24 mai 2018

PUDEUR ET DÉMOCRATIE

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Voici le théorème de la pudeur tel qu’il est énoncé dans le journal des délibérations du Conseil municipal de Corps-Nuds (Ille-et-Vilaine) du 7 mai 1965 :

« Toute personne qui, se promenant au jardin des plantes, se trouverait choquée par la statue de la porteuse de pain, représentation honteusement dénudée et pourtant fièrement campée sur son socle de granit, est habilitée à faire part de sa stupéfaction au bureau de bienséance de la ville, en mairie.

Pour déclarer en bonne et due forme l’outrage aux bonnes mœurs, le plaignant ou la plaignante se munira d’un stylo et remplira attentivement le formulaire-cadre de réponse puis le déposera dans l’urne prévue à cet effet. Lorsque l’urne aura été suffisamment alimentée, quand elle sera bien bourrée, l’administration procédera au dépouillement. Elle pourra être conduite à procéder aux mesures de rétorsion suivantes :

- Pour toute statue de sexe masculin, application sur l’outil du monsieur d’une feuille de vigne en chachlik mercerisé.

- Pour toute statue de sexe féminin, pose d’un soutien-gorge et si besoin, d’un pagne tahitien sur les rotondités délictueuses.

Si cela ne suffit pas, s’il y a ballotage et deuxième tour, on fera exploser les statues à la fin du prochain carnaval ».

Un décret-théorème du même type a été établi dans la ville de Nouvoitou (Ille-et-Vilaine aussi) mais pour déposer sa stupéfaction il faut acheter un timbre fiscal (pas fous les Nouvoitouciens !).

On se demande bien ce qu’attendent les municipalités de Saint-Jean de Cuculles (Hérault), Deux-Verges (Cantal), Sexfontaine (Haute-Marne) et Poil (Nièvre) pour suivre l’exemple des deux Bretonnes !

P.S. La sculpture du "Porteur de lapin" a été photographiée à la Neue Pinakothek de Münich le 4 mai 2018.


Ecrit à partir de la liste n° 4 du 13 mai 2018 de "Treize à la douzaine"


22 mars 2018

UN MARCHÉ PAS COMMUN

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Bonjour, l’entrée dans un monde robotisé à plein !

Un jour, bientôt, demain, j’en ai la certitude, le cabas fou ira faire les courses tout seul !

A force de poser le numérique au pavillon des vases de Sèvres comme le nouvel étalon or, à force de nous planter l’aiguille de la connexion permanente dans une veine de l’oreille droite, on va finit par se choper des étiquettes comme des choux fleurs. On ne pourra plus passer les portes, on sera tellement branchés sur partout qu’on ne sera plus qu’un amas de données en tas dans nulle part.

On n’est déjà plus capables de savourer un trajet de bus ou de train en silence, d’aller à pied acheter son basilic au marché d’en bas : un clic de la souris ou deux tournages de pouces sur l’écran tactile du smartphone et tu peux te calfeutrer chez toi pour t’abreuver de séries, on va te la livrer ta feuille de verdure avec la pizza ou le burger qui fait ton bonheur.

Je ne te reproche rien, Modernité de mes deux, sauf que je n’ai pas besoin de tes salades, de ta malbouffe puante et de ta mobilité numérique !

Avec toi, plus besoin de pneumatiques, on roule déjà sur la jante ! Demain le cabas fera tout pour nous. Il ira pointer à Pôle emploi, il partira en vacances en nos lieux et places.

Et quand, à force d’ignorer la réalité de nos semblables, on n’aura plus envie de faire l’amour qu’avec des androïdes, le cabas fou, le cabas foutra…

Le cabas foutra…

Le cabas foutra…

Le cabas foutra le camp de ce monde pourri pour créer sa propre communauté.

Et pour lui pas de souci ! Ca marchera comme sur des roulettes !

Ecrit pour Treize à la douzaine en partant de la liste n° 2