AUX TROUS !
La mémoire est un quai envahi par la brume…
Je ne me souviens pas des beaux yeux d’une fille
Qui m’aurait vouvoyé, moi qui étais voyou.
Je l’aurais embrassée ? Tu peux dormir tranquille,
Je n’suis pas d’ce genre là car j’aim’ pas qu’on m’allume !
C’est pas moi qu’ai fait l’coup !
La mémoire est un quai envahi par les trous.
La mémoire est un quai peuplé par des orfèvres.
A beau m’interroger qui veut je ne sais rien
De ce beau tralala dont la fille de l’air joue.
Pourquoi dirais-je tout, moi qui suis un vaurien
Et préfère me taire en un monde sans fièvres ?
C’est pas moi qu’ai fait l’coup !
La mémoire est un quai envahi par les trous.
La mémoire, à la fin, trop interrogée, flanche.
Elle ne connaît plus que bribes de chansons,
Perd toute retenue à la sortie d’écrou.
Pourquoi nier, inspecteur, les côtés polissons
Avec lesquels ce jour j’aurai brûlé les planches ?
C’est pas moi qu’ai fait l’coup ! C’est Dranem !
La mémoire est un quai envahi par les trous.
Photo prise à Pont-Croix (Finistère) en 2020
Réalisé pour le Défi du samedi n° 665 d'après cette consigne : Quai
LE TROU DE MON QUAI : VERSION RENNAISE DU 28 MAI 2021
Les photos que j'ai utilisées pour illustrer le diaporama chanté ci-dessus sont celles du chantier de construction de la ligne B du métro rennais. Plus précisément, j'ai recherché des images relatives à la future station Saint-Germain, située à peu de choses près en face du Musée des Beaux-arts de Rennes. De là à penser que c'est Isaure Chassériau qui regarde les équipes, il y a un pas que je ne franchirai pas vu que je la vois mal en train de fumer la pipe à la fenêtre ! Ce serait plutôt son oncle Eugène Amaury-Duval, auteur de son portrait et par ailleurs élève de Jean-Dominique Ingres, joueur de violon d'occasion, qui raconterait sa vie en chanson. Il a déjà écrit ses mémoires et il faut bien qu'il s'occupe pendant le confinement !
J'avais dans l'idée de réaliser une version rennaise de cette chanson mi-scabreuse, mi-humoristique au 36e degré, totalement inchantable de nos jours sauf par des allumés de mon espèce. J'ai préféré m'en tenir à la version originale. J'ai juste oublié l'introduction parlée qui précise "Je vais avoir l'honneur de vous interpréter Le Trou de mon quai, petite chansonnette métropolitaine".
Moyennant quoi je publie ci-dessous ma version rennaise, très peu modifiée au finale :
Le Trou de mon quai : version rennaise
(Dranem remanié par Joe Krapov)
Paroliers : Briollet / Combes / Berniaux
1
Je demeure dans une maison du centr’ de Rennes
Où l'on fait depuis trois semaines
Des fouilles et des travaux
Pour faire passer le métro
De ma fenêtre tout en fumant des pipes
Je regarde les équipes
Dont les hommes sont occupés
A faire un trou dans mon quai
Si vous désirez mon adresse
C'est pas difficile à trouver
Afin que chacun la connaisse
En deux mots j'vais vous expliquer :
Refrain
Y a un quai dans ma rue
Et y’a un trou dans mon quai
Vous pourrez donc contempler
Le quai de ma rue et le trou de mon quai
2
L’autre jour j’rencontre une vieille amie de Nantes
Et comme elle est avenante
Je lui d’mande ce qu’elle veut voir
Dans notr’ ville d’art et d’histoire
Je voudrais d’abord voir le portrait d’Isaure
Je lui dis « Mais d’où tu sors (e) ?
Laissons là ces balivernes !
Sois résolument moderne !
Accepte à dîner je t'en prie
Après sans trop nous fatiguer
Je te ferai voir une galerie
Qui certainement va t'épater ».
Refrain 2
Y a un quai dans ma rue
Et y'a un trou dans mon quai
Nous pourrons donc contempler
Le quai de ma rue et le trou de mon quai
3
Mais hélas ici-bas la joie n'est qu'un leurre
Et l'on m'a dit tout à l'heure
Que les travaux d'terrassement
Vont s'terminer prochainement.
C'est pas drôle pour moi qu'en avais l'habitude
Et ça va m'paraître rude
Quand l'dernier coup d'pelle donné,
L’trou d'mon quai sera bouché
Adieu joies et rêveries nocturnes !
Adieu journées d'activité !
Comme autrefois seul dans ma turne
J'n'aurai plus, hélas, qu'à chanter :
Refrain
Y a un quai dans ma rue
Mais y a plus d'trou dans mon quai
J'n'ai donc pour me consoler
Que la vue du quai de ma rue, j'ai plus d'trou d'mon quai !
Parlé : Ah, c'est malheureux tout d'même