SAINTE-MAISON BLANCHE AUX VOLETS BLEUS
N’en déplaise à Maxime Le Forestier, on ne trouve que très peu de maisons bleues aux volets blancs adossées à la colline aux coralines dans la Bretagne qui est si belle quand il pleut sur le Festival Jean-Michel Caradec.
L’inverse par contre est assez répandu et tout photographe épris de vrais clichés ne manquera jamais d’immortaliser, ainsi que l’a fait sur cette aquarelle M. Jean-Roger Morel, cette sacrée maison blanche aux volets bleus qu’on voit dans le port de Ploumanac’h, de Trégasoil ou de Ploumazout car les maisons blanches aux volets bleus, c’est comme les marées noires, elles ont envahi tout, elles sont partout.
Le cérémonial n’est complet que si des hortensias poussent dans le jardin et si, au voyageur, des rideaux de dentelles aussi épais qu’un string essaient de cacher l’habitante déjà bien dissimulée dans l’ombre. Car la maison a beau être blanche, l’intérieur en est toujours sombre.
La locataire, on l’imagine très bien portant par-dessus son chignon la sainte coiffe bigoudène et confectionnant sur la sainte crêpière Billig la sainte galette au chèvre et au miel.
Mais on est très déçu par la réalité quand on la voit sortir de la sainte maison blanche aux volets bleus. Elle est jeune, jolie, percée de partout, tatouée sur les bras et les jambes, elle porte un short en jean déchiré et des collants noirs, elle a des cheveux bleus et un iphone collé à l’oreille.
C’est que voyez-vous, braves gens, depuis 1914 Sainte-Bécassine a eu le temps d’avoir une descendance, des enfants, des petits-enfants, des arrière-petits enfants et celle-ci s’en va retrouver son coquin dont elle espère bien qu’il lui en fera, à elle aussi, une tripotée qu’ils nommeront Timothée, Victor, Mélanie, Ernestine ou Auguste. Oui, comme vos arrière- arrière-grands-parents. Pourquoi est-ce que le monde nous rajeunirait ?
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 9 septembre 2014
d'après la consigne 1415-01 ci-dessous.
SAINTE FRAISE DE PLOUGASTEL
J’ai vérifié sur Pagesjaunes.fr : aucun dentiste à Plougastel ne s’appelle autrement que Le Goff ou Le Coz, noms bretons très courants par là-bas. Du coup aucun n’a de raison valable de ramener sa fraise plus qu’un autre, sauf s’il fait partie du cercle celtique local. Auquel cas, qu’il se soit rétamé ou pas aux dernières élections municipales, il ramassera sa belle veste rose/mauve et prendra le bras de sa douce en vert, bleu, rouge et blanc pour aller défiler au Saint-Pardon local pour lequel, rappelons-le, on n’a pas besoin de présenter de mot d’excuse. Présenter bien suffit.
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 9 septembre 2014
d'après la consigne 1415-01 ci-dessous.
SAINTES ÎLES BRETONNES
Iles bretonnes (Saintes)
Tout autour de ce cap – que dis-je, de ce cap ? De cette péninsule ! –des îlots de granit abritent des sauvages, des gens qui sont bâtis bien autrement que nous. Des îliens bretons ! Parmi ceux-ci il y a :
- Les Sénans qui résistent à l’envahissement de la France par les doryphores… en allant diffuser à Londres non pas du DTT mais, dans la TSF, des poèmes de Verlaine qui s’avèrent de ce fait avoir un double sens. Ainsi «Les sanglots longs des violons de l’automne bercent mon cœur d’une langueur monotone» cela veut dire en langage de l’île de Sein «Ce soir à l’église, concert orgue et bombarde». «Il pleut sur la ville comme il pleut sur mon cœur» se traduit par «En Bretagne il ne pleut que sur les cons. Tous les autres boivent un saint coup d'cid’ au saint café du port» . « Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches » ne signifie rien d’autre que «La pluie de l’île de Sein peut mouiller la Hollande quand le Hollande y mouille».
- Les Groisillons. Ces drôles d’oiseaux sont tout fiers d’avoir une plage convexe et un trou de l’Enfer plus profond que le gosier du plus grand des poivrots qui s’arrêta jamais boire des bières chez Beudeff. A Groix, d’après le proverbe stupide, «Qui voit Groix voit sa croix». Pour ma part j’ai goûté jadis ici à une petite mort des plus paradisiaques. Au soir d’une longue marche, nous étions à la Sainte crêperie « Chez Paule » et la musique de harpe celtique par-dessus l’effet du cidre n’en finissait pas de me porter dans les nuages. Incessante félicité due au fait que le magnétophone était autoreverse et que la cassette tournait en boucle pendant toute la soirée !
- Les Belle-Îliens envahis plus souvent qu’à leur tour par des flopées de Parigots à tête de veau, ce depuis que la mère Sarah Bernhardt vint s’installer à la Pointe des Poulains pour y faire des expériences de séjour en cercueil, s’adonner à la sainte pêche à la crevette ou imiter Rimbaud « l’homme aux semelles de vent » à qui la poésie finit par faire une belle jambe. Ca rappelle 999 fois tic et une fois toc, non ?!
Pour ma part, je n’ai pas encore vu ma peine à Molène ni mon sang à Ouessant. Et encore moins ma fin à Sein. Mais les îles bretonnes sont des valeurs plus que sacrées pour moi. Et les autres auront beau faire, ça ne le fera pas !
En effet :
- Qui voit la Corse voit son morse
- Qui voit la Sardaigne voit sa musaraigne
- Qui voit la Sicile voit son codicille
- Qui voit la Crète voit son arbalète
Ca ne fait pas des proverbes très tops !
Il y a juste, pour rivaliser un peu « Qui voit Sainte-Hélène voit son destin hors d’haleine » mais personne n’a jamais pondu ça, c’est moi qui viens juste de l’inventer. Tout comme « Qui voit Bréhat voit la fin de son alinéa ».
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 9 septembre 2014
d'après la consigne 1415-01 ci-dessous.
SAINTE GIGOUILLETTE
Gigouillette (Sainte)
Une des danses sacrées que l’on exécute au Saint Fest-noz pour faire tomber la pluie sur les cons qui sont venus en Bretagne sans un saint parapluie ou un saint ciré jaune.
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 9 septembre 2014
d'après la consigne 1415-01 ci-dessous.
SAINT FEST-NOZ
Fest-noz (Saint)
Bal populaire intellectuel spécialement destiné aux gens qui sont sortis de Saint-Cyr Coëtquidan et peuvent compter « un, deux, trois, quatre » en faisant des mouvements latéraux avec leurs pieds et « un, deux, douze » avec les coudes d’avant en arrière sans se désarrimer des auriculaires des voisins tout en se calant, avec les oreilles qui elles ne doivent pas bouger, sur le rythme et les sonorités aigrelettes de la sainte bombarde et du saint biniou coz.
Si en plus de tout ça ils portent des tongs, ils sont bons pour être sélectionnés à l’émission-jeu «Questions pour un champion» ou pour passer à « Vidéo-gag ». Le hic, c’est que c’est enregistré en France, un pays voisin qui ne comprend rien à la danse.
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 9 septembre 2014
d'après la consigne 1415-01 ci-dessous.
CONSIGNE D'ÉCRITURE 1415-01-01 DU 9 SEPTEMBRE 2014 A L'ATELIER DE VILLEJEAN
Les Saints bretons modernes
A partir de l’aquarelle de Roger Morel qui vous a été distribuée, dressez la liste de ce que vous considérez comme les valeurs sacrées de la Bretagne. Il peut s’agir de lieux, d’objets, de symboles, de traditions, de gastronomie.
Dans un deuxième temps, vous déclinerez vos choix sous forme d’une entrée dans un dictionnaire des saints bretons modernes. Epuisette deviendra Sainte Epuisette, Gilles Servat deviendra Saint-Gilles Servat, etc.
Dans un troisième temps, vous développerez avec des souvenirs ou des ressentis personnels, de manière plutôt humoristique, ce que ces valeurs sacrées vous inspirent. Remplir au minimum trois entrées de ce dictionnaire collectif.
Exemples : Saint Café du port, Saint Fest-Noz, Sainte Galette-saucisse, Sainte Gigouillette, Saint Putiphar d’Eckmühl, Sainte ville-close de Concarneau, Sainte Bécassine, Saint Menhir de Carnac, Saint Alan Stivell, etc.
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