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Mots et images de Joe Krapov
14 septembre 2022

CONSIGNE D'ÉCRITURE 2223-01 DU 13 SEPTEMBRE 2022 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

Stations livresques   



Consigne AEV 2223-01 Plan numérique des transports de Rennes 2

 Dans leur programme n° 12 du 4e trimestre 2022, les bibliothèques de Rennes proposent un plan des métros et bus rennais littéraire et culturel, cela à l’occasion de l’ouverture proche de la ligne B du métro.

Choisissez une ligne dans le tableau ci-dessous et incluez au moins trois des stations de cette ligne dans votre récit de voyage ou élucubration libre du jour. Vous pouvez évidemment en insérer plus et même choisir des stations dans les autres lignes : on n’a rien par ici contre les correspondances, même les Baudelairiennes !

 

A Aimer Rennes   B Balade en musique C1 Jeu avec les livres C2 La Bretagne en BD
Les vies d’une ville Stillness Où est Charlie ? Un océan d’amour
À l’aquarelle Adieu bientôt Cachés dans la mer Bleu pétrole
Le meilleur du Stade rennais Life trafic jam Le voyage d’Ulysse Nuit noire sur Brest
L’arsenal à Rennes L’amour à la plage Le château labyrinthe Fox boy
Five minutes A beautiful life Game over Ar men
Rennes guide urbain Slow down La course au chocolat Sang de sein
Brèves des Lices Juvéniles En quête du dragon Algues vertes
Rennes de Céline à Kundera Five minutes La princesse attaque Cézembres
La Poule coucou Enfer et Paradis Dîner glaçant pour Madame Pervenche Ouessantines
De place en place Ah si j’étais grand et beau Les ruines de Komoriom Phare Ouest
Sur les pas d’Odorico Week-end à Rome    
111 lieux à ne pas manquer Come to Mexico    
Les Murmures de la ville Descente aux enfers    
  Poisons et antidotes    
  Rue de Siam    

 

C3 Polar breton   C4 Bibliothérapie C5 Petits bouquineurs C6 Lu entre deux stations
Rennes, ici Rennes Désolée, je suis attendue Midi pile Thabor Entre paradis et enfer
Bretzel et beurre salé Tout le bleu du ciel Fils de dragon Canoës
Puzzle de Brest Le premier jour du reste de ma vie Y’a plus de place S’abandonner à vivre
Terminus Belz Va où le vent te berce L’imagier tic toc La première gorgée de bière
Larmes de fond Le sourire des fées Heure bleue Ne quittez pas !
Péril en mer d’iroise Se le dire enfin Le garçon du phare Arrêt non demandé
Rennes, échec au fou Et que ne durent que les moments doux Poupoupidours Le Horla
Rade amère Une soupe à la grenade Occupé Châtelet-Lilas
La grande peur du petit blanc La crêperie des petits miracles Pop ville L’Heure de pointe
Noir futur Le liseur du 6h 27 Rois et reines de Babel Au prochain arrêt
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4 août 2022

DU GENRE UN PEU DANS LE CIRAGE CÔTÉ GENRE !

150509 012

 Un violon n’a pas quatre pattes. S’il a quatre pattes, c’est qu’il a bouffé des OGM ou que vous avez trop bu. Un violon a quatre cordes, c’est-à-dire deux fois moins qu’une mandoline et deux fois moins que le nombre de gens qui étaient présents dans la salle Mandoline ce mardi.

La salle Mandoline est ce lieu magique où les gens sont sympathiques et rient beaucoup. Grolle Deville 1 et Grolle Deville 2 nous en parlent quand elles sont rangés près de nous dans le placard aux chaussures de la loggia.

150509 019Nous on n'a jamais le droit d'y aller à la Maison de quartier de Villejean. La différence entre les grolles de ville et nous c'est un peu celle qu'il y a entre le cabriolet sport du frimeur et le véhicule utilitaire (Trafic, Kangoo ou monospace) du plombier. De toute façon on ne les imagine pas vraiment, Grolle Deville 1 et Grolle Deville 2 en train de turbiner sur les chemins de grande randonnée comme les marathoniens que nous sommes !

150509 02042 kilomètres qu’on a parcourus ce week-end ! Oh, pas en une fois, bien sûr ! En trois jours : 16, 22 et 4 et cette fois pas sous la pluie comme l'autre jour en Normandie. Si on file la métaphore avec les bagnoles c'est vrai qu'on est plus souvent sur la route qu au garage, nous. Ce week-end monsieur et Madame K. ont campé près de Lorient mais ils ont fait activités séparées. Lui seul a randonné. Après sa première balade, quand il nous a posés dans l'herbe sous la tente, enfin séparés des Josette qui puent, on a fait la conversation avec Madame Capedepluie.

150509 037- J'ai eu chaud, nous a-t-elle dit. Pour son premier pique-nique il a trouvé une souche bien large et bien plate sur le bord de l'étang de Lannénec, là où il y a de très beaux asphodèles. Un moment de lucidité l’a traversé et il a failli me sortir de chez monsieur Sakado où j'étais rangée. S'il avait poursuivi dans cette idée de me transformer en nappe, il m'aurait extirpée du sac et il m’eût sans vergogne aucune étendue sur la souche qui ne dormait que d'un œil. Ensuite il eût posé son fessier sur mon ventre ou sur mon dos. Personnellement j'ai horreur de ces positions qui ne sont même pas dans le Kama soutra ! Mais heureusement son karma foutraque avait décidé de lui jouer un tour à sa façon. Jugeant la souche sèche et chassant la pensée d'un souillage de fond de cale, il a posé dessus celui de son pantalon et sorti son sachet sans souci ni sushis pour étancher sa soif et sa faim sur la souche. Pain au chocolat, banane, abricot, gorgée d'eau.

- On sait, Madame Capedepluie, on était là, on a tout vu grâce à nos œillets !

 

- Vous n'avez pas d’yeux derrière les chevilles que je sache ? Juste l'estomac dans les talons quelquefois ! Bref la souche a lâché un bon paquet de résines collantes, genre confiture de framboises. Je crois bien que le fute est foutu!

- Dieu merci, a dit Rangdoignon gauche, personne ne se mêle...

150509 056- Ah ! Ah ! a éclaté de rire Madame Capedepluie.

- Qu'est-ce qui vous fait rire ?

- Se mêle, semelle, c'est drôle!

- Vous prenez votre pied avec pas grand chose ! Personne ne se mêle de me balancer quand je marche dans la grotte de Giens...

- C'est pas plutôt la grotte de Lourdes et la faïence de Giens ? ai-je suggéré à mon jumeau.

Mais au fait... Je ne me suis pas présenté :je suis Rangdoignon droit. Mon frangin et moi sommes des godillots.

- Je ne sais pas, a-t-il répondu. Je suis aussi nul en contrepets qu'en contredanse. En tout cas, vous, Madame Capedepluie, vous n'avez rien vu du bal à Laïta !

- Désolée, Messieurs les godillots mais vous allez me raconter. Vous savez que je suis une cape de pluie préventive et porte-chance. En général quand il m'emporte, que je pèse 3 kilos sur son dos et prends toute la place dans son sac, il fait toujours beau au-dehors !

- Tatatata ! Attendez ! On vous a vu à l’oeuvre l’autre jour ! Vous étiez de sortie et pas qu'un peu l'autre week-end en Normandie ! On ne voyait que vous et votre capuche jaune fluo tout au long de l'estuaire de la Sienne sous la pluie battante !

- Oh ça va, les Frères croquenots ! On a les mythomanologies qu'on peut! Parlez-nous plutôt de ce que j'ai raté sur la Laïta !

- C'est assez rare que le marcheur randonne tout seul dans la cambrousse. Il était plutôt du genre marcheur urbain jusqu'à il y a peu. Là Madame K. était à un stage de contes dans un camp scout . Alors le samedi il a pris la bagnole et est allé se poser à Guidel-Plage.

150509 086- Il ne faisait pas très beau mais sec. Il a trouvé très vite le GR, le chemin de grande randonnée

- Fastoche! Le GR 34 longe la rivière !

- Tout comme en Normandie l’EPR longe Flamanville!

- Au début très bien ! On voit le port du Pouldu en face : des bateaux de plaisance devant des maisons blanches. Il se met en route. Des fleurs partout sur le chemin.

- Le GR très bien ! Balisé, des escaliers, une balustrade en fil de fer tout du long pour éviter les chutes en cas de tremblement de terre ou de lendemain de cuite. Très escarpé mais très bien.

- Ensuite de belles vues sur les coudes de la rivière. Le seul problème c'est le pont de saint-Maurice ! Plus on avançait moins on le voyait se profiler.

- Le paysage devient sauvage et puis soudain à un carrefour, une aubaine ! Une bande de terre qui traverse la rivière pour aller jusqu'à trois maisons posées là sur l'autre rive. Pas besoin d’aller jusqu’au pont ! Mais pourquoi y a-t-il une barrière en travers de ce chemin ?

150509 087- Il s'avance en espérant qu'il y aura un passage sur le côté de la barrière. Quelle chance, il y en a un !

- Et il se retrouve sur la rive droite du fleuve alors qu'il venait de la rive gauche. En toute logique il retrouvé le drapeau polonais...

- ...où monégasque, qui indique qu'il est sur la bonne route et c'est justement sur la gauche. Le voilà donc à marcher dans l'autre sens mais en pleine campagne jusqu'à ce que le GR s'enfonce dans les bois, descende à nouveau et fasse demi-tour !

Il se retrouve à nouveau sur la rive gauche de la Laïta à remonter vers le pont de Saint-Maurice alors du coup voilà monsieur qui s'inquiète. Il fallait peut-être que je tourne à droite au lieu de prendre cette bande de terre? Puis soudain il a une illumination : une île ! Je suis passé sur une île !

- Il ne pouvait rien lui arriver de pire pour rallonger son chemin et lui faire perdre son temps ! Si ! Qu'il pleuve !

- Pô grave, j'étais là ! commente Madame Capedepluie.

- En fait il n'a pas plu et il a fini par apercevoir le pont. Il l'a traversé et on a descendu la rive droite

- On est arrivé avant le Pouldu près d'un embarcadère et là, surprise : des hérons  qui faisaient trempette dans le port désert. Ils ne nous ont même pas entendus. C'est la preuve que même en étant des chaussettes à clous on sait la jouer discrètes quand on veut !

- Il a pris des photos ; il a même filmé les oiseaux, dis donc !

- Il va falloir qu'il rachète un disque dur externe! C'est la souris de l'ordi qui est venue nous raconter ça dans le placard à godasses.

- Menteurs ! proteste Mme C.. Elle est encore attachée à l'ordi par un fil !

- Excusez nous, Madame Lacape, on revient d'un stage de conte alors c'est normal qu'on fabule un peu !

- Vous le savez très bien : c'est seulement au pays du Miraginaire que les bottes font sept lieues à chaque pas !

- Que les princesses vont au bal en pantoufles! Et que les godasses de rando et les capes de pluie cassent du sucre sur le dos de leur propriétaire à côté d'un ukulélé rose sous une toile de tente qui en a vu d'autres !

- C'est bien simple : si ma tente avait la possibilité de parler de ses sacs rose et bleu, on l'appellerait « Mon oncle » de Tati(e) !

150509 104

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 12 mai 2015

d'après la consigne 1415-27 ci-dessous

4 août 2022

CONSIGNE D'ÉCRITURE 1415-27 DU 12 MAI 2015 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

Vie d'objet

 

Les objets qui nous entourent ont-ils une vie en-dehors de nous ? Quels liens les unissent à ceux qui les manipulent ? Quels sont leurs rapports avec les autres objets ?

Exemple : journal d’un gant de toilette, pensées d’un container, monologue d’un flacon de Chanel n°5.


(consigne de Dominique D.-M. empruntée aux Papous dans la tête)

 

AEV 1415-27 Flacon de Chanel 5

 

15 juin 2022

QUATRE VARIATIONS SUR L'ABSENCE D'HÉLICE

PÉNÉLOPEGATE

Si le jour tu plisses
Et la nuit déplisses
Tu ne laisses pas de traces :

Y’a pas d’Ulysse, hélas !
C’est là qu’est l’os

2122-33 JK - Pénélope

***

Mais que fait la police
Pour que, place des Lices,
Cesse
La Malveillance
De ce bandit véloce
Qui toujours se déplace
Parmi la populace,
Y sévit sans mollesse
Et s’efface
Malgré sa corpulence ?

Au pos-
Te de police,
Y aurait-il des complices
Veillant sur son négoce
A Rastapopoulos ?

2122-33 JK - Rastapopoulos

***

L’agent d’assurance
Se peut-il qu’on puisse
Lui faire confiance
S’il s’appelle « Persépolis » ?

2122-33 JK - Persépolis

***
2022-04-14 - Nikon 336

Place
Stanislas
J’attendais Alice.

J’attendis longtemps.

Q’eût-il fallu que je fasse (ou fisse) ?
Que je résolusse de rentrer chez moi ?
Que je pestasse contre son indolence ?
Sa défaillance ?
Sa propension à la somnolence ?
Sa tendance à confondre un rouleau de réglisse avec un agenda ?
Que je me ramollisse comme fond la banquise devant le brise-glace ?

Mettant fin au supplice
Je traversai la place,
Entrai à l’opéra
Ecouter la Callas.

J’y fis la connaissance
Du gardien des coulisses,
Un nommé Wenceslas,
Garçon empli de grâce
Brillant d’intelligence
Et dont la bienveillance
Me fit vite oublier
L’indicible drôlesse
Qui m’avait plus tôt
Posé un lapin,
Lui même toujours en retard !

 Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 14 juin 2022

d'après la consigne 2122-33 ci-dessous

14 juin 2022

CONSIGNE D'ÉCRITURE 2122-33 DU 14 JUIN 2022 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

Y’a pas d’hélice hélas ! C’est là qu’est l’os ! * 

 

 Composez une chanson dans le style de Boby Lapointe, un poème ou un texte dans lequel un maximum de mots de ce tableau sera inséré : 

asse esse isse osse usse autres
hélas blesse hélice véloce complusse Lens
Stanislas diablesse délice colosse plus Lance
place drôlesse Place des Lices molosse déplusse silence
Callas faiblesse police Pangloss Luce indolence
calasse gentillesse réglisse Délos élusse insolence
collasse liesse mélisse Loos (ville du Nord) plusse alliance
lasse mollesse calice Biblos prévalusse ambulance
délace vieillesse Brennilis Carlos résolusse balance
délasse aloès Galice   voulusse bienveillance
filasse Périclès malice   valusse contrebalance
hélasse Thalès complice   angélus corpulence
mollasse   milice     défaillance
mêlasse   La Palice     dissemblance
extrapolasse   pelisse     élance
pilasse   ramollisse     Valence
poilasse   salisse     équivalence
ralasse   silice     excellence
salace   avilisse     féculence
soûlasse   lisse     invraisemblance
las   Alice     lance
Wenceslas   cilice     malveillance
glace   coulisse     alliance
Lovelace   déplisse     mésalliance
matelasse   éclisse     nonchalance
mélasse   glisse     opulence
populace   plisse     pestilence
remplace   polisse     pétulance
replace   supplice     relance
verglace   Ulysse     ressemblance
déplace   amaryllis     somnolence
brise-glace   héliopolis     surveillance
enlace   lis     vigilance
désenlace   Persépolis     violence
entrelace   siphylis     virulence
          vraisemblance

* « Y’a pas d’hélice hélas ! C’est là qu’est l’os ! » est un extrait de dialogue du film « La Grande vadrouille » de Gérard Oury

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10 juin 2022

AU ROYAUME DE L'OGRE

2122-32 JK Mies-cover-02-992x560Illustration tirée de Mies, bande dessinée de Agustin Ferrer Casas

C’est pas difficile, ils l’ont ratée, leur ville moderne. Et toute leur grande ceinture parisienne idem. On est bien placé pour en parler. On y habite.

Place de l’Averse, dans le vieux garage abandonné pour la bonne et simple raison qu’il n’y a plus de voitures ni de bus à circuler. Cette place pourrait être pratique s’il y avait des bancs pour que les amoureux puissent s’asseoir, s’embrasser et rêver d’aller cueillir des fleurs à la campagne. Mais il n’y a plus de campagne et il n’y a plus rien sur cette place, que deux petits cafés, des succursales de banque – ça il y en a encore !- et l’agence d’intérim.

Il y a quatre rues qui partent de la place. La rue des Rafales de pluie s’en va vers le Nord de la ville. De l’autre côté la rue de la Course en sac à l’échalote mène au quartier des écoles. Vers l’Est c’est l’avenue du Couvent sans oiseaux, rapport qu’effectivement, il n’y en a plus des volatiles. C’est vrai que ça fait peur, toutes ces histoires de déforestation croissante, de biodiversité qui s’en va vers la nuit du point zéro. Ça interroge, cet avenir de la Terre qui ne semble plus exister que dans une migration vers Mars.

Déjà qu’on ne prend plus jamais l’avion, tu nous vois dans une fusée ? On la trouverait violente qu’il faille monter dans une soucoupe et mettre un costume vert pour habiter la planète rouge. Ça craindrait un max, mon colon !

Mais il faut qu’on cesse de s’emplir la tête de ces angoisses. Pour oublier tout ça, pour s’éclaircir le moral et passer un bon moment mieux vaut aller vers l’Ouest, chez Riton et Rita qui ont leur troquet dans la rue des Petits ruisseaux.

Quand on en a marre du ciel bas et lourd qui plombe la cité et l’ambiance, je n’hésite pas ; j’y vais, je m’installe près de la fenêtre qui donne sur la rue, je commande à boire. Rita m’apporte un demi et le pose sur un petit carton qu’on appelle un sous-bock je crois. Puis je sors de mon vieux sac mon cahier et un crayon. Sans m’en apercevoir vraiment, je proustifie, je raconte le passé, je décolle, je m’envole par-dessus les toits. Tout devient plus léger, je me fais la malle et je remonte le calendrier avec mes questions maison.

Par exemple, Rita et Riton, depuis quand est-ce qu’ils cohabitent dans ce rade ? Quand est-ce que notre Henri a engagé Marguerite ? Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde ? D’où venaient-ils ? Où allaient-ils ? Comment s’appelaient-ils ? On ne demande pas leur nom aux patrons de bistrots sauf s’ils se prénomme tous Michel et portent un blase qui se ressemble : Delezenne, Delebarre, Delépine…

Les serveuses non plus, c’est juste un prénom ou un diminutif, et on ne s’enquiert pas de leur 06. Certaines, très susceptibles, ont vite fait de rabrouer vos ardeurs en vous renversant votre commande de boisson houblonnée sur le colback.

- Excusez ma maladresse, je suis très émotive !

Emotive et refroidissante ! Riton, complice en tout de sa protégée, tire un autre demi, vous l’amène et vous le sert en vous glissant à l’oreille :

- Je ne vous le fais pas payer mais vous savez que bien que c’est interdit par la loi de draguer comme un lourd, non ?

La tête du DSK de passage ! Nous à côté on rit sous cape et moi je fais le récit du double dérapage dans mon carnet à petits carreaux.

On y est bien, au Balto, chez Riton et Rita mais avec les poteaux on sait très bien qu’on va partir un jour. Ça demande de s’équiper super-sérieux, de s’armer de courage pour faire la route le long de ces rues labyrinthiques bordées d’immeubles de trente étages mais on le fera. Aller jusqu’au bout de la rue des Petits ruisseaux, enchaîner avec celle des Grandes rivières dans une autre ville, puis une autre. Il paraît qu’elles mènent en Bretagne et que là-bas il y aurait encore des maisons basses au bord de la mer. Et des plages sans goudron ni plastique. Il paraît. On ne peut pas savoir.

Personne n’en est jamais revenu. Parce qu’il y aurait aussi des petits Poucet qui chassent les ogres. Chaque jour ils reviennent chez eux avec un ogre dans leur gibecière pour nourrir leur papa, leur maman et leurs six frères.

On ne peut pas leur en vouloir, c’est la vie, c’est dans leur nature. Mais bientôt pour nous ce sera ça ou monter dans la fusée. Tant qu’à faire, « Qu’on se pende ici, qu’on se pende ailleurs, s’il faut se pendre ! », comme dit une très vieille chanson. « L’aventure commence à l'aurore » répond une autre.


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 7 juin 2022

d'après la consigne 2122-32 ci-dessous

8 juin 2022

PAROLE RECUEILLIE

Celui qui craint l’orage, qu’il ferme son ordi !
Qu’il n’aille pas mettre le nez à la fenêtre !

C’est une belle averse à rafales de pluie
Droit sortie du couvent des Pisseuses d’Enfer !

Elle a criblé de trous, à force de grêlons,
Tous les petits cartons de sa fête foraine :

« Voyez comme je caracole, dégringole
Et m’épanche en ruisseaux et rigoles 

- Plus un chat sur les toits quand j’emplis les gouttières ! -
Et fais s’écouler, au bas, des rivières !

Vous n’oublierez pas ce ciel bas résille
Qui m’avait annoncée ! Je gicle dans vos rues,

Je claque, je grésille et vous semblez K.O.
Par cette mise à sac de la terre à vos pieds !

Je sonne l’hallali de vos calendriers
Et vous allez passer d’épouvantables nuits

Sans cesser de trembler, craignant que vos maisons
Ne se fassent la malle et ne soient englouties

Comme la honte bue et les hésitations
Que vous pouvez avoir sur es rêves d’éclaircies

Et le sentir coupable d’avoir autant construit
Alors que vous ne faites, frères humains,… que passer ! ».

2122-32 JK - Parole recueillie


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 7 juin 2022

d'après la consigne 2122-32 ci-dessous

7 juin 2022

CONSIGNE D'ÉCRITURE 2122-32 DU 7 JUIN 2022 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

Trente et un mots et quatre incipits

 

Avec les mots suivants :

averse - boire - calendrier - cesser - ciel bas - couvent - craindre - crayon - cueillir - emplir - fenêtre - hésiter - interroger - maisons - malles - nuit - oublier - passer - petit carton - pluie - rafales - rêver - rues - ruisseaux - s’apercevoir - s’éclaircir - sac - sembler - sonner - terre - toits

composez le début d’un récit et poursuivez-le.

Vous pouvez également utiliser l’un des quatre incipits ci-dessous puis insérer des mots de la liste  dans votre texte :

1) Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce qu’on sait où l’on va ?

2) Jeanne, ayant fini ses malles, s’approcha…

3) Le petit Poucet était malin comme un singe. Chaque matin il partait à la chasse à l’ogre. Chaque soir il revenait avec un ogre dans sa gibecière pour nourrir son papa, sa maman et ses six frères.

4) C’est pas difficile, ils l’ont ratée leur ville moderne. Et toute leur grande ceinture parisienne idem. On est bien placés pour en parler. On y habite.

Consigne empruntée à C. Peyroutet – La Pratique de l’expression écrite. - Paris : Nathan, 2005.

2122-32 Consigne La-pratique-de-l-expression-ecrite

3 juin 2022

TROIS MINIATURES

2022-06-03 - 285 1

Jamais la même heure
A la pendule d’échecs :
A chacun son temps

***

HOMMAGE A FERNAND RAYNAUD

Quand on a un coup dans l’aile on a parfois du mal à trouver son centre de gravité. Surtout si c’est un éléphant qui a démoli votre deux-chevaux. Il arrive même qu’on rie si jamais il est rose.

Quand on a un coup dans le nez on a parfois du mal à trouver son centre de gravité. Surtout si en s’appuyant sur l’aile d’une deux-chevaux on s’aperçoit qu’il s’agit d’un éléphant rose. Pour peu qu’on ait mis la main sur la trompe, il se cabre et on tombe. 

*** 

2122-31 JK - Miniature

Sur cette miniature médiévale est représenté un tournoi. Au pied des deux tours d’un château deux cavaliers s’affrontent pour le plus grand plaisir du roi et de sa dame. Il y a un monde fou Même les pions du lycée Saint-Louis assistent à ce combat. On ne sait pas qui l’a emporté. Le journal « L’Equipe » n’existait pas à l’époque et on ne pariait pas sur les courses hippiques.

Ce qui est surprenant quand même c’est que l’oeuvre est signée Léon Zitrone et que le Louvre d’Abu Dhabi, au vu des certificats de provenance et d’authenticité, en a fait l’acquisition au prix fort. 


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 31 mai 2022

à partir de la consigne 2122-31 ci-dessous

2 juin 2022

NOUVELLES DU FRONT

Les présidents Zelinsky et Poutine viennent d’achever la 983e partie de la demi-finale du championnat du monde d’échecs. Encore une fois il s’est agi d’une partie nulle. Les deux adversaires sont de force égale, ou d’égale faiblesse, comme on voudra. Aucun des deux n’arrive à prendre le dessus sur son concurrent.

Les conditions de la confrontation ne facilitent pas non plus la victoire de l’un sur l’autre. D’abord on n’utilise pas la pendule de la même façon que dans les compétitions officielles du « roi des jeux ». Chaque joueur dispose de quinze minutes pour déterminer le coup qu’il va jouer, avancer un pion, sortir un cavalier, échanger un fou contre une tour, donner un échec au roi adverse. Les Panzerdivisionen du néo-stalinien et du pseudo néo-nazi avancent donc à la cadence de deux coups à l’heure. La partie ne dure que six heures. Si aucun des deux joueurs n’a infligé un échec et mat à son adversaire au bout de ces douze coups, la partie est déclarée nulle et les joueurs reviennent le lendemain après-midi.

Ce nouveau système de « guerre symbolique » a été approuvé à l’unanimité par l’Organisation des Nations-Unies. Il a l’avantage de préserver un sacré vieux paquet de vies humaines, de ne rien coûter en matériel militaire et de laisser intactes les villes et régions des pays concernés par un conflit dont les justifications sont généralement toujours stupides. Les militaires restent cantonnés dans leurs casernes et suivent sur le site de la revue Europe-Échecs, sur BFM-TV ou sur la chaîne Russia today l’affrontement des deux chefs d’État.

Bien sûr, la plupart du temps ils ne voient s’échanger que douze coups de pions et ne peuvent pas apprendre grand-chose ni sur la théorie des ouvertures ni sur ce qu’il y a dans la tête de Vladimir Poutine. Mais qui le peut et quel intérêt cela a-t-il ? Et puis, ne l’oublions jamais, les militaires sont comme les supporters des équipes de football, ils ont l’entendement un peu limité et ont appris à obéir, acclamer et boire de la bière et non à réfléchir trop, que ça donne la migraine à la fin.

Mais nous-mêmes, sommes-nous bien placé·e·s pour critiquer qui que ce soit ? Dès que Magnus Carlsen, l’actuel champion du monde d’échecs, place son fou roi en fianchetto sur la case g2 après avoir poussé des pions en c4 et d4, ne sommes-nous pas déjà complètement perdus au douzième coup quand nous nous apercevons qu’il n’a toujours pas récupéré le pion sacrifié en c4 ? La partie catalane ne peut-elle pas être considérée, finalement, comme un gambit ?

Il faut juste considérer que depuis l’instauration de cette procédure, à savoir la résolution des conflits par l’affrontement échiquéen, le monde est globalement en paix.

Le jeu d’échecs rend fou ? Peut-être, mais devenir chef d’État n’est jamais vraiment non plus un signe de santé mentale. Passer des heures à réfléchir sur les positions que peuvent prendre trente-deux petits bouts de bois sur un plateau carré divisé en soixante quatre cases, c’est peut-être idiot mais, comme disait ma grand-mère « Pendant qu’ils font ça, ils ne font rien de mal ! ».

Simplement, à ce rythme là, on ne risque pas de décerner le titre de champion du monde avant longtemps car dans l’autre demi-finale qui oppose Joe Biden à Xi Jing Ping, le Chinois qui a réussi à placer une fois le coup du berger mène par une victoire et 982 parties nulles. Par mesure de sécurité pour l’humanité, le nombre de parties à disputer a été fixé à dix mille pour la demi-finale.

La récompense du champion du monde, si on arrive un jour à en désigner un, sera bien entendu une place gratuite à vie dans un EHPAD Orpéa.


Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 31 mai 2022

à partir de la consigne 2122-31 ci-dessous

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