Les bords de la Vilaine à Rennes le 31 octobre 2016 (2)
QUOI DE NEUF, DOCTEUR ? TROIS FOIS TROIS PETITS RIENS !
Voici dressée ici ma liste des petits riens qui font du bien.
Le « Rien de grave ! » du docteur au chanteur : « Vous prendrez un cachet tous les matins !».
Le « Rien de compliqué ! » de la cuisinière financière à l’imprésario : « Vous prendrez un pourcentage de la recette tous les soirs ! ».
Le « Rien ne va plus, faites vos jeux ! » du croupier et le 33, ce petit numéro de rien du tout sur lequel vous aviez tout misé sort soudain et fait de vous le millionnaire de la soirée !
Alors commence une vie de rêve. Les petits rien y ont une allure différente.
On offre un diamant à son chien et une laisse à sa maîtresse pour lui être plus attaché.
Le « Un rien vous habille !» du grand couturier vous fait frissonner de plaisir. L’habit est de belle facture, certes, mais la facture est bien élevée, elle aussi, non ? Désormais nous sommes entre gens du monde. Faire partie des huiles, ce n’est pas rien. Payez, grassement. Ne montrez rien de vos petites radineries d’ancien pauvre.
Puis les jours passent et on se lasse. « Rien de neuf aujourd’hui » ne vous fait plus bondir de joie comme autrefois.
Autrefois vous aviez une vie de routine et vous mangiez à la cantine avec vos potes et vos copines.
Autrefois vous écoutiez « Rien à cirer » de Laurent Ruquier et il y a un tas de gens et de choses dont vous n’aviez, vous non plus, rien à battre : Madame Lapaille, Monsieur Lapoutre. Rien à faire de Lapaille de fer et de Monsieur Lapoutre, en outre…
Nihil novi sub sole ! Justement, le soleil brillait et cela vous suffisait. Vous étiez gai. Rien, rien de rien, vous étiez comme Edith, non, vous ne regrettiez rien. Vous chantiez.
Oui, vous chantiez toujours, l’air de rien. Et l’air de rien vaut mieux que celui de la jalousie, que celui des bijoux ou de la calomnie.
Cliquez sur cette image, vous verrez : la Mayenne, ce n'est pas rien !
Alors, contre cette nostalgie qui n’est plus ce qu’elle était, vous luttez, même si vous savez qu’il n’y a rien à faire.
Rien à faire que se dire que ce sera mieux hier, que c’était mieux maintenant, que le mieux est l’ennemi du bien et que l’homme de nulle part, si c’est peut-être vous, eh bien… ca ne fait rien ! Ca fait juste du bien !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 428 à partir de cette consigne
Des pommes déclassées à Rennes le 5 novembre 2016
Un graffiti affirmatif rue de Lorgeril à Rennes le 5 novembre 2016
LEGENDE ISLANDAISE
Lorsque Logre est en colère
Toute la maison tremble.
Les assiettes brinqueballent,
Les verres à pied parkinsonnent,
La cafetière sur le feu
Se claquemure sous son couvercle,
L’oiseau jaune du coucou
Ne sort plus pour donner l’heure,
Le rocking-chair se renverse
Et son plaid plaide coupable,
Le portrait de la grand-mère
Se décroche la mâchoire,
Le troupeau des sept fillettes
Monte se réfugier dans sa chambre,
La soupe qui était déjà fade
Il faudra se la fader froide.
Le chambranle de l’entrée
Se prend la porte en plein nez
Ca y est ! Papa est sorti
Pour faire un tour dans la nuit,
Commettre un horrible meurtre,
Faire pousser les hauts cris
Au vent qui hurle Déraison
Par-dessus les toits des maisons.
Madame Logre se redresse
Et remet tout en état
Elle verse du lait au chat
Puis elle monte jusqu’au grenier.
Son pied fait grincer les marches
De ce très vieil escalier.
Elle donne un tour de clé
Puis allume la bougie.
Très tranquille sous son suaire
Le vieux fantôme est ravi :
On vient lui rendre visite.
Elle est bien cette petite !
Mais ce soir c’est très bizarre
Ce soir, il y a un lézard.
- Oncle Arthur, dit la pauvrette,
S’il te plaît, viens-nous en aide !
Il faut me débarrasser
De ce monstre de mari !".
- Je sais, répond le fantôme,
Les raisons de sa colère.
Je crois qu’il n’ira pas loin :
J’ai planqué ses mocassins
Et pour moi, sept lieues, c’est rien !".
Dit l’être sans consistance.
Il ouvre l’œil, le bon, l’œil-de bœuf, et s’élance
Dans la nuit et le silence.
Il repère l’individu
Qui vitupère ses "Rogntudju".
Son sale caractère-cratère
Eructe d’affreux borborygmes,
Des injures qui s’élèvent,
Des miasmes pestilentiels.
Et le fantôme, du ciel,
Fait tomber la pluie propice.
Lors, dans le profond précipice
De l’ire de l’ogre qu’on vexe,
Dans tous les creux et plis et replis de ce cave,
Tout retombe en coulée de lave,
Etouffe ses velléités
De craquer, cracher, craqueler à jamais.
Ca y est le volcan est éteint !
***
Et puis c’est la musique du petit matin calme.
La femme et les sept filles de Logre
Sortent danser dans le jardin.
Tout respire en paix sur la lande.
C’était le dernier ogre-volcan de l’Islande
Dont, par pitié pour vos oreilles,
Nous cacherons le patronyme.
Seul le chat noir, Spépatafjöll,
Regrette la pétrification du grand maître de la maison
Il lui donnait parfois en guise de cadeau
Des petits bouts de bébés d’hommes.
Mais il se fait une raison. Car les chats savent mieux que nous
Qu’"Avec le temps, va, tout volcan !".
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 8 novembre 2016
à partir de la consigne 1617-07 "Imagidés" décrite ci-dessous.
Photos empruntées au web.
99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 38, Métro-nomique
1
Le dragon qui sort de sa grotte
A tout d’abord l’œil qui frisotte :
Pas habitué à la lumière
Il cligne, cligne des paupières.
Orléans ! Clignancourt ! Nation ! Porte Dauphine !
Bienvenue, mon Parnasse !
Quelle jolie Laumière en ce début du jOurcq !
Comme il faisait frisquet à la station Glaciaire !
2
Bientôt ragaillardi,
Se sentant d’appétit,
Le voilà qui chemine
Direction la cantine.
Bœuf en daube ? Censier Daubenton ?
Le Normand qui débarque en plein cœur de Paris,
Plein de Gaîté place des fêtes,
Il fait parfois son trou à l’entrée des Lilas !
3
O divine et belle surprise !
Laisse ta faim maladive en prise !
Voilà ton repas de midi :
Un troupeau de blanches brebis !
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Danton ? Robespierre, passe encore !
Quelle mouche La Motte-Piquet ?
Qui tire les ficelles du Pantin d’Italie ?
4
Mais, sorti du château voisin
Voici qu’accourt un argousin :
C’est un énorme Saint-Bernard
Qui a dû se tromper d’histoire
Vraiment ? Comme c’est Corvisart !
Voilà qu’il a dit « Corvisart » !
Il a Cité, en Chemin, Pré-Vert et Maurice Chevaleret :
Qui va causer dégâts station Ménilmontant ?
5
- Flambe-les, dit le chien au dragon. Ou tout comme !
Je vais les asperger de mon tonneau de rhum ! ».
Or c’était de l’essence. Ayant ainsi agi, il s’écarte du lieu.
L’autre peu malicieux lâche flamme et…prend feu !
Bêtes à gros museaux, méfiez-vous des saints placides !
Il n’y a plus d’après à Saint-Germain-des-Prés
Et plus de Pyrénées quand on a l’allant Ternes
Et les neurones Invalides.
Faites plutôt emplette à Richelieu-Drouot
D’un club de golfe clair qui rend le marc Cadet
Des soucis des bons poissonniers
Et permet de les Dugommier, les clébards qui gardent le Temple
6
On mangea du dragon rôti tout cet hiver.
Saint-Georges ayant raté la bonne correspondance
S’est farci quant à lui les timbrés d’Angleterre
Et leur panse de brebis !
MORALITE
Ne faisons pas Trocadéro (Trop de cas des héros) :
Ils perdent quelquefois
Leurs couronnes, comme les rois.
D'une voix presque muette,
Ils murmurent Cambronne
Et restent sur le cul
Et restent sur le quai
De la Râpée.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 8 novembre 2016
à partir de la consigne 1617-07 "Imagidés" décrite ci-dessous.
Photos empruntées au web.
Consigne 1617-07 du 8 novembre 2016 de l'Atelier d'écriture de Villejean
Les imagidés
C'est un jeu de l'éditeur Gigamic. Il est composé de douze dés qu'on lance et avec lesquels on raconte une histoire. Pour cette séance, nous n'en avons utilisé que 6.
Nous avons tiré ceci :
Le lieu de l'histoire : une maison
L'émotion qui doit transparaître dans le récit : la colère
Un élément du corps humain : le pied
Un animal : un chat
Un élément fantastique : un fantôme
L'histoire doit comporter un volcan
Nous avons effectué un deuxième tirage pour celles et ceux qui écrivent court
ou pour donner le choix entre deux histoires.
Le lieu de l'histoire : une grotte
L'émotion qui doit transparaître dans le récit : la surprise
Un élément du corps humain : l'oeil
Un animal : un chien
Un élément fantastique : un dragon
L'histoire doit comporter un château