Choses vues à Rennes début octobre 2022
Chansons sur Paris
Comment définir mon nouveau statut social ? "Adjuvant sanitaire" me va bien au teint. J'aide mes voisins et mes voisines à bien se porter en leur permettant de pratiquer des sports intellectuels divers et variés.
Le jeudi après-midi je fais l'entraîneur échiquéen pour des messieurs qui ne feront jamais de compétition mais qui ont grand plaisir à rigoler et à souffrir derrière leurs seize petits bouts de bois dans la cafétéria du Diapason sur le campus de Beaulieu.
Le mardi soir je fais animateur d'atelier d'écriture sado-masochiste à la Maison de quartier de Villejean. Ça n'est efficace qu'en présentiel avec les Rennaises. Si je ne viens pas ou si je propose un atelier en ligne, il n'y a plus personne.
De manière ponctuelle j'accompagne depuis peu le jeudi matin une chorale éphémère qui compte se produire lors de l'inauguration d'un graff à Villejean. Il n'y a qu'une chanson mais chacun va y ajouter des couplets de son cru pour présenter son association. Terrain glissant, hein ? Je crains toujours le pire mais je n'ai jamais peur de rien ! Ça n'est même pas mon drame, c'est juste la preuve que la vie est une farce ! La chanson s'appelle "Tout rebarbouiller". Elle est d'Alain Schneider.
Un mardi matin sur deux, au Diapason toujours, j'accompagne à la guitare et à l'harmonica un violoniste, un accordéoniste diatonique et une bonne quinzaine de chanteurs et chanteuses à qui j'ai plus ou moins imposé de porter le nom de "M'A2R1 d'O douce". On rigole bien mais c'est énormément de boulot pour moi.
Alors autant que vous en profitiez de ce que je fais pour ce groupe-là. Le dernier projet en date consiste à chanter des chansons sur Paris.
J'ai concocté deux partitions à deux voix, mis en forme les paroles pour impression de six chansons et envoyé hier les liens vers des vidéos sur Youtube. Dans le lot, deux découvertes :
- "Sous le ciel de Paris" n'est pas comme je le croyais une chanson de Francis Lemarque et ma version de référence, celle d'Yves Montand, se trouve dépassée, en qualité, par celle d'Edith Piaf et celle d'un groupe plus récent appelé Pomplamoose.
- On trouve de bonnes versions instrumentales et des partitions sur le site de Musescore.com mais c'est payant pour les télécharger. On peut par contre les écouter gratis.
Voici le programme du mois de novembre et, à la suite, quelques vidéos ou fichiers représentatifs de ce que je viens de raconter dans ce billet.
Sous les ponts de Paris (Lucienne Delyle) : https://www.youtube.com/watch?v=GCsdLIBIhAk
Sous le ciel de Paris (Edith Piaf): https://www.youtube.com/watch?v=SC06NyI6KKU
Sous le ciel de Paris (Pomplamoose) : https://www.youtube.com/watch?v=Vol9dZ-t93s
Pigalle (Georges Ulmer) : https://www.youtube.com/watch?v=Mdx_Ujta9wg
Les Champs-Elysées (Joe Dassin) : https://www.youtube.com/watch?v=0JPTSEdrGxY
Il est cinq heures… (Jacques Dutronc) : https://www.youtube.com/watch?v=Nz-njDzl4Wc
La Romance de Paris -Charles Trénet : https://www.youtube.com/watch?v=3qqbTxGijUg
Pomplamoose - Sous le ciel de Paris
Edth Piaf - Sous le ciel de Paris
Jacques Dutronc - Il est cinq heures Paris s'éveille
Alain Schneider - Tout rebarbouiller
QUAND ON LIT TROP DE PO-LARDS
Il se passe de drôles de choses, ces derniers temps, dans les musées. L’écoterrorisme est en net progrès. Mais cette histoire-ci dépasse les bornes.
La marquise entra à 16h 45. On commençait à fatiguer dans le commissariat. On avait sans doute besoin d’insolite, d’inattendu pour clôturer une journée qui ressemblait terriblement à la précédente dans sa banalité-morosité. Et là on était servi.
A tout casser, elle mesurait quatre-vingt dix centimètres de haut mais était agréablement proportionnée. Une déesse en miniature. Elle avait une robe rose très longue et portait une coiffe moyen-âgeuse ornée de longs rubans blancs. « Genre double hennin, beaux monts, la meuf ! » aurait dit Katarelmek qui mélangeait toujours vocables scientifiques et formules en langage des cités dans ses phrases d’une brièveté antiproustienne concis-ro-dérable. Par-dessus tout ça elle – la marquise, pas la phrase, quoique - dégageait une odeur peu habituelle. Elle sentait le cramé. Le roussi. Le feu de forêt.
- Que puis-je pour vous, chère Madame ? Montaliban, je suis. Commissaire.
- Je viens déposer une plainte.
- Oui. Contre qui ? Qu’est-ce qui vous arrive ? Vous avez rétréci au lavage ?
- Je porte plainte pour violences conjugales.
- D’accord, je prends le formulaire idoine et je suis à vous. Votre nom ?
- Marquise Anne de Mamerloye.
- Vous portez plainte contre le marquis ?
- Non je porte plainte contre mon beau-frère, Wolfram Adegang Zamotus von Blaubart.
- Que vous a-t-il fait ?
- A moi, rien. A ses sept épouses beaucoup. Il les a assassinées. Et je ne sais pas ce qu’est devenue ma sœur, sa huitième épouse, qu’il essayait de l’égorger. Quand je suis descendue de la tour où je guettais l’arrivée des secours, le château était en flammes et le feu se propageait aux écuries. Je crois que sa pauvre jument est morte.
- Vous avez appelé le vétérinaire ? Un médecin ? Police-secours ? Les pompiers ?
- Ils étaient déjà là. Ce sont eux qui m’ont tendu la grande échelle pour que je sorte du tableau.
- Le tableau ? Mais où est-ce que ça se passait tout ça, Madame Marmerloye ?
- Au Musée des Beaux-Arts de Rennes !
- Bon j’envoie une équipe là-bas. Où est-ce que je peux vous joindre ? Vous êtes hébergée chez une amie ?
- Chez le capitaine des pompiers, Monsieur Ronchonchon. Il habite 7, square de Provence à Rennes Villejean. Très gentil, ce monsieur.
- Dès que j’ai du nouveau, je passe vous avertir.
La marquise sortit à cinq heures. Je décrochai mon téléphone et appelai le musée.
- Dites-moi, vous avez un sinistre chez vous ?
- Pas plus que chez les autres. On a tous plus ou moins nos défauts et pas plus de raisons que les autres d’être joyeux ou déprimés.
- Non je parle d’un incendie.
- Pas que je sache !
- Et vous avez encore une fille habillée en rose qui a quitté son tableau ?
- Toujours ce délire à propos d’Isaure Chassériau ? Vous allez nous lâcher, bientôt, avec ces conneries ? Qui vous êtes d’abord ?
- Montaliban, je suis. Commissaire de police. Une disparition à signaler, vous avez ?
- Tout est normal, commissaire, sauf que vous parlez comme un Brestois, présentement. Tout va très bien madame la marquise ! Personne n’est venu balancer du talc sur les fesses du nouveau-né de de La Tour ! A part qu’on a perdu la clé de la réserve et qu’on a mis un serrurier dessus, tout était normal aujourd’hui.
- Une clé, vous dites ? Disparue ? La clé d’un grand placard ? D’une salle condamnée ?
- Pas disparue. Fondue, carbonisée. Retrouvée au pied de la porte sous forme d’un morceau de charbon. Du wolfram, qu’a dit M. le conservateur. Une lumière, lui, bien qu’il soit tout mince. On l’appelle Filament parce que son vrai nom c’est Philippe-Armand Tung-Sten !
- Il est encore là votre serrurier ? Qu’est-ce qu’il fait ?
-Ben.. il crochette ! Vous voulez que je vous le passe, le capitaine ?
- Le capitaine Crochette ?
- Non, le capitaine des pompiers, c’est lui le serrurier. Il n’arrête tellement pas de râler contre cette porte qu’on l’a surnommé Ronchonchon !
L’étau se resserrait ! L’énigme allait être résolue ! Ca devait être encore un coup de l’ARVOR, l’Association des Rigolos de Villejean et de l’Ouest de Rennes ! Sauf que j’arrivais au début de la page 3, qu’il était 21 h 09 et que j’avais promis à l’oncle W. de faire court pour pouvoir envoyer ma contribution dans des délais corrects.
Bah ! Avec un peu de chance on trouverait l’explication de cet imbroglio chez Nana Fafo !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 740 d'après cette consigne : Wolfram