En un mot comme en cent. 26 février 2022, Aujourd'hui machines
La machine à lire n’est pas cassée, finalement. Après avoir vu au cinéma le « Maigret » de Patrice Leconte avec Gérard Depardieu dans le rôle titre, j’ai entrepris de relire « Maigret et la jeune morte » dont le film a été tiré et je l’ai terminé en une fin de soirée et un début de matinée.
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Le film n’est pas déplaisant. Juste quelques remarques krapoviennes :
1) Il n’a pas dû coûter une fortune en éclairage ! Tout y est sombre au point qu’on se demande s’il n’eût pas été mieux de le tourner en noir et blanc. « Un Paris lugubre », dit Télérama qui pour une fois n’a pas tort.
2) Maigret y apparaît comme un vieillard asthmatique, lourd et terriblement fatigué. Si c’est parce que c’est désormais l’état naturel de Gérard Depardieu, faut qu’il arrête de tourner !
3) Evidemment, tout a été réécrit en mélangeant divers romans, en ajoutant un personnage de « fille adoptive », en effaçant le malgracieux inspecteur Lognon qui est presque l’élément central du roman originel !
4) Maigret, interdit de fumer par le médecin au début du film, et qui montre sa pipe au juge (Coméliau?) en déclarant « Ceci n’est pas une pipe » et en expliquant « C’est de l’humour belge !», ça m’a bien fait rire (tout seul dans la salle encore une fois) ! C’est surtout de l’humour français au 32e degré !
5) Je raconterais bien aussi mes observations de la queue à la caisse du Gaumont. Devant le mur de friandises diverses à la gloire des Etats-Unis (pop-corn et Coca-Cola, Haribo and C°) on a l’impression de s’être trompé de boutique et d’univers : on est bien les seuls à ne faire la queue que pour deux tickets de cinéma sans rien d'autre.
Les amoureux devant : c’est le gars qui choisit la taille du cornet de pop-corn. Il rend le big maousse de chez Géant et sa copine le lui fait remettre en rayon et prendre le modèle en-dessous. Ben oui, c’est elle qui paie et c’est elle qui, dans l’intimité, voit sans doute le pneu naissant du goinfre, ce qui ne les empêche pas d’emmener une bouteille de « coke » dans la salle.
La grand-mère et sa petite fille : elles ont rempli un cornet de Gummibärchen et autres cochonneries colorées dont Monsieur Renaud fait la promotion dans sa chanson "Mistral gagnant". La gamine saute comme une puce et évidemment, à un moment donné, renverse la moitié du paquet par terre. La grand-mère lui fait tout ramasser et prendre un autre cornet vide dans lequel la fillette transvase sa moisson. Avec un sachet propre, les bonbons seront moins sales ?
La première caissière : Si vous payez en liquide, c’est à la caisse n° 2 !
La deuxième caissière : Désolé mais on ne fait pas la réduction sénior le week-end !
Ca n’a l’air de rien mais les faits rapportés dans ces quinze lignes représentent bien, en temps passé, vingt minutes de notre vie ! On était arrivés à 15 h 10 et il est 15 h 30.
Quand on entre dans la salle 11, en bas à gauche, tout au bout du labyrinthe sans fil rouge, il fait noir dans la salle obscure, normal. Maintenant il faut trouver les places H1 et H2, face à l’écran, à peu près au milieu, mais pas moyen de lire si on est dans la rangée H, I, J, K, Delta ou Omicron.
Allez on se pose là et on s’envoie vingt minutes de bandes annonces de films d’action au rythme effréné, au son sursaturé, aux personnages qui sautent dans le vide ou se penchent du haut d’un building.
Je pourrais vous raconter tout ça mais j’aime trop les prétéritions alors je ne vous en parle pas.
Comme a dit Marina B. au retour « J’ai bien aimé parce que c’est un film lent ».
La prochaine fois je reste à la maison et je regarde si on ne peut pas trouver des rediffusions de "Derrick" quelque part.