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Mots et images de Joe Krapov

8 décembre 2023

Choses vues à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) le 5 juillet 2023

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Ici on parle le gallo !

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Allez savoir pourquoi...il me plaît bien, ce sac !

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Allez savoir pourquoi...il me plaît bien, ce chapeau !

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Mes parents chantent du baroque dans la chapelle mais il va bien falloir qu'ils s'y mettent, eux aussi, au numérique !

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7 décembre 2023

INCOGNITO-INCOGNITA

AEV 2324-11 JK - Very bad tripPaolo a raconté l'histoire de la lettre retrouvée à son épouse, Dame Sophia. Elle a bien ri, elle aussi.

Parce que Paolo est du genre hypermnésique, à se souvenir des noms des rues de Rome, des numéros des chambres d'hôtels où ils ont séjourné, des noms des personnages de romans, toutes ces données bien inutiles dont elle-même ne s'embarrasse absolument pas.

Or voilà que pour une fois Paolo est pris en flagrant délit d'oubli total ! Elle espère juste que ça ne va pas tourner au « Very bad trip 1, 2, 3 ou 4 » parce que tous les gens auxquels il raconte cette histoire se font un malin plaisir de l'accuser de tous les maux ou, tout simplement, de lui poser des questions qui l’enfoncent dans sa culpabilité.

- Est-ce qu'il y avait une enveloppe ? Peut-être y a-t-elle inscrit au dos son nom et son adresse ? a demandé Anna-Francesca.

- Et alors, si c'était le cas, je lui renvoie la lettre quarante-trois ans après, à la fille, en lui demandant de m'excuser parce que je ne l'ai pas transmise ? Et aussi une copie à Giambattista avec l'expression de ma penauditude - ça existe ? - devant ce forfait incompréhensible et pourtant peut-être décisif ?

***

AEV 2324-11 JK - Passe ton bacMais d'abord résumons les faits : Coralie, 19 ans, va passer son bac. Si elle le réussit elle aura le champ libre pendant les vacances et ira rejoindre Giambattista, « homme marié mais très, très libre » qu'elle a envie d'embrasser. Sauf qu'il y a 222 kms qui les séparent et « des impondérables ». Le plus embêtant des impondérables est ce Paolo qu’elle a chargé de faire passer sa lettre à Giambattista.

Quarante trois ans après Paolo retrouve la lettre au fond d'une valise et découvre qu'il n'a plus aucun souvenir de cette Coralie !

***

De la même manière que Marcel Proust est devenu le « maître-étalon » de la littérature bourgeoise contemporaine - mais de nos jours toute littérature est bourgeoise, l’autre terme de l’alternative étant le rap ou la chanson française écrite en anglais - le mètre étalon de la sagesse, pour Paolo, c'est Sophia.

Ce qui l'a rassuré c'est qu'elle a décrété, à l'emporte-pièce comme bien souvent, « Le passé, c'est le passé ! On ne revient plus dessus ! »

C'est vrai que Sophia n'a pas entreposé de valise de vieux papiers dans le grenier commun. A part des cours de psychologie et des bouquins du même domaine il n'y a rien de son passé à elle là-haut hormis trois disques de Joan Baez.

Quelquefois quand elle va chez son père, elle trouve des vieilles photos d'elle et ça ne lui fait rien, si elles ne lui plaisent pas, de les déchirer.

Mais Paolo n'est pas ici pour raconter sa vie ni celle de son épouse. A part cette histoire de lettre retrouvée et cette lubie de conserver des tas de photos, d'enregistrements sonores et cette valise d'avant le déluge, son existence à lui est trop simple, trop linéaire pour qu’on en tire de la littérature.

AEV 2324-11 JK - Gloria Lasso- Giambattista, a demandé madame Éliane, combien de divorces ?

- Moins que Gloria Lasso !

Madame Maryvonne, elle aussi, a gardé des lettres et quelquefois elle renvoie le paquet entier à son expéditeur ou expéditrice. Elle aussi farfouille dans son grenier et a retrouvé récemment un discours de départ en retraite qu'elle a écrit mais n'a pas prononcé. Alors, quinze ans après, elle l’a envoyé au récipiendaire qui lui a répondu dans le même style sincère mais amusant. Tous ces profs ont des lettres et sont très sympathiques !

Paolo est tellement noyé dans son mystère qu'il devrait envoyer cette lettre non au récipiendaire mais au récipient de flotte en lui disant qu'il ne comprend goutte ! Mais finalement il a écouté Sofia. Il s'est allongé sur le divan des filles à l'atelier psy. Il a raconté l'histoire, elles se sont bien moquées de lui et la semaine prochaine on parlera d'autre chose.

De toute façon avec la cassette numéro 4 de son frère il a trouvé encore mieux comme mystère. Mais c'est quoi cette musique de clavier funèbre ? Ça ressemble furieusement, si on peut dire, à un concert de musique planante comme « Cyborg » de Klaus Schulze et ça semble jouer du violoncelle ! C'est le magnéto qui déconne ou quoi ? La bande qui tourne à l'envers ? Même en accélérant grâce à Audacity la vitesse de l’enregistrement numérisé, ça ne ressemble en rien à ce qu'ils jouaient ensemble autrefois.

L’idéal - et c'est ce dont rêve Sophia - ce serait de le vider sans regarder ce qu’il contient, ce grenier. Parce que c'est terriblement mort ou mortifère, tout ça. Même sur les photos de classe, même dans la liste des gens avec qui on a fait de la musique, si on va interroger Internet avec leur nom, on s'aperçoit que certains d'entre eux sont déjà passés de vie à trépas, dont un à l'âge de 55 ans. Ça a un petit côté vraiment attristant, tout ça.

C'est pour cela que lors d'un prochain voyage de Sophia Paolo ira remettre la lettre de Coralie dans la valise. Par vice, il cherchera son enveloppe éventuelle et il priera. Il priera pour que la jeune fille ait eu son bac, qu’elle ait est rencontré un autre homme, marié ou pas, qui l'aura rendu heureuse et pour qu'elle soit maintenant une sexygénaire épanouie. Il priera pour qu’elle ait oublié ces deux jeunes crétins de Giambattista et Paolo. Ça devrait être d'autant plus facile à faire qu’elle n’a plus de lettres ni de l’un ni de l'autre dans son propre grenier !

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 L'église San Giovanni e Paolo à Venise

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 5 décembre 2023

d'après la consigne AEV 2324-11 ci-dessous

6 décembre 2023

Choses vues à Rennes le 5 août 2023

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  Ce soir je serai la poubelle pour aller danser !

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Même pas de trafic, sur cette photo.
C'est réellement une installation destinée à ombrager en été la rue la plus passante de Rennes.

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Pas facile à photographier ce renard au monocle à cause des reflets souvent très colorés
de la vitrine d'en face. Ce jour-là, ça allait !

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- Je suis ton clone, Luke !

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C'était le soir ou le groupe San Salvador à mis le feu à la place de la Mairie avec juste un tambour et deux tambourins !

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- Il reste un peu de pizza pour moi ?

5 décembre 2023

CONSIGNE D'ÉCRITURE 2324-11 DU 5 DÉCEMBRE 2023 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

La Lettre de Coralie

 

Mais qu’est-ce qui lui a pris à Paolo d’aller fouiller dans cette valise, pleine de cahiers et de lettres, qu’il avait presque oubliée dans son grenier ? Voilà qu’il y a trouvé une lettre adressée à Giambattista, son meilleur ami de ses années de jeunesse, par une certaine Coralie dont il ne se souvient absolument plus. Il est dit dans ce courrier que Paolo devait transmettre la lettre où elle déclare son amour à Giambattista à l'intéressé et, visiblement, il ne l’a pas fait.

Quarante-trois ans après Paolo ne voit plus Giambattista, Giambattista et Marianna ont divorcé et on ne sait rien de plus de Coralie qui, d’après la signature ambiguë, se prénommait peut-être Caroline.

Faites parler un ou une de ces quatre personnages à propos de cette lettre, de cette époque, de son statut actuel de sexygénaire ou de la gestion de ses archives personnelles.

Ou racontez une histoire similaire de lettre retrouvée ou perdue.

AEV 2324-11 Coralie ou Caroline - signature

***

Mardi 15 avril 1980

Giambattista

Pourquoi ne pas écrire « cher » ou « très cher Giambattista » ? me diras-tu ? Je m’explique : ce genre d’expression me paraît débile et trop conforme aux lettres que l’on envoie à une personne que l’on a connue et que l’on flatte en pensant du plus profond de soi-même « Il faut être amical, elle ou il peut toujours être utile !!! » C’est une forme d’hypocrisie dissimulée qui me sort particulièrement par les yeux. Evidemment ce n’est pas général puisque je l’utilise fréquemment lorsque j’écris à des parents. Je ne suis pas pour autant hypocrite !!

Le terme est différent quand j’écris à des amies : « Mon Hélène chérie » « Ma Sylvia adorée », des filles que je connais depuis longtemps et que j’aime profondément. Je ne me vois pas t’appeler « Giambattista chéri » (c’est plutôt commun et … comique) mais c’est un avis comme un autre ; au fait, Marianna t’appelle-t-elle CHÉRI » ?

Aussi t’appellerai-je Giambattista, c’est tout con mais ça me plaît. Peut-être trouveras-tu cette lettre différente de la première qui était un peu débile (rien qu’un peu !!) et quelque peu gamine !!! Mais il paraît que c’est agréable de rester gamine, même quand on a 19 ans, et même quand on passe son bac dans quelques mois… Je dois dire que j’appréhende ce foutu examen qui de plus est décisif pour moi et mon avenir ; j’ai tellement fait la conne que maintenant je m’en mords les doigts, tu comprends, cela signifie tellement de choses pour moi, entre autre, la liberté… La liberté de dire merde à tout le monde et d’envisager mon avenir comme je l’entends…

Si je l’ai j’aurai quartier libre pendant toutes les vacances et je pourrai même venir te voir… Ça, ça serait le PIED, si du moins nous communiquons (critique du téléphone because : on ne se voit pas...) toujours!

En fait c’est la première fois que je sors avec un homme marié (quoique très très libre) et je dois avouer que ce n’est pas si terrible… Il y a quelques années je l’aurais très mal pris, je me serais accusée, peut-être à tort ; les principes, ce sont les gens qui nous les inculquent, c’est pourquoi maintenant tout ceci me passe au-dessus, je dois avoir mûri mais je dois dire que je me fous complètement de ce que les gens peuvent penser de moi et des relations que j’entretiens ; je ne suis pas insensible, au contraire, mais j’estime être réaliste et droite (pourquoi chercher le mal, je suis bien, ainsi).

Tu croiras peut-être que je me confie et sur un certain point tu auras raison car j’avais envie de te l’écrire et si tu veux nous en parlerons. Cela doit t’énerver que j’écrive toujours « peut-être » mais il y a quand même 222 kms qui nous séparent et les impondérables ne sont pas exclus….

Ce qui est certain c’est que j’ai envie de te revoir ; je ne sais pas comment te l’expliquer car je n’ai pas envie de faire de sous-entendus, si sous-entendus il y a… En fait on cherche toujours des complications alors que les choses peuvent se dire si facilement… Voilà ! Je le dis et le répète : j’ai hâte de te voir et tu me manques ».

Je ne sais quand cette lettre t’arrivera, cela dépendra de Paolo.

Moi aussi, j’ai envie de t’embrasser

Coralie

***

L'auteur de cette consigne demande à Caroline-Coralie de bien vouloir excuser l'extrême goujaterie dont il fait preuve. Nous savons tous que ça ne se fait pas de publier du courrier privé sur Internet. Même s'il y a peut-être prescription au bout de quarante-trois années ! ;-)

4 décembre 2023

Les à côté de la plaque du 4 et du 5 août 2023 à Rennes

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Un palindrome parfait ! 

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Amstram ? Pic et pic et colé ? ou Gram -ophone ?

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 Mais où sont donc passé Magenta et Yellow ?

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Baby you're a rich man, baby you're a rich man too ? (air connu des Beatles)

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Juk... boxe ?

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3 décembre 2023

La Grande roue à Rennes telle qu'elle tournait le 27 novembre 2023 (1)

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3 décembre 2023

La Grande roue à Rennes telle qu'elle tournait le 27 novembre 2023 (2)

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2 décembre 2023

DE L'UTILITÉ DES PSEUDO-POÈTES ET DES FAUX MAÎTRES-CHANTEURS

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C’est bien entendu, monsieur Musset, il faut qu’elle soit ouverte ou fermée mais un sourcier doit veiller à ne pas égarer sa baguette plutôt que de se soucier de sa braguette.

On ne va pas en faire un pendule, monsieur Queneau, mais quand vous nous pondez « Eh bien voilà, lui dit-il, j’ai avalé ma pendule ! » votre histoire est-elle bien crédible ? Ne s’agit-il pas plutôt d’un pendule ?

Et moi qui suis à la recherche de mon utilité sur cette terre pourquoi voudriez vous que je fasse appel à un coudrier plutôt qu’au coup de l’étrier ? Si la radiesthésie est une pseudo-science, ne puis-je pas me déclarer pseudo-scientifique et décréter que je suis moi-même radiesthésiste, capable de retrouver dans tout mon fatras d’enregistrements, de manuscrits et d’écrits imprimés des paroles de chansons qui feront sourire certains et certaines et que d’autres découvriront ?

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Il en fut ainsi samedi dernier où j’interprétai en public, à la façon « chanson contée », le fameux – du moins le croyais-je – « Arthur, où t’as mis le corps ? » de Boris Vian.

On ne fait pas appel, dans ce récit de cadavres qui disparaissent, à la cellule « cold cases » comme on dit en bon français en lieu et place d’« affaires non résolues » mais à un médium spécialiste du spiritisme ancien. Encore une pseudo-science, sans doute ?

Ça me va, finalement, ce rôle de réveilleur de morts, ce statut d’interprète de vieilleries dans un monde où tout le monde fait appel à l’intelligence artificielle pour ne pas regarder en face le problème réel, celui de la connerie authentique !

N’ai-je pas trouvé, ma foi, ma réponse, ma voix et ma voie ? « Toi, Joe Krapov, ne te mêle pas de philosophie ou de politique ! Fais nous rire avec des mots, des chansons et avec tes interrogations stupides du genre : « Pourquoi horloge et pendule sont-iels à la fois féminin et masculin ? Pourquoi la même chose pour œuvre et mémoire ? Pareil pour amour, délice et orgue mais au pluriel seulement ? Est-ce que c’est lié au réchauffement climatrique le fait qu’un tryphon a détruit le champ de trournesols de l’agricultreur Van Gogh ? Doit-on dire un ou une hermaphrodite ?  Y’a t’il des camelots qui aiment la matelote ? Y’a-t-il des matelots qui aiment la camelote ? Ai-je besoin du plastique pour améliorer ma plastique ? Peut-on appeler barde de lard un barde à tête de cochon ? Le faune fait-il partie de la faune mythologique même s’il est aphone et que sa flûte fait « pan » comme une cartouche (c’est ce que dit le cartouche en dessous du tableau) ? Pourquoi a-t-on représenté un enseigne de vaisseau sur l’enseigne du magasin où l’on vend des slips Petit-bateau ? Parce que le petit mousse reprendra bien une mousse ? Il préfère le rade à la rade ? Pourquoi la foudre ne tombe-t-elle pas sur ces foudres de guerre qui nous pourrissent la vie ? A-t-on besoin d’un livre qui pèse une livre, d’un mode d’emploi à la mode pour nous dire qu’il ne faut pas s’y prendre comme un manche pour coudre une manche ou mettre la poêle sur le poêle ? Après cette nouvelle somme, ai-je le droit d’aller piquer un somme ? Cependant que les bourres, pour une fois pas à la bourre, interrogent : « Arthur, où t’as mis le corps ? ». 


Écrit pour le Défi du samedi n° 796 d'après cette consigne : Radiesthésie

1 décembre 2023

Madame Graindesel et Madame Graindepoivre / Maïck conteuse

Notre très proche voisine, Madame Maïck, conteuse, fait aussi du théâtre d'objets. La voici en pleine action, filmée par votre serviteur à une soirée des Tisseurs de contes à la Maison du Ronceray à Rennes le 14 octobre 2023. 

30 novembre 2023

CAROLINE ?

- Moi je lis plutôt « Caroline » m'a dit mon épouse à qui j'ai montré la lettre de ouvrez les guillemets Coralie point d'interrogation fermez les guillemets et à qui j'ai raconté l'histoire de la lettre non transmise. (cf ce texte-ci)

Si on met à part le fait que Jean-Baptiste était bien encore en 1980 un de mes meilleurs amis toute cette histoire pourrait très bien sortir d'un roman de Patriiiiick Modiano.

AEV 2324 10 JK Hopper_NighthawksDans une ville dont on ne mentionne pas le nom existerait un café associatif appelé L’Orang-outan. Pas un de ces palaces à grandes baies vitrées comme on en voit dans les tableaux d'Edward Hopper, non mais un troquet à l'ancienne comme celui que tenaient la mère et la grand-mère de Daniel Bird à Wazemmes, quartier très populaire de Lille.

Ce café de l'Orang-outan se trouverait dans le bloc B4, dans la rue de Steenwijk. C'est là que tous les soirs Olga Tchigorine et Caroline Cann se donnent rendez-vous. Ce sont des étudiantes. La première, Olga, sirote une grenadine avec un glaçon alors que Caroline turbine au Perrier tranche.

Elles ont entrepris d'écrire un roman à quatre mains. Cela s'appelle « Sabine Maroczy ».

Pour Olga qui a imposé le patronyme du personnage il était impératif que ce nom se termine par un Y à cause de « Madame Bovary ».

- Si tu veux, a concédé Caro Cann, mais je refuse qu'elle se suicide à la fin du livre. D’ailleurs personne ne doit mourir dans mon roman, enfin dans notre roman. 

AEV 2324-10 JK Collage Cavalier pieuvre

- Même pas le cavalier Pieuvre ?

- A la limite celui-là peut perdre un bras sur le champ de bataille mais sinon pas de passage de vie à trépas !

- Ni non plus Marc Taïmanov, le pion empoisonnant du collège Philidor, avenue de la Volga ?

- Un pion c'est temporaire, juste le temps du collège ou du lycée. Ça s'oublie. Sa promotion en prof est assurée pourvu qu'il bosse et qu'il décroche le CAPES. Il peut même rêver d'agrégation si tout tourne bien.

Chaque soir Olga et Caro se lisent l'une à l'autre le chapitre qu’elles ont pondu chacune de leur côté. S'il y a des incohérences elles corrigent puis elles discutent des évolutions possibles et se répartissent les deux chapitres suivants dont elles ont énoncé la trame.

Certains soirs Miguel Najdorf, leur condisciple qui donne des cours de piano à la M.J.C. Diagonales pour payer ses études vient les saluer et tente de savoir ce qu'elles écrivent. Mais devant ses questions les deux jeunes femmes se ferment comme des huîtres.

- Ça ne te regarde pas, Miguel !

- Je suis sûr que c'est de la poésie !

- Pas du tout ! Tu n'y es pas du tout !

- Ou alors c'est une méthode pour gagner à la bataille navale !

- Écarte-toi au lieu de dire des idioties ! Tu nous enlèves toute la lumière !

***

La patronne de l'Orang-outan s'appelle Greta Staunton. C'est là le nom de son mari car elle est hollandaise d'origine. Après la fermeture elle traverse à pied la ville dans la nuit pour rejoindre le bloc F5, l'immeuble Gambit-Roi à l'angle du boulevard Traxler et de la rue du Foie frit.

Son mari Edward est cuisinier à la Casa Rossolimo, une pizzeria installée au bas du bloc B5 qui est donc voisin du B4 où se trouve le café associatif.

Lui ne la rejoint que plus tard à la maison car le restaurant accueille encore plus longtemps les fêtards qui vont au spectacle et dînent ensuite. Souvent sur l'oreiller ils se racontent leur journée, les aventures de leurs clients, les esclandres des habitués, les fricotages des uns et des autres.

- C’est vrai qu'il n'y a pas mieux qu'un restaurant pour fricoter ! admet Greta mais ce soir j'ai mieux que toi comme ragot. Ton patron, monsieur Benoni, est venu à l’Orang-outan jouer à l'avantageux devant les étudiantes qui écrivent un roman !

- Elles ne risquent rien les minettes, avec cet homme-là !

- Quand même, elles sont majeures, bien jolies et bien attirantes !

- Si elles écrivent des romans c’est qu’elles n'ont pas la tête à s'en bâtir un de ce genre-là. Il y a assez d'étudiants de leur âge en ville ! Elles ne vont pas s'intéresser à un commerçant marié qui commence du reste à bedonner un chouïa !

- Sait-on jamais ?

*** 

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C'est une semaine après ce dialogue-là qu'on a découvert dans le square Tartakover le cadavre d'un militaire du 41e régiment de cavalerie. Il avait été découpé proprement et savamment en morceaux et du coup on a suspecté le boucher Tarrasch dont la boutique, place de Budapest, donne sur le square. Le plus étrange de l'affaire est bien que dans les sacs plastiques se trouvaient également six autres bras humains.

- Ça fait penser au cavalier Pieuvre ! a confié Olga Tchigorine à Caro Kann !

Le boucher avait un alibi en béton. Alors une espèce de psychose s'est emparée de la ville. Des gens se sont confinés chez eux, les boutiques ont baissé les volets plus tôt, plus personne ne traînait la nuit dans les rues.

Puis l'affaire s'est tassée, tout est redevenu normal dans la vie d’Edward et Greta et des habitants de la ville aux soixante-quatre blocs. Sauf qu'un matin où il ne s'y attendait pas Edward a trouvé la pizzeria définitivement fermée et a perdu son emploi.

- Monsieur Benoni a disparu ! Envolé ! Il va falloir que j'aille pointer au chômage et que je trouve un nouveau job !

- Ils sont partis en emportant la caisse ?

- Non pas « ils ». Lui tout seul. Elle, la pauvre madame Benoni, est effondrée. Elle ne comprend pas. J’espère que ça n'a rien à voir avec l'affaire du square Tartakover !

C'est à peu près à ce moment-là que Caro-Kann disparaît elle aussi de la ville et de la vie d’Olga.

Celle-ci est allé au commissariat de police demander une recherche dans l’intérêt des familles, de la littérature juvénile et du comité Nobel.

- Avant de disparaître elle m'avait donné une lettre à remettre à Monsieur Benoni.

- Vous l'avez cette lettre ?

- Ben non, je l'ai remise !

- Vous l'avez lue ?

- Ben non c'était mon amie, c'étaient ses affaires. Je ne lis pas le courrier des autres, c’est indiscret.

***

Le roman « Sabine Maroczy » n'a jamais paru en librairie. Il est resté à l'état de brouillon inachevé dans une valise marron conservée dans le grenier d’Olga Tchigorine.

C'est tout juste, le jour où elle l'ouvrira, si elle se souviendra de cette Caroline Cann ! Mais se prénommait-elle réellement Caroline ? Elle n'en n'est plus très sûre à présent, quarante ans après ! 

AEV 2324-11 Coralie ou Caroline - signature

 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 28 novembre 2023

d'après la consigne 2324-10 ci-dessous

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