D’ART D’ART. 1
Même si notre émission s’appelle « D’art d’art » et qu’on eût pu aussi la baptiser «Fit ça, fit ça», nous nous attardons aujourd’hui sur le «Portrait de la Duchesse de Clisson» peint par Arcimboldo de Loc-Envel en 1473. Cette œuvre est conservée au Musée des Beaux-arts de Rennes, bien au fond des réserves, et elle n’est pratiquement jamais montrée au public, exprès pour embêter les Nantais.
A l’époque où le siège du pouvoir breton se trouvait au château des ducs à Nantes le peintre Arcimboldo de Loc-Envel s’était fait une spécialité de représenter les nobles dames de la cour dans leur intimité quotidienne en compagnie de leur animal de (compagnie).
Il n’était pas question bien entendu d’entrer dans la chambre ou le cabinet de toilette de ces dames pour peindre Diane de Saint-Aubin avec son canard ou la baronne Line de Château-Renault avec son loulou de Poméranie mais sur ses tableaux dont le fond est généralement noir ou neutre on ne trouve que très peu de femmes aux bijoux, de croqueuses de diamants ou de porteuses de rubis sur l’ongle.
«Jamais Perrette n’est parée des habits d’apparat de Paris», cela appert ici avec cette petite robe simple aux manches échancrées, ornée d’une encolure carrée qui n’est pas sans rappeler, sur le devant du corsage, le costume folklorique des danseuses bigoudènes en un peu plus décoiffant.
Les motifs celtiques sont déposés sur un ruban brodé au côté droit de la duchesse, à gauche donc pour le regardeur.
La duchesse de Clisson tient dans ses bras son hermine domestique et, tout en dissimulant la queue noire de l’animal qu’on ne montre plus non plus depuis qu’on a rebaptisé les « Dix petits nègres » d’Agatha Christie, elle regarde quelque chose dans le hors-champ du tableau. Il se pourrait, d’après la critique d’art Adèle Van Reetha-Kouchovski, que ce tableau ne soit en fait que la partie gauche d’un diptyque. Arcimboldo de Loc-Envel a en effet également peint un portrait de Mnémosine, duchesse de Fougères, en compagnie de son animal favori, un éléphanteau acheté aux Galeries Démachine à Nantes. Cette version des faits est confirmée dans une chanson d’époque du griot africain Gilou Sasserva-Kwatoussa qui dit comme ça, je cite de mémoire :
La voilà la blanche hermine
Vive la mouette et l’ajonc
La voilà la blanche hermine
Vive Fougères et Clisson
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 15 septembre 2020
d'après la consigne 2020/01 ci-dessous.
D’ART D’ART. 2
Même si notre émission s’appelle « D’art d’art » et qu’on eût pu aussi la baptiser « Peins ! Ponds ! Peins ! Ponds ! », nous nous attardons aujourd’hui sur le tableau « Icare et sa cousine Germaine » peint par Arcimboldo de Loc-Envel en 1482.
Il s’agit d’une huile sur toile conservée dans l’église de Loc-Envel (Côtes d’Armor).
On observe sur cette toile très originale l’application d’un autre des concepts de ce peintre méconnu de l’Ecole de Bretagne. Le parti pris ici est de représenter une scène de la mythologie gréco-latine avec des personnages vêtus de costumes contemporains. On retrouvera beaucoup ce choix discutable dans le théâtre du XXe et du XXIe siècle et aussi dans certains tableaux surréalistes de René Magritte tels que « Jupiter a le melon » « La bouffarde à Maigret » ou « Voilà ! Voilà ! La Vénus de Milo n’a pas quatre bras !».
Ici le jeune Icare montre à sa cousine Germaine l’équipement dont il s’est doté pour voler ainsi qu’un oiseau : une paire d’ailes de faible envergure, une hélice sur le sommet du crâne et une cigarette d’eucalyptus qu’il tient entre l’index et le majeur.
Il est vêtu par ailleurs d’une robe-parachute rouge du plus bel effet et vient annoncer à sa cousine qu’il prendra son envol le mardi 22 septembre à 18 h 30 en compagnie d’oncle Dédale, les conditions astrologiques et atmosphériques étant parfaites ce jour-là en vue d’établir le premier record du monde de vol suspendu dans le temps.
Arcimboldo de Loc-Envel a très bien représenté la moue dubitative de la jeune fille et le pétillement du regard malicieux qu’elle porte sur son grand dadais de cousin bricoleur en lui susurrant mollement :
- Le 22 septembre, je ne peux pas venir vous regarder. A cette heure-là, d’après mon agenda que j’ai sous les yeux, je reprends justement mon atelier d’écriture à la Maison de quartier Georges Brassens.
C’est incroyable comme on pouvait déjà se foutre pas mal du 22 septembre, à l’époque !
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 15 septembre 2020
d'après la consigne 2020/01 ci-dessous.
D’ART D’ART. 3
Même si notre émission s’appelle « D’art d’art » et qu’on eût pu aussi la baptiser « Grouille, grouille, barbouille !», nous nous attardons aujourd’hui sur le tableau « Conde, my name is Conde » d’Arcimboldo de Loc-Envel, toile de 1503 conservée au Musée du Louvre à Paris.
C’est en effectuant un stage de survie ordinaire dans les réserves du Musée des Beaux-Arts de Rennes que la critique d’art Adèle Van Reetha-Kouchovski a découvert un lot de vingt-sept portraits absolument surprenants réalisés par Arcimboldo de Loc-Envel (1451-1515). Sur un fond de paysage verdâtre où figurent des étendues d’eau diverses (de la rigole d’Hilvern au Lac de Guerlédan en passant par la Vilaine avec des sabots), des sentiers des douaniers sans douaniers et des ponts d’Avignon sans coupure publicitaire au milieu, des seigneurs de la noblesse bretonne ont été «portraicturés» déguisés en femme ! Ils ont tous adopté la même pose, les mains croisées, le regard un peu absent, et arborent un petit sourire très énigmatique.
Celui-ci représente Georges Condottière, seigneur châtelain de Belle-Isle-en-Terre, ayant enfilé des hauts et des bas et un porte-jarretelles appartenant à son épouse Raymonde. Au dos de toutes ces toiles était encollé un parchemin manuscrit portant à chaque fois le même message qu’Adèle a fait traduire du breton par sa collègue Riwanon Gaffiot : «Nous aussi sommes capables d’écrire quinze pages d’affilée sur la douleur causée par nos coliques néphrétiques, notre amputation rimbaldienne de la jambe droite ou l’extraction d’une dent de sagesse à la tenaille. Mais, heureusement pour vous, l’autofiction n’a pas encore été inventée à notre époque. Par contre les drag-queens, si. On n’est pas bien, là ?».
Les recherches de Madame Van Reetha-Kouchovski sur ce personnage, Georges Condottière dit «Conde», lui ont permis de découvrir que, à l’instar de Georges Moustaki qu’Edith Piaf appelait ainsi, son prénom « Georges » était souvent abrégé en « Jo ». D’où le titre donné par le peintre au tableau : «Conde, my name is Conde. Jo Conde».
Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 15 septembre 2020
d'après la consigne 2020/01 ci-dessous.
CONSIGNE D'ÉCRITURE 2021-01 DU 15 SEPTEMBRE 2020 A L'ATELIER DE VILLEJEAN
D'art d'art !
« D’art d’art » est une pastille télévisuelle, d’une durée d’une minute, consacrée à l’analyse ou à l’histoire d’un tableau. On vous a distribué un fascicule de la série «Regards sur l’art». A vous de préparer au moins trois émissions en choisissant trois tableaux d'un même peintre sans vous servir du texte du fascicule. Car vous avez le droit de tout réinventer : le nom du peintre, le titre du tableau, la personne ou l’anecdote représentée. Réécrivez l'histoire de l'art!
Chacun de vos trois textes ne fera pas plus d’une page. Mais, comme d’habitude, vous êtes libre d’en faire autre chose du moment que vous écrivez !