B COMME BATUCADA
Ni Jean Sébastien Bach, ni Ludwig Van Beethoven ! Pas même Béla Bartók et encore moins Benjamin Britten !
Aucun de ces compositeurs n’a daigné nous pondre un concerto pour pianoforte et batucada !
Pourtant, une Sonate au clair de lune avec des percussions et des coups de sifflet, ça mettrait un peu de vie salle Gaveau ou Salle Pleyel, non ?
Vous imaginez Pierre Boulez dirigeant le « Réveil des oiseaux » de Messiaen au sifflet ?
Et de jolies danseuses brésiliennes, emplumées autant que dénudées, ça nous mettrait un peu plus de joie au coeur que ces violoncellistes déplumés qui envoient comme à l’abattoir la musique de Penderecki et Wagner dans les appareils auditifs de vieux actionnaires déplumés autant que dé(si)cavés ?
Quoi de plus triste à entendre qu’un quatuor à cordes ?
Oui, c’est ça : deux quatuors à cordes. Avec l’intégrale en CD des quatuors à cordes de Schubert, la corde pour se pendre est-elle offerte en prime ?
Car la batucada est gaie, car la batucada égaie : c’est un orchestre de percussions diverses qui joue la musique des sambas au Brésil.
Et ce costume blanc brodé de jaune et de bleu, ne siérait-il pas mieux aux musiciens de l’Orchestre Symphonique de Bretagne que la queue de pie ou la robe de soirée noire ? Pourquoi le musicien classique s’habille-t-il toujours comme s’il allait à l’enterrement de l’hymne à la joie ? On ne peut pas se pavaner un peu plus quand l’infante est défunte ? Après tout, elle n’était pas de notre famille ! Et l’Espagne, c’est loin !
C’est pourquoi il faut souligner les efforts de la violoniste, Madame Bling-Bling, pour faire scintiller ses boucles d’oreille à chaque concert ! C’est pourquoi il faut applaudir la charmante altiste (altruiste?) de l’OSB qui ne craint pas de se produire au sein du groupe Am’nez zique et les Biches pour accompagner « Estelle » de Pierre Perret ou « Julie la petite olive » des Wriggles !
Voilà. J’ai tout dit sur l’immobilisme du monde et ses quelques exceptions : cette photo a été prise il y a vingt ans et rien n’a changé depuis sur Radio Classique ! Elodie Fondacci est toujours là, Christian Morin est une publicité vivante pour le placement de l’âge de départ en retraite sur le curseur « 84 ans » et on nous y incite toujours, entre deux tubes de Chopin et Vivaldi, à mourir au plus vite pour léguer nos biens à une association philanthropique - de type Orpéa aux enfers ? - ou à vendre notre maison en viager. Reviens, Pierre Tchernia, ils sont devenus fous ! Ce monde est décibatudément batucadastrophique !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 22 février 2022
d'après la consigne 2122-19 ci-dessous