A Bécherel les maisons du centre bourg ont été transformées en librairies. Cette année on a ramené un recueil d'histoires de Nasr Eddin Hodja et un des cinq albums de Snoopy chez Dargaud qui manquait à ma collection.
Sub/objectif est une revue de photographie de l'Université de Rennes dans laquelle on publie des photos argentiques, essentiellement en noir et blanc. Nous avons ôté les agrafes centrales de ce portfolio. Pour les besoins de l'édition les photos se sont trouvées associées deux par deux sur une feuille 21 x 29,7 cm au format paysage. Le hasard fait donc voisiner "Instant de victoire" et "Ogres", Lisamé H. et Tristan B.
Le hasard ? Un simple voisinage ? Peut-être, mais vous qui êtes le "Deus ex machina" ou une écrivante imaginative ce jour, vous allez nous raconter le lien qui existe entre ces deux photos, ce qui se passe entre les deux. Rédigez un récit qui sera inspiré et illustré par ces deux photos.
On ne sait plus qui a eu cette idée folle de lui offrir un tambour à Richard. Peut-être bien était-ce grand-père, par vengeance ou par frustration ? Va savoir si le vieux n'a pas rêvé toute sa vie de faire « Ran plan ran pataplan » pour faire l'intéressant auprès de ses parents ?
Parce que pour séduire les filles c'est plutôt râpé ! Pas très glamour, la peau tendue et les baguettes ! Aux trois jeunes tambours qui reviennent de guerre la Madelon qui sert à boire préfère toujours l'officier à moustaches avec son grand sabre de fer, ou même de bois, et sa grosse voix de Mick Jagger. C’est une tradition qui s’est perpétuée au point que de nos jours on est bien en peine de citer le nom d'un batteur célèbre. Adieu les Keith Moon, Ringo Starr, Charlie Watts, Billy Cobham, Christian Vander, Phil Collins et Nick Mason de la grande époque ! Aujourd'hui ce sont des machines qui rythment la musique. Remballe tes fûts, beau militaire !
Et pourtant, même sans tambour, ni trompette, grand-père a bien su conquérir grand-mère. Et il s'entendent très bien ces deux-là. Alors remballons nous aussi les histoires de frustration.
De toute façon Richard n'est pas là pour séduire les filles. Il est là pour faire « Ran Plan Ran Pataplan » sur son tambour. La chose qui est sûre c'est qu'il a apprécié le cadeau. Il sent qu'il va taper toute sa vie ! Merci pour tout, Grand-père, Parrain ou Tombé du ciel !
Les filles peuvent bien sauter à la corde où jouer à la baballle, ça ne le dérange pas et ça ne l'intéresse pas plus que ça, Richard. Elles peuvent bien jouer à la maman avec leur poupée de chiffon ou leur baigneur en celluloïd, il s'en fiche, Mr Tambourine-man, du réarmement démographique de la France. Ce n'est pas lui qui va s'offusquer d'un taux de natalité à 1,8 ! Le deuxième bébé des Français peut bien naître sans bras et être accusé pour cela de ne pas œuvrer à la croissance du pays, de ne pas gonfler le PIB ni les profits des grandes entreprises, cela lui chaut peu, à Richard.
Ran Plan Ran Pataplan !
Les copains peuvent bien jouer au petit soldat avec des fusils en branches de bois ramassés dans le petit bois derrière chez moi et répondre ainsi à la préoccupation permanente des gouvernants : « Envoyons des troupes au front ! Envoyons des troupes au front ! ». Et alors quoi ? Elle sent le pâté, la chute des reins ? Ce ne serait pas mieux d'envoyer les troupes à la croupe si on veut botter les fesses à Poutine ou combattre le Djihad islamique ukrainien ?
Ran Plan Ran Pataplan !
Richard s'en bat les flanc que le cousin de Paris, avec sa belle tenue et son fusil « pareil qu’un vrai », défile comme à la parade devant Grand-papa. La cousine Yvonne est bien rigolote avec son shako, ses épaulettes, ses bottes et son sabre mais ce n'est pas demain la veille qu'on va accepter des femmes dans la grande muette. Les femmes et « muette », c'est incompatible, non ?
Bien sûr cette saillie ne tient pas compte de grand-mère. Elle est la seule qui sache faire lâcher ses baguettes au tambourineur fou. Dans la façon qu'elle a de lire et de raconter des histoires il y a quelque chose d'apaisant, de divin, de mystique, de mystérieux. Du reste il paraît que « mystère » est le nom d'un spectacle qu'on jouait autrefois sur les parvis d'église. Même le chat Mistigri s'abstient de jouer avec les pelotes de laine qui traînent par terre quand grand-mère conte aux petits.
Mais aussitôt que l'histoire est finie Richard reprend son tambour et sort casser les oreilles aux joueur de quilles, aux joueurs de cartes qui paradoxalement lui demandent… de jouer des flûtes ! Ils ne comprennent donc pas que sa passion pour le tambour, ce n’est pas du pipeau ?
Ran Plan Ran Pataplan !
***
- Il est vraiment pas bien, ton gamin ! dit Marinette à sa sœur qu’elle est venue aider pour les travaux des champs. Ça ne s’arrange pas, cette manie de jouer du tambour tout le temps !
- Tu crois que quelque chose le taraude ? demande la maman de Richard. Peut-être est-il simplement musicien dans l'âme et que si toi tu positivais plus souvent, Marinette, tu jouerais le 2, le 5, le 20 et le 17 dans le quarté-plus de dimanche prochain. Peut-être que tu gagnerais, pour une fois ?
- Mouais. Si jamais cela arrivait, je l'aurais dans le désordre à tous les coups !
Les images qui figurent sur les cartes d’atout du jeu de tarot moderne représentent ceci, dans l’ordre de 1 à 21 :
La performance individuelle - L'enfance - L'adolescence - L'âge mûr - La vieillesse - Le matin - Le midi - Le soir - La nuit - La terre et l'air - L'eau et le feu - La danse - Les courses - La chasse et la pêche - Les arts - Le printemps - L'été - L'automne - L'hiver - Le jeu - La performance
Sachant cela, écrivez quelque chose à partir de quatre cartes (huit images) que vous avez piochées (ou choisies), sachant que votre texte sera illustré par au moins trois de ces images.
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.