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Mots et images de Joe Krapov
12 février 2018

MAISONS EN VIS-À-VIS

Le chat me fixe.
Je fixe le chat.

Les enfants partent pour l’école.

Le chat me fixe.
Je fixe le chat.

- On va jouer longtemps comme ça au chat et à la souris ? » que je demande au chat.
- Je crois que oui ! » me répond-il.

Le chat me fixe.
Je fixe le chat.

La journée se passe. Les enfants reviennent de l’école.

Le chat me fixe.
Je fixe le chat.

- On pourrait peut-être arrêter de se regarder en chiens de faïence ? » que je demande au chat.
- Je ne crois pas, répond le chat. Qu’est-ce que tu es d’autre ? ».

Le chat me fixe.
Je fixe le chat.

La nuit est tombée.

IL 2018 02 05 chat me fixe duo

Le chat me fixe.
Je fixe le chat.

« L’éternité, c’est long. Surtout vers la fin » qu’il a dit, Woody Allen.

Ecrit pour les Impromptus littéraires du 5 février 2018

d'après cette consigne

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4 février 2018

LE DERNIER SILENCE D'ARTHUR R.

O terre des Ardennes à jamais détachée
De mes souliers crottés ! Ô gorge desséchée
D'avoir eu tant de science et de n'avoir dit rien !

Injustice rendue sous l'absence de chêne
Me voici désormais privé de tout soutien !
Porteurs de ma civière, allez, à perdre haleine !

Pour la dernière fois ma trace d'Aquilon
Au livre de l'Afrique une corne promène.
L’œil bleu, le sang gaulois vont rejoindre la plaine.
Vers la rivière fraîche au creux de son vallon
Le drapeau du Destin, criblé de trous, nous mène.

O Saisons ! Ô châteaux ! Pourrai-je m'effrayer,
Si un jour je découvre, étrange, horrible chose,
Sur ma saison d'enfer, sur ma tombe sans rose,
Une bibliothèque en guise de laurier ?

170715 Nikon B 017

Ecrit pour les Impromptus littéraires du 29 janvier 2018

à partir de cette consigne

28 janvier 2018

LES DINGUES DU OUÈBE

2018 01 28 les dingues du ouèbe



Ce texte fait suite aux commentaires sur "L'animateur d'atelier d'écriture" publié hier.

L'histoire, véridique, du lycée aux éoliennes de Charleville est lisible ici.
Le mot écrit en police Webdings est "Rimbaud".

A vous de jouer maintenant avec votre prénom, votre pseudo, RIMBAUD, Verlaine, etc.

On peut voir aussi ce que ça donne avec Wingdings !

Que le piment vous donne des ailes ! ;-)

28 janvier 2018

L'ANIMATEUR D'ATELIER D'ECRITURE

Voici qu'avec ce petit commentaire à propos de ma contribution de la semaine, j'ai droit à un billet sur le Facebook des Impromptus littéraires !

Gardons en trace, alors !

 

m, = l'animateur d'atelier d'écriture,
celui qui met du piment pour la semaine

dans la soupe de nos imaginations !

Animateur d'atelier

 

19 janvier 2018

L’EXPÉDITION DU KING TOU KON

8 mai

Nous en sommes déjà à quarante jours de navigation à bord du King Tou Kon.

- On a enfoncé Thomas Coville ! me dit ma coéquipière. C’est quand même une sacrée bonne idée que d’avoir changé les règles du tour du monde à la voile en solitaire pour ramener la durée du voyage aux quatre-vingts jours de Jules Verne !

Là-dessus ma coéquipière a déposé une grosse bouse. J’ai nettoyé le pont avec un paquet de mer aux enzymes gloutons.

- Retiens-toi un peu, Schilda ! Je n’ai pas que ça à faire !


9 mai

Ce tour du monde à la voile avec handicap, c’est vraiment une idée pourrie. Cohabiter avec une vache sur un trimaran, ça n’est finalement pas très marrant. Mais je ne me plains pas de ça. Les organisateurs auraient pu m’imposer un éléphant. Ce qui m’ennuie le plus c’est que Schilda parle.
Et qu’elle chante aussi.

- Hisse le grand phoque, tout est payé ! On demande Elvire au cabestan ! Qui les trois caps a passé dans l’eau a le droit d’bouser !


10 mai

- C’est le mois des catastrophes, le mois de mai ! Le Front populaire en 36, mai 68, le 10 mai 1981. Ce n’était peut-être pas une bonne idée non plus, dans le nouveau règlement, de confier le gouvernail à un novice en navigation !

Schilda, une vache de droite ! Et qui sait trouver les mots de consolation pour vous remonter le moral une fois que vous avez fait naufrage et que vous barbotez en plein océan parmi des vagues de trois mètres de haut et des requins d’autant tandis que vous emporte le vent vers un improbable destin.


11 mai

Dans une vie antérieure – j’en suis rendu à ma troisième – je faisais partie d’un club de ukulélistes. On se réunissait dans un café associatif et on jouait ensemble des morceaux américains. On faisait un bœuf, quoi. A croire que j’étais prédestiné à ma cohabitation avec Schilda !

Maintenant qu’on est échoués sur cette île je me souviens des paroles d’une des chansons, je crois qu’elle a été chantée par Louis Armstrong : «On a coconut island I'd like to be a castaway with you».

Voilà, c’est tout à fait ça : naufragé sur une île déserte avec ma vache !


12 mai

Moi aussi je pourrais chanter, sur l’air de «Rockcollection» de Laurent Voulzy : «Et Schilda ruminait» !

- Je ne comprends pas pourquoi vous appelez ça un abri de fortune ! Vous plantez une tente dans la jungle, un carton dans la rue, trois bouts de bois sur une plage et des branchages dessus et vous appelez ça un abri de fortune. Vous êtes vraiment a-tipi-ques, vous les hommes ! La fortune pour moi c’est autre chose. La corne d’abondance, la Voie lactée, la Riviera, un diamant gros comme le Ritz, le casino de Saint-Nectaire ou le gazon de Wimbledon !


19 mai

L’épave du King Tou Kon s’est échouée sur l’île. J’ai récupéré des provisions, de l’eau minérale et le bouquin que j’avais emmené au cas où. C’est «Robinson Crusoé» de Daniel Defoe.

IL 2018 01 15 Kastner-Erich-Les-Gens-De-Schilda- Qu’est-ce que ça dit ? demande Schilda agacée de ne pas savoir lire autrement que sur un écran – ben oui, un livre, faut le tenir et les vaches n’ont pas quatre mains ! -.

- Ca dit qu’il faut attendre Vendredi.

- Et on est ?

- Lundi !

- Merde ! Tu vas encore bouffer ces saloperies de raviolis ! Je déteste leur odeur !

Comble de malheur pour ma pomme, voilà que Schilda a chopé le vocabulaire de Stouf !

20 mai

Naufragés ou pas, il paraît qu’on va tous être obligés d’y passer : il y aura bientôt des sauterelles dans nos assiettes. Pinocchio a commencé à donner l’exemple. Il a enfin compris que pour avoir vraiment bonne conscience il faut se couler dans le moule et il a avalé ce Jimini Cricket. Avec la batte et la balle.

Moi je n’ai pas eu la patience d’attendre Vendredi. J’ai fait pareil. Autant Schilda était abondante et parfois bonne en commentaires, autant je la trouve succulente en steaks.

Je n’allais quand même pas crever la Heyerdahl et la laisser me brouter pendant cent sept ans, non plus !


Ecrit pour les Impromptus littéraires du 15 janvier 2018

à partir de cette consigne

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13 décembre 2017

24000 BAISERS

Bon, ce n’est pas bientôt fini tout ce tintouin autour des gens qui meurent ? Je rappelle qu’il est interdit, chez moi, de parler de médecine à table ! Si j’ouvre le bouton de la radio ce n’est pas pour entendre le panégyrique d’académiciens décédés, la nécrologie de chanteurs opticiens ou les louanges de patrons de journaux soutenus par la soutane !

Qu’ils reposent en paix ces braves types mais de grâce, ne me demandez pas d’allumer le feu, même si je viens d’en enflammer trois d’un coup, et de broyer du noir avec le survivant ! Excuse-moi partenaire ! Ce n’est pas l’envie qui me manque de fermer le poste pour rester gai. Simplement après le journal de France-Culture, une station déjà très nécrophile en temps ordinaire, j’ai l’habitude de ripper sur le jeu d’Emile Euro sur France-Inter parce que j’adore les quizz. Surtout les questions bleues de M. Krapov, de Rennes : « Y a-t-il un s à quizz quand il y en a plusieurs ? Y a-t-il un pluriel à buzz ? Est-ce que la bombe Pliz ? ».

C’est pourquoi je ferai l’impasse sur Jean d’Ormesson, Johnny Hallyday et François-Régis Hutin et je consacrerai mon éditorial de ce jour à tous les enfants qui sont nés la semaine dernière !

Vous venez d’entamer votre voyage au pays des vivants. Vous voici, derrière l’amour, arrivé-e-s sur la terre promise comme un chant d’espérance à la création du monde. Maman a perdu les eaux puis quelque temps après vous avez déclaré « Ouiiin ! Ouiiiin ! » à la douane de mer.

C’est une chose étrange à la fin que le monde et au début aussi ! Vous dites « au revoir et merci » à madame Placenta et on vous colle une claque sur les fesses ! De là vos premiers soupçons que je comprends très bien.

Hey, Joe, demandez-vous, si on commence à bastonner dès maintenant on va finir les bras en croix avant d’avoir commencé à goûter à la saveur du temps. Les coups, ouais, ça fait mal !

Mais non, les gars les filles ! Simplement n’ouvrez pas grand le guide des égarés, n’écoutez pas les souvenirs souvenirs aigris de la génération perdue et bégayante, les prêches ou les litanies de ce sorcier maudit. Ne cédez pas à la fureur de lire la presse, délaissez le caniveau, ouvrez de vrais livres, écoutez vos musiques, vivez à tout casser ! Soyez les fils de personne, la fille aux cheveux clairs, profitez à fond de votre enfance, cette île sur laquelle Casimir mène la grande vie !

Le monde entier va sauter un jour où l’autre mais on s’en fout ! Il ne faut pas arrêter pour autant le jeu que tu joues. Tu es là. Dis-toi que tu as de la chance, qu’on trouve le bonheur à San Miniato, dans les illusions de la mer ou dans le vent du soir. Vis tes tendres années à fond, je te promets qu’elles peuvent durer longtemps, très longtemps ! Il n’y a rien à jeter, le temps ne fait rien à l’affaire, à tout âge le ciel nous fait rêver, la fille à qui je pense me rend aussi dur que du bois et aussi drôle que Dutronc.

En vrai, faites comme vous voulez ! Vous pouvez chercher les anges dans le regard des autres… ou pas ! Chaque vie est un rêve à faire et pour d’aucuns, parfois la Cadillac ou l’Eldorado. Si c’est du vent, il te permet de rester libre. Si c’est l’Himalaya tu peux chercher à y emmener Laura ou Gabrielle ou suivre l’étoile solitaire. C’est au plaisir de Dieu, ne pontifiera plus François Régis !

Vivez vos vies, vivez la Vie ! Tous les hommes en sont fous et les femmes aussi !

Moi, il faudra oublier ma voix de révolté, mon discours qui a la forme du testament d’un poète. Johnny est mort, Jean d’Ormesson ne va pas mieux, François-Régis Hutin n’enfoncera plus de portes ouvertes avec ses éditoriaux passe-partout et moi je vis toujours, nananère ! Le plus immortel des quatre n’était pas celui qu’on pensait !

Garçon, de quoi écrire, s’il vous plaît !

Ecrit pour les Impromptus littéraires du 11 décembre 2017

à partir de cette consigne

Il y avait bien sûr aussi une surconsigne de l'Atelier d'écriture de Villejean !

7 décembre 2017

QUI SE MÊLE DE PLUIE ET DE VENT ?

C’est l’automne. Le vent s’engouffre dans la rue du Quai. Dans le caniveau il y a un cahier bleu avec des feuilles à petits carreaux. Au passage du vent une page se tourne. On peut y lire, posés par une main qu’on devine enfiévrée, les mots suivants :

Toi qu’il a ravie au lit, livide Livia, quel talent à l’Italien, tel Lulli, que nous n’avons pas ? Est-ce que son Mickey mousse ? Sa tagliatelle est-elle magique ? Elle glose et glisse sur la glaise pour que tu glousses comme l’Anglaise qui se glace en son église ?

Arrivé sur le port le vent change de direction. Une autre page se tourne.

Avec elle j’aurais parcouru le monde en tous sens. Les quatre points cardinaux n’auraient pas eu plus de secrets pour nous que les quatre filles du Docteur Marsch ou crève. J’aurais escaladé en sa compagnie les sept collines de Rome : l’Aventin, le Palatin, le Trissotin, le Picotin, le Quirinal, le Capitole et le Pactole. Bref j’étais tombé éperdument amoureux d’Isaure Chassériau dont le portrait peint par Amaury-Duval est conservé au Musée des beaux-Arts de Rennes.

Le vent décide alors de tourbillonner au-dessus de ce cahier. Une page se tourne encore

Bon, c’est l’histoire d’un gars qui va acheter son pain à la boulangerie tous les matins. Mais comme il est un peu myope et qu’il est séduisant cependant, il ne s’aperçoit pas que la jolie boulangère est prête à lui donner son 06 et plus si affinités. Alors, comme la situation perdue et que le 45 tours ne peut pas dépasser 2 mn 45 elle lui prend un rendez-vous chez un ophtalmo qui lui prescrit d’acheter des lunettes. Et donc, le lendemain de cet achat il retourne à la boulangerie et en un éclair il la trouve très chou, il l’épouse et ils font fortune en lançant une chaîne de pâtisseries pour bobos sans gluten.

Maintenant la fureur du vent est apaisée. Sa lecture le met en joie. Une dernière page se tourne.

Le cri de Tarzan commence la journée : «Aouaouaaaaah !». Celui de Jane hurlant «A table ! Le puma aux betteraves est servi !» la termine.

La vie des baobabs est une succession de palabres mystiques auxquelles leur feuillage n’entrave que couic.

L’éléphant rêve d’un régime amaigrissant, la girafe d’un restaurant gastronomique.

Qui ne consulte pas l’horaire avant de sauter risque de rater la liane de 8 h 47.

Qui a été saisi par une oreille et entraîné dans un maquis ne doit pas s’attendre à ce que le gorille lui fasse écouter ses vinyles de Brassens. Ce serait trop facile !

Maintenant le vent est tombé sous le charme de cette écriture drolatique. Il note l’adresse, « 15, rue du Quai », puis s’en repart dans les hauteurs. Il s’insinue par le dessous de porte dans la chambre où dort Eole sous les draps. 

IL 171204 Time fades away

Dans la rue du Quai il s’est mis à pleuvoir. Et pas qu’un peu : la pluie est diluvienne. Elle trempe et détrempe tout, elle cochonne et détruit tout, elle lave et délave l’écriture, l’encre déteint, les feuilles du cahier bleu se collent et se décollent à jamais. Tout ce qui ruisselle des toits et des gouttières aboutit dans le caniveau et le cahier, tel un bateau ivre, est emporté par ce torrent jusqu’à la bouche d’égout la plus proche.

***

- Vous imaginez ? Là, ce n’est que mon cahier d’écriture nomade mais si le vent et la pluie ont fait pareil avec les manuscrits africains de Rimbaud ?

- Arrête de nous bassiner avec ça, Joe Krapov ! Le Harrar, c’est comme la Bretagne, il n’y pleut jamais. Et puis tiens-le toi pour dit : Rimbaud n’a plus pondu de poésie après 1875. Il a arrêté d’écrire. Et si toi tu pouvais faire pareil, tes cahiers paniqueraient moins en songeant à leur devenir !

 

Ecrit pour les Impromptus littéraires du 4 décembre 2017

à partir de cette consigne.

29 novembre 2017

L’APPRENTIE-SORCIÈRE AU SAINT-NECTAIRE

Aujourd’hui le cabinet du docteur Pinterest, l’acupuncteur de Vezet-le Coquin (Ille-et-Vilaine) est fermé. On a épinglé sur la porte : «Clos pour cause de Closer».

Et c’est vrai que le docteur Pinterest est en train de lire le journal qui vous mène au plus près de la vie des stars dans la salle d’attente du « Venus Beauté Institute » de Vezet. Mais c’est bientôt son tour. Il se dessape derrière un paravent puis se confie aux bons soins de Madame Debord, la directrice du salon de beauté. Seulement il s’aperçoit qu’il a mis pour venir ici le caleçon offert par ses collègues de l’AFA (Association Française des Acupuncteurs). C’était pour son anniversaire qui tombe en même temps que le congrès et ça se passait au restaurant du château de Chantilly où l’on célèbre le duc d’Aumale.

Sur la face arrière du caleçon est écrit « Suivez la flèche !». Sur la face avant est représentée une horloge où la petite et la grande aiguille se chevauchent sous le nombre douze. Pour insister à peine lourdement sur la symbolique il est aussi écrit «Toujours sur midi !».

- C’est un peu gênant, Madame Elvire. J’espère que vous n’y verrez pas malice ? s’excuse-t-il avant de s’allonger sur le dos et sur la table.

- Oh vous savez, j’en ai vu d’autres ! répond Madame Debord, l’esthéticienne, en le décorant de rondelles de concombre avant de l’enfourner sous la chaleur des lampes à UV.

- Elle est un peu curieuse, votre spécialité locale, vous ne trouvez pas ? Qu’est-ce qui se passe quand le concombre est cuit ?

- Les carottes le sont aussi et on arrête le légume coupable ! D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez vu mais la gendarmerie est sur la piste !

- Sur la piste du concombre masqué ?

- Hier le brigadier Pandore est venu nous interroger à propos de l’affaire.

- L’affaire ?

- Vous n’êtes pas au courant ? L’affaire des caleçons qui rétrécissent ! Depuis une semaine tous les caleçons des gendarmes rétrécissent.

- Au lavage ?

- Pas plus au lavage qu’à l’essorage ! Pendant que les gendarmes les portent ! Pandore n’y comprend rien. Il pense qu’on a jeté un sort à la brigade. Du coup il oriente l’enquête vers les sectes du secteur.

- Il y aurait des sectes vaudoues à Vezet-le-Coquin ? En Ille-et-Vilaine ?

- Moi ce que j’en dis, hein, c’est ce que j’en sais ! Et ça m’a mise en colère, d’ailleurs. J’ai été suspectée ! Il paraît qu’ils ont reçu un coup de fil anonyme.

- Ca disait quoi ? Une demande de rançon pour que les caleçons retrouvent leur taille normale et que ça ne leur serre plus le kiki ?

- Non ça disait « le vaudou est toujours Debord ».

- Debord avec un d, comme Guy Debord, la société du spectacle et… comme vous ?

- Ben oui ! Vous vous rendez compte ? Elvire Debord soupçonnée d’envoûtement, de hashtag #balancetonsort, de sorcellerie, de planter des aiguilles… Mais où va-t-on ? Mais où va-t-on ?

Là-dessus elle se tait, car elle vient de se rendre compte qu’il n’y a pas mieux qu’un acupuncteur désorganisé pour transpercer une statuette maléfique.

***

Voilà. Je me suis arrêté là. Si j’avais mis la suite, ça aurait été trop long, j’aurais encore fait fuir tout le monde ! Parce que ce n’est pas le tout d’installer un mystère, après il faut procéder à sa résolution. Et dans les polars d’aujourd’hui, plus c’est compliqué, plus c’est long, plus ça plaît. Sauf à moi qui ai d’autres choses à écrire et à vous qui avez autre chose à faire !

Voici quand même mes pistes de développement de ce scénario :

150718 N 059

De retour à son cabinet le docteur Pinterest reçoit la visite du gendarme Pandore. On a en effet retrouvé des aiguilles dans une botte de foin à l’entrée de son cabinet. Le docteur explique qu’il plante en effet dans la paille ses aiguilles usagées afin que les employés du Centre de tri des déchets ne se piquent pas par mégarde.

On suit alors le brigadier Pandore qui rentre chez lui. On découvre qu’il est célibataire, qu’il est auvergnat et que pour résoudre les mystères de Vezet-le-Coquin il s’installe dans son fauteuil et visionne des dévédés de films de cape et d’épée tout en réfléchissant au problème posé. Ce soir-là il s’envoie « Le Capitan » avec Jean Marais. Et pendant la scène où l’acteur escalade la muraille du château de Val – ah, les paysages de sa jeunesse ! – il a une illumination rimbaldienne ! « Le vaudou est toujours Debord » ? Non ! « Le vaudou est toujours de Bort !». Bort les Orgues. C’est la ville importante la plus proche du château de Val ! Sa ville natale ! 

Le lendemain matin il entre dans la boutique dont l’enseigne est « Papa pique et maman coud ». La patronne de la boutique de couture est nouvellement arrivée dans le village. Une dame d’à peu près le même âge que lui qui rougit, confuse, devant son uniforme et son prestige. Et soudain, il la reconnaît ! Céline Lapiquouse ! Son ancienne voisine de pupitre à l’école de Bort-les-Orgues ! Ils se tombent dans les bras l’un.e de l’autre et dans la mode de l’écriture inclusive en même temps.

D’habitude les histoires d’amour finissent mal en général mais pas chez moi. Même si Céline doit lui avouer que c’est bien elle la coupable. En effet elle est venue s’installer ici pour le retrouver car elle l’aime depuis toujours mais est timide et n’a jamais oser lui avouer et patati et patata comme dans Closer. Alors quand elle a reçu dans sa boîte aux lettres le prospectus de Monsieur Hamidou elle est allée le consulter pour obtenir un retour de flamme.

De retour chez elle, elle a suivi les conseils du marabout. Elle a confectionné dans du Saint-Nectaire fermier une poupée représentant un gendarme. Elle a habillé la figurine d’un caleçon bleu marine et l’a coiffée d’un képi Playmobil. Puis elle a planté une aiguille à coudre dans les fesses de la poupée. Pas très fort pour ne pas lui faire mal.

- Mais dis-moi, Céline, a demandé Hugues – Pandore se prénomme Hugues, ne cherchez pas, il n’y a pas de jeu de mots au frais pour une fois – T’es toujours aussi bête ou quoi ? C’est pas là qu’il faut piquer ! C’est de l’autre côté ! Regarde, c’est écrit : Suivez la flèche !
- Ah oui ! J’avais pas vu ! Alors c’est ici ?
- Oui, vas-y. Et pique fort !

150716 N 030

Elle plante son aiguille à l’endroit idoine.

Aussitôt tous les caleçons de la gendarmerie française se dilatent, les pantalons eux-mêmes tombent, le retour de flamme a lieu et pas qu’un peu. Si bien qu’aujourd’hui « Papa pique et maman coud » est fermé. On a épinglé sur la porte : « Clos pour cause de Closer ».

Quelques semaines plus tard tout le village de Vezet-le-Coquin est invité à un mariage auvergnat avec marquisette et tripoux à volonté, chabrot obligatoire et Saint-Nectaire en roue libre au dessert. Bien sûr le docteur Pinterest a cru rigolo d’offrir comme cadeau de mariage un service à fondue bourguignonne avec douze piques. Elvire Debord, pas rancunière a offert un bon pour une croisière sur le lac Chambon et une cure thermale à La Bourboule.

Elle n'est pas belle, la vie, par chez nous ?

P.S. OK, pour le coup de fil anonyme, j’avoue, c’est moi. Ben quoi, il faut bien un deus ex machina aussi, non, avec une consigne d’écriture aussi tordue ?

Ecrit pour les Impromptus littéraires du 27-11-2017
à partir de cette consigne

 

26 novembre 2017

CONFUSION MENTALE

IL 171120 obelisque-egyptien

J’étais peinard dans le grenier en train de séparer le bon grain de l’ivresse, de faire du ménage pour la prochaine braderie quand je suis tombé sur la reproduction assez volumineuse de ce monument égyptien qui trône sur une place de Paris. J’ai du mal à trouver mes mots. C’est ça, oui, merci, l’obélisque !

Il me venait de mon grand-père, qui le tenait de son grand-père qui l’avait obtenu de Bernard Lavilliers. Ou de Line Renaud, je ne sais plus. Ou de Chanson plus Bifluorée.

Devait-on garder ça et si oui pour quelle utilité ? Un cure-dents géant ? Un symbole de concorde entre les peuples ?

C’est à ce moment que Germaine est rentrée, de retour de sa crise de noctambulisme, allumée comme un sapin de Noël en manque de boules et de guirlandes.

- Quand tu auras fini de vider le grenier, tu descendras à la cave ? qu’elle m’a demandé d’une voix suave, sans doute pour rimer avec cave, qu’elle me prend toujours pour un.

C’est là que j’ai trouvé une utilité au menhir égyptien.

- Je ne suis pas ton odalisque ! ai-je crié en la frappant à coup d’obélisque.

Ce en quoi j’étais en pleine confusion mentale : une odalisque n’est pas une esclave sexuelle mais la femme de chambre vierge des esclaves sexuelles !

Là où je me trompais aussi c’est qu’il a bien fallu que j’y descende à la cave. Pour enterrer une momie, y’a pas mieux comme endroit. Enfin, une mummy . Refroidie. Glaçante puis glacée.

J’ai mis l’obélisque avec. L’arme de l’ice-cream.

Ca sera toujours ça de moins à proposer à la vente le jour du vide-grenier !

 

Cet hommage-emprunt à Vegas-sur-Sarthe
a été écrit pour les Impromptus littéraires du 20 novembre 2017
d'après cette consigne : vide-grenier.

P.S. On notera que l'auteur s'est imposé comme surconsigne de respecter celle du Défi du samedi : "obélisque" et "odalisque", de même qu'il s'est ajouté "vide-grenier" pour son texte du Défi ! On ne pouvait faire plus efficace en matière de confusion mentale ! 

15 novembre 2017

DE RIMBAINE A VERLAUD. 3, Forêt automnale

M. Arthur Rimbaine
Agence d’exploration de villes extraordinaires
et d’us et coutumes à mettre dans les annales
8, quai Arthur Rimbaud
08000 Charleville-Mézières

Monsieur Paul Verlaud
Société de géographie des Maladives et du Miraginaire
73, rue Sonneleur
62812 Vent-Mauvais

                                                                                                      Saint-Pétersbourg, le 15 novembre 2017

Mon cher Paul

J’ai toujours cette musique dans la tête, « Nathalie » de Gilbert Bécaud, et c’est d’autant plus idiot que je suis à Saint-Pétersbourg et non à Moscou. Qui plus est mon guide ne s’appelle pas Nathalie mais Gabrièle. Oui, je sais, ça ne fait pas très russe non plus comme prénom.

Je t’écris pour t’annoncer que nous avons trouvé, dans la salle de bal du palais de l’Ermitage, le tableau dont tu nous avais parlé. Il est, paraît-il, d’un certain M. Piekielny et représente un paysage de forêt automnale. Le phénomène que tu m’as indiqué s’est reproduit à merveille. J’ai dit à Gabrièle :

- Frappe-toi le cœur trois fois en prononçant le mot "ardeur" et nous nous retrouverons ensemble dans ce tableau !

Nous avons fait cela et soudain la liberté de délirer s’est emparée de moi.

IL 171113 forêt d'automne peinture à sec

J’étais devenu un jeune chevalier en armure et en quête de l’épée de vérité. Je devais la ravir à la sorcière Bakhita et la remettre à ma reine bien-aimée. Mais avant cela, comme il est de tradition dans ce genre de contes, il me fallait subir un certain nombre d’épreuves redoutables : affronter le géant Zabor, soulever et déplacer les huit montagnes de l’Altaï, couper trois griffes au dragon Tchoudo-Youdo, etc. Je te fais grâce des détails pour te perdre un peu moins mais dis-toi que je sais désormais comment vivre en héros même si, après tous ces exploits, ça s’est encore compliqué. Car sur le chemin du retour je me suis aperçu tout à coup que Gabrièle ne m’avait pas accompagné, qu’elle était absente de l’aventure.

IL 171113 chevalier bilibine

Lorsque je fus rendu au château je remis à la reine, devant toute la cour assemblée, les trois griffes du dragon et l’épée de vérité. Sa Majesté me demanda ce que je désirais en récompense. Je lui répondis qu’il était dans la nature des choses que je refusasse les cadeaux et que, simplement, je ressortisse du tableau et retournasse dans la réalité qui était la mienne. La reine éclata de rire et toute la cour suivit son exemple.

- C’est la légende d’un dormeur éveillé que tu nous contes là, chevalier Arthur ! me répondit la reine. Il n’y a qu’une réalité ici et c’est la nôtre ! C'est comme si tu nous racontais que je est une autre !

Tu imagines bien, j’espère, mon cher Paul, combien fut grand mon désarroi. Heureusement pour moi l’épée de vérité se leva de la table où on l’avait posée. Elle se mit à flamboyer, à venir tourner autour de ma tête et je m’apprêtais déjà à rédiger mon autopsie quand l’objet magique s’immobilisa et me glissa à l’oreille :

- Tire-lui la tresse gauche !
- Euh ? Côté cour ou côté jardin ?
- Ia nié ponimaiou ? Je ne comprends pas ?
- La tresse gauche, c’est celle qui est à ma droite ?
- Oui, espèce d’idiot ! Tire-la vite !

Alors, sans craindre aucunement de commettre un crime de lèse-majesté, je m’approchai de la reine et lui tirai les cheveux comme on le faisait jadis dans les cours d’école et… je me retrouvai dans la salle de bal du Musée de l’Ermitage. Mais seul, désemparé et encore hanté de ces hérésies glorieuses : Gabrièle avait disparu et le paysage d’automne du tableau aussi : à sa place on voyait une fille dans la jungle. Elle tendait les bras devant elle comme pour sortir d’un labyrinthe, comme si elle était au fond de l’eau d’un aquarium et cherchait à briser la vitre en la poussant. Et, bien sûr, elle avait le visage de Gabrièle !

A l’accueil du musée j’ai été pris en charge par Mercy, Mary, Patty et Irina, les guides interprètes stagiaires. La dernière parlait un français impeccable. Elle m’a annoncé que Gabrièle en avait eu marre de m’attendre et que je la retrouverais au café Pouchkine pour y prendre un chocolat sur le coup de dix-sept heures.

Pour le tableau je n’avais pas à m’inquiéter. Les conservateurs de cette vénérable institution étaient au courant du phénomène. Ce mystérieux M. Piekielny l’avait peint avec des encres d’automne fabriquées par lui : une décoction de feuilles mortes, de couleurs changeantes, de matières mouvantes et il avait versé dans ses godets trois verres de vodka. Cela expliquait la nature mouvante et kaléidoscopique de la toile.

L’autre explication étant que depuis que je suis à Pétrograd qui est devenue Leningrad puis Saint-Pétersbourg, j’en bois moi aussi trois à l’apéro du midi et six au repas du soir, des verres de vodka.

Do svidania et Na zdorovié, cher Paul !


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 14 novembre 2017

à partir de la consigne des Impromptus littéraires du 13 novembre 2017

et d'une autre consigne gardée secrète pour l'instant

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