Récital d'opéra à Transat en ville à Rennes le 19 juillet 2023 (2)
Article de Thierry Martin sur le site Unidivers (18-07-2023)
Cette année, pour le festival Transat en ville, l’Opéra de Rennes vous proposera un alléchant programme regroupant les grands classiques mais également quelques standards de la musique de jazz comme West side story de Leonard Bernstein. Ce concert intitulé « Des étoiles au clair de lune » se propose d’attendre avec sagesse qu’il soit 20h afin que d’éventuelles rigueurs de la canicule ne viennent à perturber les chanteurs. Ils seront au nombre de trois accompagnés de la pianiste Moeka Ueno.
Emy Gazeilles (soprano), Kaëlig Boché (ténor), Timothée Varon (baryton), Moeka Ueno (piano) / Récital piano et voix.
Deux chanteurs et une chanteuse, qui tous ont un lien intime avec la Bretagne, proposent avec leur complice au piano, un récital unique en ce début d’été !
Honneur aux dames, c’est la soprano Emy Gazeilles qui ouvrira le bal en interprétant « La valse de Juliette » tirée de Roméo et Juliette de Charles Gounod. Emy, après un passage dans le milieu des musiques actuelles, entre au conservatoire à Lyon et dès l’âge de 19 ans se voit offrir le rôle de Papagena dans « La Flûte enchantée » de Mozart. Il n’y a pas de hasard, aussi la voir obtenir en 2022 et à l’unanimité le premier prix de chant du conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, n’est pas à proprement parler une surprise. Emy Gazeilles intégrera à la rentrée la troupe de l’opéra de Paris.
Plus tard dans le concert, on la retrouvera, cette fois en duo avec Kaëlig Boché, interprétant « Ange adorable », toujours de Gounod. Puisqu’il a été cité, laissez-nous vous présenter ce ténor au nom bien breton. Il a fait ses premières armes au sein du chœur d’enfants de Bretagne, ensemble ô combien prolifique dans la création de chanteurs à la réputation internationale. Poursuivant ses études musicales, il a collecté un nombre impressionnant de diplômes comme un master d’art lyrique du conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, ainsi qu’un diplôme d’artiste interprète. Il a reçu pour cela les précieux conseils, entre autres, de Stéphane Degout, Stéphanie d’Oustrac et Christoph Prégardien. Excusez du peu !
Poursuivant sa carrière, il été vu dans de nombreux opéras français et étrangers interprétant des rôles de plus en plus importants, comme celui de Tamino dans « La Flûte enchantée ». Pour le public rennais il n’est pas un inconnu puisqu’il était présent dans le rôle de Gomatz lors de la diffusion de Zaïde, opéra de Mozart également. Très à l’aise dans le récital de mélodies françaises ou le répertoire du lied, il se produit fréquemment avec des pianistes de renom comme Célia Oneto Bensaid, Tanguy de Williencourt ou Adam Laloum. Vous le voyez, un chanteur digne du plus grand intérêt que nous ne manquerons pas d’aller entendre ce 19 juillet 2023 à Rennes.
À cette occasion, il formera un duo tout à fait appétissant avec le troisième larron, à savoir le baryton Timothée Varon. Voilà un garçon tout à fait étonnant. C’est à 14 ans lors d’une fête de la musique, à Vannes, qu’il se produit sur scène pour la première fois. Il en retire le sentiment, selon ses dires, d’être à sa place. Sans doute n’a-t-il pas tort, il est pourtant assez étonnant de savoir qu’il ne s’intéresse à l’opéra qu’à partir de l’âge de 20 ans. Entendant l’air « La fleur que tu m’avais donnée » tiré de Carmen, il se précipite chez le disquaire pour écouter encore et encore cette émouvante mélodie chantée par Jonas Kaufmann. Après des études de lettres modernes, il entame le chant au conservatoire à rayonnement départemental de Pontivy. Rapidement, il intègre les chœurs de l’opéra de Rennes au sein de l’ensemble vocal « Mélisme(s) » sous la baguette de Gildas Pungier. S’en suivra un nouveau temps d’études à Lyon où il reçoit l’enseignement de Françoise Pollet, l’immense wagnérienne française.
À partir de septembre 2018, il rejoint l’académie de l’Opéra national de Paris. Chantant en 2020 sur la scène du palais Garnier, dans « L’Enfant et les sortilèges de Ravel », il monte une marche supplémentaire la même année en faisant ses débuts sur la scène de l’opéra Bastille dans le rôle du comte Seprano du Rigoletto de Verdi. Pour ce concert du 19 juillet, Timothée Varon nous réserve de beaux moments lyriques puisqu’il interprétera seul et en duo de grands airs de « Carmen » de Bizet, de « L’Elixir d’amour » de Gaetano Donizetti. À titre personnel nous attendons avec impatience le dialogue « Au fond du temple saint » entre Nadir et Zurga, extrait des « Pêcheurs de perle » de Georges Bizet.
Si la part la plus belle a été réservée aux chanteurs, il serait injuste d’oublier la pianiste qui va les accompagner. Pour cette édition de Transat en ville, ce sera Moeka Ueno. Voilà un nom qui ne sonne guère Breton, et pour cause, Moeka est Japonaise. Cette native de Tokyo a découvert le piano à l’âge de 5 ans et elle ne s’est pas contentée de cela, elle y a ajouté le cor, les percussions, la composition.
Elle est en outre titulaire de deux diplômes spécifiques en piano solo et accompagnement obtenus à Paris au CRR et récemment, elle a brillamment validé sa licence d’accompagnement en deux ans. Son parcours ne s’arrête pas là et elle accumule tant de distinctions et réussit tant d’épreuves que la liste complète en serait fâcheuse. Tout cela pour vous dire, en manière de conclusion qu’elle n’a rien à envier aux garçons ou à la soprano et que son parcours personnel est de haute volée.
Si d’aventure quelqu’un avait pensé que ce concert allait être chanté par de louables amateurs, qu’il soit vigoureusement détrompé. Le 19 juillet à 20h, Transat en ville ne présentera pas de seconds couteaux mais de véritables épées !