A-t-on jamais vu dragon plus hideux, plus affreux, plus pouilleux, plus squameux, plus miteux, plus visqueux que cet animal-là ? Tout écailleux et scrofuleux, du pus aux yeux, les pieds boueux, les genoux cagneux, le nez morveux crachant du feu, le vrai calamiteux, hargneux, envieux, vicieux et tortueux venant jouer les fâcheux chez nos gueux en bousculant les pieux qui entourent leurs prés pour s’emparer de leurs brebis et les rendre nécessiteux ? Ah mes aïeux ! Quelle plaie des Dieux !
Et que dire de ces chevaliers paresseux, vaniteux, adipeux, gras du cheveu, baronnets sans cachet lanceurs de cochonnet ou joueurs de croquet, piliers de mastroquet à Vezin le Coquet, authentiques paltoquets qui chopent le hoquet et rabattent leur caquet ou jouent au freluquet dès lors qu’on leur demande de jouer du mousquet histoire d’accommoder avec un saupiquet la bête pleine de toupet venue battre briquet à l’abri des bosquets ? Quel nom donner en vérité à ces insatiables arsouilles, amateurs de bistouille et de carabistouilles, tristes faiseurs d’embrouilles, à l’âme noire de houille, mollusques de la nouille, le courage en pattemouille façon pluvieux Gribouille, fierté barrée en quenouillle, gloires couvertes de rouille, détestables fripouilles, roi de la tripatouille, épateurs de galerie La Farfouille, grands dépendeurs d’andouilles, aventuriers sans couilles, intrépides impétrants de la grande gidouille de Saint-Pé-sur-Nivelle comme le chien à Jean de, soudain pétris de trouille à l’idée de changer cette infâme gargouille en mortelle dépouille ?
Que penser de ce roi archi-vieux, gâteux, bilieux, anxieux, consciencieux, sourcilleux et malchanceux à qui mieux-mieux, entouré de nombreux maffieux séditieux, mielleux ou obséquieux, véreux et présomptueux mais qui pour l’heure s’avèrent piteux, peu belliqueux et pas qu’un peu mon neveu ?
Et de ce problème épineux qui le rend nerveux, lui donne le teint cireux et lui fait l’œil vitreux lorsque l’autre monstrueux insidieux, le cracheur de feu dégueu, vaseux et bouseux s’en vient jouer les incestueux et réclame scabreux, plutôt que des brebis, une amoureuse humaine ? Ô vicieux délictueux et spongieux ! Fesse-Mathieu fangeux ! Camembert plâtreux ! Monstre pelucheux et nauséeux ! Moyenâgeux fielleux et comateux !
Et le Sort, en premier, ce rebouteux factieux, taiseux et facétieux, qui désigne, ô l’odieux, sa propre fille, la délicieuse, gracieuse, joyeuse, faramineuse, majestueuse, bienheureuse, malicieuse, affectueuse et merveilleuse princesse Yseult étincelante de mille feux ! N’est-ce pas scandaleux, Scrongneugneu ? Un scénario douteux, des rebondissements curieux, un pitch un rien filandreux sans doute pondus en une nuit par ces petits merdeux de crapuleux de ma strotje ! *
Mais cessons d’être coléreux et injurieux !
Pour compenser ce tableau noir il nous faut positivopropposer un héros véritable. Nous l’appellerons Saint-Georges. Il sera valeureux, courageux, amiteux et très pieux, ambitieux, audacieux, prodigieux, vigoureux, fougueux, ingénieux, talentueux, et que cela leur plaise ou non, aux cieux, il sera le dernier de ces preux héroïques pareils aux demi-dieux dont nous chanterons les louanges en 99 exemplaires ! C’est que, voyez-vous, on n’a pas que ça à faire, nous, palsambleu !
Le combat fut très bref. Sous les coups de boutoir du héros qui l’assaillit, qui l’estoqua, qui l’entama, qui l’entailla, qui l’assomma, qui l’estourbit, qui la trancha, la taillada , la dépeça, la découpa, la démolit, la dézingua, la dessouda, la défonça, la malmena, la tronçonna, la charcuta, la fit charpie, la bête s’affaissa, s’abattit, s’écroula, s’étala, s’épandit, geignit, agonisa, soupira, maugréa, s’éteignit, trépassa l’arme à gauche
Son sang coula toute la nuit.
Il en naquit une rose et Saint-Georges s’en alla.
Nous aussi, vers d’autres aventures de cow-boy solitaire.
N.B. La Photographie nous a été ramenée de Berlin et offerte par Dame Adrienne. Merci à elle.
* Clin d'oeil à madame Chapeau