LA MARTIENNE
Elle était là, toute simple, très grande, droite, vêtue de probité candide et de lin blanc mais pas naïve pour autant. C’était une guerrière particulièrement flamboyante.
Elle était là, toute simple, mais pourtant double, avec une lectrice portée sur le bout de sa traîne et sur la petite philosophie du matin, le goût de la famille, l’échange avec des livres-mondes qui la soutenaient dans sa marche.
Surtout aux il y avait la mer à notre porte et tout ce monde à parcourir, ces rencontres de hasard, ces villes à découvrir, ces liens qui se tissent et qu’elle entretenait d’une égale bonté.
Il y avait tant d’amour dans ses fondamentaux, tant d’humanité en filigrane que du moindre inconnu tombait la vigilance : chacun ne songeait plus qu’à l’avoir pour ange gardien.
Moi dans ce tableau-là j’étais, sur la gauche, détail, la cafetière ancienne, le café du matin. Le petit grain de charbon noir toujours apte aux billevesées, la cérémonie quotidienne qui donne force au démarrage ou qu’on trouve à midi propice aux confidences.
Quand elle me portait à ses lèvres je buvais du petit lait. Le fait que je m’étais, au fil du temps, transformé en ce vieux fourneau qui la réchauffait ne changea jamais rien à notre relation. Toujours elle semait des quantités d’étoiles à la suite desquelles je rêvais.
Pondu pour l'Atelier d'écriture de Villejean 2021-09
du mardi 24 novembre 2020 d'après cette consigne :
Inspiration libre d'après un tableau de Dominique Appia.