CAMAÏEU DE BISCAYENS A CAYENNE
C’est dans la gaîté
Des cours de récré
Qu’on rencontre Agate.
Elle est jolie, ronde,
Tout en transparence,
Vous tape dans l’oeil.
On rêve d’aller
Dans sa chambre jaune
Goûter ses mystères
(Son père, pâtissier,
Fabrique des glaces !).
Tiquette, deux billes !
La vie vous sépare,
Vous emmène dare-dare
Pour d’étranges noces
Mener chez le Tzar
De sombres intrigues,
Chez les Bohémiens
Aventures farouches,
Dans des châteaux noirs
Hanter des fauteuils,
Des vies ténébreuses,
Revenir de loin
Ou de l’opéra
Quelque peu fantôme.
Et puis tout s’arrête
De ces tournoiements
De différents temps.
Le sable a coulé
Entre vos doigts fins
En n’y laissant rien
De bien constructif.
Alors qu’on respire
Le parfum malsain
D’une dame en noir
Qui vient vous saisir
Avec le mot « fin »,
Comme au vieux traîneau
Du citoyen Kane
On pense soudain
A ce souvenir
D’une enfance enfuie
Et on se demande :
- Et toi, pauvre Agate,
Dans toutes ces bisbilles
Comment as-tu roulé ta bille ?
Ecrit pour le Défi du samedi n° 684 d'après cette consigne : agate