PAS ENCORE TOUT A FAIT AMNÉSIQUE. 11, Les Irascibles
Rien qu'à contempler la marche du monde actuel l’irascible en voit de toutes les couleurs ! Il commence par voir rouge, il entre dans une colère noire et finit souvent vert de rage. A ce moment-là il crache son venin sous forme de jurons et d'insultes. Ça vous rappelle quelqu’un n’est-ce pas ?
J’ai failli appeler mon billet « Le Retour du capitaine » mais j’ai déjà donné ce titre à ma contribution de la semaine dernière !
La façon d’être d’Archibald H., c’est humain et c’est aussi animal. Comme nous l'explique Zorrino dans « Le Temple du soleil » « Quand lama fâché lui toujours faire ainsi ! », moyennant quoi à la fin de l'album le capitaine Haddock s'en va boire à la fontaine et recracher son eau à la face d’un lama qui ne lui avait rien fait à part peut-être s’appeler Serge.
Le Capitaine Haddock est bien, sans contestation possible, l’irascible n° 1 de toute l’histoire de la bande dessinée. Le temps m'a manqué pour lister tout ce qui le met en colère mais entre la Castafiore qui ne sait jamais prononcer son nom, le professeur Tournesol qui n'entend rien à rien et n'en comprend pas plus du fait de sa « bsurdité » et le duo de détectives stupides à moustaches et chapeaux melons il y a déjà de quoi faire en matière de s'énerver les nerfs, non ?
Chez Astérix l’irascibilité « Cétautomatix » et quasi général ! Du « Non, tu ne chanteras pas, Assurancetourix" au bris de vases par Cléopâtre, du « Comment ça ? Il n'est pas frais mon poisson ? » à la bagarre généralisée et récurrente de tout le village gaulois, il n’y a très souvent qu’un seul pas que le génial scénariste et l’habile dessinateur n'hésitent jamais à franchir pour notre plus grand plaisir de fans rubiconds.
On doit à René Goscinny deux autres beaux exemples de colériques obsessionnels. Le premier, dessiné par Jean Tabary, est le grand vizir Iznogoud qui ne parvient jamais à devenir calife à la place du calife et que cela contrarie un maximum. Le deuxième est un nommé Joe Dalton que le simple fait de prononcer le nom de Lucky Luke fait se rouler par terre. D'autres personnages de cette série peuvent être rangés dans la catégorie des irascibles : le conducteur de la diligence de l’album homonyme et surtout Billy the Kid.
A certains coléreux du neuvième art le jury que je préside attribue des circonstances atténuantes : aux victimes du sieur Lagaffe Gaston né de la plume d'André Franquin par exemple. Prunelle, son employeur ; l’agent Longtarin, son souffre-douleur et le corpulent et insistant monsieur De Mesmaeker ne peuvent qu'être exaspérés par les inventions incessantes du petit chimiste amusant doublé d'un poète de l'écologie militante et encombrante qu'est Gaston. De ce fait on ne peut que conseiller à Greta Thunberg de lire ou relire les gags de Gaston et d'en faire son modèle si elle veut agacer encore plus les ceusses qui nous gouvernent et nous mènent à notre perte et mettre de son côté tous les autres.
Justement, au moment de sortir des livres, je passerai très vite sur les irascibles de la vie politique. Peut-être que tout a été dit et bien dit dans la formule de Monsieur Talonnettes : « Casse-toi pauvre con ! ». Je mentionnerai seulement l'insulte « Vipère lubrique » et le claquer de chaussure sur le pupitre de l'ONU du camarade Nikita Khrouchtchev. Je ne sais pas pourquoi ma mémoire retient des choses comme ça alors que les jeunes de moins de trente ans de ma connaissance ne savent même pas ce qui s'est passé en France en mai 1968 !
Au cinéma c’est Louis de Funès qui remporte la palme d'or de l'irascible à grimaces, enfin, le grand prix d’interprétation. Les personnages qu’il interprète dans ses duos avec Bourvil ou son Avare de Molière ont toujours des comportements et des emportements bien odieux.
Odieux ! Ô dieux ! Aux dieux de l'Antiquité, Zeus, Arès, Némésis, Héra, on attribue, paraît-il, de sacrées colères. Dans la principale religion en vigueur dans notre pays existe une chose musicale appelée "Dies irae". Cela signifie « jour de colère » pour ceux qui n’entravent que couic au latin de messe et de cuisine. C’est la bande son du Jugement dernier voire de l'Apocalypse que tout le monde nous promet pour demain. Ce morceau est devenu facultatif mais j'aime bien celui de la messe de Requiem de Verdi.
Pour en terminer avec la malotrutitude des gens qui ne savent pas garder leur calme j’ai une pensée émue pour le Concombre masqué de Nikita Mandryka : son « Protz et chniaque ! » et son « Bretzel liquide ! » lancés aux éléphants qui jouent au bowling dans son grenier ont enchanté mon enfance !
Et je vous livre, en guise d'apothéose, le sketch du permis de conduire de Jean Yanne qui vaut son pesant de cacahuètes-griefs !
Écrit pour le Défi du samedi n° 787 d'après cette consigne : irascible
C’QUE C’EST BEAU, LA PHOTOGRAPHIE !
Si on lui avait prédit, au gars Dubout du fond de la classe, qui faisait déjà, près du radiateur, des dessins dans les marges de ses cahiers d’écolier…
Si on lui avait prédit au gars Doisneau qui, une fois sorti des usines Renault, s’était mis en tête de fixer pour l'éternité les amoureux de Paris, les poètes attablés devant un verre de vin, les Hercule de foire et les forts des Halles, voire les pissotières des cours d'école…
S’ils avaient su, ces deux-là qui sont au Panthéon de l'observation amusée de la vie dans toute sa drôlerie qu'on peut faire aujourd’hui des photos avec un téléphone ils n'en seraient pas revenus ! « Et où est-ce qu'on branche le fil ? " auraient-ils demandé.
Ils n'en seraient pas revenus, ils ne reviendront pas et c'est à notre tour, en découvrant ce livre, « Les Photographes » d'Albert Dubout de revenir sur les mystères de la chimie photographique.
Je ne suis pas ici pour vous raconter ma vie mais quand j'ai commencé à prendre des photos le support des images était une pellicule argentique. On ouvrait l’appareil, on positionnait la cartouche cylindrique dans un logement prévu à cet effet à gauche de l'appareil. On enclenchait les perforations du film dans les petits ergots d'un autre cylindre pivotant à droite, on enroulait une fois. On refermait le boîtier, on tournait une une molette ou un levier (on « armait). Puis on déclenchait et c'était parti pour 24 ou 36 poses
Je vous fais grâce de la chimie qui suivait pour obtenir à partir de ce film des images en paier. Je l'ai pratiquée beaucoup moi-même ; c'est pourquoi les mots « chambre noire » « lumière inactinique » « révélateur » « fixateur » « glaceuse » « bain d'arrêt » évoquent des souvenirs bien révolus aujourd'hui. Les marques Durst, Agéfix, Ilford, Atomal ou Agfa me parlent encore.
Du reste, pour le commun des mortels qui ne se risquait pas à ces opérations délicates, l'étape du développement du film restait inconnue. Pareil pour la photo couleur. Après avoir déposé la pellicule chez un photographe on retournait une semaine plus tard récupérer chez l'homme de l'art une pochette contenant les photos tirées sur papier d'une part et d'autre part la pellicule qui, après traitement chimique contenait les mêmes images mais en négatif : tout ce qui était blanc dans la réalité était noir sur le film et vice-versa.
Plus rien de tout cela aujourd'hui avec le numérique.
Ce qui est étonnant dans le livre de magie du Grand Albert c’est de voir l'humour qu'il tire de l’appareil de de prise de vues antédiluvien qu'on utilisait sans doute au temps des frères Rimbaud, de Nadar, d'Étienne Carjat et de Tintin au Congo. L'appareil photographique était posée sur un trépied. Il devait rester fixe pour éviter les bougés et conséquemment les photos floues. Le boîtier était une caisse parallélépipédique en bois reliée à l'objectif par un soufflet.
Parenthèse : sachant que l'accordéon utilise lui aussi un soufflet, qu'il est appelé « boest en Diaoul » en Bretagne soit « la boîte du diable » on ne s'étonnera pas du fait que les peuplades indigènes que les explorateurs du XIXe siècle photographiaient pour la première fois voyaient là une machine qui risquait de voler leur âme ! Fin de la parenthèse sur la religion.
Le déclencheur de l’appareil était un genre de poire d'interrupteur comme on en trouvait dans les chambres jadis.
Surtout le photographe cachait sa tête sous un voile noir afin de pouvoir sortir la plaque photographique de son emballage et de l'introduire dans l'appareil . Une plaque par photographie.
Il y avait aussi des flash au magnésium qui permettaient d’oeuvrer en milieu peu lumineux.
La personne photographiée prenait la pose. Elle devait rester immobile au moment du déclenchement.
On allait se faire tirer le portrait chez le photographe qui mettait en scène ses sujets dans son studio à l'arrière de sa boutique. Il fallait sourire devant l'objectif : pour certains pisse-froid ou angoissés notoires c'était parfois très difficile
On immortalisait :
- la moustache du père dans un cadre en bois pour la mettre au-dessus du troupeau qui mange sa soupe froide (Jacques Brel)
- les bébés quelques jours après leur naissance, tout nus sur un coussin ou une couverture en fausse fourrure
- les jeunes filles à marier. Ça, ça plaisait bien au photographe
- les jeunes mariés
- les ébats des jeunes mariés. Non je déconne ! Ce n'est venu que bien plus tard ou si certains le faisaient le résultat était vendu sous le manteau dans des arrières-boutiques de librairies peu fréquentables. A vrai dire je n'en sais rien. C’est Simenon qui raconte ça dans ses nouvelles. Lui a beaucoup cherché ces choses-là, pas moi, même si j'avoue que je possède une édition du Kâmasûtra illustré par Albert Dubout.
Il y a bien entendu dans cette histoire de la photographie au 20e siècle un paradoxe que vous aurez peut-être observé.
Celui qui rend le mieux compte de tous ces éléments de sociologie, de la richesse de la relation complexe entre l'image qu'on a de soi, celle que l'on veut donner et celle que le photographe saisit, de ce moment particulier d'échange entre un montreur et des gens qui se montrent, celui-là n'est pas photographe, il est dessinateur !
Comme quoi sans le don la technique n'est rien qu'une sale manie !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 26 septembre 2023
d'après la consigne AEV 2324-03 ci-dessous
Choses vues à la braderie de Villeneuve à Rennes le 24 septembre 2023 (1)
Faites votre choix, Mademoiselle Chassériau !
Un Wagner tout bleu ou une Sainte-Vierge toute rose ?
Baisse un peu l'abat-jour kitsch !
Chaussons en peau de zèbre...
Choses vues à la braderie de Villeneuve à Rennes le 24 septembre 2023 (2)
- Allongez-vous sur le ventre et faites une sieste d'une petite heure. Votre mari et moi on va jouer aux échecs sur votre dos!
Il est des jours ou Cupidon s'en fout tellement qu'il permet qu'on s'asseoie sur son bel ouvrage
Ton amour pour toujours, j'en veux bien mais tes cadeaux géants en peluche rose, tu peux te les garder !
Madame va se mettre au hula hoop ?
Pour ressembler à Betty Boop ?
Alors ça, si ce n'est pas un scoop !
CONSIGNE D'ÉCRITURE 2324-03 DU 26 SEPTEMBRE 2023 A L'ATELIER DE VILLEJEAN
Les Photographes
A moins que les dessins d'Albert Dubout ci-dessous ne vous inspirent un pamphlet antimachiste, il vous est demandé de choisir une des images et de vous en servir pour illustrer, au choix :
- Une réflexion sur l'histoire et les techniques de la photographie de sa naissance à nos jours ;
- Une réflexion ou des anecdotes sur la pratique de la photographie au sein de votre famille depuis votre enfance jusqu'à aujourd'hui ;
- Ce que vous voudrez d'autre mais qui ait un rapport quelconque avec cette pratique sociale ou artistique.
Le pamphlet antimachiste sera aussi accepté par l'éditeur de ce blog, M. Dubout étant connu pour avoir dressé des portraits assez misogynes des grosses dames de son époque voire commis bien pire encore (illustrations de San Antonio, du Kamasutra, du marquis de Sade...). Mais c'est pour ça qu'on l'aime, dans notre H.L.M. ;-)
Les Graffs du Boulevard du Colombier à Rennes vus le 22 septembre 2023 (1)
C'est une question de parti pris ou de liberté.
Tous les gens dans ma ville, voire dans mon pays, ont pris, à l'exemple de l'autre président-bavasseur avec sa "start-up nation", le parti de causer en anglais. Libre à eux.
Du coup je me sens libre de mon côté de photographier les oeuvres fraîchement peintes sur le ou lors du "Wall of fame" les 11 et 12 septembre dernier. Et même de les transformer en tableaux abstraits après leur avoir ajouté un peu-beaucoup de contraste.
Un travail mené dans le cadre de "Rennes ville éphémère" : l'année prochaine ils seront remplacés par d'autres !
En espérant que la langue française ne subira pas le même sort !
Chants de marins au festival de Paimpol en 2011
J'ai tenté le coup et ça marche assez bien !
Les disques consacrés au Festival de chant de marin de Paimpol sont remplis de pépites inconnues de moi et très stimulantes pour un musicien-animateur d'une chorale - mixte ! - de chants de marins (entre autres).
Sur celui de 2011, un double CD emprunté à la Bibliothèque Lucien Rose, j'ai surtout écouté et aimé le premier des deux disques.
On y trouve "Day-oh", un tube de Harry Belafonte, par un groupe polonais appelé Banana boat. Voici une version en public saisie cette année à Paimpol. Il y a de quoi s'amuser si le public participe !
J'ai découvert aussi un chouette chant traditionnel aux paroles rigolotes - enfin, j'imagine - "Haul away Joe" par Chris Ricketts et Mark Willshire. Comme je n'ai pas trouvé cette version sur Youtube, je vous offre celle-ci , de Fiddler's green, qui déménage carrément !
Et enfin, pour calmer l'ambiance, une très belle version de "Vire au cabestan" de Michel Tonnerre par le groupe Rhum et eau.