Ce blog est en pause pour une semaine. Je vous laisse avec des billets programmés issus de notre dernier voyage à Nantes et, sans doute, si j'ai le temps de les scanner, des antiquités fort intéressantes reçues dans ma boîte aux lettres au retour.
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Nous, les Rennais, on le savait qu'ils n'étaient pas comme nous, les Nantais ! Et nous en avons eu la confirmation ce mercredi en visitant "une maison nantaise typique". Qu'est-ce qu'on entend par maison nantaise ? Un domicile dans lequel les chambres sont de plain pied sur la rue, au même niveau que le garage, et où les pièces à vivre sont à l'étage !
Il est entendu que dans les pièces à vivre, le chat est en option. Cette joli matoute appartient à Monsieur Armand.
Le poète a toujours raison qui voit plus loin que l’horizon et déclare avec feu Renaud (1) : « La mer c’est dégueulasse, les poissons baisent dedans » (2).
Et les bougres sont nombreux sous la vague qui déferle !
Il y a Bernard l’ermite qui envahirait bien Bianca la moule, le requin-marteau qui cherche une enclume pour se taper une femelle à faux-cils et toutes ces morues qui rêvent du maquereau charmant : « Un jour mon crabe aux pinces d’or viendra ! ».
Tortillant du popotin, Maryline la pieuvre susurre : « Poulpe Poulpe Pis Douze » d’un air imcalamarcessible.
Tous les samedis que Neptune fait les sardines quittent leur banc et vont en boîte de nuit. Le hareng sort aussi. La danse est frénétique jusqu’à ce que le homard réclame : « Tamisez toutes les lumières car c’est l’heure du quart d’heure armoricain ! ».
Au sortir du bal tous les crabes en pincent, les thons en font des tonnes jusqu’à ce que ça cartonne, ça n’arrête pas de draguer, les tortues touchent le fond à raison ou à tort, à force d’entendre radoter les méduses sont médusées, certains poissons mystiques tombent en adoradation devant l’être aimé, ça s’aime, ça s’aime, ça sème, ça essaime…
Les baleines se décorsètent, même les vieux des profondeurs perdent leur cœlacanthe-à-soi, la lotte envoie valser sa culotte par-dessus Camille Desmoulins mais le bulot n’est pas sans culot. Don Cabillaud s’étrangle devant ces jeux érotiques foldingues qu’Eros a déclenchés de ses coudes épais dans l’eau : colin-paillard, le plongeon esturgescent, l’espadon ma louloute, le cache-cache ma raie montante, le ça ne fait pas une plie, l’applie pour smart faune du fond d’S.-F. Mer, le monte là-dessus et tu verras le saumontmartre, le déguste langouste, l’heureux flétan soleil levant, l’anchois dans la date, l’églefin du fin, le tacaud de la Marne, la limande ampoulée, loup de mer y es-tu, Je te tiens tu me tiens par le bar, bichette, Rends moi le congre, ô, Belge, le Robert Makaire, la paire de loches des mers de Loches…
Les palourdes font dans la légèreté, les rougets rugissent, les carrelets décarrent, les morues remuent, les squales ont le son long, les poissons polissonnent, les crustacés s’incrustent, les berniques se… s’accrochent aux branches, les barbeaux barbotent dans le bonheur, l’hippocampe swingue sauvage, le napoléon carapontdarcole, même les vieilles mettent le turbot, bref, tous ces animaux copulent marine au fond de la piscine au cri de « Adjanique ta mer ! ».
Tout le monde est lamproie au désir, asticoté par le stupre, nul n’arête de penser à la fornication, il n’y a plus lieu, ni noir, ni jaune, de faire maigre, de se retenir de jouir ; même les plus déviants des souhaits sont exocets !
Quels walrus et coutumes, mes aïeux ! Quelles drôles de morses !
Et je ne vous parle même pas des désidératas de ces bougres d’andouilles d’hommes-grenouilles !
(1) : il n’est pas mort mais ça ne vaut guère mieux ! (2) : la formule lui aurait été inspirée par Dominique Lavanant citant W.C. Fields.
Oh les belles bésicles qui arrivent un peu trop tard pour illustrer un Défi du samedi sur lequel je n'ai pas écrit : j'avais juste l'intention d'interpréter "Le Petit pain au chocolat" de Joe Dassin et je n'ai même pas eu le temps de le faire !
L'occasion rêvée de vous faire part de mon énervement. Pendant trois mois on nous a bassiné·e·s avec "Le covid 19 est passé par ici, le covid 19 repassera par là, il court, il court le covid...". Comme il s'est avéré à la longue que c'était un truc chiant dont on ne pouvait pas se débarrasser des petits malins ont cru judicieux de le rebaptiser "la covid 19".
Et ça marche ! Au début ce n'était que sur France-Culture, maintenant ça arrive sur France Inter. Et je n'entends personne protester contre cela ! Suis-je donc le dernier féministe de la planète pas nette ? Ou le dernier crétin des Alpes mancelles ?
Allez mettons-nous en chasse de l'explication, histoire de ne pas nous endormir idiot ce soir.
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Elle est ici et me rappelle la chanson "Les Baisers" de Pierre Perret dans laquelle il y a ces deux vers magnifiques d'insolence :
"Les vieux schnocks de l'Académie Devaient encore être endormis !" .
Finalement, ce n’est pas moi le plus nostalgique (ou le plus vorace) des deux ! "La vie d’avant", c’est bien Marina Bourgeoizovna qui cherche à la retrouver à tout prix, quitte à nous entraîner dans de drôles d’équipées sur simple réception d’un courriel d’une copine conteuse.
"Léa et Karine chantent et jouent pour nous les artistes locaux des années 70 et 80. A (re)découvrir en chantant et frappant dans les mains." qu'il disait le programme.
Si ça me dit d’aller réentendre en vrai des chansons de Tri Yann, Alan Stivell, François Budet et Gilles Servat ? C’est bien sûr œuf corse, mon général ! En plein air, jauge limitée à 40 places, un dimanche après-midi d'un été sans musique ni théâtre ? Pas qu'un peu !
Je téléphone donc le samedi après-midi et réserve deux places pour le lendemain. J’imagine un petit jardin bien vert, un peu comme l’hôtel Huger à La Flèche, ou la cour de la défunte Auberge des Acacias de Dureil, des tables avec des parasols, un petit parquet en guise de scène dans les environs de Rennes avec du public masqué et soupçonneux. Et puis, juste avant, une balade à la découverte de Moncontour, village médiéval, petite cité de caractère inconnue de nous.
Tout faux, sergent Krapov !
Le lendemain Madame m’annonce que, finalement, Moncontour c’est plus loin qu’elle ne pensait, en-dessous de Lamballe. Bon OK, départ à 14 h 30. 96,6 kms d'après M. Google-Maps. Une heure de route, arrosée de petite pluie parfois mais une fois arrivés sur place on voit qu’on a amené le soleil avec nous. On gare la voiture un peu n’importe où car le touriste a l’air de pulluler un poil en ce beau dimanche puis on se pose au café du Théâtre.
La pianiste fait ses gammes dans la rue barrée à la circulation. Exit le jardin rêvé. On est sur la terrasse du bistrot. Il y a deux jolies Allemandes qui mangent des parts de tarte, les enfants de la flûtiste qui attendent sagement. On commande des jus de fruits et puis le concert débute. L’hôtesse, Madame Anne-Gaud M., n’a pas bien compris le concept et on s’aperçoit, du coup, que nous non plus. La pianiste précise : « Nous allons chanter de la variété française des années 70 et 80 et des chansons d’auteurs contemporains de la région ».
Exit le renard et la belette, dégage la blanche hermine, crevez, les bateaux de Loguivy de la Mer !
Finalement on gagne peut-être au change car au lieu de retrouver on découvre. Ca commence par « Si je chante » d’une nommée Stella, épouse de Christian Vander, batteur et leader de Magma, rien à voir avec ce que fait son bonhomme de mari car la chanson est bien plus drôle. Au fil du concert on entend « Cucul » de Nathalie Miravette, « Les morceaux de fer » de Nino Ferrer, du Zazie, du Gainsbourg par Régine, une chanson de Richard Gotainer, un titre oublié de Sheila ("Redoutable" ? "La Vamp", en fait), un autre qui a l’air bien rigolo de Michel Fugain... Les morceaux bretons d’auteurs contemporains sont joliment composés et mis en musique par la pianiste hyper-douée. Elle joue super bien et a une belle grosse voix du style de celle de Colette Magny mais… Mais personne n’a osé aller dire à ces dames que la balance était pourrie : le piano couvrait la voix de l’autre chanteuse-flûtiste. On n entravait que couic aux paroles des chansons !
Bravo en tout cas au duo et au petit joueur de djembé, le fils de dame Karine, qui a accompagné Merfillott’ sur deux chansons. Il est bigrement doué, le bougre !
Un très bon moment quand même et puis une belle atmosphère de vacances avec ensuite plein de photos d’enseignes, de portes médiévales, de pans de bois et d’escaliers.
On y retournera sans doute : on a un cousin de Paris qui a déménagé pas loin ! On va essayer de se faire inviter pour un prochain concert !
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.