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Mots et images de Joe Krapov
15 juin 2014

BIENVENUE A NEW-YORK, MARCEL S. !

J’ai passé une excellente soirée mais ce n’était pas celle-ci. Et pour cause !


Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Je vais vous dire : c’était que du bonheur ! C’était comme de gagner un match à la maison. En effet, parfois, à peine ma bougie éteinte, - merci infiniment, Mââm Bougie ! - mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de rebondir et de me dire : « On vient de l’apprendre, les paupières du petit Marcel étaient lourdes, j’ai le sentiment que ça vient de tomber et même que, trop fort, ne bougez pas, le voilà qui s’endort ! ».


Et, une demi-heure après, vraiment du grand n’importe quoi, la pensée improbable qu'il était temps de chercher le sommeil, ou pas, m'éveillait. Surréaliste de chez surréaliste.


Je voulais poser le volume que je croyais avoir dans les mains et j’étais plutôt d’accord pour souffler ma lumière. Voilà, quoi. Mais c’était énorme comme je n'avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, trop de la balle, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier, tout à fait même. Enfin un vrai couac, le fameux truc décalé qui permet de revisiter grave le difficile quotidien, ou pas.


J’hallucinais. Il me semblait que j'étais moi-même ce dont parlait l'ouvrage : le très attendu jeune loup de la politique qui viendrait à bout du vieux lion, ou pas, l’église incontournable qui nécessitait l’arrêt sur la route des vacances car c’est dans l’ADN du photographe, c’est clair, de ne pas respecter la moyenne, le dernier des grands quatuors d’Arnold Schönberg, la rivalité au bras de fer de François Ier et de Charles-Quint. Fallait-il avoir peur de ce coup de calcaire ?


Cette croyance improbable survivait pendant quelques secondes à mon réveil. Elle était comme une jeune femme pleine de fraîcheur qui donnait le la aux musiciens et au chef d’orchestre du très attendu sommeil. Elle ne choquait pas ma raison, mais voilà, quoi : elle pesait comme des écailles sur mes yeux. C’était trop too much. Elle les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n'était plus allumé. Puis dans l’entourage du metteur en scène de « Revoir sa copie » elle commençait à me devenir tout à fait inintelligible, comme après la métempsycose les pensées d'une existence antérieure se posent là où j’ai mon doigt, ou pas.


Au chevet de Bouddha où une foule anonyme, on vient de l’apprendre, se pressait, le sujet du livre se détachait de moi, j'étais libre de m'y appliquer ou non, ou pas. J’adorais ce côté décalé et en même temps je sentais monter la grogne au créneau. Aussitôt je recouvrais la vue et j'étais bien étonné de trouver autour de moi la fameuse obscurité qui reprenait la main, douce et reposante, c’est clair, pour mes yeux, mais voilà quoi, peut-être plus encore, j’ai envie de vous demander si vous vous en doutiez, pour mon esprit.


Faut-il avoir peur de l’écrire ? L’obscurité apparaissait pianissimo comme une chose sans cause, incompréhensible, surréaliste, du grand n’importe quoi, voilà, en effet, comme une chose vraiment obscure. Bref, un vrai no man’s land.

Je me demandais quelle heure il pouvait être, ou pas. J'entendais grave le sifflement des trains – Merci infiniment, le sifflement ! - qui, plus ou moins éloigné, - c’est dans son ADN, ne bougez pas ! - comme le chant d'un oiseau dans une forêt tout à fait revisitée à la maison, relevant les distances, me décrivait l'étendue incontournable de la campagne trop déserte de chez Yapersonne où le très attendu voyageur se hâte comme le dernier des grands explorateurs vers la station prochaine, pleine de fraîcheur et le petit chemin qu'il suit va être gravé grave dans son souvenir par l'excitation qu'il doit, comme vous le savez, à des lieux nouveaux – enfin un vrai endroit qui me botte depuis Sète !- , à des actes, voilà quoi, c’est clair, inaccoutumés, j’ai envie de dire aussi à la causerie récente et aux adieux trop glauques sous la fameuse lampe étrangère qui le suivent encore dans l’entourage de la lune et dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du très attendu retour qui, on vient de l’apprendre, est éternel, ou pas.

J'appuyais tendrement mes joues incontournables contre les belles joues improbables de l'oreiller qui, pleines et fraîches, que du bonheur, sont comme les joues de notre enfance, c’est énorme, à la maison. J’avais envie de demander l’heure, mais j’avais le sentiment que vous n’étiez pas là alors voilà quoi, je frottais une allumette pour reprendre la main et regarder ma montre.

Ne bougez-pas ! Trop nul ! Gravosse de chez gravosse ! J’hallucinais béton ! C’était bientôt juste minuit.

MIC 2014 06 09 New-York

C'était l'instant où le dernier des grands malades, qui a été tout à fait obligé de partir en voyage sur un coup de tête et a dû coucher dans un hôtel inconnu de New-York, réveillé par une crise, se réjouit en apercevant sous la porte une raie de jour. C’est trop de la balle ! Que du bonheur ! C'est déjà, merci infiniment, énorme, le matin !

Dans un moment les domestiques seront levés, c’est clair et il a le sentiment qu’il pourra sonner, et qu’une jeune femme noire viendra lui porter secours. L'espérance d'être soulagé fait qu’il va reprendre la main, lui sauter dessus, ce sera du grand n’importe quoi mais c’est dans son ADN, un coup de sang incontournable.

Faut-il avoir peur de l’improbable ? Bien sûr que non sinon on reverrait tout le temps sa copie et on ne monterait jamais au créneau, c’est clair. Après que j’ai eu rêvé, ou pas, cela, les flics m’ont arrêté à l’aéroport. Trop énorme !

J’ai passé une excellente soirée mais ce n’était pas celle-ci. Là c’est trop un cauchemar sur toute la ligne, foi de Marcel Stroskane ! Proust alors !


Ecrit pour "Un mot, une image, une citation" du 9 juin 2014 à partir de cette consigne :

Un mot : ligne
Une image :
Photo par kconners chez morgueFile

Une citation : J'ai passé une excellente soirée... mais ce n'était pas celle-ci. - Groucho Marx

Et aussi (pardon chère Joye !) d'après celle de l'atelier de Villejean du 10 juin 2014 qui consistait à réécrire le début de "Du côté de chez Swann", de "Madame Bovary" ou du "Voyage au bout de la nuit" en y insérant les mots évoqués dans le livre de Frédéric Pommier "Mots en toc et formules en tic".
(J'ajouterai la liste de demain, je ne la retrouve plus !)

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8 juin 2014

AH ! DIEU, VEAUX, VACHES, COCHONS LIBERES QUI S'ENVOLENT !

Lorsque les vaches volent, Djamel se gare des bouses. Elles pleuvent par douze, s’amassent en monceaux, atterrissent en rond et dans le saint des saints de ce cercle d’initiées les nouveaux religieux de l’ordre du Tartuffe viennent caresser l’espoir que poussera ici l’aiguille du Midi.

96685747

L’aiguille du midi, c’est l’heure du maçon. J’écris alors au fil à plomb, avec un vil aplomb, des histoires verticales sur les murs de la ville. Le passant peu pressé s’arrête, lit mes bêtises et se gondole comme Sheila et Ringo à Venise. Il lui pousse au thorax un maillot à rayures et, sur sa tête hilare, un beau chapeau de paille avec un ruban rouge. L’Eglise Notre-Dame devient un campanile qui penche pour la solution de faciliftée et la Vilaine se refait une beauté en détournant son cours vers celui de la lyre ou plutôt de la lire car on y est revenus depuis que la nymphe Europe fait de l’œil aux taureaux de son beau regard franc aux lignes bleues des Vosges. Midi c’est l’heure de casser la croûte pour le maçon mais pour cent bricks, tu n’as plus rien comme bateau sinon ceux de papier que tu peux fabriquer si tu as retenu les schémas de l’enfance.

Justement, la vieillesse c’est quand tu t’aperçois que tes souvenirs d’enfance n’intéressent plus personne, que Cyrille Guimard n’a jamais décroché son doctorat d’espoir et qu’on ne te volera pas le vélo à son nom, pas plus qu’un Poulidor, car il ne fait pas bon arriver en second au pays où les loups portent des masques d’homme, voyagent en avion, abattent des forêts pour pousser leurs camions. Les arbres explosent en silence, tous les Chinois rêvent d’un carrosse à défaut de trouver une Chinoise à leurs pieds car ils ont trop serré le numérus clausus et ne croient pas au Père Noël.

Le temps s’arrache, inexorable, de la machine à lover et le tambour s’attache à délaver l’inessorable, à blanchir le persil des narines, à coller des pains à l’azyme glouton, à réduire les bonus sans nous faire de cadeaux sauf à Arielle Dombasle que j’échangerais bien contre deux barils de poudre d’escampette quand elle chante ou quand BHL trompette. Direction un pays de cathédrales folles, de vaisselle cassée, de montres molles, de maisons sans lignes droites, de fenêtres monstrueuses pour dévorer l’ado qui ne sort plus de sa turne.

Thabor compo

Direction le parc du Thabor ! Je promène un jardin au bout d’un baluchon, je capture des ailes d’anges tatouées sur des blousons, je regarde bronzer les dernières liseuses même pas numériques, j’envie les affalées aux âmes d’azalées, le nez dans le soleil, les pieds dans la fontaine. Je me nourris des roses, de ces monceaux de roses qui parfument la ville et je pourrais mourir avec la bouche bée pour peu que les abeilles viennent butiner ma luette, ma gentille luette et je me plumerais avec tout le Québec en ces temps de Canada dry et de sécheresse de ton des chenilles qui disent « Minute » aux papillons.

trois boutons de rose

  La postière est enceinte et ça n’est pas de moi de m’en aller ainsi, de la vieille sacoche du facteur suicidé que chantait Moustaki vers la boîte timbrée du village de Trentemoult : je ne me poste pas sur le pas de la porte pour qu’on m’enveloppe du regard ou pour qu’on m’affranchisse du cachet des vedettes ou de leurs secrets d’alcôves . Je me tamponne de certaines flammes. Si mon timbre résonne, c’est que sur le chemin, escarpe de Paulette, je m’apprête à rouler de nouveau, narquois, la société qui m’offre des vacances. Quand la vie m’enchante, je chante !

boîte

La postière est en sainte. Le bébé qui naîtra sera sain d’esprit et de corpore sano. Il aura Vénus en lion et la laine en mouton dont il suivra le fil afin de découvrir au bout de son chemin l’étoile du Berger. Moi, de toute façon, je suis comme Maryvonne, je ne sais plus où j’habite. Je lui laisse les pépins, au mouflet. Qu’il renaisse en pommier, moi je garde la cerise, je continue d’écrire sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment, les mêmes cartes postales qui font plaisir aux gens même s’ils les reçoivent après que je suis revenu mettre un coup de soufflet dans l’anus des cochons afin qu’ils volent vers Monterfil pour y jouer du biniou. C’est quand même grâce à moi, à mon souffle magique, à mes fausses notes de rêve, qu’il pleut de la saucisse sur toute l’Ille-et-Vilaine, non ?

Et tant pis pour ceusses-là qui n’ont pas de galette. Comme a écrit Jules Verne « Seul est vraiment libre l'homme qui ne possède rien ».
- Justement , répond l’oiseau-Bakounine, ma propriété, c’est le vol !

S’il n’y avait pas ces faillies vaches qui planent, nous étonnent et nous tannent d’explosions de méthane, on serait au paradis, non ? 

Bien sûr que si, et cela même dans une Bretagne à quatre départements !

MIC 2014 06 02 cochon gallésie

Ecrit à l'Atelier d'écriture de Villejan pour "Un mot, une image, une citation" du 2 juin 2014 d'après cette consigne :

Un mot : monceau
Une image :

Une citation : Seul est vraiment libre l'homme qui ne possède rien. - Jules Verne

et en s'inspirant de ce texte de Jean-Marc La Frenière

31 mai 2014

TOUT PART EN FUMEE ?

C’est naturellement que tout part en fumée
Mais j’ai préféré perdre
Le goût du risque (d’un cancer ?)
Plutôt que me perdre à jamais.

MIC 2014 05 26 cigare

C’est naturellement que tout part en fumée
Mais moi, perdu dans les détails,
Je ne perds pas de vue cet essentiel de taille
Que je continue de t’aimer.

MIC 2014 05 26 Feu

C’est naturellement que tout part en fumée
Mais c’est quand même Néron qui met le feu à Rome.
Ayant perdu tout sens de ce qu’est Dignité
Il s’est perdu lui-même.

MIC 2014 05 26 incendie

C’est naturellement que tout part en fumée
Le Vésuve et l’Etna, la ville de Saint-Pierre…
Avec le temps va tout volcan !
Parmi les fumerolles
Des montagnes pelées
Ne survit que le rock’n’ roll.

MIC 2014 05 26 Fumée

C’est naturellement que tout part en fumée
Mais je ne veux connaître que les bonheurs anthumes
Des fumets que je hume
Quand je fais la cuisine,
Du parfum des frangines
Qui m’allument,
De l’odeur des matins dans la fraîcheur des brumes,
De la fragrance
Des vacances
Et des mots en costume
De carnaval de Rio
Qui dansent sous ma plume
En sortant du chapeau.

MIC 2014 05 26 feu d'artifice

C’est naturellement que tout part en fumée
Sauf cette inspiration aux sources de la vie,
Incandescente,
Force incessante,
Inextinguible,
Flamme rasante
Ou étincelle risible,
Feu d’artifices parfois bon teint,
Feu de Bengale jamais éteint

MIC 2014 05 26 Fumée St-Vincent

Pour le plus grand malheur
De mes quelques lecteurs,
Pour le plus grand supplice
De mes quelques lectrices.

Ecrit pour "Un mot, une image, une citation" du 26 mai 2014 d'après cette consigne :

Un mot : naturellement
Une image :

Image retrouvée chez MorgueFiles

Une citation : Il est moins grave de perdre que de se perdre. - Romain Gary

25 mai 2014

OUBLIER, KRAPOV ? MISSION IMPOSSIBLE !

Affirmons-le tout net : la mémoire est un truc de con ! Je ne sais vraiment pas pourquoi, en effet, j’ai retenu le nom de ce groupe pop des années 60-70, Jethro Tull, dont je n’ai jamais écouté aucun disque ni même pourquoi j’ai encombré ma petite cervelle avec le nom de son « leader », M. Ian Anderson. Lui par contre fait une apparition en tant que joueur de flûte invité sur le dévédé d’Uriah Heep « Acoustically driven ».



Affirmons-le tout de suite : la culture est un truc de con ! Tu tires sur un fil, et il y a tout le peloton qui vient ! Voilà qu’on me parle aujourd’hui des filles de Jethro. Elles auraient été peintes sur les murs d’une chapelle dite « sixteen » à Rome par un nommé Sandro Botticelli, peintre en coquillages de la planète Vénus. Il les a représentées à l’époque où elles s’occupaient de garder les moutons et ron et ron petit pataton dans une ferme bio près de Silène en Lybie, là ou Saint-Georges affronta et vainquit le dragon.

MIC 2014 05 19 Les filles de Jethro

 

Affirmons-le tout de go : la réputation de M. Botticelli comme peintre-photographe de naissances et de mariages est largement surfaite. C’est même, positivement, un attrape-cons ! Outre que sa photo est floue, l’une des sœurs tourne la tête au moment où il déclenche. Ce n’est pourtant pas difficile de demander à ces jeunes filles auxquelles il ne manque pourtant pas grand’ chose pour qu’elles deviennent de vraies poseuses de regarder l’objectif et de dire « Tchiiiiz » ou « Ouistiti ».

Affirmons-le tout penaud : je suis le même genre de con que tout le monde. Puisque ces dames gardent les moutons et que ma dernière devise depuis mon récent voyage à Barcelone est « Panurge everywhere ! And i am from the troupeau too ! », après la découverte du tableau de Sandro j’ai fait comme tout le monde et je suis allé chez Madame Wikipe en apprendre plus sur papa Jethro, dame Sephora sa fille et sieur Moïse qui épousa celle-ci.

140429 614

 

Affirmons-le haut et fort, même si cela perturbe le cours de mon discours, dans toutes les larmes que j’ai versées à Barcelone en constatant la boeufitude de certains de mes contemporains et le côté rudement pimenté des « patatas bravas » s’attarde quand même l’espoir que j’y retournerai un jour « hors saison » afin de profiter plus amplement de cette ville emplie de trésors et peuplée d’hidalgos princiers et de splendides Catalanes.

Et donc, à l’issue de cette lecture studieuse, au terme de tout ce cheminement vers « toujours plus de données inutiles dans les cases de mon petit crâne » je me suis fait une réflexion et je me suis posé plein de questions, ce qui est déjà un beau résultat pour un type qui n’a qu’un seul neurone !
La réflexion, tout d’abord : l’histoire religieuse est pleine de sueur, de larmes et de sang (en anglais, dans le désordre comme le tiercé : blood, sweat and tears). Ce Moïse « qui tue de son épée un Égyptien qui battait un Hébreu, qui fuit dans le désert pour le pays de Madian, prend la défense des filles de Jéthro dont sa future épouse Séphora contre des bergers qui veulent les chasser alors qu'elles tirent de l'eau du puits, reçoit la révélation divine du buisson ardent, conduit le peuple d'Israël hors d'Égypte vers la terre promise, reçoit les tables de la loi » et vit encore sa vie de super-héros jusqu’à 120 ans, je m’étonne qu’Hollywood n’ait jamais songé à tirer un film de sa vie. Comment ? Ca a été fait ? Par Elie Chouraqui et Pascal Obispo ? Oublions !

Les questions : Que devient l’autre sœur ? Comment se prénomme-t-elle ? Que sait-on d’elle ? Pourquoi n’entend-on plus parler d’elle ensuite ? Pourquoi une telle omission ? C’est impossible ! C’est quand même la belle-sœur de Moïse, non ? Ce n’est pas rien, non, comme titre, dans l’Histoire ?

Sur Internet j’ai appris qu’elles étaient sept filles de Jethro, que Sephora a été adoptée, qu’elle était Arabe ou noire et que vas-y que je polémique et que vas-y que je discutaille la bavette… J’ai préféré oublier ces échanges et j’en suis venu à l’essentiel. A l’Essentiel. Il est question là-dedans d’un certain YHWH. « Pour l’accréditer auprès des Hébreux, Dieu lui révèle son nom, en continuité avec la tradition ancestrale : Abraham, Isaac et Jacob. Ce nom est le tétragramme YHWH ». 


Essayez avec moi : YHWH, YHWH ! C’est franchement imprononçable. Il y a là de quoi cracher son dentier si on en a un. Y avait vraiment pas moyen d’intercaler des voyelles dans ce nom-là ?


Car enfin, à quoi ça rime d’omettre des voyelles ou des consonnes. C’est une nouvelle façon de réformer l’orthographe ? De faire des économies d’encre comme en utilisant le caractère Garamond mal de tête ? Certes, on comprend encore, à la limite, des phrases comme « en crosere sur le Mssssp, un Georgen de Tblss a fat la connassnce d’une Amércane ». Déjà plus limite est celle-ci : « Bottcell dt aux sours : dtes Tchz ou Oustt ! ». Mais si on veut sucrer les « s » plutôt que les fraises, que penser de « En croiière ur le Miiippi un Géorgien de Tbilii a fait la connaiance d’une uiee ? » Oui, gagné, dans cet exemple-ci, il s’agissait bien d’une Suissesse !


En conclusion, au vu de la longueur de ce texte à partir d’un sujet si mince, prêt à avouer que « Trop de Krapov tue le Krapov », je dirai que je ne m’économise vraiment pas et que je suis pour le maintien des consonnes dans le mot « strict » et pour le maintien des voyelles dans le mot « oiseau ». Et avant d’aller déguster l’omltt de la mr Poulard, j’ajouterai ceci : de la même manière qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, on n’écrit pas « omelette » sans caser d’e. Sinon reste plus qu’à aller se faire cuire un œuf. Justement, j’y vais de ce pas.

 

MIC 2014 05 19 mère poulard

 

Ecrit pour "Un mot, une image, une citation" du 19 mai 2014 à partir de cette consigne :

Un mot : omission
Une image :
"Les filles de Jethro" par Botticelli

Une citation : Dans toutes les larmes s'attarde un espoir.  - Simone de Beauvoir

17 mai 2014

LECTURES DE VACANCES

Mais quel livre passionnant le procureur lisait-il donc ?
Il était tellement bien plongé dans sa lecture qu’il ne s’est pas aperçu que la marée montait et qu’un photographe moqueur immortalisait sa situation.


Peut-être s’agissait-il de :


Comment séduire ma sœur Mary en six leçons / par Elsa Poppins ?

MIC 2014 05 12 Elsa Poppins


J’ai tout oublié mais ça baigne quand même ! / par Aloys Alzheimer ?

MIC 2014 05 12 Roman d'Alzheimer


La justice est corrompue. Tome 1, Tous mouillés ! / par Toto Calcio ?

MIC 2014 05 12 Toto Calcio 1


La justice est corrompue. Tome 2, Même le procureur était arrosé ! / par Toto Calcio ?

MIC 2014 05 12 Toto Calcio 2


La justice est corrompue. Tome 3, Tremper dans les affaires ! / par Toto Calcio ?

MIC 2014 05 12 Toto Calcio 3


Comment faire la planche et s’en trouver bien / de Mireille Darc et Jane Birkin ?

MIC 2014 05 12 Mireille Darc


Le principe d’Archimède / N.E.C. Fluctuat ?


Comment marcher sur l’eau / par Jésus Lefermé-Jesséplu ?


En Bretagne il ne pleut que sur les cons / par Natacha Gribouille ?


Le Concombre masqué marinait dans son jus / de Nikita Mandryka ?


Cuisiner au bain-Marie / par Maïté ?

 

J'ai bien peur de ne pouvoir vous donner la réponse demain ou même un autre jour : je n'ai aucun souvenir d'avoir vu un seul de ces livres au catalogue BN-Côte d'Opale ! Et pourtant, j'en ai passé du temps à Berck-Plage et au 58 de la rue de Richelieu à Paris !

 

MIC 2014 05 12 BN 2
Ecrit pour Un mot une image une citation du 12 mai 2014 à partir de cette consigne :

Un mot : procureur
Une image :

Une citation : Les gens qui n'ont aucun souvenir ont toujours eu une peur panique du lendemain. - Georges Wolinski

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11 mai 2014

TRAVAIL DE MISE AU POINT

MIC 2014 05 05 machinery


En tirant les manettes

J’ai stoppé la machine.
Sur un bout de moquette
J’ai posé, délicat, 
Ses vis, ses engrenages,
Ses boulons, ses rouages,

Ses tiges, ses courroies ;
Et puis j’ai remonté,
En assemblant de tête,
Le monument d’amour
Que l’on pouvait tirer
De ce monstre-assemblage.

MIC 2014 05 05 Cri d'amour 2

De la réalité
Je tire en vérité
Des bijoux singuliers.
Ils n’ont qu’un seul défaut :
Ils ne sont pas réels.
Nous en sommes d’accord.

Et puis de la chanson
Que chantait Jakie Quartz,
Pour les fous que nous sommes,
J’ai repris tous les mots
Et les ai recollés
Pour qu’autrement ils sonnent :

En rêve toutes les nuits
Les plus belles images
D'un superbe voilier
Ramènent le couplet
Des soucis à se faire :
Je le connais par cœur.

C'est une histoire sans fin
Pour toutes les victimes
D'une love-story :
Juste au mauvais moment
L'heure se met en grève
Sur un air de romance.

Le blues pour s'installer
Se repasse le film.
On revoit les débuts
Et on connaît la fin,
Le manque de façons
Sur les clichés trop pâles.

D’un amour à un autre
Nos lits improvisés
Ne font rire que nous.
Gros plan sur l'état d'âme
Du trop de romantisme,
Sur l'amour immortel !

Juste quand le sommeil
Laisse les yeux fermés
Malades de l'amour,
Quelques verres de vin
Fatiguent tout le monde
Dans un night-club désert.

Juste une mise au point :
Pour tous les souvenirs
Que vous donne la vie,
La beauté de la mer ;

Juste un petit clin d'œil :
Au soleil de survie
Qui se tire en râlant
Tes yeux disent : « je t'aime !».


De la réalité
Je tire en vérité
Des bijoux singuliers ;
Ils ont pour qualité
De n’être pas très vrais.
Nous en sommes d’accord !



Ecrit pour Un mot, une image, une citation d'après cette consigne :

Un mot : quartz
Une image :
 
Machinery (Abstract #2) par Paul Kelpe

Une citation : Vérité et réalité ne sont jamais d'accord. Vérité ne gagne pas souvent. - Félix Leclerc

4 mai 2014

SE PERDRE EN CONJECTURES A PROPOS DE TEXTURES


MIC 2014 04 28 pavillon réduit

Du pavillon coquet qu’il habitait avec sa douce, le vieux professeur de philosophie, M. Lamoureux, ne sortait que rarement. C’était l’ancien logis du garde-chasse. Il était situé à l’arrière du château, au bout du parc, près de la pièce d’eau. C'est dire si on vivait sur un grand pied, ici, jadis. M. Lamoureux y avait installé sa très riche bibliothèque et, dans la compagnie de Madame, de ses livres et de leurs chats, il aurait pu finir là une existence bien remplie et toujours fort studieuse si Madame Lamoureux n’avait eu à ce point la bougeotte, voire la manie des voyages.

Depuis qu’ils étaient en retraite elle réussissait à traîner son bougon de mari au moins deux fois par an à l’autre bout de la France et même quelquefois, à l’étranger. C’est ainsi que, la veille au soir, ils étaient rentrés d’un séjour d’une semaine en Espagne.

Dès après le petit déjeuner, Madame s’était précipitée sur son ordinateur pour y dépoter le millier de photos de palmiers, de cactus et d’agaves qu’elle avait capturées dans les parcs et jardins de Barcelone. L’objectif était de les partager avec ses amies botanistes du Net. Si tu n’aimes pas les chats et ne sais pas le nom des fleurs, un conseil, mon ami, ne va pas sur Internet !

Monsieur avait lui retrouvé ses livres d’art, sa collection d’essais de Montaigne dont Madame disait qu’il était piètre rugbyman car il n’en avait jamais transformé aucun. Enfin, peut-être que si, mais dans ses souvenirs d’enfance, elle n’avait jamais entendu Roger Couderc glisser un seul mot là-dessus.

Il avait lui aussi rallumé son ordi puis, riche de son expérience d’une semaine parmi l’humanité de derrière les Pyrénées, il avait repris son travail en cours sur l’application de la philosophie des Lumières à la société « post-industrielle à caractère hautement épris de numérique dans l’étrange et troublante temporalité de l’ère 21 ».

 

MIC 2014 04 28 poids de la couleur

Madame appelait cela le projet Pichenette et Monsieur, qui n’était pas versé dans la pusillanimité ni dans les acronymes cherchait un autre titre à sa thèse depuis que, dans un éclat de rire inextinguible, elle lui avait révélé le sigle qu'on pouvait appliquer à la partie entre guillemets de la phrase précédente.

Il se remit à taper sur son clavier, poursuivant là où il s’était arrêté avant d’aller se nourrir de tapas, faire la queue au Park Güell, admirer les rondeurs de la Sagrada familia et surtout traîner la patte et tirer la langue pendant des kilomètres derrière sa Dora l’exploratrice en mode marche commando.

« On peut, considérant les diverses textures dont est faite l’humanité, diviser le « corpus disserens » en Voltairiens et Rousseauistes. D’un côté, les adaptés, les soyeux, les lisses, les affables, les sociables, les courtois, les diserts pour lequel le risque existe de tomber dans ce que Voltaire dénonce avec ironie dans sa célèbre formule « Les bavards sont les plus discrets des hommes ; ils parlent pour ne rien dire ». En effet, que reste-t-il du flot intarissable de paroles des vaccinés par une aiguille de phonographe ? Combien faut-il vider de verres et lâcher d’inepties dans les cafés du monde entier pour qu’une seule saillie géniale de poésie absurde puisse être notée par Jean-Marie Gourio dans ses Brèves de comptoir ? Depuis que l’Ecole Belge dite du « Tout sauf Marcel en morse » en a fait la preuve par l’absurde, posons-nous la question avec elle : fallait-il vraiment autant de communications affectées, de codes aristocratiques, de baisemains, de pince-fesses, de tortillages de derrières, la coupe de Champagne à la main ou la madeleine trempée dans la tasse de thé pour que nous héritions de Proust, ma chère et n’y a t-il pas lieu de regretter la ciguë de son existence et ses si peu exiguës stances ?

Face donc à ces discrets nous avons les rugueux, les râpeux, les taiseux, les épineux, les broussailleux, ceux qui ont comme Manset par voyager en solitaire, ceux qui ne disent rien mais n’en pensent pas moins, ceux qui ajoutent Alceste de misanthropie dans leur acidi-thé au citron, ceux qui rêvent de flou sur la colline, ceux qui mondedusilencent, ceux qui observent sans verve, ceux qui prennent le parti du dragon contre le boulevard Saint-Michel, ceux qui, pas loin du mysticisme, mettent des couleurs sur le monde, foutent le feu aux toiles, regardent le soleil, les oiseaux, le ciel, les femmes et les fleurs et s’en font univers débordant de splendeur et de gloire jusqu’à permettre envol à tous ceux qui survivent et veulent bien les suivre.

Si les paroles s’envolent, si les écrits restent et si la cathédrale est encore à construire, existe-t-il moyen de faire cohabiter les deux catégories ci-dessus mentionnées ? ".

Monsieur Lamoureux arrêta de taper et avant de reprendre, il énonça tout haut la phrase qu’il avait eue sur le cœur pendant tout l’après-midi à Montjuic, la colline des musées de Barcelone :

- Amis discrets, mes frères, il suffit de peu de choses pour que vous aussi vous puissiez vous élever par-dessus la futilité de votre bavardage. Pour que l’on puisse vous prendre en considération, pour que la transcendance ait lieu, pour que vous puissiez gagner quelques centimètres de taille humaine et commencer à communier avec le géant, il y a une chose très simple à faire : lorsque vous visitez la Fondation Miro qui est rappelons-le un musée et non une bodega, surtout vous, là, les familles françaises et les ados luxembourgeois, APPRENEZ A FERMER VOS GUEULES !

Or, juste à ce moment-là, la sonnerie du portable de Madame Lamoureux retentit. Le cri de Tarzan qui se frappe la poitrine. Cela lui rappella tous les touristes à « selfies » qu’ils avaient croisés sur leur chemin, ces couples qui lui avaient même parfois demandé de les photographier. "Mais oui, vous êtes beaux, Narcisse et Echo !".

Madame Lamoureux a attrapé son téléphone et la voilà qui, elle aussi reprend, là où elle l’avait interrompu, son bavardage avec ses voisines de partout. 

MIC 2014 04 28 Miro cheveu

Joan Miro - Cheveu poursuivi par deux planètes

En fin de matinée, M. Lamoureux sort faire sa promenade apéritive autour du lac. Il ne le dira pas à Madame Lamoureux mais Barcelone, pour lui, ça a été un peu « Chauve qui peut le monde ! ». Jamais auparavant il ne s’était senti à ce point comme là-bas pareil à un cheveu poursuivi par deux planètes.


Ecrit pour "Un mot, une image, une citation" d'après cette consigne :

Un mot : textures
Une image :
Merci à Morguefiles pour l'image.
 Une citation : Les bavards sont les plus discrets des hommes ; ils parlent pour ne rien dire.  - Voltaire
26 avril 2014

NE SERAIS-JE PAS, MOI AUSSI, UN LENINGRAD COW-BOY ?

Depuis que le hasard m’a mené en Bretagne, je ne cesse de me poser la question : pourquoi la femme que j’ai suivie jusqu’ici et son amie de toujours m’emmènent-elles toujours marcher sur le sentier des douaniers ? Et pourquoi n’y avons-nous jamais rencontré aucun douanier ?

En un sens, cela tombe bien : je n’aurais rien eu à lui déclarer d’autre que mon amour des plages, des petits ports fermés où les bateaux sommeillent, des barques assoupies attendant voyageurs.

MIC 2014 04 21 SklabeZ

 Voyageur, je le suis mais pas autant sans doute que n’était mon grand-père. Dans ses yeux bleu-gris de prolo converti à l’Histoire, au combat idéologique, aux livres-évangiles et aux discours prometteurs, la passion reflétait les étoiles.

Lui et ses pareils rêvaient d’un autre monde. L’Orient était rouge, il n’y avait rien de nouveau à l’Ouest, les temps étaient changeants et eux rêvaient, c’était possible encore, de changer le monde ou de décrocher la Lune ! Et du coup j’ai passé mon enfance entre Youri Gagarine et John Glenn parce qu’à cette époque bipolaire-là, les étoiles reflétaient les passions des adultes des deux camps !

Apollo contre Vostok, Spassky contre Fischer, Khrouchtchev contre Kennedy et au milieu, n’ayant pas choisi son camp, Joe Krapov, si terriblement voyageur en chambre, amoureux des livres, dévoreur des Pionniers de l’Espérance, de Teddy Ted, Davy Crockett et Loup Noir car même dans « Vaillant » l’Amérique était là parallèlement à Rodion et Tsin-Lu qui fraternisaient de l’autre côté.

MIC 2014 04 21 annonce_Pionniers

Tout comme la frontière française avec le nuage de Tchernobyl, le rideau de fer arrêtait tout sauf les films d’Eisenstein, les cigognes qui passent, Nadia Comaneci, Lev Yachine, les Chœurs de l’armée rouge, les nageuses Est-Allemandes aux épaules carrées, Karpov, Kortchnoï et Kasparov et même la langue russe apprise par votre serviteur comme deuxième langue vivante au collège puis au lycée. Il m’en reste quelques bribes comme le fait de savoir encore que l’étoile rouge se dit « Krasnaïa zviezda », comme la musicalité de certaines chansons et je n’exclus pas de retourner à son étude quand je serai libéré « de mes obligations militaires » !

leningrad_cowboys

Mais si je fus docile, je fus aussi ouvert, curieux et dans le même temps j’écoutais les musiques venues d’outre-Atlantique (Linda Ronstadt, Crosby, Stills, Nash et surtout Young, Emmylou Harris). Je lisais aussi Jack Kerouac, Francis Scott Fitzgerald, Henry Miller, Clifford Simak, Philip K. Dick. La tête dans les étoiles, je n’ai jamais choisi quel était mon drapeau, pas plus le fanion de l’Etoile rouge de Zagreb que le « Star spangled banner » des USA.

MIC 2014 04 21 Neil_Young_-_Hawks_&_Doves_cover

Car je ne suis qu’un marcheur du long des plages, un internaute abasourdi, enthousiasmé par ce qu’il a découvert hier soir : les Leningrad Cowboys reprenant, en compagnie des chœurs de l’Armée de l’air de Russie, cet hymne de Neil Young, « Keep on rockin’ in the free world ».

Grand-père, je t’en supplie, reste où tu es, ne reviens pas ! Sois content de ta vie ! Il n’y a plus de camp à choisir, camarade, tout a changé, rien n’a changé, demain ne chante plus, c’est aujourd’hui qui rit jaune en dansant par-dessus le volcan des centrales nucléaires qui fuient, les politiques de droite sont menées par les partis de gauche et l’on se demande tous les jours si c’est ainsi que les hommes vivent. Tu ne serais plus heureux parmi nous, tu ne t’y retrouverais pas dans ce monde-là ! Et moi je viens de comprendre pourquoi, sur les sentiers de Bretagne ou de l’île d’Yeu, on ne rencontre pas de douaniers : il n’y a plus de frontières non plus ! 

Ecrit pour Un mot, une image une citation du 21 avril 2017 à partir de cette consigne :

Un mot : rouge
Une image :
Photo par SklabeZ

Une citation : Toutes nos passions reflètent les étoiles.  - Victor Hugo

19 avril 2014

FABLE DU POLICIER QU'AIMAIT UNE POSTIERE A BORDEAUX (EN GIRONDE)

- Inspecteur Lavardin ! Donnez-moi une cabine et un jeton de téléphone ! ».

Devant l’homme en gabardine, la postière Martine reste aphone. Plus que Pierre Arditi quand il en fait dix tonnes ce poulet-ci vous saucissonne d’une seule réplique assassine. Il a l’autorité d’une brute galonnée, la lourdeur d’un gradé à sardines qui déboîte du mess sans mettre son clignotant et la TV-brutalité de Thierry quand il Ardissonne.

MIC 2014 04 14 phone


Celui-là, pour Martine, est du genre qui cartonne.

- Si j’osais, Joséphine, si je n’étais pas atone, avec l’air bête de la cousine qui en tient une couche et troue l’ozone, je lui dirais « J’suis ta frangine ! De ton regard franc, John, plonge dans ma turbine, viens me dresser mon bilan carbone ! Vois comme je brûle en gourgandine si toi aussi tu m’abandonnes ! Sais-tu comme, dans les nuits de Chine, la cochonne califourchonne ? Sais-tu que, comme la chaude lapine, la Lapone peut-être friponne ? D’amour je ne suis pas radine et si tu viens, Dieu me pardonne, si tu me joues ta sonatine, si tu entonnes, même en sourdine, l’air qui redresse la badine, Hardi les gars de la marine, promis juré, je t’amidonne ! Dans mes buissons te hasardant tu trouveras Fanny Ardant ! Je ne serai pas Sainte Blandine mais Sainte Lionne. Je soulagerai ton fardeau en devenant Brigitte Bardot ! Allez hardi, lundi, mardi, mets tes tracas dans ton barda, sois Pardaillan, ardent par Dieu et pas lardu, évite d’être un « qui dort dîne » qui se cantonne à la cantine : découpe-la en crapaudine, ta bonne copine, mon Al Capone ! Jardine-moi, je te l’ordonne ! Je te redis, je te redonne ces mots qu’à son marquis disait la Sévigné : Bine ta bonne ! ».

Hélas c’est en sourdine que son désir bourdonne ! Et lui ne voit aucune ondine dans cette citadine anodine qui lui redonne la monnaie de son coup de bigophone. Pardi ! Ce n’est qu’une gredine ! Un ex-bas bleu de la Sorbonne !
Il faudrait payer cher l’inspecteur Lavardin pour qu’il s’adonne au plaisir de la « belladone »
Martine, Amandine ? Y’a maldonne ! Ce qu’il préfère c’est son turbin et se promener parmi les pins à mâtines en automne !

MORALITE :

La patience est un art difficile ;
Se dorer la pastille est un art d’efficience.
Il vaut mieux subir le supplice de la Sardane à Palerme
Que le sur place de la sardine à la banque du sperme
Ou celui de la téléphoniste dans une poste girondine, 
Coincée derrière son hygiaphone
Tandis que là-haut sur la colline
Dans les forêts périgourdines
Loin des routes que l’on goudronne
L’homme qu’elle aime se dandine,
Randonne et doucement fredonne :

« Qui a cassé le vase de Line ?
C’est le vicomte de Bragelonne ! »

Où habite Youri Gagarine ?
Dans un patelin de Haute Garonne !

C’est ici que se termine
Mon délire, chère Simone

Et maintenant monte en voiture !
En route vers d’autres aventures ! ».



Ecrit pour "Un mot, une image, une citation" d'après cette consigne :

Un mot : sardine 
Une image :

Photo par joye, avril 2014
Une citation : La patience est un art difficile... - Norlane Deliz
12 avril 2014

TROPHEE ET TREUYDICE

140406 067

Il faut se faire à cette idée que le temps passe et que la culture évolue. Au carnaval de Nantes, dimanche dernier, pour évoquer le cinéma il y avait deux chars entiers pour célébrer Tim Burton et un autre consacré à Harry Potter.

Déjà c’est peu de dire que le cinéma, la télévision, les écrans ont détrôné le livre. Les librairies ferment, les bibliothèques se débattent et s’adaptent pour devenir autre chose et nous, les amoureux de la chose littéraire, nous en sommes réduits à prier pour qu’ «ils» ne touchent pas plus que cela à ce qu’il nous reste d’images de nos lectures enfantines.

C’est pourquoi je me suis régalé à visiter depuis le musée des trophées du «Bureau Intertextuel des Pois et Mesures». J’étais en compagnie d’Isaure Chassériau et ma consoeur du «Défi du Samedi» a bien voulu me prêter son magnétophone à cassettes antédiluvien pour que je réécoute son interview du maître des lieux.

- Monsieur le Conservateur, vous-même êtes une célébrité ?
- Une célébrité anonyme ! On ne me connaît que sous l’appellation du «Vaillant petit tailleur». Et je n’ai toujours pas compris ce qu’il y avait d’exceptionnel dans le fait d’estourbir sept mouches d’un seul coup de torchon.
- Les mouches ont muté depuis. On ne pourrait plus faire ça aujourdhui. A croire qu’elles ont des yeux derrière la tête. En fait elles ont des mirettes comme des catalogues de bibliothèques : à facettes. Mais alors quel est, pour vous, votre plus beau titre de gloire ?

MIC 2014 04 07 mètre ruban

- C’est mon travail de couturier, d’arpenteur et de muséographe. Ici dans ce musée sont conservés des chiffres absolument mythiques. Ils ont tous été relevés grâce à mon mètre ruban magique. Mais venez, je vais vous faire visiter.
- 20, 25, 27 cm ?
- C’est le diamètre des trois assiettes dans lesquelles Boucle d’Or a mangé la soupe chez les 3 ours.
- 1 mètre 63 centimètres et 28 millimètres ?
- C’est la circonférence de la citrouille que la marraine de Cendrillon à transformée en carrosse.
- 1,95 LDL-C ?
- C’est le taux virtuel de LDL-cholestérol du grand méchant loup s’il avait réussi à bouffer les trois petits cochons.
- Vous avez mesuré cela avec votre centimètre ?
- C’est un centimètre magique. Vous voulez que je vous fasse une échographie avec ?
- Non, merci bien. Ici on retrouve des centimètres. 72 ?
- C’est la longueur atteinte par le nez de Pinocchio le jour où il a proféré son plus gros mensonge.
- Et c’était quoi, ce mensonge ?
- "Je vous jure les yeux dans les yeux que je n’ai pas de conte en Suisse » ! Pathétique, n’est-il pas, pour un héros dont la renommée est internationale ? Venez, nous allons passer dans la salle des plans-reliefs.

MIC 2014 04 07 botte de sept lieues

- 22,736 kilomètres ?
- Je ne vois pas ?
- Divisez par sept !
- Il n’y a pas lieu de le répéter mais je suis assez nulle en calcul mental. Les maths ça ne m’a jamais bottée.
- C’est ça, vous avez trouvé. C’est exactement la distance qu’on franchit d’un seul pas de botte de sept lieues.
- Et ça, dans la même veine : 64,960 kms ?
- C’est là qu’on trouve le capitaine Nemo et son Nautilus !
- 20 000 lieues sous les mers ?
- Exact ! Et ceci : 4 807 mètres ?
- Ah ça je sais, c’est la hauteur du Mont Blanc !
- Perdu ! C’est l’altitude atteinte par le haricot magique de Jack. Nous l’avons conservé ici d'ailleurs et vous pourrez l’escalader tout à l’heure. Je vous laisserai revenir dans cette salle à votre gré mais pour l’instant, venez, nous allons pénétrer dans la salle des costumes.

Quelle merveille que ce musée ! Et quelle n’était pas la fierté du vaillant petit tailleur de nous montrer ses créations, récupérées au fil du temps et de ses pérégrinations à travers les contes auprès de leurs légendaires propriétaires.

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- Ici cette robe bleu ciel et blanc avec des voiles transparents verts et des miroirs qui cliquètent sur la collerette, c’est celle de la sœur Anne dans Barbe Bleue. Les couleurs que j’ai choisies symbolisent l’herbe qui verdoie, le soleil qui poudroie et la candeur naïve de celle qui ne voit jamis rien venir. La suivante a appartenu à Blanche-Neige. Vous voyez, Walt Disney n’est pas tombé loin. Tenez, elle m’a envoyé une photo d’elle et de son prince charmant récemment.
- Elle n’a pas vieilli ! ai-je dit à ce moment-là.
- Ca veut dire quoi vieillir ? a demandé le petit tailleur d’un air fâché.

J’ai senti que j’avais gaffé. Heureusement, à ce moment-là Isaure a rebondi :

- Dites-moi, vaillant petit tailleur, d’avoir fréquenté toutes ces stars, de les avoir approchées, habillées, mises en valeur et ce sans que l’on vous décerne le moindre César ni Oscar, ça ne vous a pas.. chagriné ?
- Et de les voir déshabillées à l’essayage, ça n’a rien allumé en vous ?
- Vous savez, m’a-t-il répondu, il n'est pas difficile de nourrir des pensées admirables lorsque les étoiles sont présentes. Il suffit d’oublier qu’elles ont un beau cul. Ou d’être homosexuel comme tous les grands couturiers.

Isaure et le tailleur ont éclaté de rire. Pas moi parce que le nabot en avait profité pour me mettre la main aux fesses en disant cela et c’est quelque chose que je n’apprécie que modérément.

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Après avoir admiré d’autres costumes nous sommes passés dans la salle des pois du musée du Bureau Intertextuel des Pois et Mesures et là c’était très décevant. Il n’y avait que les cailloux du petit Poucet et le petit pois de la princesse aux 7 matelas. Par une porte-fenêtre ouverte on pénétrait ensuite dans une cour. D’un pot de fleurs immense, un peu comme ceux qu’on voit sur la dalle Kennedy dans le quartier de Villejean à Rennes, sortait un plant de haricot géant dont on n’apercevait pas le sommet là-haut dans les nuages. Tout le long de la tige pendouillait une échelle de corde.
- Je passe le premier, a déclaré Mini-Lagerfeld. Suivez-moi, Monsieur Krapov !

En plus ce salaud-là connaissait les usages qui veulent qu’on descend un escalier devant les dames et qu’on les précède en grimpant à l’échelle pour éviter d’avoir à chanter ensuite des niaiseries souchonniennes comme « Sous les jupes des filles » ou « Allô maman bobo ».

J’ai répondu : « Allez-y sans moi, je retourne vérifier la longueur de la chevelure de Raiponce au cas où il y aurait interro écrite à la sortie ! ».

Route66

Je n’ai pas voulu avoir l’air ridicule à nouveau en avouant que je souffrais d’aérodromphobie et d’acrophobie. Ils ont disparu dans les nuages, je suis allé m’extasier à nouveau devant le panneau 66.

Non, le petit tailleur n’était jamais allé aux Etats-Unis parcourir une route mythique, il avait juste obtenu, en pratiquant diverses opérations sur les chiffres détenus dans son musée, ce que tout individu normalement constitué cherche à savoir, passe sa vie même parfois à chercher à savoir : l’âge du capitaine Achab quand il a rencontré la baleine dans laquelle Jonas et Pinocchio jouaient à qui dirait le plus gros des mensonges.

Et puis comme Isaure et le petit tailleur ne redescendaient pas et qu’il était sept heures "dring dring dring", je me suis réveillé, j’ai pris mon petit déjeuner et, en chantant, je suis allé au boulot comme les sept nains et tous les jours.

Et dans le bus, j’ai repensé, à propos de mon rêve et de ce que je disais au début au sujet du carnaval de Nantes :

- L’âge du capitaine Achab, si au lieu d’aller au cinéma voir les adaptations de Walt Disney, Tim Burton ou Trey Stokes, il avait lu le bouquin, il l’aurait su tout de suite !

MIC 2014 04 07 age-du-capitaine

 


Ecrit pour "Un mot, une image, une citation du 7 avril 2014 d'après cette consigne :

Un mot : trophée
Une image :
Photo par Pippalou chez Morguefiles

Une citation : Il n'est pas difficile de nourrir des pensées admirables lorsque les étoiles sont présentes.  - Marguerite Yourcenar

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