A LA FIN DE l'ENVOL QUI TOUCHE LE PACTOLE ?
Quand les poules auront des dents
Je cesserai d’avoir l’air de regarder le monde comme un couteau trouvé
Quand passeront les cigognes
J’arrêterai de penser à la matriochka qui porte dans son ventre son bébé tout pareil
Quand nous chanterons le temps des cerises
Je me souviendrai de la Commune de Paris plutôt que de Napoléon
Quand refleuriront les lilas blancs
J’irai admirer les glycines mauves ici et là dans Rennes
Quand tous les soldats reviendront de guerre
Je n’en reviendrai pas si ça arrive un jour
Quand ils seront morts les poètes
Leurs chansons continueront de courir les rues
Quand s’en reviendra l’homme qu’attendait Barbara
Je n’en saurai pas plus sur son compte si ce n’est qu’il arrivera trop tard
Quand on n’aura plus que l’amour
Quand les hommes vivront d’amour
Quand la musique sera bonne
Quand on arrivera en ville
La Madelon viendra pour nous servir à boire
Quand trois poules iront aux champs
Qu’elles se méfient du renard :
Lui ne vit d’amour que de la bonne chère
Quand on se promènera au bord de l’eau
Quel renouveau ! Tout sera beau !
Quand la mer montera
Pas question d’avoir honte de penser à Fernande
Quand les andouilles voleront
Je chausserai mes espadrilles
Et j’attendrai tranquille sur le plancher des vaches
Le coup de cloche et la chute de midi Icare
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 20 avril 2021
d'après la consigne ci-dessous
PUISQU' A DAME NATURE A MANQUÉ DE RESPECT TOUTE L'HUMANITÉ...
Puisque Adam et puisque Eve
Ont été chassés du jardin d’Eden
Puisque nous saccageons les forêts et les rêves
D’y retourner jamais nous sommes bien punis.
Puisqu’avion et puisque voiture
Usines au bout du monde import-export trafic
Puisque désordre et aventure
Nous vivons des vies de fourmis
Puisque 5G ou lampe à huile
Aucun Napoléon ne trouve la marche arrière
Puisqu’on élit le plus débile
Nous avons un monde en folie
Puisque réchauffement de planète
Effet de serre plafond de verre et tout en vert
Puisqu’on est plus de cinq à Sète
Nous sommes une bandes de cons
Puisque chauve-souris pangolin
Nuit de Chine virus à couronne
Puisque c’est l’automne à Pékin
Nous voici confinés
Puisque, perspective d’Afrique,
Nous ne la verrons plus, la neige,
Cela me rend mélancolique
Nous randonnons périphériques
Puisqu’on ne dame pas le pion et même en vérité
Que nos pions n’iront pas à dame
Puisque Sisyphe et Prométhée
Nous sommes bel et bien condamnés
Puisque quelque chose a mal tourné
Puisque monde au bout du rouleau
Puisque système sur le sable
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 20 avril 2021
d'après la consigne ci-dessous
TANT DE FOLIE HUMAINE
Tant et tant de marins, autant de capitaines
Tant d’ordres et de contr’ordres, de « Garde-à vous ! », « Rompez ! »
Tant de vielles badernes, de casernes, de balivernes et billevesées
Tant de lignes Maginot et de calembredaines
Tant de guerres puniques et des pichrocholines, des Napoléoniennes
Tant de guerres de trente ans, de cent ans qui ont trop épuré, torturé et duré,
Tant d’énergie gâchée à recuire les haines
Tant de trous de verdures à soldats allongés
Tant d’horreurs et tant de charniers
Tant de chevaux crevés, éventrés, achevés
Qui pas plus que les hommes n’avaient rien demandé…
Tant de fois, tant de fois cette question posée :
Est-ce si compliqué que ça de vivre en paix,
D’oublier son cheval pour aller visiter
Un appareil photo posé sur la bedaine
Waterloo morne plaine ou l’ile de Sainte-Hélène
Ou Domremy où Jeanne eût mieux fait de rester
- Tant et tant de marins et tant de capitaines ! -
Filer la laine plutôt que de
Partir joyeuse et conne vers des courses lointaines ?
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du mardi 20 avril 2021
d'après la consigne ci-dessous
CONSIGNE D'ÉCRITURE 2021-27 DU 20 AVRIL 2021 A L'ATELIER DE VILLEJEAN
Gilbert Garcin et Raymond Queneau
Nous travaillons ce jour à partir des photographies de Gilbert Garcin.
Elles sont ici, enregistrables avec un clic droit de votre souris. Je vous propose d’en choisir trois parmi celles de la «découverte rapide» :
Gilbert Garcin : découverte rapide
Je ne vous interdis pas cependant de piocher dans la «visite détaillée» :
Gilbert Garcin : visite détaillée
Pour chacune de vos trois photos vous allez écrire un poème dont la structure, souvent anaphorique, donc reposant sur la répétition d'une même formule, est empruntée à Raymond Queneau (L’Instant fatal) :
1 A d’autres (cliquez pour l'écouter)
Structure de chaque quatrain :
Le 1er vers commence par « Puisque »
Le 2e vers est libre
Le 3e vers est libre mais rime avec le premier
Le 4e vers commence par Puisque
Le poème comprend sept quatrains et se termine par trois vers libres commençant par puisque
Le poème comprend trente neuf vers qui commencent tous par « Tant de » et dont les rimes sont en é (ets, ées ou és) et en aine (aine ou eine uniquement).
C’est une énumération donc pas de verbes ni de pronoms relatifs.
Le poème comprend vingt huit vers et une seule phrase
Les vers impairs commencent par quand et riment avec « age »
Les vers pairs sont libres.
Les deux derniers vers sont libres
***
Si cela vous semble trop compliqué, écrivez un poème comme vous l’entendez à partir de chaque image choisie.
Un dictionnaire de rimes est à votre disposition ici.