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Derrière ses lunettes à gros carreaux
Avec son allure d’intello
Grand père était un sacré rigolo
Il nous racontait ses aventures
Du temps où il avait vingt ans :
« Corsaire sur la Côte d’Azur »
« Tempêtes en mer » avé l’accent !
Qu’ils étaient beau ses abordages
Et ses attaques de cargos !
Comme il avait avec courage
Conquis les îles Galapagos !
Quel prix pour nous ses pt’its enfants
Pouvaient avoir ces bavardages !
Les yeux grand ouverts, tout tremblants
Nous l’exhortions au grand courage :
- Grand père ! Grand père !
Tu t’es trompé dans ton vestiaire
Les pirates n’ont pas comme chapeau
Cette espèce de sombrero !
Grand-père ! Grand-père !
Tu vas t’’casser la gueule par terre :
Tu n’es pas monté sur un ch’val
Mais sur un tigre du Bengale !
Si tu pars chasser
Les gros zanimals
Ou le loup de Sibérie
Fais gaffe ! Ton fusil
N’pourra pas tirer :
C’est rien qu’un ukulélé !
Grand-père Grand père
Un vieux mégot a mis le feu
Aux mèches de ton imaginaire
Tes phrases ont des bottes de sept lieues !
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La chose est connue des poètes
L’avenir de l’homme c’est la dame
Elle assure le gîte et la litière
Grand-mère préparait le potage
Pour que l’amiral de bateau-lavoir
Pût toujours à son avantage
A grand’ voix tenir le crachoir
Elle achetait le pain pour la faim
Tenaît la boîte sans faire grand bruit
Raccommodait les trous des vestes
Et veillait aussi sur nos nuits
Tandis qu’il combattait sur le pré
Gardes du cardinal et sbires
Elle astiquait son huit-reflets
Et toujours gardait le sourire
Grand-père, grand mère
Le jockey tombe sur la pelouse
Parfois on gagne parfois on perd
Et votre absence nous désespère
Grand-père, grand-mère
Lorsque le pur-sang a trop mal
C’est un tableau par trop amer
Il faut abattre l’animal
Ainsi va la vie
Ainsi va la mort
Un ticket tour de manège
Collection de timbres
Souvenirs d’enfance
De batailles de boules de neige
Grand-père grand-mère
Vos photos posées sur la table
Reflet d’un bonheur éphémère
Reflets de vos vies respectables.
Ce poème peut être chanté - si on y parvient - sur l'air de la chanson "Vous oubliez votre cheval" de Charles Trénet d'où les mots de la consigne d'écriture sont d'ailleurs extraits.
Pondu pour l'Atelier de Villejean du mardi 23 mars 2021
d'après la consigne n° 2021-23 ci-dessous