur Internet, dont ce disque de Jean-Marc Versini, un musicien que je connaissais déjà de longue date parce qu’il a mis en musique des poèmes … d’Arthur Rimbaud !
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Allez, R.I.P., (Reste in Peace and love ?) mon cher Arthur, comme on dit chez M. Youtube sous les vidéos d’artistes décédés ! Au moins jusqu’à samedi prochain !
Ecrit à partir de la consigne du Défi du samedi n° 474 : Gramophone