DEUX "POÈMES DE L'EAU" DE DOROTHY RICHARDSON
LE MISSISSIPPI
C’est en remontant le Mississippi
Que les caïmans à la queue-leu-leu
Comptent les Suissesses.
Ce sont des nanas quelque peu toc-toc
Qui jouent du yoyo et leur font coucou
En levant bien haut leurs petits bibis.
Jamais la Suissesse n’a l’humeur en berne
Et la chaude, au fond, à touche-pipi,
A ce que l’on dit,
Avec les bédouins-Ouin
Pousse loin-loin
Le jeu.
Les alligators s’approchent du bord,
Attirés comme l’est
Par la limaille moldo-valaque
L’aimant.
Dare-dare les Suissesses
Comptent les lucernes
Qu’ils ont sous les yeux
- O combien de « s »,
Mes jolies Suissesses
Dans ce joli nom qu’est le vôtre !"
Disent les crocos.
Mais les Suissesses dissipées
- pas même la jeune Eve ou Fa-
Bienne -
N’ont jamais poussé la folie
Jusqu’à aller faire pipi
Dans les eaux du Mississippi.
Et les crocodiles, quelque peu déçus,
Poursuivent leur Bâle-ade
En rêvant de gruyère
Et autres fricâlins.
L’Aube prend sa source
Au bout de la nuit
Elle a dormi comme un Loir
Mais il faut qu’elle entre en scène
C’est là son lot
Même si ça lui fait mal aux reins
C’est une rivière calme
A l’air très doux,
Tout sauf vilaine.
Jamais elle ne rugit
Comme lionne
Ni ne sort de son lit.
Elle ne joue même pas des coudes
Aux Andelys
C’est une bonne élève :
On lui a donné 10
Sur dix.
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 21 septembre 2021
d'après la consigne AEV 2122-03 ci-dessous
IRINA KOBAYASHI. - DU BON USAGE DE LA GUILLOTINE AU COUCHER DU SOLEIL
Nous sommes restés babas devant le pavé particulièrement zinzin que vient de pondre Irina Kobayashi. Son dernier bébé est fabuleux ! Pour écrire cette biographie de George Sand il existait tant de matière scandaleuse dont on eût pu se servir à qui mieux-mieux pour noircir un peu plus la mémé du romantisme, la tata des féministes, la coqueluche des bobos et bobotes qui trouvent dada avant l’heure de se faire appeler George alors que son prénom est Amantine-Aurore. « J’m’appelle Patrick mais on dit Bob », comme chantait Boris Vian.
De l’étrange baronne Dudevant Irina Kobayashi n’a pas retenu les histoires de derrière, de derrière le paravent où Musset auparavant puis le docteur Pagello ensuite ont troussé les froufrous de la jolie môme Dupin qui n’était pas encore devenue « la bonne dame de Nohant ». Et pourtant la période choisie est bien celle du voyage à Venise de 1834, du séjour à l’hôtel Danieli et des amours tumultueuses que la plus célèbre des Berrichonnes connut là.
Iriuna Kobayashi s’est intéressée – sur 582 pages, c’est un bel exploit ! - aux seuls moments de respiration solitaire de Dame Aurore. Tous les soirs, elle sortait de l’hôtel Danieli et s’en allait seule dans Venise, emportant sa boîte et sa guillotine. Arrivée sur le bout de la Riva degli schiavoni et même bien plus loin, là où se trouvent désormais les pavillons de la Biennale internationale, elle s’accoudait au parapet du pont des Sept martyrs, sortait un cigare de sa boîte, lui introduisait la tête dans la guillotine, tranchait dans le vif, l’allumait puis, tirant dessus langoureusement, elle se plongeait dans la contemplation du coucher du soleil au-dessus de la punta delle Dogana, la pointe de la douane, et de Santa Maria Della Salute.
La biographe relate alors, comme si elle avait été présente aux côtés de l’autrice de « La Petite Fadette » et reçu d’elles bla-bla intimes et amicales confidences les visions étonnantes auxquelles George Sand, de façon quasi médiumnique, était soumise en ces moments crépusculaires.
C’est réellement passionnant – le séjour vénitien des amants terribles a duré plus de trois mois – et on n’oubliera pas de sitôt le ballet des personnages entrevus dans les nuages de fumée : Desiderio San Giorgio qui élève des dragons pour le plaisir et le profit, Muley Bugentuf qui lui raconte soir après soir ses dix-huit métempsychoses depuis l’an 184 et ce vicomte de Tourpeau qui la baratine sur la mensuration idéale des nougats de Montélimar.
N’en disons pas plus. Précipitez-vous sur cette biographie onirique, énigmatique et envoûtante. Il y a là un plaisir de lecture à prendre auquel vous ne pouvez pas et ne devez pas couper !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le 21 septembre 2021
d'après la consigne AEV 2122-03 ci-dessous.
CONSIGNE D'ÉCRITURE 2122-03 DU 21 SEPTEMBRE 2021 A L'ATELIER DE VILLEJEAN
Livres imaginaires
Les livres ci-dessous n’ont jamais été écrits mais ils ont été mentionnés dans d’autres récits ou romans. A vous de leur donner un peu plus de vie en écrivant les premières pages, une partie de leur contenu, la quatrième de couverture ou un compte-rendu de l’ouvrage dans un magazine littéraire. Ou ce que vous voulez à partir de la liste.
Obligation supplémentaire : vous intégrerez cinq des mots ci-dessous dans votre texte :
blabla – dare-dare – flonflon – froufrou – train-train – coucou – gogo – chouchou – zinzin - à qui mieux-mieux – couscous – lolo – mémé – nana – papa – pipi – tata – baba – bébé – bibi – bobo – coco – dada – dodo - à la queue leu-leu – toc-toc – grigri – pousse-pousse – yoyo – yéyé - zozo
Les Amusements de Muley Bugentuf, roi du Maroc / Thomas de La Fuente, s.d.
L’An 2013 / Moravagine, 1916-1917
L’Avenir dévoilé par les lignes d’omnibus / Géo Blackmussel, 1901
La Bilboquéide / Gourdon , 1824
Les Catacombes de Bouquinbourg /Colophonius Clairdepluie, s.d.
Les Confessions d’un enfant du cycle / Alphonse Allais, 1894
La Crucifixion sans peine / Prétexta Tach
Le Cuisinier interplanétaire, s.d.
De l’influence de la Russie sur le chien du garde-champêtre de la commune de Bagnolet / Paul-Louis Courrier, s.d.
Des trappes à souris et de leur influence sur l’âme et l’activité des chats / Murr, s.d.
Du bon usage de la guillotine au coucher du soleil / Irina Kobayashi, 1995
Du style ou de l’art de ne pas écrire, s.d.
L’Elevage des dragons pour le plaisir et le profit, s.d.
En arrière vers le bonheur ou En avant vers l’enfer / Aaron Rosenblum, 1940
La Fée Mélusine / Christabel La Motte, 1872
L’Histoire générale des oreilles, 1704
Les Impressions de Proust en automobile / marquis de Carabas, s.d.
Le Lys dans la vallée de la peur / Honoré Doyle
La Marseillaise des croisés du vin, s.d.
Mémoire sur la mensuration raisonnable des nougats de Montélimar / Vicomte de Tourpeau, 1890
Mes dix-huit métempsycoses, histoire de mes existences depuis l’an 184, 1748
Le Mystère de la chambre à air / Georges-Emmanuel Freutin, s.d.
Poèmes de l’eau / Dorothy Richardson, 1935
Qui a retardé la pendule / E.H.B., s.d.
Le Roi de jaune vêtu, s.d.
Traité des quatre repas par jour / Mormon, 1650
Zébrure / Maximilien Zu, 1948
N.B. Cette consigne est inspirée par l’ouvrage de Stéphane Mahieu,
La Bibliothèque invisible : catalogue des livres imaginaires.
– Paris : Ed. du Sandre, 2014