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Mots et images de Joe Krapov
2 octobre 2020

LE MATCH

AEV 2021-03 La Croix 2020-07-17 Tous ces fans 768x500

- Tous ces fans en carton, moi, ça me déprime ! J’ai l’impression de traverser un village Potemkine !

- Tu préfères peut-être qu’il y ait cinq cents vraies personnes dans le stade comme pendant le second confinement ? Ou tu as la nostalgie des cinquante du troisième ?

- J’ai surtout des courbatures et mal au épaules avec cette longue barre de fer qu’on nous a passées dans les manches ! J’ai l’impression d’être un danseur de sirtaki !

- C’est bon pour le respect des distances entre nous ! Ce sont les nouvelles règles de la FIFA.

- Et puis le fait de ne pas courir mais de faire des pas de côté comme les crabes, je ne m’y fais pas !

- Arrête de parler et fais attention, la balle arrive sur toi !

- Soyez synchros, les gars, je tente un retourné !

- BUUUUUUUUT ! Tu l’as mis ! En plein dans la lucarne ! Tu vois que ça a du bon, quand même, le baby-foot géant !

- Il n’empêche, tous ces spectateurs en carton-pâte, ça me déprime !

- Il y en a quand même un vrai dans le tas. Mais il n’a pas applaudi ton but.

- Il doit être déprimé, lui aussi !


Pondu à l'atelier d'écriture de Villejean le 29 septembre 2020 

d'après la consigne AEV 2021-03 ci-dessous

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2 octobre 2020

POSITIF ET NÉGATIF

AEV 2021-03 La Croix 2020-07-03 Sur la berge 768x506

Sur la berge, Positif et Négatif sont contents de trinquer.

Ce n’est même pas un problème pour eux que le verre de Positif soit plein à ras-bord et que celui de Négatif soit vide à cul-du-verre, tout comme est vide la bouteille posée devant lui.

Anny Duperey 61SiRDFBKHL

Leur discussion silencieuse me rappelle ma lecture de samedi dernier, « Les photos d’Anny » par Anny Duperey. J’ai été stupéfait de lire, écrite par cette belle actrice, la description des opérations de chimie à laquelle elle et moi nous sommes livré·e·s, à la même époque mais dans des lieux différents, hélas, en vue d’obtenir une image positive à partir d’un film négatif. J’aurais pu l’écrire, son chapitre sur le labo photo noir et blanc, avec exactement les mêmes mots.

Après vérification chez Madame Wikipe, j’ai eu l’explication de ce phénomène étrange : cette dame est née le même jour que moi !

- Mais elle prend la lumière mieux que toi, me dit Négatif !

- Maintenant ça se voit moins. Elle a quand même sept ans de plus que moi !

- Tatata ! Ne fais pas le fanfaron et ne sois pas goujat ! La rouille ne dort jamais ! ricane Positif qui connaît son Neil Young sur le bout des doigts.

- Purée ! Qu’est-ce qu’il a, Positif ? Il déprime, lui aussi ?

Pondu à l'atelier d'écriture de Villejean le 29 septembre 2020 

d'après la consigne AEV 2021-03 ci-dessous

2 octobre 2020

TOUR DU MONDE

AEV 2021-03 La Croix 2020-05-29 En passant 768x512

- En passant par la Lorraine, j’aimerais assez qu’on se recueille sur la tombe du général de Gaulle à Colombey-les-Deux-églises.

- Colombey ? Colombey ? C’est pas là qu’il y a eu un bal tragique ?

- En passant par la Lorraine, ce serait bien aussi qu’on se recueille sur la tombe de Jeanne d’Arc à Domrémy.

- Ah mais le guide Michelin ne parle pas de ça ! Il paraît qu’elle a été incinérée à Rouen.

- Si on va se recueillir à Rouen, on pourra peut-être admirer le nuage de Lubrizol ?

- Il a disparu après dissipation des brumes matinales.

- Si vous voulez mon avis, chef…

- Oui, bonze Gong ? Exprime-toi ! Exprime le !

- En passant par la Lorraine, ce serait pas mal qu’on s’achète des sabots !


Pondu à l'atelier d'écriture de Villejean le 29 septembre 2020 

d'après la consigne AEV 2021-03 ci-dessous

2 octobre 2020

DÉFENSE D'Y VOIR

AEV 2021-03 La Croix 2020-07-10 Entre les lignes 768x512

Entre les lignes et en clignant des yeux, je retrouve mes années de vie à Sablé-sur-Sarthe ! J’exerçais alors de manière plus intense qu’aujourd’hui le métier de père de famille.

« Ca n’est pas un métier facile » disions-nous avec mes collègues mais nous avions la chance d’habiter tout près du parc du château. Et dans ces petites villes où il ne se passe pas grand-chose, tout comme dans les autres, du reste, la bibliothèque municipale est d’un intérêt certain pour les enfants comme pour les grands. Sans compter que, grands lecteurs nous-mêmes, on en achetait aussi tant et plus des albums à ces petits loupiots emplis de curiosité.

Entre les lignes et en clignant des yeux, je retrouve Elmer l’éléphant qui était exactement de la même couleur quadrillée et bariolée que ce tableau d’Yves Le Mondriant intitulé, c’est drôle, «La Défense au carré».

Elmer l'éléphant

 

Pondu à l'atelier d'écriture de Villejean le 29 septembre 2020 

d'après la consigne AEV 2021-03 ci-dessous

2 octobre 2020

CONSIGNE D'ÉCRITURE 2021-03 DU 29 SEPTEMBRE 2020 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

Les Ateliers d'écriture de La Croix

 

Voici une vingtaine de photos qui ont servi de base à l'atelier d'écriture
du magazine hebdomaire du journal "La Croix".
Chacune est accompagnée d'un incipit obligatoire.
Choisissez en trois ou plus.
Votre texte relatif à chaque photo ne doit pas dépasser une dizaine de lignes. 

(Vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir ou les voir sous forme d'un diaporama)

AEV 2021-03 2020-08-28 Sur un arbre perché-6-768x533

 AEV 2021-03 La Croix 2020 07 31 Je prends mal ma respiration-768x512

Sur un arbre perché
Je prends mal ma respiration

 AEV 2021-03 La Croix 2020-05-08 Elle comptait 768x512

 AEV 2021-03 La Croix 2020-05-15 Derrière son masque 768x512

Elle comptait
Derrière son masque

AEV 2021-03 La Croix 2020-05-22 Seule sa main 768x512 

 AEV 2021-03 La Croix 2020-05-29 En passant 768x512

Seule sa main
En passant

 AEV 2021-03 La Croix 2020-06-05 Au calme 768x511

 AEV 2021-03 La Croix 2020-06-12 Peinard 600x403

Au calme
Peinard

 AEV 2021-03 La Croix 2020-06-19 Et au milieu 768x512 

 AEV 2021-03 La Croix 2020-06-26 Dans la courbe 768x512

Et au milieu
Dans la courbe

 AEV 2021-03 La Croix 2020-07-03 Sur la berge 768x506

 AEV 2021-03 La Croix 2020-07-10 Entre les lignes 768x512

Sur la berge
Entre les lignes

 AEV 2021-03 La Croix 2020-07-17 Tous ces fans 768x500

 AEV 2021-03 La Croix 2020-07-24 S'éklançant-768x563

Tous ces fans
S'élançant

 AEV 2021-03 La Croix 2020-08-07 Regarde grand-mère 768x497 2

 AEV 2021-03 La Croix 2020-08-21 C'est la fin des vacances 768x584

Regarde grand-mère

C'est la fin des vacances 

 AEV 2021-03 La Croix 2020-09-04 Surpris -atelier-768x512

 AEV 2021-03 La Croix 2020-09-11 Toutes ces couleurs

Surpris
Toutes ces couleurs 

 AEV 2021-03 La Croix 2020-09-18 Discrètement-Atelier-768x512

 AEV 2021-03 La Croix 2020-09-25 En marche

Discrètement
En marche
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23 septembre 2020

LE SALE GOSSE A ENCORE DÉSOBÉI !

200306 265 002

Longtemps je me suis privé du bonheur de farfouiller dans les boîtes de photos que ma grand-mère puis ma mère avait conservées dans le buffet, celui du couloir du 73 de la rue C.Q. qui avait déménagé avec elles dans la rue des Bleuets et s’était retrouvé, là-bas, dans le séjour au sol à damiers et à la tapisserie mauve. Il y en avait aussi, des photos, des albums et des cartes postales, dans la vitrine aux mignonnettes et aux poupées, elle aussi ramenée du 73 mais repositionnée rue des Bleuets dans le vestibule de l’entrée, à gauche.

A vrai dire, le mot bonheur est un peu excessif ici et quand on parle de photographie, les lieux de stockage n’ont pas d’importance ; cependant il faut bien, à un moment donné, qu’un archiviste vienne mettre de l’ordre et de l’information dans ce paquet de temps arrêté sur des petits carrés de papier glacé, aux bords dentelés, entourés de grandes marges blanches ou pas, un bloc de temps figé dans du sépia pour les plus anciennes, du noir et blanc pour la plupart et, quand il y a des couleurs, ce sont celles des photos prises au Polaroïd ou avec un Instamatic Kodak de qualité moyenne, certains tirages de format carré d’après des négatifs 4x4 ou 6x6 ayant même été agrémentés d’une photo bonus, cadeau fait à l’acheteur pour ne pas gâcher le papier qui se commercialisait au format rectangulaire de 8,9 x 12,7 centimètres.

Bien sûr, de par ma profession, ce rôle d’archiviste était taillé sur mesure pour moi, je n’ai pas rechigné à l’accepter, bien qu’on ne me demandât pas de le tenir et, à chaque fois que je le pouvais, j’interrogeais ma mère pour qu’elle cherchât dans sa très bonne mémoire qui étaient ces hommes et ces femmes immortalisés le jour de leur mariage ou posant dans un studio de photographe professionnel devant des décors peints ou des corbeilles de fleurs, ce qu’étaient devenues ces jeunes filles du groupe de danse, ces jeunes communiants, les gens qui se trouvaient avec la famille aux bains de mers à Bray-Dunes ou dans le camping de Berck-Plage et ces personnages sortis d’un roman de Modiano sur l’esplanade du Trocadéro à Paris avec la tour Eiffel en arrière-plan.

Je m’empressais de noter au dos des photos et au crayon de bois des prénoms et des noms et je peste aujourd’hui contre le manque de méthode, de sérieux, de volonté familiale de transmettre une histoire mise au propre de ces mêlages de clans : aucune de ces photos n’est datée, aucun négatif n’a été conservé, il n’y a pas de pochette du photographe et pas plus de récit de voyage pour ce qui est de ces albums dans lesquels on voit le métro de Moscou, le croiseur Aurore à Saint-Pétersbourg ou plutôt, vu la date supposée antérieure à 1989, Léningrad, on ne saura jamais rien de cette jeune interprète longiligne dont je me souviens juste qu’elle se prénommait Irina et avait accompagné mes grands-parents lors de leur séjour à Sotchi sur les bords de la mer Noire.

J’en viens à croire, et c’est une sensation qui m’emmène à la limite de la paranoïa, que mon grand-père a peut-être été, réellement, un espion du K.G.B. et que, si ces photos étaient restées muettes, enfouies, comme cachées au monde, c’est que toutes ces réminiscences de vie politique, syndicale et familiale étaient volontairement vouées à une nuit salvatrice. Procéder à leur publication demande peut-être de la hardiesse ou de l’inconscience ? Du plus profond des enveloppes dans lesquelles j’ai mis ces photos après les avoir rassemblées et classées par branche de la famille, par lieu, par période, toutes ces personnes semblent me rappeler à l’ordre :

« Ne nous oublie pas mais oublie-nous quand même ! N’écris pas sur nous ! Nous étions des gens simples, nos vies ne furent pas drôles, nous n’avions pas beaucoup d’argent mais nous avons veillé à ce que ton enfance soit heureuse malgré ton asthme ; tu n’as pas connu comme nous la cruauté de ces époques de la guerre et de son après, tu as reçu en suffisance des nourritures terrestres et intellectuelles qui t’ont permis d’avoir un métier correct, te voilà grand maintenant, tu trouves ton bonheur dans la musique, l’écriture et la photographie alors… laisse-nous en paix ! Publie tes aquarelles de Venise ou tes « Elucubrations d’un poète » sur internet si tu veux mais laisse dormir nos photos ; les publier relèverait de l’exhibitionnisme à peu de frais, nous avons droit au repos et au silence, prétendre le contraire relèverait de la cruauté. Et ne crois pas t’en tirer, pour contourner notre demande, avec cette phrase de Brassens extraite d’une chanson que tu n’as même pas mise dans ta guitare : énoncer que « les morts sont tous des braves types » ça sous-entendrait que nous ne l’étions pas, non ? Allez ! Pose ton stylo, sale gosse ! Ca fait une heure que tu joues à parodier Proust en faisant de trop longues phrases et le temps imparti aux écrivant·e·s de ton atelier d’écriture est écoulé ! ».

Vacances à Bray-Dunes 1955 02 réduite

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 22 septembre 2020

d'après la consigne ci-dessous
 

23 septembre 2020

CONSIGNE D'ÉCRITURE 2021-02 DU 22 SEPTEMBRE 2020 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

Les 100 mots de Proust et les phrases de Fabcaro


Voici une liste de cent mots qui se rapportent à Marcel Proust. Il vous est demandé d’en inclure un certain nombre dans un texte dont les verbes seront à l’imparfait ou au présent et où les phrases auront une longueur certaine, à l’exemple des deux phrases ci-dessous extraites de « Broadway » de Fabrice Caro

AEV 2021-02 Consigne 100 mots de Proust

Albertine - Amour - Argent - Art - Asthme - Automobile - Bains de mer - Baiser - Beauté féminine - Bicyclette - Bouc émissaire - Bœuf mode - Cabourg-Balbec - Céleste Albaret - Chambre - Champs-Élysées - Charlus - Clan - Clemenceau (Georges) - Combray - Compassion - Contrat masochiste - Corps - Cruauté - Culpabilité - Demoiselles du téléphone - Domestiques - Dostoïevski (Fiodor) - Drame du coucher - Dreyfus (affaire) - Duel - Église - Enfance - Exhibitionnisme - Faire catleya - Faubourg Saint-Germain - Féminité - Fétichisme - Figaro (Le) - Flaubert - Fleurs - Francité - Galanterie - Goûter - Guermantes (les) - Guerre de 1914-1918 - Hardiesse - Homme-femme - Homosexualité - Impression - Impressionnisme - Incorporation - Instruments d’optique - Ivresse - Ironie - Jalousie - Je - Jean Santeuil - Jeunes filles - Langage - Léonie (tante) - Libertinage - Lieux - Lois humaines - Madeleine (Petite) - Maison de passe - Mal - Médecine - Mémoire - Mensonge - Mère - Métaphore - Moyen Âge - Musique - Noms - Nourritures - Nouvelle revue française - Nuit - Odorat - Paperoles - Paris - Pastiches - Peintres italiens - Personnages - Philosophie - Photographie - Phrase - Plaisir - Plaisirs et les Jours (Les) - Politique - Prix Goncourt - Publication - Réminiscence - Rêve - Ritz (hôtel) - Rivière (Jacques) - Ruskin (John) - Sainte-Beuve - Saphisme - Sensation - Sexualité - Signes obscurs - Snobisme - « Suave mari magno » - Swann (Charles) - Temps - Train - Venise - Verdurin (les) - Vermeer de Delft - Vision - Voyeurisme - 

Sa femme Christine l’a quitté il y a deux ans pour un chiropracteur, et je remarque qu’on nomme toujours par sa fonction celui pour qui l’on est quitté, comme si la fonction était déterminante dans la séparation, comme si le fait qu’il soit chiropracteur avait son importance, un chiropracteur, ben voilà, ça m’étonne pas, ça, ils en ratent pas une ceux-là.

Plutôt que de s’effondrer, plutôt que d’aller voir Notre-Dame d’Espérance et allumer un cierge pour que le chiropracteur perde un œil comme l’aurait fait n’importe qui, il l’avait admis, intégré, digéré, même si je ne doute pas qu’il en avait été meurtri et l’avait couvé dans son ventre comme un poison brûlant, mais il s’était aussitôt remis en selle, fût-ce une selle provisoire, dans un réflexe de méthode Coué, comme s’il s’agissait d’un cycle tout à fait normal, comme si tout ça était dans l’ordre des choses : on est deux, puis un jour on est un, alors il faut être deux à nouveau, en route pour de nouvelles aventures. 

17 septembre 2020

D’ART D’ART. 1

AEV 2021-01 JK La dame à l'hermine

Même si notre émission s’appelle « D’art d’art » et qu’on eût pu aussi la baptiser «Fit ça, fit ça», nous nous attardons aujourd’hui sur le «Portrait de la Duchesse de Clisson» peint par Arcimboldo de Loc-Envel en 1473. Cette œuvre est conservée au Musée des Beaux-arts de Rennes, bien au fond des réserves, et elle n’est pratiquement jamais montrée au public, exprès pour embêter les Nantais.

A l’époque où le siège du pouvoir breton se trouvait au château des ducs à Nantes le peintre Arcimboldo de Loc-Envel s’était fait une spécialité de représenter les nobles dames de la cour dans leur intimité quotidienne en compagnie de leur animal de (compagnie).

Il n’était pas question bien entendu d’entrer dans la chambre ou le cabinet de toilette de ces dames pour peindre Diane de Saint-Aubin avec son canard ou la baronne Line de Château-Renault avec son loulou de Poméranie mais sur ses tableaux dont le fond est généralement noir ou neutre on ne trouve que très peu de femmes aux bijoux, de croqueuses de diamants ou de porteuses de rubis sur l’ongle.

«Jamais Perrette n’est parée des habits d’apparat de Paris», cela appert ici avec cette petite robe simple aux manches échancrées, ornée d’une encolure carrée qui n’est pas sans rappeler, sur le devant du corsage, le costume folklorique des danseuses bigoudènes en un peu plus décoiffant.

Les motifs celtiques sont déposés sur un ruban brodé au côté droit de la duchesse, à gauche donc pour le regardeur.

La duchesse de Clisson tient dans ses bras son hermine domestique et, tout en dissimulant la queue noire de l’animal qu’on ne montre plus non plus depuis qu’on a rebaptisé les « Dix petits nègres » d’Agatha Christie, elle regarde quelque chose dans le hors-champ du tableau. Il se pourrait, d’après la critique d’art Adèle Van Reetha-Kouchovski, que ce tableau ne soit en fait que la partie gauche d’un diptyque. Arcimboldo de Loc-Envel a en effet également peint un portrait de Mnémosine, duchesse de Fougères, en compagnie de son animal favori, un éléphanteau acheté aux Galeries Démachine à Nantes. Cette version des faits est confirmée dans une chanson d’époque du griot africain Gilou Sasserva-Kwatoussa qui dit comme ça, je cite de mémoire :

La voilà la blanche hermine
Vive la mouette et l’ajonc
La voilà la blanche hermine
Vive Fougères et Clisson


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 15 septembre 2020

d'après la consigne 2020/01 ci-dessous.

17 septembre 2020

D’ART D’ART. 2

Même si notre émission s’appelle « D’art d’art » et qu’on eût pu aussi la baptiser « Peins ! Ponds ! Peins ! Ponds ! », nous nous attardons aujourd’hui sur le tableau « Icare et sa cousine Germaine » peint par Arcimboldo de Loc-Envel en 1482.

AEV 2021-01 JK L'annonciation

Il s’agit d’une huile sur toile conservée dans l’église de Loc-Envel (Côtes d’Armor).

On observe sur cette toile très originale l’application d’un autre des concepts de ce peintre méconnu de l’Ecole de Bretagne. Le parti pris ici est de représenter une scène de la mythologie gréco-latine avec des personnages vêtus de costumes contemporains. On retrouvera beaucoup ce choix discutable dans le théâtre du XXe et du XXIe siècle et aussi dans certains tableaux surréalistes de René Magritte tels que « Jupiter a le melon » « La bouffarde à Maigret » ou « Voilà ! Voilà ! La Vénus de Milo n’a pas quatre bras !».

Ici le jeune Icare montre à sa cousine Germaine l’équipement dont il s’est doté pour voler ainsi qu’un oiseau : une paire d’ailes de faible envergure, une hélice sur le sommet du crâne et une cigarette d’eucalyptus qu’il tient entre l’index et le majeur.

Il est vêtu par ailleurs d’une robe-parachute rouge du plus bel effet et vient annoncer à sa cousine qu’il prendra son envol le mardi 22 septembre à 18 h 30 en compagnie d’oncle Dédale, les conditions astrologiques et atmosphériques étant parfaites ce jour-là en vue d’établir le premier record du monde de vol suspendu dans le temps.

Arcimboldo de Loc-Envel a très bien représenté la moue dubitative de la jeune fille et le pétillement du regard malicieux qu’elle porte sur son grand dadais de cousin bricoleur en lui susurrant mollement :

- Le 22 septembre, je ne peux pas venir vous regarder. A cette heure-là, d’après mon agenda que j’ai sous les yeux, je reprends justement mon atelier d’écriture à la Maison de quartier Georges Brassens.

C’est incroyable comme on pouvait déjà se foutre pas mal du 22 septembre, à l’époque !


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 15 septembre 2020

d'après la consigne 2020/01 ci-dessous.

17 septembre 2020

D’ART D’ART. 3

joconde-vinci

Même si notre émission s’appelle « D’art d’art » et qu’on eût pu aussi la baptiser « Grouille, grouille, barbouille !», nous nous attardons aujourd’hui sur le tableau « Conde, my name is Conde » d’Arcimboldo de Loc-Envel, toile de 1503 conservée au Musée du Louvre à Paris.

C’est en effectuant un stage de survie ordinaire dans les réserves du Musée des Beaux-Arts de Rennes que la critique d’art Adèle Van Reetha-Kouchovski a découvert un lot de vingt-sept portraits absolument surprenants réalisés par Arcimboldo de Loc-Envel (1451-1515). Sur un fond de paysage verdâtre où figurent des étendues d’eau diverses (de la rigole d’Hilvern au Lac de Guerlédan en passant par la Vilaine avec des sabots), des sentiers des douaniers sans douaniers et des ponts d’Avignon sans coupure publicitaire au milieu, des seigneurs de la noblesse bretonne ont été «portraicturés» déguisés en femme ! Ils ont tous adopté la même pose, les mains croisées, le regard un peu absent, et arborent un petit sourire très énigmatique.

Celui-ci représente Georges Condottière, seigneur châtelain de Belle-Isle-en-Terre, ayant enfilé des hauts et des bas et un porte-jarretelles appartenant à son épouse Raymonde. Au dos de toutes ces toiles était encollé un parchemin manuscrit portant à chaque fois le même message qu’Adèle a fait traduire du breton par sa collègue Riwanon Gaffiot : «Nous aussi sommes capables d’écrire quinze pages d’affilée sur la douleur causée par nos coliques néphrétiques, notre amputation rimbaldienne de la jambe droite ou l’extraction d’une dent de sagesse à la tenaille. Mais, heureusement pour vous, l’autofiction n’a pas encore été inventée à notre époque. Par contre les drag-queens, si. On n’est pas bien, là ?».

Les recherches de Madame Van Reetha-Kouchovski sur ce personnage, Georges Condottière dit «Conde», lui ont permis de découvrir que, à l’instar de Georges Moustaki qu’Edith Piaf appelait ainsi, son prénom « Georges » était souvent abrégé en « Jo ». D’où le titre donné par le peintre au tableau : «Conde, my name is Conde. Jo Conde».


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 15 septembre 2020

d'après la consigne 2020/01 ci-dessous.

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