99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 63, Volubile
METTRE LE D.J. EN RIDEAU
- Alors comme ça c’est vous le représentant de l’ordre public ? Eh bien dites donc vous en avez mis du temps pour arriver ! Vous faites partie des carabiniers d’Offenbach ou quoi ? Je suis enchanté de faire votre connaissance, Messire de La Croix rouge. Vous avez une bien belle épée, un bien bel écu mais la fatigue de votre haridelle laisse à penser qu’on est allé vous chercher un peu loin. Ne seriez-vous pas, par hasard, un mercenaire étranger ? Ceci expliquerait cela. De fait il ne fallait pas vous déranger pour si peu. A mon humble avis vous avez fait ce long voyage pour des prunes. Si vous voulez on va reconsidérer la situation. Elle n’a rien d’exceptionnel. Il se trouve, voyez-vous, que le Dieu que vous servez m’a créé carnivore ainsi que vous et que, tout bien considéré, du fait de ma grande taille, de mon surpoids, de mon système de cuisson intégré au palais, je puis paraître terrifiant au commun des mortels, voire vorace à outrance. Mais quoi ! Un mouton par jour, ça équivaut à quoi à votre échelle ? Un plat de lentilles pour Esaü ! Le pain béni du repas quotidien ! Notez de plus que je ne reproche rien à ces pauvres ovins. Je pourrais, tel un loup, et je vous rappelle que l’homme est un loup pour l’homme, reprocher à l’agneau de troubler mon breuvage ou me jeter avec méchanceté sur la chèvre de M. Seguin. Eh bien pas du tout ! Ça me chagrine même de mettre fin à l’existence de ces pauvres bêtes. Mais quoi, il faut être raisonnable. Si le monde entier devenait végétarien par exemple les espèces animales n’en prolifèreraient pas moins ! Vous seriez très vite encombrés par les sangliers bretons, les chats sauvages, les chaussettes noires, les chiens errants, les vaches sacrées, les bœufs, les moutons à cinq pattes, les canards boiteux, les poulets ripoux, les ânes bâtés, les pangolins, les chauves-souris, les virus couronnés, les cochons de payants, les truies qui filent, les requins de la finance, les chevaux de retour et tous ces drôles de zèbres que votre Créateur a lâchés dans la nature ! Tout de même, vous serez d’accord avec moi : un peu d’ordre et d’équilibre s’imposent. Et puis, voyez-vous, j’ai quand même l’impression que le problème n’est pas tout à fait là. Si j’étais un dinosaure herbivore ou un Martien tout juste débarqué de sa soucoupe volante, eh bien, je vais vous dire, on aurait quand même fait appel à vous ! J’ai comme l’impression qu’ils n’aiment pas beaucoup les étrangers par ici. Alors moi du coup, en tant que vagabond, pas du coin, manouche, saltimbanque et cracheur de feu, je coche toutes les cases. On ne dira jamais assez les méfaits de la sédentarisation. Déjà qu’ils ne parlent plus le même langage les uns et les autres, ils sont toujours en conflit pour l’appropriation des richesses du sol et du sous-sol. Et pourtant la culture, plus que le remplacement de la forêt par des plantations d’huile de palme ou par la construction de bateaux qui vont faire du commerce triangulaire, ça consiste bien en une ouverture aux autres, non, en une curiosité, en un dialogue permanent ? Enrichissez-vous, certes, mais surtout apprenez à vous aimer les uns les autres ! Nous avons la chance de vivre dans une époque prospère : l’abondance des ressources de la planète permettrait que chacun mange à sa faim, se déplace ciomme il le souhaite pour ses loisirs et développe en lui le petit Mozart qu’il a forcément. Alors pourquoi confiner les uns et les autres dans des tâches rébarbatives ? Au profit de qui et dans quel but ? Pourquoi ne pas songer plus à l’égalité, à la fraternité, à la liberté ?
C’est à ce moment-là du discours que Saint-Georges a coupé la parole et la tête au dragon. Le sang du monstre s’est répandu sur le sol et comme par miracle on a vu pousser instantanément de jolies fleurs bleues de la famille des Convolvulaceae, principalement dans le genre Ipomoea, plus communément appelées volubilis. Puis le chevalier s’est remis en selle et a éperonné son cheval blanc, lequel n’a pas tardé à prendre la parole.
- En même temps, c’est pas faux, ce que racontait ce dragon ! Je me mets à sa place ! Ça ne me plaîrait pas vraiment qu’on vienne faire du foin ou me brouiller l’écoute à propos de ma nourriture ! Après tout, on ne fait qu’assumer une fonction de combustion, d’absorption d’énergie pour assurer notre survie. Bien sûr qu’il ne faut pas vivre pour manger mais il faut manger pour vivre ! Quant au mouton, à la brebis ou à l’agneau qu’il dérobe aux agriculteurs ou plutôt aux éleveurs, enfin bon aux deux en un puisque bien souvent ils cumulent les emplois, c’est un peu comme le renard dans le poulailler. C’est la nature certes, mais si on y réfléchit bien, c’est le mot « poulailler » qui pose problème. En quoi une poule, une vache ou un cochon ont-ils vocation à devenir la propriété d’autrui ? Et quand je dis autrui, bien sûr je pense aux hommes ! Je ne pense pas être un mauvais cheval mais vous avez quand même, outre une propension assez nombrilique, un sacré culot à vous accaparer tout ce qui se trouve sur cette planète, y compris les êtres vivants, et vous allez même jusqu’à réduire vos pareils en esclavage ! Si mes renseignements sont exacts, et justement ce ne sont pas des fake news, je n’ai pas d’œillères, je m’en remets à ce que j’ai vu de mes propres yeux, le marché aux esclaves, à Rome, ça existe bel et bien et un mercenaire, ça s’achète comme le reste…
C’est à ce moment-là que Saint-Georges a coupé la parole et la tête à son cheval. Il est rentré à pied de cette mission-là mais cette marche silencieuse lui a fait des vacances. C’est un peu, toutes proportions gardées, comme quand on éteint Olivia Gesbert, qu’on coupe le sifflet à Adèle Van Reetha-Kouchovski ou qu’on fait cesser le bagou d’Ali Badou sur France-Culture ou qu’on zappe d’autres baratineurs de la télé pour se mettre à table en vue de déguster une bonne côtelette d’agneau.
Ou lorsque, dans le bush australien, cesse le son du didgeridoo et que le kangourou remet dans sa poche ventrale ses gants de boxe rouges, cadeau de Georges Carpentier ou de Mohamed Ali, il ne se souvient plus très bien. A force de se prendre des coups dans la gueule, on a la mémoire qui flanche.
Ecrit pour le Défi du samedi n° 652 d'après cette consigne : didgeridoo.
HUIT TANKAS CIRCONFLEXES
L’accent circonflexe Quand Poésie, ma maîtresse, (ou |
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Il inventa la brouette |
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- Si cela est, ce n’est pas |
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Suis-je seul à protester |
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Quelques airs de Giuseppe |
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Le soleil et la nuée |
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Chez le kiné, sous son knout |
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Et pourtant notre slogan |
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean du 16 février 2021
d'après la consigne 2021-19 ci-dessous
Charles Trénet l'enchanteur / Philippe Kohly
Résumé de la situation : depuis octobre les lieux où j'allais régulièrement pour écrire, jouer aux échecs ou chanter avec d'autres concitoyen·ne·s sont fermés au public. Ceux où j'allais pour voir du théâtre, des films ou entendre de la musique le sont également. On ne peut plus sortir de chez soi après 18 heures. A part quelques activités sportives, la fréquentation du marché des Lices, de la boulangerie et celle des bibliothèques, je reste chez moi où le travail de numérisations diverses ne manque pas. Mais ça ne remplace pas et je trouve que Roselyne Bachelot devrait démissionner pour protester ! ;-)
Résultat des courses : me voilà devenu téléspectateur presque lambda ! C'est d'autant plus paradoxal que nous n'avons pas de téléviseur et que nous regardons surtout des DVD ou parfois des choses en replay sur l'ordi de façon fort peu pratique, même avec la fibre installée récemment. Ca s'arrête, ça mouline pour charger, vous connaissez peut-être ! C'est l'avenir, paraît-il !
Alors oui, puisque ce sera mieux hier, voilà la première partie de notre récolte de la semaine :
https://www.france.tv/documentaires/art-culture/2259125-charles-trenet-l-enchanteur.html
Un documentaire de 115 minutes pour redécouvrir le grand-oncle Charles ! Je n'ai que six ou sept chansons de lui dans ma guitare et je crois, après avoir vu ce film, que je vais emprunter l'intégrale n° 1 Charles et Johnny aux Champs libres et surtout que je vais ajouter celles-ci à mon "répertoire inutile" :
Tout est au duc
La route enchantée
Un rien me fait chanter
Monsieur, vous oubliez votre cheval !
Que reste-t-il de nos amours ?
Moi j'aime le music-hall
Douce France
Boum (en anglais)
L'âme des poètes
Nationale 7
Il y avait des arbres
La famille musicienne
L'épicière
Surtout j'ai encore deux concerts à visionner qui distillent un espoir et une pêche formidables : on peut devenir octogénaire et rester sportivement joyeux ! Merci pour tout, ô, grand Charles !
Les Quatre saisons d'Antoine / Philippe Béziat et Gordon
Un court-métrage superbe qui mêle prise de vue réelles et animations autour de la musique des "Quatre saisons" de Vivaldi
https://www.france.tv/films/courts-metrages/2259291-les-quatre-saisons-d-antoine.html
Il y a aussi un Pierre et le loup dit par François Morel et un Carnaval des animaux avec Smaïn.
Voilà, assez fait de pub pour la télé, je retourne écrire et numériser !
C'EST PARTI, MON KIKI !
Ecrit pour le Défi du samedi n° 651
d'après cette consigne : Curriculum (vitae)
Kiki et les Montparnos / par Amélie Harrault
L'air de rien, même pour écrire ces somptueuses bêtises qu'on appelle des krapoveries, il faut passer du temps à se documenter. Heureusement, ça n'a rien de désagréable, bien au contraire.
Merci à Dame Amélie et à Dame Dominique Paulvé et bien sûr à madame Wikipe
Kiki reine des Montparnos / Dominique Paulvé
Kiki de Montparnasse / Wikipédia